Des affrontements ont eu lieu en Martinique et en Guadeloupe où la colère contre la vie chère ne cesse de monter depuis le 18 septembre ( voir article ici ) , des mesures ont été prises par les autorités, elles sont renforcées ou étendues à de nouveaux secteurs.

En Martinique: le couvre-feu partiel avait été instauré depuis le 18 septembre, celui-ci devient général depuis lundi 23 septembre de 21h30 à 5h du matin jusqu’au 26 septembre. L’interdiction de vente d’essence aux particuliers ou d’achat et de vente de produits explosifs resteront en vigueur jusqu’au 30 septembre à 18h. Une compagnie de CRS ( Compagnie Républicaine de Sécurité ) a été déployée, cette dernière est spécialisée dans le rétablissement et le maintien de l’ordre et dans la lutte contre les violences urbaines. La décision de faire intervenir la CRS 8 en Martinique n’avait plus été prise depuis 65 ans, lors des émeutes meurtrières de 1959 où trois jeunes avaient perdu la vie durant trois jours de protestation.

En Guadeloupe: lundi 23 septembre mise en place d’un couvre-feu pour les mineurs dans les secteurs des communes de Pointe-à-Pitre, des Abymes, du Gosier et de Sainte-Rose. Les quartiers concernés par ce couvre-feu sont les secteurs de la Boucan et Bébel à Sainte Rose, les quartiers Poucet et Marie-Gaillard au Gosier, les quartiers Lauricisque et Changy à Pointe-à-Pitre et le quartier Boisripeaux aux Abymes. Les mineurs ont l’interdiction de circuler sans être accompagnés d’un adulte référent entre 22h et 5h du matin jusqu’au 28 septembre.

Telegram, cette application qui sert à de nombreux réseaux de solidarité et de luttes, plateforme permettant de contourner les censures des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, collaborera avec la justice, ceci fait suite à l’arrestation de Pavel Durov par les autorités françaises (voir ici). L’entreprise a annonce ce lundi 23 septembre qu’elle partagera les adresses IP et les numéros de téléphone avec les autorités, cette pratique encouragée par le DSA (Digital Service Act) s’applique à toutes les plateformes en ligne depuis février 2024 dans l’Union Européenne.

La messagerie Telegram créer en 2013 s’était engagée à ne pas diffuser d’informations sur ses utilisateurs. Cette application permet notamment de créer des canaux de diffusions et d’échanger en groupe public ou privé. La décision de Pavel Durov de se plier à la pression de la justice française pourrait faire jurisprudence. Depuis des mois, les autorités françaises s’attaquent aux moyens d’expression en ligne (voir ici). Après Telegram, Signal est aussi dans le viseur du DSA qui souhaite faire interdire le chiffrement de bout-en-bout, pratique sur laquelle repose cette messagerie qui empêche les autorités d’avoir accès au contenu des messages.

Des six condamnations de 6 à 9 mois de sursis et de 9 et 12 mois ferme, du procès pour « association de malfaiteurs » de Bure, en première instance, début juin 2021 (photo), il ne restait déjà plus à l’issue l’audience devant la cour d’appel de Nancy de novembre 2022, que trois condamnations à 4 mois de prison avec sursis, sur les seuls motifs d’attroupement sans arme après les sommations et d’organisation de manifestation non autorisée. Les condamnés s’étaient pourvus en cassasstion. Ce 11 septembre de la Cour de Cassation a cassé l’arrêt de la Cour d’appel de Nancy, invoque l’absence d’examen par cette dernière de la proportionnalité de l’ingérence que constituait leur incrimination au regard des droits fondamentaux que sont les libertés de s’exprimer et de communiquer librement ses opinions.

La question de la proportionalité se pose quand on sait que l’instruction de 24000 pages pour en association de malfaiteurs alignait jusqu’à 8 chefs d’accusation initiaux pour lesquels les peines encourues sont de 5 à 10 années d’emprisonnement. Cela après deux années et demie d’instruction assorties de contrôles judiciaires d’interdictions d’entrer en contact et de territoire pour une dizaine de personnes, une procédure qui aura mobilisé des centaines de gendarmes, des dizaines d’enquêteurs, qui aura coûté plus d’un millions d’euros et une surenchère dans les moyens de surveillance… (lien)

 

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Samedi matin, 12 canoës ont bloqué l’accès au port de navires de croisière de Marseille pour dénoncer la pollution causée par les mastodontes de la mer. Trois navires de croisière, un ferry ont dû attendre en mer en raison d’une action des activistes d’Extinction Rébellion et des membres du collectif Stop croisières. Vers 7 heures du matin, le navire AIDAstella a dû faire demi-tour, les canoës s’étant positionnés à l’entrée de la rade nord, l’empêchant d’entrer dans le port. Ce navire d’une capacité de deux mille personnes devait faire escale dans la deuxième ville de France. Deux autres navires de croisière, le MSC World Europa, sixième plus gros paquebot au monde avec plus de 2 600 cabines, six mille passagers, treize restaurants, un centre commercial et le Costa Smeralda devaient aussi accoster, ils ont dû patienter au large. Un ferry venant de Corse a dû aussi attendre.

Sur les canoës gonflables, alignés, une vingtaine d’activistes équipés de gilets de sauvetage avaient déployé des banderoles comme « ça sent le gaz » ou « on est très en colère contre MSC Croisières ». Stop croisières dénonce la pollution de l’air causé par ces navires, véritables villes sur l’eau, avec un impact négatif sur la santé des populations et la biodiversité marine. Le collectif pointe aussi les conditions de travail à bord. L’action s’est terminée vers 9h30, les 21 écologistes ont été délogés et arrêtés par la gendarmerie maritime.

En 2022, le port de Marseille a accueilli 1,5 million de croisiéristes, 2,5 million en 2023. L’hostilité grandit en Europe face à l’industrie des croisières, source de revenus pour les villes escales mais jugée nuisible à la santé des riverains et à l’environnement par son gigantisme. Ces dernières années, Venise ou Amsterdam ont interdit leur centre-ville aux géants des mers. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les bateaux de croisière naviguant dans les eaux européennes en 2022 ont émis plus de 8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 50 000 vols Paris-New York.

Des affrontements secouent la Martinique depuis plusieurs nuits, dans un contexte de mouvement de contestation contre la vie chère, les tensions ne diminuent pas, un couvre-feu de 21h00 à 05h00 du matin a été décrété dès ce mercredi 18 septembre jusqu’au 23 septembre dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin. Dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. Le Grand port maritime de Martinique, par lequel transitent 98 % des marchandises est lui aussi visé par le mouvement de contestation.

Dans la nuit de mardi à mercredi, dans le quartier Dillon, un McDonald’s a été incendié, des barricades ont été enflammées. Toujours dans ce quartier, un hypermarché Carrefour a été envahi par une cinquantaine de militants, ils ont monté une barricade sur le parking qu’ils ont ensuite tenté d’incendier. Lors de sa fuite en scooter au moment de la dispersion par les forces de l’ordre, un homme est tombé, se blessant légèrement. Il a été interpellé. Un escadron de gendarmes, soit une centaine de militaires, a été envoyé en renfort. Depuis le début du mouvement, 44 véhicules ont été incendiés, 35 locaux commerciaux privés ont été attaqués, les autorités ont procédé à 15 interpellations, trois personnes ont été blessée, dont une par balle.

« Je n’ai mordu personne ». Ce mardi, tribunal judiciaire de Castres, une jeune femme interpellée à Saïx, le 18 février 2024, comparaissait pour des faits qui ont eu lieu lors d’un rassemblement des opposants à l’autoroute A 69. Un rassemblement pacifique qui avait fini en affrontement quand un groupe de personnes vêtues de noir et cagoulées ont jeté des projectiles sur les gendarmes. Six personnes avaient été interpellées. C’est l’une d’elles qui était jugée ce mardi. Une militante comparaissait non pas pour des jets de projectiles, mais pour être suspectée d’avoir mordu un gendarme lors de son interpellation. À la barre, la jeune femme conteste tout. Elle n’a jeté aucun projectile, n’a mordu personne et décrit au contraire une arrestation musclée. Le jour de l’interpellation, cette dernière était tout de noir vêtue et cagoulée afin de se protéger de la repression.

Pour le procureur, « il faut envoyer un signal », un « avertissement », la défense rappelle que ce sont des militants écologistes et qu’ils se mobilisent pour la planète. Le tribunal condamne la jeune femme à 5 mois de prison avec sursis, ainsi qu’une amende de 400€ avec sursis. Elle devra indemniser le gendarme mordu à hauteur de 600€.

Le Centre de Coordination Civilo-Militaire des Opérations Aériennes (C3MOA), spécialement créé pour les Jeux olympiques et paralympique, a coordonné les différentes autorités et moyens déployés, qu’ils soient civils ou militaires. Ce sont au total 178 interceptions aériennes qui ont été effectuées. 149 télé-pilotes, pour la plupart des touristes ignorant les règles en vigueur, ont été interpellés. Le 4 septembre, le dispositif de l’Armée de l’Air et de l’Espace déployé sur Paris détectait un drone s’approchant d’une prison parisienne. Deux télé-pilotes ont été interpellés ; ils tentaient de livrer du matériel interdit dans la prison. Le drone et le matériel ont été saisis.

Le dispositif était très lourd. Dans les airs opéraient des avions PC-21 et SR22, des avions-radar E-3F Sentry, des drones MQ-9 Reaper et  des ravitailleurs, l’interception étant confiée à des avions de combat Rafale et Mirage ainsi qu’à des hélicoptères Fennec. Au sol, des systèmes anti-drone Bassalt (photo), les batteries missiles antiaériens Mamba, Crotale NG et Mistral étaient déployées. Deux radars G1X ont été déployés sur Paris et Marseille pour renforcer les moyens de détection anti-drones.

Claudio Lavazza a été libéré le 7 septembre aprés avoir purgé sa condamnation après presque 28 ans de prison entre l’Espagne et la France (voir notre article). Claudio a pris part au combat révolutionnaire armé à la fin des annés 70 en Italie dans les rangs des Proletari Armati per il Comunismo. En cavale depuis le début des années 80, il se rapproche des idées anarchistes. Il sera arrêté seulement en 1996, en Espagne, à la suite d’un braquage qui finit par un échange de tirs avec la police (deux policiers trouveront la mort). En ce qui concerne la France (où il avait été transféré en juillet 2018), Claudio était accusé d’avoir participé au braquage du 4 juillet 1986 à Saint-Nazaire (88 milions de francs sousrtrait de la Banque de France).

La répression des personnes soutenant la Palestine et opposées au génocide à Gaza continue de sévir en Europe. Voici des exemples récents qui se sont déroulés en France :

Jeudi 5 septembre, Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation dont elle a été témoin a été perquisitionnée et placée en garde à vue. La raison de cette arrestation ? Elle s’était opposée à la tenue à Paris, du Salon de l’immobilier Israélien (qui propose entre-autre à la vente des biens dans la partie de la Palestine occupée suite à la guerre de 6 six jours). Elle a été libérée le lendemain. On ignore s’il y aura des suites à cette procédure.

En avril, un agent de sécurité lui avait confisqué un drapeau palestinien lors d’un match de football auquel assistait Emmanuel Macron. Elle voulait lui remettre un témoignage collectif rédigé par plusieurs médecins sur les horreurs de Gaza et lui faire part de l’urgence d’un cessez-le-feu.

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation

 

La répression n’est pas que policière, mais peut aussi être administrative et/ou sociale : 

Benoît Huou, professeur de mathématique à la Toulouse School of Economics a été suspendu à titre conservatoire après avoir appelé au boycott d’Israël. Il avait évoqué, dans un de ses cours du 3 septembre, un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, au début de juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens assassinés par l’armée israélienne.

« La situation n’a pas commencé le 7 octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement est le Hamas », avait poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7 octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant le soutien tacite du gouvernement français. Ces déclarations lui ont valu une suspension à titre conservatoire dès le lendemain.

Sylvie Retailleau, ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a personnellement demandé à ce que des sanctions soient prises.

Vie chère en Martinique, dimanche 1er septembre, 700 manifestants se sont rassemblés à l’appel du collectif  «Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes »(RPPRAC). Le collectif revendique la baisse des prix pratiqués sur l’île soient alignés sur ceux de la métropole. Quinze ans après les grèves générales contre la vie chère, la population martiniquaise est de nouveau de la rue. Ce 1er juillet, un ultimatum avait été lancé par le RPPRAC afin de faire baisser le prix de 2500 produits de première nécessité. Deux mois plus tard, l’ultimatum est sans effet, rendez-vous était fixé devant un grand centre commercial de Fort-De-france.

En début de journée, Rodrigue Petitot, président du RPPRAC a été arrêté et mis en garde à vue, suspecté de participation avec une dizaine d’autres personnes cagoulés à une tentative de vol de bus. En réaction à cette arrestation, les manifestants se sont dirigés vers le port de Fort-De-France où ils ont bloqué ses accès principaux et un terminal à conteneurs. Dans la nuit, un véhicule a été incendié et plusieurs poubelles ont été réduite en cendre. Des opérations de gendarmerie et de police sont menées à Fort-de-France pour libérer les accès des ronds-points bloqués. 5 camions de gendarmes mobiles sont arrivés en renfort de Guadeloupe et se sont déployés sur le terrain. Rodrigue Petitot dit « Le R » a été libéré en fin de journée.