Jaquette du Cahier numéro 3

Jaquette du Cahier numéro 3

Sommaire

-1. L’origine de l’affaire (1999)
-2. Le procès en première instance à Bruges (février 2006)
-3. Le débat dans le mouvement de solidarité (mars 2006)
-4. L’arrestation de Bahar en Hollande et le complot d’Onkelinx (avril 2006)
-5. Le premier procès en appel à Gand (novembre 2006)
-6. Le premier procès en cassation (avril 2007)
-7. Le deuxième procès en appel à Anvers (février 2008)
-8. Le second procès en cassation (juin 2008)
-9. Le troisième procès en appel à Bruxelles (en cours)
-10. La loi spéciale antiterroriste
-11. Qu’est-ce que le DHKP-C ?
-12. Annexe : Le communiqué 335 du DHKC

Lire le contenu du Cahier 3 – format pdf

Lors de l’arrestation des membres du Secours Rouge le 5 juin dernier, les médias ont fait grand cas des communications cryptées entre la section belge du SRI et le secrétariat international de Zurich, et interceptées par la police. Un an et demi plus tard, les services spécialisés de la police fédérale ne sont toujours pas parvenu à décrypter ces mails…

Le cryptage des mails ne fait pas partie de la culture militante en Belgique, alors qu’il est extrêmement répandu en Allemagne ou en Suisse, et alors qu’en Belgique même, il est courant dans le domaine commercial et bancaire. Il est important de généraliser les techniques de cryptage. Crypter toutes les communications politiques, même les plus banales, est essentiel pour tous ceux qui veulent éviter de nourrir les fichiers policiers.

Le logiciel utilisé par le Secours Rouge International est le classique PGP (Pretty Good Privacy). Philip Zimmermann, son développeur, a mis PGP en libre téléchargement en 1991. Le gouvernement a ouvert une enquête contre lui pour violation des lois limitant l’exportation pour les produits cryptographiques aux seuls clients validés par le gouvernement US. Zimmermann a développé PGP dans un souci de droit à la vie privée et de progrès démocratique: ‘PGP donne aux gens le pouvoir de prendre en main leur intimité. Il y a un besoin social croissant pour cela. C’est pourquoi je l’ai créé. (…) Si l’intimité est mise hors la loi, seuls les hors-la-loi auront une intimité. Les agences de renseignement ont accès à une bonne technologie cryptographique. De même les trafiquants d’armes et de drogue. Mais les gens ordinaires et les organisations politiques de base n’avaient pour la plupart pas eu accès à ces technologies cryptographiques de ‘qualité militaire’ abordable. Jusqu’à présent.

PGP est un logiciel de chiffrement et de signature de données utilisant la cryptographie asymétrique mais également la cryptographie symétrique. Il est d’une extrême facilité d’emploi. Il est basé sur un processus appelé ‘public-key’ (‘clé publique’). Tout utilisateur dispose d’une clé privée (une série de caractère, idéalement plus de 20, choisis par lui) et d’une clé publique produite par le programme et liée à la première par un algorithme complexe. La clé publique peut être transmise sous forme de ‘pièce jointe’, dans le corps d’un mail, par clé USB, disque, ou n’importe quel support de données. Elle peut être interceptée et connue sans nuire à la qualité du cryptage.

L’utilisateur communique donc sa clé publique à tous ceux qui doivent lui envoyer un message crypté. Ceux-ci cryptent leur mail ou leur document (traitement de texte, image, tableur) qu’ils lui destinent avec sa clé publique (ce qui se fait en deux ‘clics’). Pour décrypter, l’utilisateur tape dans le logiciel sa ‘clé privée’, connue de lui seul. A l’inverse, pour envoyer un message crypté, l’utilisateur doit disposer de la clé publique de son correspondant. Une fois qu’il a crypté le message, seul le correspondant pourra le décrypter avec sa ‘clé privée’. Même le crypteur n’est pas en mesure de décrypter son message.

Dans le cadre du week-end d’étude anti-répression co-organisé av ec le CLEA, le COI et le CAS, le Secours Rouge organise une formation à l’utilisation de PGP. Si vous apportez votre ordinateur portable, vous pourrez vous faire installer PGP et faire des essais de cryptage jusqu’à ce que vous en maîtrisiez la technique (dix minutes suffisent…). Si vous apportez une clé USB, vous pourrez avoir une copie du programme pour l’installer chez vous (version Linux, PC ou Apple).

Dimanche 10h-12h, Espace Morichar, 29-33 Place Morichar 1060 St Gilles, entrée gratuite.

Jaquette du cahier 1

Jaquette du cahier 1

Sommaire

-1. Le SRI du Komitern (1922-1943)
-1.1. Dans le monde
-1.2. En Belgique
-2. Première refondation du SRI dans les années ’70
-3. Deuxième refondation du SRI : de 2000 à aujourd’hui
-3.1. En Europe
-3.2. En Belgique
-4. La Plate forme pour un SRI (2001)
-4.1. Préambule
-4.2. Plate-forme politique générale et quelques éléments organisationnels
-5. Notices biographiques

Lire le contenu du Cahier 1 – format pdf

A la fin du mois de juillet, nous apprenions l’arrestation à la frontière franco-belge de Shova Gajurel, fille d’un leader maoïste népalais, et elle-même membre du Parti Communiste du Népal.

Demande de l’asile politique en France depuis 3 ans (sa vie est en danger au Népal, au vu de la répression qui y est menée contre le PCN-maoïste), Shova Gajurel s’est fait interpellée à Valenciennes pour avoir voyagé sans les documents requis et a été incarcérée au Centre de Rétention Administratif de Lille Lesquin.

Un comité de soutien s’est immédiatement mis en place, auquel se sont joints le Comité ‘Libérez-les’ ainsi que le Comité des sans-papiers de Lille (CSP59) et le MRAP. ‘Libérez-les’ a notamment pu fournir des éléments à son avocat lors de sa comparution au tribunal. En vain, sa demande d’asile a été refusée, et le tribunal a confirmé son expulsion. Il a également proposé une ‘lettre ouverte’ à Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères français. Ce courrier a été signé et envoyé par de nombreux militants. Les trois comités français se sont ensuite rassemblés pour introduire une seconde demande d’asile, aboutissant à un nouveau refus. De plus, une conférence de presse a été organisée le 30 juillet dernier à Lille, afin de dénoncer publiquement la situation de Shova Gajurel.

La pression sur l’Etat français se faisant de plus en plus ressentir, il fallait agir. La décision du gouvernement est on ne peut plus extrême. En effet, il se débarrasse de l’affaire. Comment? Sous prétexte que la népalaise a transité par la Belgique lors de son arrivée en France, elle y est renvoyée. La réponse de l’Etat à la mobilisation a été le transfert de Shova Gajurel de Lille vers le centre de rétention de Bruges (en passant par le commissariat de Menin, à la frontière franco-belge) le 3 août dans la matinée. Le but de la manoeuvre est tout à fait clair, d’autant plus que chez nous, la rétention administrative peut se prolonger.

Soucieux de continuer à la soutenir, les différents comités français, rejoints par deux militants de notre Secours Rouge / APAPC, étaient présents afin de l’accueillir à la frontière. Or, la police, à qui ordre avait été donné d’agir dans la plus grande discrétion, s’est escrimée à brouiller les pistes. Les militants ont été envoyés d’un poste de police à l’autre, pour finalement rencontrer la prisonnière quelques minutes durant lesquelles ils ont pu constater son état d’épuisement avancé, ainsi que son inquiétude. En effet, son portable lui a été retiré. C’est vers 14h qu’elle a finalement conduite à Bruges.

A la demande du comité ‘Libérez-les’, le Secours Rouge / APAPC prend aujourd’hui le relais de la mobilisation et du soutien à Shova Gajurel afin d’obtenir sa libération et sa régularisation.

28/07/2009

Face aux critiques

‘Anarchiste’ pour les anti-anarchiste, ‘marxiste-léniniste’ pour les anti-marxiste-léniniste, … ou le Secours Rouge face à ses critiques

Historiquement créé pour le soutien aux prisonniers des CCC, l’APAPC (Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes) s’est muée en Secours Rouge pour étendre son soutien à d’autres militants attaqués par la justice de classe pour leur engagement anti-fasciste, anti-impérialiste, ou anticapitaliste, — et cela dans le cadre d’un projet de construction d’un Secours Rouge International.

Le Secours Rouge a ainsi soutenu les syndicalistes de Clabecq, les militants révolutionnaires de Turquie et de Palestine, les dockers réprimés pour leur lutte contre Bolkenstein, le communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, les militants de Tarnac, le prisonnier vert-anarchiste Marco Camenisch, les inculpés du 12 février 2007 en Italie, et bien d’autres.

Le SR réunit des militants qui voient dans la justice de classe un instrument au service de l’exploitation et de l’injustice, et qui ont décidé de mettre de côté leurs divergences politiques et idéologiques dans le cadre d’une lutte anti-répression fondée sur les principes exposés dans la plate-forme du SR.

Le SR n’entend pas juger les moyens, les tactiques ou les stratégies utilisés par les camarades qu’il soutient, dès le moment où il reconnaît en eux des militants ayant lutté contre l’injustice et l’exploitation et réprimés pour leur lutte.

De la même manière, le SR n’entend pas juger les choix de ses membres dans les combats qu’ils mènent en dehors ou parallèlement à leur engagement dans le SR, tant que ces combats participent d’une démarche anti-capitaliste, anti-fasciste, anti-impérialiste, anti-raciste, anti-patriarcale.

Deux hypothèses extrêmes aideront à nous faire comprendre.

Le SR est une organisation révolutionnaire, cela signifie que nous refusons de travailler avec des membres de l’appareil de domination, et notamment des parlementaires, etc. Nous ne les invitons pas à nos activités, nous ne leur donnons pas la parole, etc. Mais si un de ses membres milite par ailleurs dans un parti ayant ou voulant avoir des élus, cet engagement ne sera pas le problème du SR.

Le SR est une organisation légale, mais si un de ses membres s’engage (en prenant soin de ne pas impliquer le SR) dans une organisation de lutte armée révolutionnaire, le SR n’a pas à se prononcer sur cet engagement.

Dans tous les cas, le SR ne demande à ses membres que de respecter, dans le travail du SR, le cadre politique du SR défini dans sa plate-forme. Le SR n’est pas un parti (ni la façade ou le satellite d’un parti) qui demanderait des comptes à ses membres sur leurs autres choix militants.

Le SR garde volontairement et ouvertement des caractères du mouvement communiste dont il est issu (ainsi une analyse de classe, marxiste, de la société) et auquel, dans cette mesure, il appartient, mais il n’est pas au service d’une ligne politique particulière.

Le cadre d’action du Secours Rouge est très simple; il est exposé dans la plate-forme et porté par une pratique militante visible depuis des années. Malgré cela, il se heurte encore trop souvent à l’incompréhension, voire à la volonté de ne pas le comprendre.

Passons sur le PSL qui ne voit dans le SR que ‘les anciens CCC’, passons sur le parquet fédéral qui voit dans le SR la couverture du ‘Parti Communiste Politico-Militaire’, et penchons-nous quelques minutes sur deux documents récents attaquant le SR, documents également pitoyables et remarquablement symétriques: celui du journal Clarté et celui des anarchistes du journal Tout doit partir.

Le document du n°11 de Clarté, sobrement intitulé Luttons classe contre classe, contre la social-démocratie, contre le démocratisme petit-bourgeois, contre l’idéologie anti-parti. Pour l’unité idéologique. Vive le marxisme-léninisme, fait suite à la scission survenue dans le Bloc ML précisément autour de la question du SR. La volonté d’une (courte) majorité dans le Bloc ML de ne pas respecter le cadre du SR, mais au contraire de l’instrumentaliser, de l’utiliser comme satellite et caisse de résonance, s’est heurtée à une résistance telle qu’elle a provoqué une scission dans le Bloc ML. Le document anarchiste spirituellement intitulé Au secours,… des rouges, publié dans le n°4 de Tout doit partir est une réflexion sur la mobilisation anti-répression à partir de l’affaire de Tarnac.

Pour le Clarté, le SR suit une ligne anarchiste et anti-parti. Pour Tout doit partir, le SR suit une ligne marxiste-léniniste, simple reproduction de la ligne ML du temps de Staline.

Juxtaposer ces délires permet de prendre la mesure de leur imbécillité. La symétrie de ces deux documents atteint en effet une sorte de perfection.

La base commune de ces deux textes est ce caractère sectaire qui se conforte dans les conflits passés. Il est évident que si on mettait en présence les rédacteurs de Clarté et ceux de Tout doit partir, ils nous rejoueraient les fusillades inter-révolutionnaires d’Ukraine, de Cronsdadt et d’Espagne, chacun accusant l’autre de ‘trahir la révolution’ et de ‘faire le jeu de l’ennemi’. Nous connaissons ces discours. Les trois derniers paragraphes de la page 35 de Tout doit partir en offrent un exemple particulièrement malhonnête et nauséeux (communiste = fascisme), et certains d’entre nous ont gardé en mémoire la manière pénible dont des militants du Bloc ML ont voulu évangéliser les sans-partis du SR avec les vieilles antiennes sur ‘l’hitléro-trotskysme’. Et naturellement, toutes ces vieilles messes stériles sont justifiées au nom de la ‘la mémoire historique’ et ‘l’intégrité des principes révolutionnaires’.

Le but du SR n’est certainement pas de réconcilier marxisme-léninisme et anarchisme (ou trotskisme, etc.). Mais entre reconnaître les différences profondes entre ces deux projets révolutionnaires, et s’obstiner à ne voir dans l’autre que la copie conforme de ce qu’il était dans les années ’30, il y a une marge que les imbéciles des deux bords s’obstinent à escamoter.

Parce que ni les uns ni les autres ne font une démarche critique du passé de leur courant (Staline ou Makhno, à entendre les uns ou les autres, étant également sans peur ni reproche), ils ne conçoivent pas que, de l’autre côté, il se trouve des marxistes-léninistes et des anarchistes qui, dans le bilan des années ’30 des conflits entre anarchistes et communistes, ne pensent pas seulement en terme de ‘victoire’ ou de ‘défaite’, mais pensent aussi en terme de ‘gâchis’.

Et si l’histoire ne se réécrit pas, si même les choses ne pouvaient se passer autrement qu’elles se sont passées, rien ne nous oblige à rejouer éternellement la même pièce.

Le fait que le SR s’inscrive dans la tradition du SRI n’autorise en rien à établir une égalité entre le SR des années ’30 et notre SR. Dans les années ’30, il existait un véritable Parti Communiste, qui organisait les secteurs avancés politisés et combatifs de la classe.

On peut penser ce que l’on veut de ce Parti, mais ce qui est sûr, c’est que rien de tel n’existe aujourd’hui. Il y a une multitude de groupes qui s’imaginent bien en embryon du futur Parti, mais rien d’équivalent à ce qu’était le PC des ’30. Clarté et Tout doit partir, dans un ensemble parfait, veulent ignorer cela. Le Bloc ML veut ignorer cela, qui prétendait (au nom de quelle réalité?) établir avec le SR un rapport semblable à celui du PCB avec le SR des années ’30. Les anarchistes de Tout doit partir veulent ignorer cela, qui trouvent que ‘rien n’a changé’ entre notre SR et le SR des années’30. A chaque fois le même déni de réalité, la même volonté de voir dans le SR autre chose que ce qu’il n’est.

Ce qu’est le Secours Rouge? Le SR est la combinaison des principes de sa plate-forme, de l’identité de ses membres, de la réalité de sa pratique collective. C’est une organisation rigoureuse dans son projet et ses principes, mouvante et évolutive dans sa réalité collective.

Nous sommes une réalité. Cette réalité est le démenti vivant de leur sectarisme obtus. Là s’explique leur hostilité. Non seulement nous prétendons qu’il est possible de faire l’unité sur le front de la solidarité sans sacrifier nos identités révolutionnaires, mais nous faisons vivre pratiquement cette unité depuis des années. Et nous continuerons à suivre cette voie, à apporter notre solidarité pleine et entière aux camarades anarchistes, syndicalistes, trotskistes, antifascistes, ML, maoïstes, autonomes et autres confrontés à la répression de la bourgeoisie impérialiste, sans plus nous occuper de ceux pour qui notre existence même fait scandale.

Bruxelles, le 10 juillet 2009.

Le Secours Rouge/APAPC, en cela compris des militant(e)s communistes, des sympathisant(e)s anarchistes et communistes, des ‘sans-parti’ progressistes et solidaires.