Sept jeunes gens comparaissaient pour vol aggravé commis en réunion avec dégradation d’une porte le 11 mars dernier aux dépens d’un supermarché Casino. Ce jour-là, dans un contexte social et étudiant plus qu’effervescent, une cinquantaine de personnes entrent donc dans le supermarché Casino. Un premier groupe emplit huit chariots jusqu’à la gueule pendant que le second bloque les caisses. Le ‘raid’ dure quatre minutes selon la caméra de vidéosurveillance. Aux cris de ‘De l’argent il y en a dans les caisses du patronat‘, entre autres, ils ressortent avec sept chariots qu’ils commencent à redistribuer à des passants. Puis, ils se dirigent vers le Capitole mais les policiers interviennent et arrêtent sept d’entre eux. Ils passaient en jugement hier. Verdict le 17 novembre.

Dans le cadre de la semaine contre les longues peines et tous les enfermements, l’Office du tourisme de l’Etat espagnol, sis 43 rue Decamps à Paris (16ème), a été attaqué dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 novembre. Les vitres de la porte d’entrée et d’une fenêtre ont volé en éclat et ses murs ont été tagués avec les inscriptions: ‘A bas la torture d’Etat et les peines de perpétuité‘, ‘Non da Jon?’, ‘Pouvoir assassin‘.

A bas la torture d’Etat et les peines de perpétuité‘: Héritière de la dictature franquiste, la démocratie espagnole a conservé la pratique de la torture comme technique policière. La torture est généralisée dans le traitement des conflits politiques.

Non da Jon?'(‘Où est Jon?’): Depuis sept mois, Jon Anza, militant d’ETA, a disparu lors d’un trajet en train entre Bayonne et Toulouse. Il aurait été enlevé par des agents de la Guardia Civil, torturé jusqu’à la mort puis enterré sur le sol français.

Pouvoir assassin‘: Avec des intensités différentes mais selon des méthodes similaires, l’Etat français ne se prive pas d’assassiner pour maintenir son ordre social, que ce soit dans les quartiers populaires et les prisons. Les longues peines d’enfermement sont des peines d’élimination qui s’apparentent à une mort lente.

Le 9 octobre dernier, la justice italienne a condamné en appel dix inculpés du contre-sommet du G8 de Gênes de 2001. Ils ont reçu, pour ‘destruction et saccage’, de très longues peines de prison ferme (de six à treize ans et demi de prison!). Ce procès arrive 48 heures après celui de 45 policiers où 15 seulement ont été condamnés à des peines très légères. Ont été acquittés le préfet Ganni De Gennaro, alors chef de la police ainsi que d’autres membres de la hiérarchie qui ont dirigé la répression à Gênes en juillet 2001, bien que la justice ait considéré comme illégale la charge de la police ayant engendré les plus violents affrontements. La répression a fait un mort, Carlo Giuliani, 23 ans, tué par balles lors de cette charge, plusieurs centaines de blessés, des violences dont les plus fortes ont eu lieu à l’école Diaz où était installé le centre de média indépendant et où dormaient 307 manifestants qui ont été arrêtés puis séquestrés pendant trois jours dans la caserne du Bolzaneto, subissant sévices et humiliations.

Un appel a été lancé pour qu’une solidarité en actes se manifeste un peu partout contre ces procès intolérables. Assemblée générale contre la répression mardi 10 novembre à 18h au CICP, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris.

Plan d'accès au CICP

Plan d’accès au CICP

En novembre 2008, neuf activistes de Tarnac étaient arrêtés dans le cadre d’une enquête sur des sabotages de lignes TGV. Ils étaient poursuivis pour ‘associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste‘. Le dernier d’entre eux, Julien Coupat, a été libéré en mai dernier, après plus de six mois d’incarcération, et placé sous contrôle judiciaire. Aujourd’hui, un an après les faits, l’enquête stagne. Et les avocats de Julien Coupat et de sa compagne ont annoncé qu’ils allaient demander au juge d’instruction d’entendre les fonctionnaires chargés de la filature du couple la nuit du 7 au 8 novembre 2008.

La défense révèle de nombreuses incohérences dans la version policière quant à leur implication dans les faits. Elle indique que les marques de pas et de pneus de voitures, aux abords de la voie ferrée sabotée, ne correspondent ni aux pointures du couple Coupat, ni aux roues de sa voiture. De plus, la filature donne des éléments qui semblent incompatibles. Selon le procès-verbal, il s’est écoulé dix minutes entre les deux points de stationnement. L’itinéraire emprunté entre les deux arrêts est également indiqué. Or la distance parcourue étant de 26,6 kilomètres, la vitesse de la voiture aurait du être de 159,6 km/h…

EthicsPoint affiche comme but ‘assurer la possibilité de communiquer à la direction‘ d’une entreprise, les ‘problèmes et préoccupations relatifs à des activités contraires à l’éthique ou illégales‘. Autrement dit et de manière plus claire, de la dénonciation via Internet entre collègues de travail, et sous couvert d’anonymat. Cette solution venue d’Amérique a traversé l’Atlantique pour être mise à contribution par le fabricant d’implants et de prothèses orthopédiques Benoist Girard, une filiale de la société américaine Stryker. Près de 1.300 entreprises en France ont recours à un tel dispositif, pour la plupart des filiales de groupes américains.

Le syndicat CFDT a été justice en mettant notamment en avant la position de la CNIL selon laquelle pour les dispositifs d’alerte professionnelle (whistleblowing), l’anonymat n’est possible que de manière exceptionnelle. En outre, les champs de dénonciation autorisés par la CNIL (questions financières, corruption) qui peuvent être outrepassés via l’accès à des formulaires belges ou canadiens où il peut être question ‘d’abus de stupéfiants‘ par exemple. Le tribunal de grande instance de Caen rendra sa décision début novembre. Une décision de justice sur un cas similaire impliquant Dassault devrait permettre de fixer une jurisprudence sur les dispositifs d’alerte professionnelle.

En octobre 2005, un commando héliporté d’une cinquantaine de gendarmes du GIGN a donné l’assaut au navire piraté par une trentaine de marins grévistes du Syndicat des travailleurs corses (STC), le Pascal Paoli, un bâtiment voué au transport mixte de fret et de passagers, fleuron de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) en cours de privatisation. Le Pascal Paoli a fait demi tour en direction du continent. L’intervention militaire a duré une dizaine de minutes. Une procédure judiciaire a été ouverte pour ‘détournement de navire’, un ‘crime’ passible de 20 ans de prison.

Un millier de personnes ont défilé ce samedi à Bastia en soutien à Alain Mosconi, ses deux frères Jean-Marc et Patrick ainsi qu’un délégué syndical STC de la SNCM, Félix Dagregorio et quatre marins qui seront jugés les 19 et 20 novembre à Marseille pour ce détournement du Pascal Paoli. Les responsables de tous les syndicats insulaires ont ouvert le cortège derrière l’unique banderole de la manifestation où il était inscrit ‘Non à la répression anti-syndicaliste‘.

Manifestation pour les marins corses

Manifestation pour les marins corses

Les images de la grève à la SNCM et de l’assaut du Pascal Paoli

Six salariés du groupe ABB ont été convoqués par la gendarmerie de Montluel (Ain) les 28 et 29 octobre dans le cadre d’une plainte déposée le 10 juillet par la direction pour ‘séquestration, injures et dégradations’, suite aux mouvements sociaux du mois de juin.

Dans le cadre d’un plan social comprenant 540 suppressions de postes, les consultations des représentants du personnel avaient donné en juin des réunions très tendues. Le 2 juin, sept dirigeants avaient été retenus pendant deux heures par des salariés qui avaient interrompu un comité central d’entreprise (CCE) à Montluel. Le 23 juin, lors d’un autre CCE également à Montluel, des salariés mécontents avaient renversé du matériel dans les locaux de l’entreprise. Sur les six salariés auditionnés par les gendarmes, cinq sont des délégués syndicaux (3 CGT et 2 CFDT) ainsi qu’un sympathisant CGT.

Un lycéen dijonnais qui avait fabriqué un ‘patator’, un ‘lance-patates’ artisanal, et montré ses exploits sur internet, s’est vu activement interrogé par trois policiers ignorant sans doute tout de la patator-mania. ‘J’ai été interrogé le 14 octobre pendant une heure et demie par trois policiers. On m’a dit que l’utilisation et la divulgation [sur internet] d’un ‘patator’ étaient interdites, et on m’a parlé de ‘terrorisme’, je ne comprenais pas‘, a déclaré Jérémy, 16 ans.

Alors pour les novices, voici les principes de fabrication d’un patator

Pour les amateurs, voici un Patator semi-automatique au butane ; un Mini-patator ; un Patator pneumatique double-chambre et un Patator ENORME.

En début de semaine dernière, deux militant-e-s du collectif des ‘furieuses carottes’ ont vu leur domicile perquisitionné pendant des heures ainsi que ceux de leur famille, au même moment. Les disques durs, une bonne partie du matériel militant et des effets personnels ont été mis sous scellé. Ces militants résident dans le sud de la France et ce sont des policiers de la brigade criminelle de Versailles qui ont fait le déplacement. Ils ont été accusé-e-s d’avoir participé à des actions revendiquées (selon la police) par le Front de Libération Animale (ALF), effectuées en France ce printemps et cet été 2009 contre l’industrie pharmaceutique, la viande et la chasse. L’un des militants a été placé en garde à vue 24h. Pendant ce temps-là, l’autre a été interrogé toute la nuit (pendant 5h30), n’avait ni le droit de partir, de téléphoner alors qu’il n’était censé être que témoin.

Logo d'un collectif vegan

Logo d’un collectif vegan

Le communiqué et le site du collectif

Au printemps dernier, 74 employés de GrDF, filiale de distribution de GDF-Suez avaient été interpellés, soupçonnés de dégradations en marge d’une manifestation contre la politique menée par l’entreprise. Parmi eux, les principaux syndicalistes de la CGT. Tous avaient été libérés après avoir été placés en garde à vue. Aujourd’hui, quatre d’entre eux ont été licenciés dans le cadre des procédures disciplinaires lancées contre eux. Un cinquième a écopé d’une ‘rétrogradation avec impact sur la paie’.

Le coordinateur régional du syndicat déclare: ‘Nous avons affaire à une répression sans précédent. Aucun de nos camarades n’a commis de faute. En vérité, la direction n’a pas digéré d’avoir dû renoncer, ce printemps, à son plan d’externalisation de la maintenance et d’avoir été contrainte par la mobilisation des agents à embaucher 140 personnes‘.