En 2007, Nazife Babayigit rencontre deux jeunes affirmant connaître son fils, guérillero du PKK actif dans les montagnes de l’est de la Turquie qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle leur demande de bien vouloir lui donner un pull qu’elle a tricoté ainsi qu’une photo d’elle, afin qu’il sache qu’elle est en vie. Mais les deux hommes se font arrêter par les forces de l’ordre avant d’atteindre le campement du PKK. Suite à leur interrogatoire, Nazife Babayigit est poursuivie pour ‘collusion avec une organisation terroriste’ et condamnée à six ans de prison. Sa peine a néanmoins été commuée en deux ans de résidence surveillée en raison de son âge, elle a 77 ans.

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Hatice Duman était la rédactrice en chef de la revue Atilim, Gülüzar Erman syndicaliste du textile. Elles ont été arrêtées le 13 avril 2003 et condamnées le 4 mai 2011 à la prison à perpétuité pour avoir ‘tenté d’éliminer l’ordre constitutionnel par la force’, dans le cadre d’un procès dirigé contre le MLKP.

Tandis que l’engagement de l’une consistait à diriger un journal légal et celui de l’autre à faire un travail syndical légal, elles ont été condamnées sur base d’un dossier monté de toutes pièces par la police pour les impliquer dans des actions armées attribuées au MLKP (la destruction à l’explosif du siège d’Uskudar du parti fasciste MHP et deux attaques de banque). Ce n’est pas la première fois que la police monte des dossiers pour liquider les journalistes et les syndicalistes qui dérangent l’ordre établi.

Le 25 juin 2012, 71 syndicalistes de la Confédération des Syndicats des Travailleurs du Secteur public (KESK) avaient été arrêtés et 28 emprisonnés pour ‘appartenance à une organisation terroriste’ (cette fois le PKK). Le 19 février dernier, une opération policière a été menée dans 28 villes contre les syndicalistes du KESK. Plus de 160 syndicalistes ont été arrêtés au cours de ces opérations, dont 54 à Istanbul et 30 à Ankara. Parmi eux, au moins 55 ont été placés en détention pour ‘appartenance à une organisation terroriste’ (cette fois le DHKP-C !).
Ces arrestations ont lieu alors qu’une soixantaine d’autres syndicalistes sont déjà en prison, dont certains depuis plusieurs années. Il s’agit de la plus vaste opération policière contre les syndicalistes depuis la junte militaire de 1980. Sous couvert de la loi anti-terroriste, le régime d’AKP, le parti au pouvoir, vise systématiquement les syndicats opposants les plus actifs et les plus organisés qui refusent de se soumettre à la politique antisociale du gouvernement. Il y a actuellement 110 syndicalistes en prison en Turquie.

Ce qui est vrai des syndicats l’est aussi de la presse. La revue Atilim a une longue histoire de persécution : son précédent directeur de la publication, Ibrahim Cicek, et son assistant, Sedat Senoglu avaient été arrêtés en septembre 2006 en même temps qu’un journaliste radio et deux rédacteurs du journal. Tous ont été mis au secret de longs mois, sans même pouvoir rencontrer leurs avocats, conformément à la loi anti-terroriste. Ibrahim Güvenç, le rédacteur en chef du seul quotidien en langue kurde, Azadiya Welat, a fait l’objet de dix-sept procès l’année passée, et plusieurs de ses journalistes ont été arrêtés pour ‘appartenance [ou propagande] à une organisation terroriste’ (le PKK). 72 journalistes, dont six rédacteurs en chef et co-propriétaires privilégiés, sont toujours derrière les barreaux en Turquie, qui détient le record mondial des syndicalistes et des journalistes en détention.

Condamnées à la perpétuité, Hatice Duman et Gülüzar Erman symbolisent la persécution du journalisme et du syndicalisme révolutionnaires en Turquie. Leur cas est devenu exemplaire des constructions de dossiers que la police turque se permet à l’ombre de la loi anti-terroriste.

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Depuis mai, un rassemblement de sensibilisation à la situation de Gülüzar et Hatice se tient chaque dernier jeudi du mois de 17H à 18H devant la Bourse de Bruxelles.

Rassemblement Hatice Guluzar

Rassemblement Hatice Guluzar

Rassemblement Hatice Guluzar

Rassemblement Hatice Guluzar

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Document 1

Extraits du Rapport 2012 d’Amnesty International sur la Turquie

Les réformes juridiques, notamment constitutionnelles, promises par le gouvernement n’ont pas été mises en place. Le droit à la liberté d’expression était menacé et les manifestants étaient en butte à une recrudescence des violences policières. Des milliers de procédures engagées au titre de lois antiterroristes déficientes ne répondaient pas aux normes d’équité des procès.
(…)
Des milliers de poursuites ont été engagées au cours de l’année en vertu de la législation antiterroriste, dans la plupart des cas pour appartenance à une organisation terroriste. Le recours à ces lois formulées de manière excessivement large et vague était source de nombreuses violations. Les militants politiques, parmi lesquels figuraient des étudiants, des journalistes, des écrivains, des avocats et des universitaires, étaient au nombre des personnes le plus souvent poursuivies en justice. Le parquet interrogeait fréquemment des suspects au sujet de comportements protégés par le droit à la liberté d’expression ou par d’autres droits internationalement reconnus. Parmi les autres irrégularités de procédure figurait le recours à des périodes prolongées de détention provisoire, durant lesquelles les avocats n’étaient pas autorisés à examiner les éléments de preuve contre leurs clients ni à contester véritablement la légalité de leur détention – les dossiers faisaient en effet l’objet d’ordonnances de secret qui les empêchaient d’y accéder.
(…)
De nombreuses poursuites pénales mettant en péril le droit des personnes à la liberté d’expression ont été engagées. Les journalistes critiques à l’égard du gouvernement et les militants politiques kurdes, entre autres, risquaient tout particulièrement d’être poursuivis injustement, lorsqu’ils dénonçaient la situation des Kurdes en Turquie ou condamnaient les forces armées. Outre les procédures intentées au titre de différents articles du Code pénal, un grand nombre de procès menaçant la liberté d’expression ont été intentés en vertu de la législation antiterroriste.
(…)
Cette année encore, des informations ont fait état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés en garde à vue et en détention, mais aussi au cours des transferts aux postes de police et en prison.
(…)
Les enquêtes ouvertes sur des cas présumés d’atteintes aux droits humains commises par des représentants de l’État n’aboutissaient toujours pas. Lorsque des actions pénales étaient engagées, les chances d’obtenir la comparution en justice des responsables présumés étaient bien faibles. Des personnes faisant état de violations ont, comme les années précédentes, été l’objet de contre-accusations qui s’inscrivaient dans le cadre de stratégies bien établies.

Lire le rapport d’Amnesty Internation sur la Turquie 2012

Document 2

Pages 14/71 et 15/71 du Jugement n° 2003/213 2011/84 de la 12è Chambre de la Cour d’Assises d’Istanbul

2-HATICE DUMAN

L’accusée Hatice Duman n’a pas été entendue au poste ni par le parquet.
L’accusée Hatice Duman dans ces aveux devant le juge des référés le 13/04/2003, « Je n’accepte pas les accusations, je n’ai aucun lien avec quelconque réseau. Je ne connais pas Aligul ALKAYA. Je n’ai pas été arrêtée comme c’est dit chez Aligul ALKAYA, ils m’ont arrêté dans la rue. Je ne sais pas pourquoi on m’accuse de ça, je n’accepte aucune de ces accusations, je n’ai participé à aucun mouvement. Je n’ai rien d’autre à ajouter » a-t-elle déclaré.
L’accusée Hatice Duman dans sa défense écrite à la main en trois pages écrit qu’elle n’a aucun lien avec ces événements et demande sa libération.

3-GULLUZAR ERMAN

L’accusée Gulluzar Erman le 09/04/2003 au poste a utilisé son droit de garder le silence.
L’accusée Gulluzar Erman le 13/04/2003 au parquet a gardé son droit de silence.
L’accusée Gulluzar Erman dans ses déclarations du 13/04/2013 devant le juge des référés, « Je n’accepte aucune des accusations, comme je l’ai déjà dit je travaille dans une entreprise de textile, mes horaires sont connus. Après avoir été placé en garde à vue j’ai été interrogé surtout pour le vol de 3 armes dans un bureau de change de Maltepe le 17/03/2003, par ailleurs on m’a accusé d’avoir participé à l’extorsion de la banque Akbank de Eyup Rami. Moi je n’accepte pas ces deux accusations. On me dit qu’ils ont trouvé et je ne sais comment mes empreintes à la banque, on m’a également dit qu’il y avait des témoins qui disent que j’ai participé aux événements de Maltepe, moi je n’accepte pas cela. Lorsque vous aurez les heures pendant lesquels j’ai travaillé, il sera établi que je n’ai rien à avoir avec tout ça. Je ne sais pas comment on aurai pu avoir mes empreintes à Akbank, je n’accepte pas cela . Quand j’ai commencé à être interrogé pour ces faits j’ai entamé une grève de la faim. On m’a dit tu travailles dans une usine de textile dans sa branche chimie, tu devras connaître les explosifs. Moi je n’ai pas accepté ça. C’est moi qui a avoué que je travaillais dans cette branche, j’aurais pu cacher le lieu où je travail. Je n’ai aucun lien avec quelconque réseau. Je ne connais pas Aligul ALKAYA et Hatice DUMAN qui sont interrogés avec moi, je n’ai aucun contact avec eux. Par ailleurs au poste on m’avait dit que le vol avait été effectué uniquement par des hommes, je ne comprends pas pourquoi en tant que femme je suis accusée. Par ailleurs on m’a dit que le femme qui avait participé au vol du 17 mars avait des cheveux courts, moi j’avais des cheveux long à cette date, je les ai coupé le 24 mars, il y a une semaine, par ailleurs à cette date j’avais les cheveux courts » a-t-elle déclaré.
L’accusée Gulluzar Erman dans ses déclaration devant notre tribunal le 19/01/2004, « Moi auparavant j’ai travaillé dans une usine de cuir, pour avoir mes droits sociaux j’ai adhéré au syndicat du travail du cuir, plus tard comme on n’a pas eu certaines primes nous avons eu des luttes en tant que syndicat, mais des luttes légales, après avoir quitté ce travail j’ai été pendant un long moment sans travail, je suis entrée en tant que serveuse de thé dans une firme de chimie, j’ai commencée à travailler ici pour subvenir aux besoins de ma famille, je n’ai aucun lien avec quelconque réseau, par ailleurs en garde à vue chez la police on ne m’a pas laissé dormir, on m’a fait écouter certains sons afin que j’accepte certaines accusations, moi j’ai dit que je n’avais rien à avoir avec tout ça, j’ai informé que je ne dirai rien à la police, quand j’étais présenté au parquet, comme je n’avais pas pu dormir et comme le traitement était dur je n’ai pas voulu parler, par la suite devant le juge j’ai déclaré que je n’avais pas de lien avec quelconque réseau, je suis innocente, je demande ma libération » a-t-elle déclarée.

Sans en donner publiquement l’objectif et alors que le leader du mouvement a lancé un appel à l ‘arrêt de la lutte armée, les autorités turques ont mené ce lundi une mission aérienne de repérage visant le PKK. Cinq F-16 ont décollé de la base aérienne de Diyarbakir pour survoler le district de Cukurca (province de Hakkari), le nord de l’Irak ainsi que les camps du PKK situés à la frontière. Le gouvernement turc a annoncé son intention de multiplier ces opérations afin de découvrir et de suivre les mouvements se produisant dans les camps du PKK et d’inspecter la région.

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Dix personnes supplémentaires ont été arrêtées par les forces de sécurité dans le cadre de leur enquête sur la double attaque contre le siège de l’AKP et le ministère de la Justice à Ankara le 18 mars dernier et revendiquée par le DHKP-C. Des descentes, organisées avec l’appui d’hélicoptères, ont eu lieu dans plus de vingt bâtiments situés à Ankara. D’après une agence de presse locale, l’une des personnes arrêtées serait un membre haut placé du DHKP-C à Ankara. Les raids policiers ont également pris pour cible deux syndicats, le Liman-Is Union et le Genel-Is Union suspectés d’être en lien avec l’organisation communiste révolutionnaire.

Dans le cadre de leur enquête concernant la double attaque contre le siège du parti au pouvoir et du ministère de la Justice le 18 mars dernier, les autorités ont effectué une série de descentes dans plusieurs bâtiments dans le district de Mamak (Ankara) ce matin. Soutenue par l’aviation, la police a perquisitionné 14 adresses appartenant prétendument au DHKP-C et qui seraient des ‘repères de militants’. Ces opérations découlent de plus de 200 interrogatoires ainsi que de l’analyse des déplacements des suspects par l’intermédiaire de la vidéo-surveillance. Les trois principaux suspects dans l’affaire ont été arrêtés, ainsi que six autres militants. La police a également saisi l’arme qu’elle suspecte d’avoir été utilisée pour l’attaque contre le siège de l’AKP. Les autorités sont toujours à la recherche d’un homme qu’elles accusent d’avoir déclenché la bombe devant le ministère de la Justice. Dans un communiqué, le DHKP-C avait revendiqué cette double attaque contre des bâtiments qu’il décrit comme étant les ‘symboles de l’injustice dans le pays’.

Ce matin, un député du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) a lu, devant des centaines de milliers de personnes, un communiqué qui aurait été rédigé par Abdullah Ocalan, le leader emprisonné du PKK. Dans ce texte, il appelle au retrait des guérilleros et leur demande de déposer les armes. ‘Nous sommes arrivés à une phase dans laquelle les armes doivent se taire (…) et les éléments armés doivent se retirer en dehors des frontières de la Turquie’.

Accusé d’avoir pris part à une attaque au cours de laquelle douze soldats turcs avaient été tués le 21 octobre 2007 dans le district de Yuksekova (province de Hakkari) et à une attaque contre un poste militaire avancé dans le district de Semdinli (province de Hakkari) dans laquelle 29 soldats turcs avaient été abattus et 38 autres blessés, Bawer Barzan a été condamné ce samedi par un tribunal de Van. Barzan, originaire d’Irak, a revendiqué son appartenance au PKK mais a nié toute implication dans les faits qui lui sont reprochés. Il était également poursuivis pour diverses actions du PKK dans le sud-est de la Turquie ces dernières années. Reconnu coupable par la cour, il a été condamné à 32 peines d’emprisonnement à vie ainsi qu’à 644 ans, 3 mois et 20 jours d’incarcération.

Dans le cadre d’un processus de négociations entamé il y a quelques semaines, le PKK a libéré ce mercredi huit soldats et fonctionnaires qui étaient détenus dans le nord de l’Irak depuis près de deux ans. Cette libération fait suite à l’appel d’Abdullah Ocalan, leader emprisonné de l’organisation, que soient libérés des prisonniers dans les deux camps. Par cette libération, les guérilleros entendent faire preuve de leur bonne volonté et attendent maintenant un geste du gouvernement.

Hier, un procureur de la province de Van (sud-est) a ordonné la fermeture de dix associations créées notamment pour soutenir les victimes des récents tremblements de terre dans la région les accusant de créer de la propagande en faveur du PKK. Cet ordre a été émis en vertu de la loi contre le financement du terrorisme. Des perquisitions ont été effectuées au siège de plusieurs de ces organisations, les autorités saisissant de la nourriture, des chaussures, des vêtements et du matériel hygiénique destinés aux campagnes de donation. Le procureur a justifié sa décision en déclarant que l’aide était distribuée à la population dans le cadre de la propagande du PKK avec pour objectif d’augmenter le soutien local à l’égard de l’organisation.

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Quatre soldats ont été blessés dans l’explosion de mines dans la province de Diyarbakir ce lundi. L’explosion s’est produite lorsque les mines plantées le long d’une route ont été déclenchées à distance au passage d’un convoi militaire qui effectuait un trajet de liaison entre la province de Bingol et le district de Lice (Diyarbakir). Les soldats ont été emmenés à l’hôpital tandis que les autorités déclenchaient une vaste opération pour retrouver les guérilleros du PKK qu’elles accusent d’être derrière cette embuscade.