Les autorités chinoises expérimentent différents systèmes technologiques au sein des prisons de Hong-Kong afin de rendre leurs établissements pénitentiaires intelligents. Il s’agit principalement de technologies de surveillance afin de détecter tout évènement irrégulier. Les détenus de ces prisons de test sont équipés de bracelets permettant de connaître leur position géographique, de manière précise, à n’importe quel moment de la journée. Ces bracelets sont également pourvus de capteurs de rythme cardiaque permettant d’être alerté en cas d’évènements malencontreux.

Un nouveau service de vidéo surveillance est également expérimenté, avec même des caméras placées dans les douches et les toilettes. Les informations recueillies par ce biais, couplées aux informations des bracelets connectés, sont analysées par un système d’intelligence artificielle afin de détecter un comportement anormal.

La prison Shek Pik, à Hong Kong

La prison Shek Pik, à Hong Kong

Le blog Des oreilles et des yeux recense et détaille les dispositifs de surveillance cachés par la police dans les espaces privés (domiciles et voiture). De nombreuses informations en plusieurs langues sont disponibles et un appel à de nouvelles contributions est lancé.

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Micro trouvé dans un squat à Grenoble en août dernier

Micro trouvé dans un squat à Grenoble en août dernier

Amazon a déposé un brevet pour une technologie de reconnaissance faciale liée à des caméras de sécurité pour les portes d’entrée. Le logiciel recouperait les images capturées avec une base de données — personnalisable par l’utilisateur — de personnes « suspectes », et appellerait immédiatement la police. Sans qu’à aucun moment, il y ait une intervention humaine.

Le brevet porte sur un système intégré aux services de police. Il relie les visages des personnes qui marchent à proximité d’une caméra de surveillance placée sur une porte d’entrée, avec une base de données de personnes « suspectes ». Si le visage reconnu correspond à un des profils de la banque de données, le système contacte immédiatement la police. Le brevet laisse ouverte la possibilité pour les utilisateurs de ces caméras d’ajouter eux-mêmes des photos de personnes « suspectes » à cette base.

En avril, le géant américain acquérait Ring, une entreprise de vidéosurveillance et de sonnettes connectées. Amazon propose également un système de reconnaissance faciale depuis 2016, appelé Rekognition, qu’elle vend notamment aux services douaniers (voir notre article). L’entreprise dispose donc déjà de ressources suffisantes à la mise en place d’un tel système.

Une sonnette du système Ring

Une sonnette du système Ring

La police de Dubaï a acheté des exemplaires de l’Hoverbike S3, une moto volante de l’entreprise américaine Hoversurf. L’engin, qui coûte 150.000 dollars (un peu plus de 130.000 euros), est équipé de quatre hélices horizontales et peut évoluer à 100 km/h… Les policiers de l’émir – deux équipes viennent de commencer leur entraînement – doivent composer avec l’autre petit défaut de l’engin: son autonomie. De 10 à 25 minutes à peine en mode « moto », 40 en mode « drone ». L’Hoverbike pèse 114 kilos et pour des raisons de sécurité, l’altitude est en plus limitée à 5 mètres.

Un Hoverbike de la police de Dubaï

Un Hoverbike de la police de Dubaï

iBorderCTRL est le système qui contrôlera dès 2020 les passeports à l’entrée de l’UE. A la différence des systèmes automatisés de contrôle des passeports biométriques en service, comme PARAFE en France, iBorderCTRL commencera à travailler bien avant que vous ne vous présentiez à un poste de contrôle. Sur un ordinateur personnel ou grâce à une application mobile, iBorderCTRL vous demandera de fournir à l’avance des informations de base sur votre voyage, des détails d’état-civil, et renseigner les données de base de votre pièce d’identité, sur le modèle des informations courantes que vous demanderait un agent au moment du contrôle. Pendant le voyage, ces données pourront être vérifiées, comparées à ce que le système sait de vos titres de transports, de vos déplacements passés, voire même de ce que vous avez publié sur les réseaux sociaux. L’application pourra également demander à prendre votre photo, pour la comparer à des clichés précédents.

À partir de ces données, le système vous assignera une note, une évaluation du risque de fraude que vous représentez ou non, qui déterminera la suite des événements une fois arrivé au poste-frontière, ce que sont déjà en train de tester la Hongrie, la Lettonie et la Grèce, pour un premier programme pilote de six mois à l’une de leurs frontières. Là, un appareil fixe ou mobile contrôlera votre passeport biométrique, et vérifiera que vous en êtes bien le titulaire. Si tout concorde, vous pourrez passer.

En cas de doute, un agent virtuel affiché à l’écran pourra vous poser des questions simples, pas tant pour utiliser le contenu de vos réponses que pour analyser vos réactions à chaque question. « Que contient votre valise ? » pourra par exemple être suivi de « Si j’ouvre votre valise, est-ce que je constaterai que vous m’avez menti ? ». Le système va collecter des données qui dépasseront la simple biométrie, pour aller jusqu’aux bio-marqueurs du mensonge. Tenant compte du sexe, de l’origine ethnique et de la langue parlée, pour s’adapter à son interlocuteur, il sait détecter 38 micro-expressions du visage qui peuvent trahir un menteur. Si les réponses et les réactions ne suffisent pas à lever les doutes du système, le passager sera dirigé vers un agent.

Le système iBorderCTRL

Le système iBorderCTRL

Assistance Centre d’Appel ACA est une entreprise spécialisée dans la télésurveillance d’ascenseurs et de parking, ainsi que dans la surveillance de ses salariés. Saisi d’une plainte en juin 2015, la CNIL procède à un contrôle des locaux en novembre 2016. Elle y découvre que la société a mis en place un dispositif de pointage biométrique, recueillant les empreintes digitales des salariés et servant à surveiller leurs horaires, et ce sans autorisation. La CNIL constate également que l’entreprise enregistre les appels téléphoniques sans que les salariés n’en soient informés. Et leurs interlocuteurs ne se voyaient pas préciser ni l’identité du responsable des traitements, ni de leurs droits d’opposition.

Mise en demeure, ACA informe en janvier 2018 avoir pris des dispositions pour se conformer à la loi. En mars, la CNIL mène donc une nouvelle inspection: rien n’a changé. ACA vient de se voir infliger une amende de 10.000 euros.

ACA

ACA

Les engins lanceurs d’eau (ELE), couramment appelé canons à eau en France (et auto-pompes en Belgique) se retrouve en première ligne dans les manifestations. Ces canons pulvérisent différents liquides. De l’eau, bien sûr, mais aussi plus généralement des émulsifs. Soit le même liquide mousseux que celui employé par les pompiers, qui peut être coupé avec différents additifs, ajoutés directement dans la citerne. Le plus courant pourrait être un gaz lacrymogène, mais de récents problèmes techniques en ont limité l’usage.

Le 1er mai, à Paris, c’est une mousse très spéciale qui a été utilisée. Le canon projetait ainsi des protéines de viande macérées, mélange de sang séché et d’os broyés, à l’odeur pestilentielle, ce qui a surpris les manifestants. À terme devraient également être mis en œuvre des PMC, des produits de marquages codés, comme l’indique une touche spécifique dans le cockpit des engins. Inodores et invisibles, ils peuvent rester jusqu’à trois semaines sur la peau, beaucoup plus sur les vêtements (voir notre article). Il suffit d’un éclairage ultraviolet pour les mettre en évidence, ce qui est même possible depuis un hélicoptère. Alors qu’il avait été évoqué une possible expérimentation discrète le 1er mai, une analyse en laboratoire d’échantillons de liquides projetés, diligentée par le site Taranisnews, a montré qu’ils n’en contenaient pas. Pour cette fois.

ELE en France

ELE en France

La technologie de reconnaissance faciale en temps réel de la police de South Wales (Pays de Galles), connu aussi sous le nom de système AFR Locate, aurait été spectaculairement améliorée grâce à un nouvel algorithme fourni par l’entreprise technologique japonaise NEC. Sur les 44 468 visages scannés par les forces de l’ordre puis analysés par le logiciel de reconnaissance faciale en marge du « Biggest Weekend » qui s’est déroulé dans la ville de Swansea en mai dernier, il n’y aurait eu que dix faux positifs.

Une version moins récente de ce logiciel avait été utilisée l’an dernier à Cardiff, lors de la finale de la Ligue des Champions (voir notre article). À cette occasion, près de 170 000 personnes avaient afflué aux abords du stade de la ville et AFR Locale avait identifié 2470 suspects potentiels, dont 2297 faux positifs : il se trompait dans 92 % des cas. Le système AFR Locate aurait déjà permis à Cardiff l’arrestation de 16 entre le 31 mai et le 22 décembre 2017 et de 13 autres personnes entre le 3 et le 24 juin 2018. Au total, cette technologie de reconnaissance faciale en temps réel aurait déjà conduit à l’arrestation de plus de 450 personnes depuis juillet 2017.

Une des camionnettes du système

Une des camionnettes du système

Cent trente-six ans après sa création par le Français Alphonse Bertillon, la police technique et scientifique (PTS) organise son congrès mondial à Lyon du 27 au 31 août. Pour cet évènement, pas moins de 800 spécialistes seront réunis pour échanger, débattre et analyser leurs différentes méthodes de recherche et d’investigation. L’enquête sur l’affaire Maëlys sera au cœur de toutes les discussions. La PTS a fourni un immense travail pour détecter les plus petites taches de sang, même recouvertes auparavant par des produits chimiques. Cette semaine, ce sera aussi l’occasion pour les scientifiques du monde entier d’échanger leurs différentes innovations comme le portrait-robot génétique. Cette technique à la pointe de la technologie se base sur les traces d’ADN recueillies sur une scène de crime. Grâce à elles, la police scientifique peut dresser le portrait-robot d’un suspect.

PTS

PTS

CloudWalk Technology, start-up chinoise, avait besoin d’images de visages de personnes noires pour perfectionner son logiciel de reconnaissance faciale, biaisé jusqu’ici, car reconnaissant mieux les visages clairs. L’accord, qui donne à la start-up chinoise l’accès aux informations biométriques des citoyens zimbabwéens, est entré vigueur le 30 juillet. Le président zimbawéen Mnangagwa a décidé de donner accès aux informations de ses citoyens (sans leur consentement bien entendu), en échange de l’installation de tout un dispositif de surveillance made in China.

CloudWalk Technology n’est pas la seule à voir ses algorithmes modelés par les biais raciaux : d’après une étude du MIT Media Lab publiée en février 2018, les trois principaux logiciels de systèmes de reconnaissance faciale (IBM, Microsoft, Megvii) avaient en moyenne moins de 1 % de chances de se tromper lorsqu’il s’agissait d’un homme blanc, tandis que ce pourcentage grimpait à presque 35 % lorsqu’il s’agissait d’une femme noire. Inacceptable pour la Chine (dont le gouvernement finance CloudWalk Technology à hauteur de 301 millions de dollars), qui veut devenir leader mondial en IA d’ici 2030.

Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï

Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï