Cadre historique â Les mouvements de lutte des annĂ©es â60 en RFA
Vers le milieu des annĂ©es 1960, les mouvements de lutte de la jeunesse Ă©tudiante et prolĂ©tarienne se dĂ©veloppĂšrent en Allemagne comme partout. En dĂ©cembre 1966, câest le dĂ©but de la fin du âmiracle Ă©conomique allemandâ, ce grand boom Ă©conomique qui suivit la reconstruction de lâaprĂšs-guerre, (il y aura carrĂ©ment rĂ©cession en 1967). Les deux principaux partis politiques bourgeois (sociaux-dĂ©mocrates du SPD et dĂ©mocrates chrĂ©tiens de la CDU et de la CSU, qui totalisent 90% des siĂšges au parlement) forment la âgrande coalitionâ qui verrouille totalement la vie politique. De la contestation des Ă©tudiants socialistes du SDS, conduit par Rudi Dutschke, Ă©merge lâOpposition Extra Parlementaire (APO). Les mobilisations de masse contre la guerre impĂ©rialiste US au Vietnam ne cessent de gagner en puissance, mais câest lors dâune manifestation contre la visite du Chah dâIran, dictateur sanglant, marionnette des USA, quâun jeune manifestant, Benno Ohnesorg est tuĂ© par un policier le 2 juin 1967. Les manifestations qui sâensuivront marquent la vĂ©ritable naissance de lâAPO.
11 avril 1968 â Mort de Rudi Dutschke, premiĂšre action de guĂ©rilla urbaine
PĂąques 1968: des dizaines de milliers de manifestants, ainsi que des dĂ©lĂ©gations de nombreux pays se rĂ©unissent Ă Berlin-Ouest pour un grand congrĂšs contre la guerre du ViĂȘt-Nam et pour la rĂ©volution mondiale. Le 2 avril, des bombes incendiaires explosent dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort. Deux jours plus tard Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnlein sont arrĂȘtĂ©s. Au cours de leur procĂšs, ils dĂ©clareront avoir provoquĂ© lâincendie pour protester contre lâindiffĂ©rence vis-Ă -vis du gĂ©nocide au ViĂȘt-Nam. Ulrike Meinhof, rĂ©dactrice en chef de la cĂ©lĂšbre revue de gauche Konkret , prend leur dĂ©fense.
Le 11 avril 1968, un fasciste tire trois balles dans la tĂȘte de Rudi Dutschke. Câest le rĂ©sultat dâune campagne de presse hystĂ©rique de la presse du magnat Springer. Dans toute la R.F.A., les universitĂ©s sont occupĂ©es, et le bilan des manifestations est lourd: un millier dâarrestations, des centaines de blessĂ©s, deux morts. Le 15 mai, le parlement approuve les lois dâurgence qui donneront au gouvernement des pouvoirs extraordinaires âen cas de guerre et de tension interne â.
Octobre 1968 â Premier procĂšs
Le 31 octobre 1968, le tribunal de Francfort condamne les quatre auteurs de lâincendie de Francfort Ă trois ans de prison ferme, la plus forte prononcĂ©e jusquâalors en RFA pour un acte politique. Le 13 juin 1969, ils bĂ©nĂ©ficient de la libertĂ© provisoire mais, risquant une nouvelle incarcĂ©ration, Baader, Ennslin et Proll se rĂ©fugient Ă Paris.
14 mai 1970 â Naissance de la RAF, libĂ©ration dâAndreas Baader
En aoĂ»t 1969, le SDS sâauto dissout, et en septembre survient une vague sans prĂ©cĂ©dent de grĂšves sauvages.
Le groupe revient en R.F.A. mais le 4 avril 70, Andreas Baader est arrĂȘtĂ© Ă Berlin-Ouest au cours dâun contrĂŽle de routine. Le 14 mai, il est libĂ©rĂ© par un commando armĂ© (un fonctionnaire est blessĂ© dans lâaction): câest la naissance officielle de la RAF qui Ă©crit Ă la revue 883 un texte intitulĂ© Construire lâarmĂ©e rouge oĂč lâon peut lire: âcamarades du 883, cela nâa pas de sens que de vouloir expliquer ce qui est juste aux mauvaises personnes. Nous lâavons dĂ©jĂ fait assez longtemps comme cela. Lâaction de libĂ©ration dâAndreas Baader, nous nâavons pas Ă lâexpliquer aux radoteurs intellectuels, aux peureux, Ă ceux qui savent tout, mais Ă la partie potentiellement rĂ©volutionnaire du peuple. â La RAF se rĂ©fĂšre aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et apprentis⊠tous ceux qui ne sont pas touchĂ©s par la consommation, les crĂ©dits, les contrats logements. Lâaction est annoncĂ©e mais comme la premiĂšre action dâun nouveau type en R.F.A., et le texte se conclu par ces mots dâordre: âdĂ©velopper les luttes de classe, organiser le prolĂ©tariat, commencer avec la rĂ©sistance armĂ©e Ă construire lâarmĂ©e rouge! â.
Construire lâarmĂ©e rouge (lien1)
Construire lâarmĂ©e rouge (lien2)
Construire lâarmĂ©e rouge â format pdf
Die Rote Armee aufbauen! (texte original en allemand)
Juin-aoĂ»t 1970 â Le passage dans les camps palestiniens
De juin à août 1970, plusieurs militants de la RAF (Horst Mahler, Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof, Peter Homann et Brigitte Asdonk) séjournent dans un camp palestinien en Jordanie. Ils y mÚnent des discussions avec des représentants de la gauche révolutionnaire palestinienne et acquiÚrent une formation à la guérilla.
Fin 1970-DĂ©but 1971 â OpĂ©rations logistiques et financiĂšres, premiĂšres arrestations
La RAF rĂ©ussit ensuite une sĂ©rie dâopĂ©rations financiĂšres et logistiques: attaque de trois banques Ă Berlin-Ouest le mĂȘme jour (le 29 septembre 1970); effraction nocturne avec saisie de tampons officiels et des passeports dans la mairie de Neustadt (16 novembre) et Ă Lang-Gons (21 novembre); attaque dâune banque Ă Kaiserlautern (22 dĂ©cembre, un policier est tuĂ© dans lâopĂ©ration); attaque de deux caisses dâĂ©pargne Ă Kassel (15 janvier 1971). Fin 1970 â dĂ©but 1971, la police arrĂȘte Horst Mahler, Ingrid Schubert, Monika Berberich, Brigitte Asdonk, Irene Goergens, Astrid Proll, Hans-JĂŒrgen BĂ€cker et Margrit Schiller.
Avril 1971 â âConception de la guĂ©rilla urbaineâ
En avril 1971, la RAF rend public un remarquable texte manifeste intitulé Conception de la guérilla urbaine.
âLa peur a traversĂ© le dos des dominants, qui pensaient dĂ©jĂ avoir tout en main, cet Etat et tous ses habitants et classes et contradictions, et rĂ©duit les intellectuels Ă leurs revues, enfermĂ© les gauchistes dans leurs cercles, dĂ©sarmĂ© le marxisme-lĂ©ninisme. La structure de pouvoir quâils reprĂ©sentent nâest pourtant pas aussi vulnĂ©rable que leur effarouchement peut nous le laisser penser. Leurs vocifĂ©rations ne doivent permettre de nous surestimer. Nous affirmons que lâorganisation de groupes armĂ©s de rĂ©sistance est actuellement juste, possible et justifiĂ©e en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Ă Berlin-Ouest, quâil est juste, possible et justifiĂ© de mener id est maintenant la guĂ©rilla urbaine. Que la lutte armĂ©e comme âplus haute forme du marxisme-lĂ©ninismeâ (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il nây a pas de lutte anti-impĂ©rialiste dans la mĂ©tropole. â
La RAF analyse sĂ©vĂšrement la situation en R.F.A. âSous le couvert de âlâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ralâ le dirigisme Ă©tatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrĂšs des salaires et la concertation . (âŠ) Participant avec lâaide militaire et Ă©conomique aux guerres dâagression des USA, la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale profite de lâexploitation du tiers-monde sans avoir la responsabilitĂ© de ces guerres, sans avoir affaire avec une opposition intĂ©rieure. Pas moins agressive que lâimpĂ©rialisme US, mais moins attaquable. Les possibilitĂ©s politiques de lâimpĂ©rialisme ne sont Ă©puisĂ©es ni dans leur variante rĂ©formiste, ni dans leur variante fasciste, ses capacitĂ©s dâintĂ©grer ou dâopprimer les contradictions quâil produit lui-mĂȘme ne sont pas terminĂ©es. Le concept de guĂ©rilla urbaine de la fraction armĂ©e rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Ă Berlin-Ouest. â
La RAF affirme que mĂȘme si le mouvement Ă©tudiant a vu ses origines bourgeoises le rattraper, il ne faut pas le sous-estimer car il âa reconstruit le marxisme-lĂ©ninisme comme arme dans la lutte de classe et a posĂ© le contexte international pour le combat rĂ©volutionnaire dans les mĂ©tropoles â. Mais la RAF affirme qui faut aller plus loin: âII nây aura pas de rĂŽle dirigeant des marxistes-lĂ©ninistes dans les futurs luttes de classes si lâavant-garde ne tient pas elle-mĂȘme la banniĂšre rouge de lâinternationalisme prolĂ©tarien et si lâavant-garde ne rĂ©pond pas elle-mĂȘme Ă la question de savoir comment sera Ă©rigĂ© la dictature du prolĂ©tariat, comment le pouvoir politique du prolĂ©tariat doit ĂȘtre exigĂ©, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit ĂȘtre brisĂ©, si elle nâest pas prĂȘte avec une pratique Ă y rĂ©pondre. Lâanalyse de classe dont nous avons besoin nâest pas Ă faire sans pratique rĂ©volutionnaire, sans initiative rĂ©volutionnaire â. Et de se revendiquer de la primautĂ© de la pratique: âSans pratique, la lecture du âCapitalâ nâest quâune Ă©tude bourgeoise. Sans pratique, tes dĂ©clarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, lâinternationalisme prolĂ©tarien nâest quâun mot ronflant. Prendre thĂ©oriquement le point de vue du prolĂ©tariat, câest le prendre pratiquement. â
Car la RAF veut ouvrir une nouvelle ligne de front: âSâil est juste que lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain soit un tigre de papier, câest-Ă -dire quâen dernier recours il peut ĂȘtre vaincu; et si la thĂšse des communistes chinois est juste, que la victoire sur lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain est devenue possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menĂ©e contre lui, et quâainsi les forces de lâimpĂ©rialisme soient Ă©parpillĂ©es et que par cet Ă©parpillement il soit possible de lâabattre â si cela est juste, alors il nây a aucune raison dâexclure un pays quel quâil soit ou une rĂ©gion quelle quâelle soit parce que les forces de la rĂ©volution sont particuliĂšrement faibles, les forces de la rĂ©action particuliĂšrement fortes (âŠ). La guĂ©rilla urbaine part du principe quâil nâexiste pas dâordre de marche prussien oĂč beaucoup de soi-disant rĂ©volutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte rĂ©volutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mĂ»re pour la lutte armĂ©e il sera trop tard de la prĂ©parer .â
âLa lĂ©galitĂ© est lâidĂ©ologie du parlementarisme, du partenariat social, de la sociĂ©tĂ© pluraliste. Elle devient un fĂ©tiche quand ceux qui sâen targuent ignorent que les tĂ©lĂ©phones peuvent ĂȘtre lĂ©galement Ă©coutĂ©s, le courrier lĂ©galement contrĂŽlĂ©, les voisins lĂ©galement interrogĂ©s, les indics lĂ©galement payĂ©s, que lâon peut lĂ©galement surveiller â que lâorganisation du travail politique, si elle ne veut pas ĂȘtre mise hors circuit de maniĂšre permanente par lâattaque de la police politique, doit ĂȘtre en mĂȘme temps lĂ©gale et illĂ©gale (âŠ) Qui nâa pas rĂ©alisĂ© que les conditions de la lĂ©galitĂ©, avec la rĂ©sistance active, se modifient nĂ©cessairement et quâil est pour cela nĂ©cessaire dâutiliser la lĂ©galitĂ© pour la lutte politique et en mĂȘme temps pour organiser lâillĂ©galitĂ©, et quâil est faux dâattendre lâillĂ©galisation comme un coup du sort imposĂ© par le systĂšme, parce que lâillĂ©galisation signifie lâĂ©crasement immĂ©diat, et que la question est alors rĂ©glĂ©e. La fraction armĂ©e rouge organise lâillĂ©galitĂ© comme position offensive pour lâintervention rĂ©volutionnaire. Mener la guĂ©rilla urbaine, câest mener la lutte anti-impĂ©rialiste de maniĂšre offensive. La fraction armĂ©e rouge pose le lien entre lutte lĂ©gale et illĂ©gale, lutte nationale, lutte politique, lutte armĂ©e, et la dĂ©finition tactique et stratĂ©gique du mouvement communiste international. La guĂ©rilla urbaine câest malgrĂ© la faiblesse des forces rĂ©volutionnaires en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Berlin-Ouest intervenir ici et maintenant de maniĂšre rĂ©volutionnaire! â.
Conception de la guérilla urbaine
Conception de la guĂ©rilla urbaine â format pdf
Das Konzept Stadtguerilla (texte original allemand, lien)
15 juillet 1971 â Mort de Petra Schelm
Le 15 juillet 1971, la police abat une militante de la RAF, Petra Schelm, et arrĂȘte Werner Hoppe.
DĂ©but 1972 â Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations
Le 17 janvier 1972 survient un Ă©change de coups de feu au cours dâun contrĂŽle de police. Selon la police, Andreas Baader Ă©tait dans la voiture, ce qui donne lieu Ă une campagne de presse monstre. Le 2 mars 72, la police abat Ă Augsburg Thomas Weisbecker, un militant de la RAF qui nâĂ©tait pas armĂ©. Le 3 mars, lors dâune fusillade, un commissaire de police est tuĂ© et une militant de la RAF, Manfred Grashof, est griĂšvement blessĂ©. Un autre militant, Wolfgang Grundmann est arrĂȘtĂ© Ă cette occasion.
Avril 1972 â âGuĂ©rilla urbaine et lutte de classeâ
En avril 1972, la RAF rend public GuĂ©rilla urbaine et lutte de classe . La RAF y analyse la grĂšve des travailleurs du secteur chimique, la militarisation de la lutte de classe, lâactualitĂ© objective de la question sociale, les liens entre les trusts et lâEtat, les diffĂ©rents rĂ©formismes, la possibilitĂ© et la fonction de la guĂ©rilla urbaine.
11 mai 1972 â Action contre un QG de lâarmĂ©e amĂ©ricaine Ă Francfort
Le 11 mai 1972, trois bombes (80 kg de TNT) explosent dans le quartier gĂ©nĂ©ral du 5Ăšme Corps US Ă Francfort. Un officier est tuĂ©, treize soldats sont blessĂ©s. Le commando Petra Schelm de la RAF revendique lâaction: âLâAllemagne de lâOuest et Berlin-Ouest ne doivent plus ĂȘtre un arriĂšre-pays tranquille pour les stratĂšges de la destruction du ViĂȘt-Nam. Ils doivent savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont amenĂ© de nouveaux ennemis dĂ©cidĂ©s, quâil nây aura plus aucun endroit au monde oĂč ils seraient en sĂ©curitĂ© des attaques des unitĂ©s et de la guĂ©rilla rĂ©volutionnaire. â
Communiqué du Commando Petra Schelm (lien1)
Communiqué du Commando Petra Schelm (lien2)
12-16 mai 1972 â Actions contre la police et la justice
Le 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker de la RAF fait exploser deux bombes Ă la direction de la police dâAugsbourg (six blessĂ©s) et sur le parking de la police criminelle de Munich (dix blessĂ©s et 100 voitures dĂ©truites, photo). Le 16 mai 1972, une bombe vise Buddenberg, juge Ă Karlsruhe, que le commando Manfred Grashof de la RAF rend responsable de la narcotisation forcĂ©e de la prisonniĂšre Carmen Roll et des conditions dâisolement. La RAF exige lâapplication de la Convention des Droits de lâHomme (GenĂšve) et de la Charte des Nations Unies en ce qui concerne le droit des prisonniers.
Communiqué du Commando Thomas Weisbecker
19 mai 1972 â Action contre le groupe de presse Springer
Le 19 mai 1972, la RAF fait exploser deux bombes au siĂšge des Ă©ditions Springer. Il y a 34 blessĂ©s dont de nombreux travailleurs. A deux reprises pourtant, des appels tĂ©lĂ©phoniques prĂ©venaient de lâaction. Cette derniĂšre est revendiquĂ©e par le commando 2 juin de la RAF, quâil ne faut pas confondre avec le Mouvement du 2 Juin, (un groupe de guĂ©rilla urbaine qui avait une conception organisationnelle dĂ©centralisĂ©e et une orientation politique socialiste-rĂ©volutionnaire, dont le nom fait Ă©galement rĂ©fĂ©rence Ă lâassassinat de Benno Ohnsorg). Cinq jours plus tard, dans une lettre Ă la radio allemande, le commando regrette que des travailleurs aient Ă©tĂ© blessĂ© et accuse Springer dâavoir pris clairement le risque de blesser ou tuer des ouvriers en nâĂ©coutant pas leurs avertissements.
24 mai 1972 â Action contre un QG de lâarmĂ©e amĂ©ricaine Ă Heidelberg
Le 24 mai 1972, le Commando 15 juillet de la RAF attaque Ă lâexplosif le quartier gĂ©nĂ©ral du Corps dâarmĂ©e US stationnĂ©e Ă Heidelberg, et dĂ©truit lâordinateur central coordonnant les bombardements amĂ©ricains au Nord ViĂȘt-Nam. Trois soldats US sont tuĂ©s. Le communiquĂ© rappelle que plus de bombes ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es sur le ViĂȘt-Nam que sur le monde entier durant toute de la seconde guerre mondiale. Les bombardements sont interrompus pendant quelques jours et cette action aura un retentissement immense.
Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 1)
Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 2)
Mai 1972 â Campagne de presse contre la RAF
Le 31 mai 1972, la presse Springer annonce que la RAF veut faire sauter des bombes dans la ville de Stuttgart. La campagne de guerre psychologique ne cessera plus: on accusera la RAF de vouloir tirer des roquettes sur les stades lors des matchs de football, de vouloir prendre des enfants en otage, de vouloir empoisonner lâeau potable, etc. Cette guerre psychologique vise le capital de sympathie accumulĂ© par la RAF: un sondage indique que 20% des allemands accepteraient de subir des poursuites judiciaires pour pouvoir cacher un membre de la RAFâŠ
Juin 1972 â Vague dâarrestations
Le 1er juin 1972, Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Cart Raspe sont arrĂȘtĂ©s lors dâune opĂ©ration spĂ©ciale: 300 policiers Ă©quipĂ©s de pistolets-mitrailleurs, avec lâaide dâun blindĂ©, les arrĂȘtent dans la banlieue de Francfort. Les trois militants sont blessĂ©s (Baader griĂšvement) dans un Ă©change de coups de feu. Le 15 juin, Ulrike Meinhof et Gerhard MĂŒller sont arrĂȘtĂ©s dans la banlieue de Hanovre, suite Ă la dĂ©nonciation dâun syndicaliste social-dĂ©mocrate qui les avait hĂ©bergĂ©s. Dâautres arrestations suivent: Gudrun Ennslin, Brigitte Monhaupt, Bernard Braun, Gerhard MĂŒller, Irmgard Möller, Klaus JĂŒnschke,âŠ
Septembre 1972 â Action palestinienne Ă Munich
Le 5 septembre 1972, huit combattants palestiniens prennent en otage neuf sportifs israĂ©liens aux Jeux Olympiques Ă Munich, et propose de les Ă©changer contre 200 personnes dĂ©tenues en IsraĂ«l. Les autoritĂ©s feignent de nĂ©gocier, mais tendent une embuscade Ă lâaĂ©roport: neuf israĂ©liens, cinq palestiniens et un policier allemand meurent dans la fusillade.
Le 7 septembre lâaviation israĂ©lienne bombarde les camps de rĂ©fugiĂ©s au Liban et tue 200 civils.
En novembre, la RAF rend public Ă cette occasion un texte exposant que la stratĂ©gie de la lutte anti-impĂ©rialiste amĂšne la lutte dans le centre. Le document analyse la signification du Proche-Orient pour lâimpĂ©rialisme, conçoit lâimpĂ©rialisme comme unitĂ© des contradictions, Ă©tudie les rapports entre impĂ©rialisme et tiers-monde, traite des mouvements de libĂ©ration anti-impĂ©rialiste, de lâopportunisme dans la mĂ©tropole de lâexploitation, de la consommation de masse, des mass-mĂ©dias, de la domination du systĂšme 24 heures sur 24, du sujet rĂ©volutionnaire, du fascisme et de lâantifascisme, de lâantifascisme et de lâanti-impĂ©rialisme.
1972 â La torture blanche
En prison, les militants de la RAF subissent un traitement spĂ©cial scientifiquement Ă©tabli pour leur destruction: isolement, promenade les mains liĂ©es pendant des annĂ©es, des mois de sections silencieuses, des anesthĂ©sies de force. Cette torture blanche est issue dâun programme de recherche nommĂ© âcamera silensâ: le prisonnier est dans une cellule sans fenĂȘtre ni lumiĂšre du jour, la lumiĂšre artificielle sâallume de telle maniĂšre Ă briser le cycle du sommeil du prisonnier, les murs sont blancs afin de briser la vue, la cellule est totalement insonorisĂ©e. Ulrike Meinhof tentera dâexpliquer les sensations produites par la torture blanche: âle sentiment que ta tĂȘte exploseâ, âon ne peut pas expliquer si lâon tremble de fiĂšvre ou de froid â on gĂšleâ, âon ne peut plus identifier la signification des mots, seulement deviner â lâutilisation de lettres en sch (ch,. ss, z, s) est absolument insupportableâ, âla construction de la phrase, la grammaire, la syntaxe, on ne contrĂŽle plus rienâ, âle sentiment quâon tâa enlevĂ© la peau â.
Janvier-fĂ©vrier 1973 â PremiĂšre grĂšve de la faim
Le 17 janvier 1973, quarante prisonniers entrent en grĂšve de la faim en revendiquant la fin de lâisolement, et en particulier la sortie dâUlrike Meinhof de âlâaile morteâ de la prison de Cologne-Ossendo. La grĂšve de la faim est âdurcieâ par lâEtat qui cesse de donner de lâeau aux prisonniers. Mais le 9 fĂ©vrier, Meinhof est placĂ©e dans une cellule isolĂ©e dâune prison masculine oĂč elle peut entendre des bruits humains. La grĂšve prend fin le 12 fĂ©vrier.
Mai 1973 â DeuxiĂšme grĂšve de la faim
Le 8 mai 1973, deuxiĂšme grĂšve de la faim. 40 prisonniers politiques revendiquent les mĂȘmes droits que les autres prisonniers, et une information politique libre. A nouveau, la distribution dâeau est supprimĂ©e Ă certains prisonniers, dont Andreas Baader. La grĂšve se termine le 29 juin 1973.
Fin 1974 â Nouvelles arrestations, premier procĂšs
Margrit Schiller, qui avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente et qui avait repris la lutte est arrĂȘtĂ©e une nouvelle fois. Sont aussi arrĂȘtĂ©s Christa Eckes, Helmut Pohl, Ilse Stachowiak, Eberhard Becker, Wolfgang Beer,⊠Le 10 septembre 1974: dĂ©but du procĂšs contre Horst Mahler et Ulrike Meinhof, qui dĂ©veloppe le 13 septembre un discours sur la lutte armĂ©e et lâusage par la contre-rĂ©volution de la guerre psychologique contre le peuple. Horst Mahler est condamnĂ© Ă 14 annĂ©es de prison (dissociĂ© et repenti, il sera libĂ©rĂ© en 80 et adoptera des positions de plus en plus rĂ©actionnaires), Ulrike Meinhof Ă huit annĂ©es.
DĂ©claration dâUlrike Meinhof au procĂšs (lien1)
DĂ©claration dâUlrike Meinhof au procĂšs (lien2)
Septembre-novembre 1974 â TroisiĂšme grĂšve de la faim, mort dâHolger Meins
Le 13 septembre 1974 commence la troisiĂšme grĂšve de la faim, qui dure jusquâau 5 fĂ©vrier 1975. Contre lâĂ©limination des prisonniers politiques, la RAF rappelle que la grĂšve de la faim est la seule possibilitĂ© de rĂ©sistance collective, de se dĂ©fendre, psychiquement et physiquement: âLutter, câest faire de faiblesses une forceâ . Le 9 novembre 1974, Siegfried Haag, avocat de Holger Meins, se rend Ă la prison de Wittich. Il nâobtient lâautorisation de le voir quâaprĂšs de nombreuses dĂ©marches. Il raconte: âHolger Meins est amenĂ© sur un brancard par deux gardiens. Ils dĂ©posent le brancard tout prĂšs de la porte ouverte, Ă cĂŽtĂ© de deux cartons renfermant des dossiers de sa dĂ©fense et une bouteille dâeau, puis ils se retirent. Holger Meins a les yeux clos, il nâest pas capable de se remuer, il ne peut mĂȘme pas replier ses jambes. Câest un squelette. Un mĂštre quatre-vingt-cinq environ. Quarante-deux kilos seulement. Ils lui ont bourrĂ© les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler. Il peut difficilement murmurer quelques mots en sâinterrompant. Pendant plusieurs instants, il ne semble pas entendre. â Le mĂȘme jour, lâavocat Klaus Croissant, prĂ©venu de lâĂ©tat trĂšs grave de Meins, porte lui-mĂȘme une lettre au prĂ©sident du tribunal, le sommant de permettre que des mĂ©decins de confiance puissent se rendre auprĂšs de lui. A 18 heures, Croissant reçoit un tĂ©lĂ©gramme lui apprenant la mort de Holger Meins. Le 12 novembre 1974, le prĂ©sident du tribunal de grande instance de Berlin, Von Drenkmann, est exĂ©cutĂ©. Le 21 novembre 1974, une bombe explose devant le domicile de Gerd Ziegler, juge du tribunal de Hambourg.
DĂ©claration dâentrĂ©e en grĂšve de la faim (lien1)
DĂ©claration dâentrĂ©e en grĂšve de la faim (lien2)
Holger Meins sur le nutrition forcée
Holger Meins: âCombattre jusquâau bout, mĂȘme iciâ
20 janvier 1975 â Lâinterview au Spiegel
Le 20 janvier 75, lâhebdomadaire Spiegel publie une grande interview des prisonniers de la RAF dĂ©tenus Ă la prison de Stammheim (photo). Les prisonniers y exposent leur vision de la R.F.A.: âCentre impĂ©rialiste. Colonie amĂ©ricaine. Base militaire amĂ©ricaine. Puissance dirigeante impĂ©rialiste en Europe et dans le MarchĂ© Commun. DeuxiĂšme puissance militaire de lâOTAN. ReprĂ©sentant patentĂ© des intĂ©rĂȘts de lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain en Europe de lâOuest. La fusion de lâimpĂ©rialisme ouest-allemand (politiquement, Ă©conomiquement, militairement, idĂ©ologiquement fondĂ© sur les mĂȘmes intĂ©rĂȘts dâexploitation du Tiers-Monde, ainsi que sur lâhomogĂ©nĂ©itĂ© des structures sociales au moyen de la concentration des capitaux et de la culture de consommation) avec lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain caractĂ©rise la position de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale vis-Ă -vis des pays du Tiers-Monde: en tant que parti dans les guerres conduites contre eux par lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain, en tant que âvilleâ dans le processus rĂ©volutionnaire mondial dâencerclement des villes par les campagnes. Dans cette mesure, la guĂ©rilla dans les mĂ©tropoles est une guĂ©rilla urbaine aux deux sens du terme: gĂ©ographiquement, elle surgit, opĂšre et se dĂ©veloppe dans les grandes villes, et au sens stratĂ©gique et politico-militaire, elle est une guĂ©rilla urbaine car elle sâattaque de lâintĂ©rieur Ă la machine rĂ©pressive de lâimpĂ©rialisme dans les mĂ©tropoles, elle combat comme unitĂ© de partisans sur les arriĂšres de lâennemi. Câest ce que nous entendons aujourdâhui par internationalisme prolĂ©tarien. En un mot: la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale faisant partie du systĂšme Ă©tatique de lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain, nâest pas une Nation opprimĂ©e mais une Nation qui opprime. Dans un tel Etat, le dĂ©veloppement du contre-pouvoir prolĂ©tarien et de sa lutte de libĂ©ration, le dĂ©mantĂšlement complet des structures dominantes, de pouvoir, ne peuvent ĂȘtre, dĂšs leurs dĂ©buts, quâinternationalistes, ne sont possibles quâen relation tactique et stratĂ©gique avec les luttes de libĂ©ration des Nations opprimĂ©es.
Historiquement: depuis 1918-1919, la bourgeoisie impĂ©rialiste â son Etat â possĂšde lâinitiative dans le dĂ©roulement des luttes de classe en Allemagne et est Ă lâoffensive contre le peuple; et cela jusquâĂ ce que les organisations du prolĂ©tariat se soient trouvĂ©es totalement dĂ©faites dans le fascisme jusquâĂ la dĂ©faite de lâancien fascisme, dĂ©faite due non pas Ă la lutte armĂ©e, mais aux alliĂ©s occidentaux et Ă lâarmĂ©e soviĂ©tique. Dans les annĂ©es 20, il y a eu la trahison de la TroisiĂšme Internationale: alignement total des partis communistes sur lâUnion SoviĂ©tique, qui se trouve Ă lâorigine de lâincapacitĂ© du K.P.D. (parti communiste dâAllemagne) dâen venir Ă une politique orientĂ©e vers la rĂ©volution par la lutte armĂ©e et la conquĂȘte prolĂ©tarienne du pouvoir politique. AprĂšs 1945, il y a eu lâoffensive lavage de cerveau de lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain contre le peuple au moyen de lâanticommunisme, de la culture de consommation, de la restauration-refascisation politique, idĂ©ologique, et finalement militaire sous la forme de guerre froide et dâune R.D.A. (RĂ©publique DĂ©mocratique Allemande) qui nâa pas dĂ©veloppĂ© la politique communiste comme guerre de libĂ©ration. Il nây a pas eu ici de rĂ©sistance antifasciste, de masses armĂ©es comme en France, Italie, Yougoslavie, GrĂšce, Espagne, mĂȘme Hollande. Les conditions pour cela ont Ă©tĂ© immĂ©diatement brisĂ©es par les alliĂ©s occidentaux aprĂšs 1945. Tout cela signifie pour nous et pour la gauche lĂ©gale, ici: il nây a rien Ă quoi nous rattacher, sur quoi nous appuyer historiquement, il nây a rien que nous puissions prĂ©supposer dâune maniĂšre ou dâune autre en termes organisationnels ou de conscience prolĂ©tarienne, pas mĂȘme des traditions dĂ©mocratiques rĂ©publicaines. Au plan de la politique intĂ©rieure, il sâagit lĂ dâun des motifs qui rend possible sans retenue le processus de fascisation, la surcroissance et lâexcroissance de lâappareil policier, de la machine de sĂ»retĂ© de lâEtat comme police de lâEtat dans lâEtat, la suppression factice de la division des pouvoirs, la promulgation de lois dâexception fascistes dans le cadre du programme de âsĂ©curitĂ© interneâ â depuis les lois dâurgence jusquâaux lois dâexception actuelles qui permettent le dĂ©roulement de procĂšs sans accusĂ©s ni dĂ©fenseurs, comme pure entreprise de spectacle, mais Ă©galement lâexclusion de âradicauxâ des services publics, lâĂ©largissement des compĂ©tences de lâOffice de police criminelle. Une dĂ©mocratie qui nâa pas Ă©tĂ© conquise, qui nâest pour le peuple quâun bourrage de crĂąne et nâa pas de base de masse, ne peut pas ĂȘtre dĂ©fendue et ne lâest pas non plus.â
Les prisonniers exposent les effets politiques de lâaction de la RAF:
â1° au niveau oĂč beaucoup, modifiant leur opinion sur cet Etat Ă©tant donnĂ© les mesures prises par le gouvernement contre nous, commencent Ă le reconnaĂźtre pour ce quâil est: la machine rĂ©pressive de la bourgeoisie impĂ©rialiste;
2° au niveau oĂč nombreux sont ceux qui, sâidentifiant avec notre lutte, devenant conscients et relativisant dans leur pensĂ©e, leur sensibilitĂ© et finalement dans leur action, lâabsolutisme de pouvoir du systĂšme, reconnaissent ce quâil est possible de faire, que le sentiment dâimpuissance ne reflĂšte pas la rĂ©alitĂ© objective;
3° au niveau de lâinternationalisme prolĂ©tarien, de la conscience de la relation entre des luttes de libĂ©ration dans le Tiers-Monde et ici, de la possibilitĂ© et de la nĂ©cessitĂ© de collaborer lĂ©galement et illĂ©galement.
Au niveau de la praxis: quâil ne suffit pas seulement de parler, mais quâil est possible et nĂ©cessaire, nĂ©cessaire et possible dâagir. (âŠ)
Aucun rĂ©volutionnaire ne pense Ă renverser seul le systĂšme, câest absurde. Il nây a pas de rĂ©volution sans le peuple. De telles affirmations contre Blanqui, LĂ©nine, Che Guevara, contre nous maintenant nâont jamais Ă©tĂ© autre chose que la dĂ©nonciation de toute initiative rĂ©volutionnaire, la rĂ©fĂ©rence aux masses ayant pour fonction de justifier, de vendre la politique rĂ©formiste. Il ne sâagit pas de lutter seul, mais de crĂ©er Ă partir des luttes quotidiennes, des mobilisations et des processus dâorganisation de la gauche lĂ©gale, une avant-garde, un noyau politico-militaire qui devra mettre en place une structure illĂ©gale â condition prĂ©alable, nĂ©cessaire Ă la possibilitĂ© dâagir et qui, Ă©tant donnĂ© les poursuites et lâillĂ©galitĂ©, et la praxis peut donner aux luttes lĂ©gales dans les usines, les quartiers, la rue et les universitĂ©s orientation, force et but pour atteindre ce dont il sâagira dans les dĂ©veloppements de la crise Ă©conomique et politique de lâimpĂ©rialisme: la prise du pouvoir politique. La perspective de notre politique â le dĂ©veloppement pour lequel nous nous battons: un fort mouvement de guĂ©rilla dans les mĂ©tropoles â est, au cours de ce processus de chute dĂ©finitive et dâĂ©croulement de lâimpĂ©rialisme amĂ©ricain, un moyen nĂ©cessaire, une Ă©tape, dans la mesure oĂč les luttes lĂ©gales et les luttes qui se dĂ©velopperaient spontanĂ©ment Ă partir des contradictions du systĂšme pourraient ĂȘtre brisĂ©es par la rĂ©pression dĂšs quâelles se manifestent. Ce que le parti de cadres bolcheviques reprĂ©sentait pour LĂ©nine, correspond Ă lâĂ©poque de lâorganisation multinationale du capital, des structures transnationales de la rĂ©pression impĂ©rialiste Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur, oĂč nous nous trouvons aujourdâhui, Ă lâorganisation du contre-pouvoir prolĂ©tarien issu de la guĂ©rilla. Au cours de ce processus â national et international â elle se dĂ©veloppe en parti rĂ©volutionnaire.â
Les prisonniers dĂ©crivent les traitements spĂ©ciaux dont ils font lâobjet et dĂ©noncent: Holger Meins âa Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© sciemment par une sous-nutrition systĂ©matique, la nutrition artificielle Ă©tait, dĂšs le dĂ©but, Ă la prison de Wittlich une mĂ©thode pour assassiner. Au dĂ©but, brutale, directe, violente, pratiquĂ©e pour briser la volontĂ©, et par la suite pratiquĂ©e seulement en apparence. 400 calories par jour: il sâagit seulement dâune question de temps, de jours, jusquâĂ ce que lâon meurt. Le procureur fĂ©dĂ©ral BĂŒback et les services de sĂ©curitĂ© ont manigancĂ© cela en sâarrangeant pour que Holger Meins reste Ă la prison de Wittlich, jusquâĂ ce quâil soit mort. Le 21 octobre, le tribunal (O.L.G.) de Stuttgart avait ordonnĂ© le transfert de Holger Meins Ă Stuttgart au plus tard le 2 novembre. DĂšs le 24 octobre, BĂŒback, procureur fĂ©dĂ©ral, faisait savoir au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne pouvait pas ĂȘtre respectĂ©e par les services de sĂ»retĂ© de lâEtat: cette information nâa toutefois Ă©tĂ© rendue publique quâaprĂšs la mort de Holger Meins. Pour terminer, le mĂ©decin de la prison Hutter a cessĂ© complĂštement la nutrition artificielle et est parti en voyage. Il faut Ă©galement prĂ©ciser que lâOffice fĂ©dĂ©ral de police criminelle Ă©tait informĂ© sur lâĂ©tat des prisonniers, pendant toute la durĂ©e de la grĂšve de la faim, par les directions des prisons. Il faut souligner que Hutter, avant quâil ne se retire, parce que Holger Ă©tait mourant, a demandĂ© Ă Degenhardt de lui assurer quâil ne ferait lâobjet dâaucune plainte â de la mĂȘme maniĂšre, toutes les plaintes portĂ©es contre Degenhardt ont Ă©tĂ© annulĂ©es. Degenhardt est le mĂ©decin qui, durant lâĂ©tĂ© 1973, pendant la seconde grĂšve de la faim Ă Schwalmstadt, a supprimĂ© lâeau âpour raisons mĂ©dicalesâ pendant neuf jours, jusquâau coma. â
A la question du Spiegel â La mort de Holger Meins a-t-elle Ă©tĂ© une opportunitĂ© pour le collectif R.A.F.? â, les prisonniers rĂ©pondent: âCela, câest de la projection fasciste; la rĂ©flexion de quelquâun qui ne peut plus penser autrement quâen termes de marchĂ©: le systĂšme qui rĂ©duit toute vie humaine Ă de lâargent, de lâĂ©goĂŻsme, du pouvoir, de la rĂ©ussite. Comme le Che, nous disons: âLE GUERILLERO NE DOIT RISQUER SA VIE QUE SI CELA EST ABSOLUMENT NECESSAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS HESITER UN SEUL INSTANT.â Et cela est tout Ă fait vrai pour la mort de Holger Meins: âla rĂ©sonance de lâhistoireâ, celle qui sâest Ă©veillĂ©e par la lutte armĂ©e anti-impĂ©rialiste, est entrĂ©e dans lâhistoire des peuples du monde. Elle a âĂ©tĂ© une opportunitĂ©â, cela veut dire quâelle a brisĂ© le boycott de lâinformation. Car, si beaucoup de gens ne sâĂ©veillent seulement que lorsque quelquâun est assassinĂ© et Ă partir de ce moment commencent seulement Ă comprendre de quoi il sâagit, câest que vous en ĂȘtes Ă©galement responsable. Câest ainsi que le Spiegel a passĂ© sous silence pendant huit semaines la grĂšve de la faim de quarante prisonniers politiques afin dâempĂȘcher solidaritĂ© et protection. â Et quand le Spiegel se demande sâils sont prĂ©parĂ©s Ă dâautre cas mortels, les prisonniers rĂ©pondent: âBĂŒback attend ça dans son bureau. â Le 5 fĂ©vrier 1975, les prisonniers arrĂȘtent la grĂšve de la faim.
Interview au Spiegel
27 fĂ©vrier 1975 â EnlĂšvement de Peter Lorenz
Le 27 fĂ©vrier 1975, deux jours avant les Ă©lections, le Mouvement du 2 juin enlĂšve Peter Lorenz, dĂ©putĂ© libĂ©ral et candidat Ă la mairie de Berlin-Ouest, et propose de le libĂ©rer contre la libĂ©ration de Rolf Pohle, Verena Becker, Rolf Heissler, Gabi Kröcher-Tiedemann et Horst Mahler. Horst Mahler refusera dâĂȘtre libĂ©rĂ© mais les autres militants peuvent trouver refuge au Yemen socialiste, tandis quâĂ Berlin, le Mouvement du 2 juin libĂšre Peter Lorenz.
Programme du Mouvement du 2 Juin
24 avril 1975 â Attaque de lâambassade dâAllemagne Ă Stockholm
Le 24 avril 1975, peu avant midi, le commando Holger Meins de la RAF occupe lâambassade de R.F.A. Ă Stockholm, prend en otage douze fonctionnaires, et rĂ©clame la libĂ©ration de 26 prisonniers. La police attaque le bĂątiment: deux fonctionnaires (dont lâattachĂ© militaire, le comte Andreas von Mirbach) sont tuĂ©s ainsi quâun membre de la RAF, Ulrich Wessel. Un autre membre du commando, Siegfried Hausner, est griĂšvement blessĂ© et contre lâavis des mĂ©decins suĂ©dois est immĂ©diatement transportĂ© en R.F.A.. Il nâest pas amenĂ© Ă lâhĂŽpital mais Ă la station intensive de la prison de Stammheim, sur ordre de BĂŒback, oĂč il meurt faute des soins adĂ©quats le 4 mai. Sont aussi capturĂ©s Ă Stockholm et extradĂ©s en R.F.A.: Karl-Heinz Dellwo, Lutz Taufer, Bernhard RöĂner et Hanna Krabbe.
21 mai 1975 â DĂ©but du procĂšs de Stammheim
Le procĂšs dâAndreas Baader, Gudrun Ennslin, Jan-Carl Raspe et Ulrike Meinhof sâouvre le 21 mai 1975 dans une annexe de la prison de Stuttgart-Stammheim construite pour lâoccasion sur le budget de la SĂ»retĂ© de lâEtat. Câest une forteresse de bĂ©ton de 150 millions de marks gardĂ©e par des policiers de trois LĂ€nders. Câest au cours du mĂȘme mois que le dĂ©fenseur de Gudrun Ensslin dĂ©posera la premiĂšre demande de rĂ©cusation pour prĂ©somption lĂ©gitime du juge Theodor Prinzing qui prĂ©side le tribunal. Elle sera suivie de 84 requĂȘtes identiques. Au procĂšs, les militants se positionnent en prisonniers de guerre et exigent que lâintĂ©gralitĂ© des actions contre les bases US soient considĂ©rĂ©es comme une partie de la guerre du ViĂȘt-Nam. En aoĂ»t, les avocats rĂ©clament une expertise mĂ©dicale, assurant que leurs clients sont incapables, en raison de leur Ă©tat de santĂ©, de suivre le dĂ©bat. Le procureur lit alors lâacte dâaccusation en lâabsence des inculpĂ©s e de leurs dĂ©fenseurs. Plus tard, les mĂ©decins estiment quâils ne peuvent suivre les dĂ©bats que trois heures par jour. En septembre, les experts mĂ©dicaux jugent les accusĂ©s inaptes Ă assister aux dĂ©bats. Le tribunal dĂ©cide alors que le procĂšs peut se poursuivre en leur absence et la cour de justice fĂ©dĂ©rale le suit dans ses conclusions. Le travail des avocats est rendu impossible: la presse Springer reçoit des dossiers que les services du procureur refuse de communiquer aux dĂ©fenseur; les dossiers sont caviardĂ©s et truquĂ©s; les dĂ©fenseurs sont surveillĂ©s jour et nuit; leur courrier contrĂŽlĂ© et leur tĂ©lĂ©phone Ă©coutĂ©. Les avocats subissent des sanctions disciplinaires de la part de leur Ordre parce quâils dĂ©noncent les conditions de dĂ©tention des prisonniers et le 23 juin, quatre dâentre eux sont perquisitionnĂ©s et deux (Klaus Croissant et Hans-Christian Ströbele) passent quelques semaines en prison.
Fin 1975-DĂ©but 1976 â Nouvelles lois rĂ©pressives
Hiver 1975: le parlement approuve une loi qui subordonne lâappartenance Ă un parti, mĂȘme lĂ©gal, Ă la fidĂ©litĂ© Ă la constitution: câest la consĂ©cration dĂ©finitive des Berufsverbote (interdiction de travail), de lâexclusion de la fonction publique de tous ceux qui ne donnent pas de preuves suffisantes de leur fidĂ©litĂ© Ă la constitution. Etre soupçonnĂ© dâĂȘtre militant du Parti Communiste (simplement tolĂ©rĂ© en R.F.A., il ne sera lĂ©galisĂ© quâen 81) bloque toute possibilitĂ© de devenir instituteur ou cheminot.
Janvier 1976: le parlement vote une nouvelle série de lois répressives, à caractÚre préventif.
9 mai 1976 â Assassinat dâUlrike Meinhof
Le 9 mai 1976, les autoritĂ©s annoncent quâUlrike Meinhof a Ă©tĂ© retrouvĂ©e âsuicidĂ©eâ dans sa cellule. Ce suicide est totalement exclu par les militants de la RAF: Ulrike Meinhof a Ă©tĂ© tuĂ©e en raison de son importance au sein de la RAF. Peu avant, se sachant menacĂ©e, elle avait dit Ă sa soeur que si on lui annonçait sa mort, câest que les autoritĂ©s lâauraient assassinĂ©e. Les jours qui suivent ce meurtre sont marquĂ©s par des centaines dâactions de protestations dans le monde entier (actions armĂ©es en France, Australie, R.F.A., Italie, GrĂšce,âŠ).
Ulrike Meinhof: DĂ©bat sur la âposition de classeâ
Ulrike Meinhof sur la situation de la RFA
Ulrike Meinhof sur lâhistoire de la RFA et de la gauche traditionnelle
DĂ©claration de Jan-Carl Raspe sur la mort dâUlrike (lien1)
DĂ©claration de Jan-Carl Raspe sur la mort dâUlrike (lien2)
Fin 1976-DĂ©but 1977 â Actions et rĂ©actions autour du procĂšs
Le 29 mai 1976, la âloi anti-terreurâ est votĂ©e. Elle modifie la dĂ©finition de âformation dâassociation terroristeâ et renforce le contrĂŽle du courrier entre les prisonniers et les avocats.
Le 1er juin 1976, attentat contre le quartier gĂ©nĂ©ral des forces amĂ©ricaines Ă Francfort (16 blessĂ©s). Le 10 juin 1976, lâavocat Langner dĂ©fenseur de la militante de la RAF Margaret Schiller, fait lâobjet dâun attentat fasciste (un mort et cinq blessĂ©s). Le 30 novembre, arrestation de Siegfried Haag et Roland Mayer.
En octobre, le procureur annonce son rĂ©quisitoire dans lequel il considĂšre les inculpĂ©s comme des prisonniers de droit commun et rĂ©clame la rĂ©clusion Ă perpĂ©tuitĂ© pour chacun dâeux. En janvier 1977, la prĂ©sidence du tribunal est retirĂ©e au juge Prinzing pour âcomportement partialâ. En mars, on apprend que les services secrets enregistraient toutes les conversations entre les avocats et les prisonniers de Stammheim. Le 8 fĂ©vrier, Brigitte Monhaupt (photo) est libĂ©rĂ©e; elle rejoint la lutte peu de temps aprĂšs et y jouera un rĂŽle central.
30 mars 1977 â Nouvelle grĂšve de la faim
Les prisonniers commencent une nouvelle grÚve de la faim le 30 mars 1977. Ils demandent leur regroupement par groupes de 15 à 20 personnes, selon une recommandation des médecins qui les ont observés. Ils demandent aussi des garanties minima sur les prisonniers de guerre.
7 avril 1977 â Action contre le procureur Buback
Le 7 avril 1977, le procureur Buback est exécuté à Karlsruhe par le commando Ulrike Meinhof de la RAF.
Communiqué du Commando Ulrike Meinhof
DĂ©but 1972 â Fin du procĂšs et de la grĂšve de la faim
Le 28 avril, Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe sont condamnĂ©s Ă la dĂ©tention Ă vie. Les prisonniers continuent la grĂšve de la faim, mais le 30 avril, le ministre de la justice du Land de Bade-Wurtemberg promet le regroupement. La grĂšve de la faim sâarrĂȘte sur un succĂšs. Reste Ă transfĂ©rer de nouveaux prisonniers Ă Stammheim, pour constituer des groupes capables âdâinteractions socialesâ selon la formule des mĂ©decins.
3 mai 1977 â Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations
Le 3 mai 1977, Gunter Sonnenberg et Verena Becker (revenue clandestinement du Yemen) sont arrĂȘtĂ©s Ă Singen aprĂšs un Ă©change de coups de feu avec la police. Gunter Sonnenberg est dans le coma, une balle dans la tĂȘte. Ils sont accusĂ©s dâavoir participĂ© Ă lâexĂ©cution du Buback. Verena Becker collaborera avec la police quelques temps aprĂšs.
Le 1er juillet, la RAF attaque une armurerie à Francfort et récupÚre 18 pistolets et revolvers.
22 juin 1977 â ProcĂšs et grĂšve de la faim des prisonniers de Stockholm
Le 22 juin 1977, Lutz Taufer, Kari-Heinz Dellwo, Bernd Rössner et Hanna Krabbe, qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă la prison Ă vie pour lâattaque de lâambassade Ă Stockholm, commencent une grĂšve de la faim afin dâĂȘtre transfĂ©rĂ©s dans la mĂȘme prison que les autres membres de la RAF, Ă Stuttgart-Stammheim, pour ĂȘtre regroupĂ©s avec eux. Verena Becker et Sabine Schmitz poursuivent Ă©galement une grĂšve de la faim depuis le 24 mai pour les mĂȘmes raisons.
11 juillet 1977 â DĂ©but de âLâAffaire Croissantâ
Le 11 juillet, Klaus Croissant, avocat dâAndreas Baader, persĂ©cutĂ© par la police allemande, demande lâasile politique Ă la France.
30 juillet 1977 â Action contre le banquier Ponto
Le 30 juillet 1977, Jurgen Ponto, prĂ©sident de la Dresdner Bank, est abattu Ă Bad Hombourg lors dâune tentative dâenlĂšvement par la RAF.
8 aoĂ»t 1977 â RĂ©tablissement de lâisolement, nouvelle grĂšve de la faim
A la suite dâune provocation des gardiens, une partie des prisonniers de Stammheim, qui avaient Ă©tĂ© amenĂ©s pour constituer des âgroupes capables dâinteractions socialesâ conformĂ©ment aux promesses du ministre de la justice, sont transfĂ©rĂ©s le 8 aoĂ»t dans dâautres prisons. Lâisolement est rĂ©tabli. Les dĂ©tenus de Stammheim entament une nouvelle grĂšve de la faim qui est suivie par dâautres prisonniers.
25 aoĂ»t 1977 â Echec dâune action contre le procureur Rebman
Le 25 août, un attentat à la roquette de la RAF est déjoué contre les bureaux du procureur fédéral Rebman à Karlsruhe.
5 septembre 1977 â EnlĂšvement du âpatron des patronsâ Schleyer
Le 5 septembre 1977, Hans Martin Schleyer est enlevĂ© par le commando Siegfried Hausner de la RAF. Son chauffeur et ses gardes du corps sont tuĂ©s dans lâembuscade. Hans Martin Schleyer, âpatron des patronsâ câest-Ă -dire chef des fĂ©dĂ©rations patronales allemandes, avait militĂ© aux jeunesses hitlĂ©riennes et avait Ă©tĂ© pendant la guerre un responsable de la SS (il avait notamment supervisĂ© le pillage de la TchĂ©coslovaquie). AprĂšs guerre, il avait fait partie du conseil de direction de Daimler-Benz.
LâEtat rĂ©agit frĂ©nĂ©tiquement: 1.200 perquisitions en deux jours, vĂ©rification des personnes payant lâĂ©lectricitĂ©, contrĂŽle des identitĂ©s et des voitures, des camions, des personnes entre 20 et 35 ans sur Interpol, etc. MalgrĂ© le fait que lâEtat lui-mĂȘme reconnaĂźt que lâaction nâa pas pu ĂȘtre commanditĂ© âde lâintĂ©rieurâ, les contacts avec les prisonniers deviennent impossibles. La RAF propose dâĂ©changer Schleyer contre les prisonniers.
22 septembre 1977 â Nouvelle fusillade, nouvelle arrestation
Le 22 septembre, Ă Utrecht, Knut Folkerts est arrĂȘtĂ© aprĂšs une fusillade avec la police nĂ©erlandaise. Il sera extradĂ© vers la R.F.A.
31 septembre 1977 â Suite de âLâAffaire Croissantâ
Le 31 septembre 1977, Klaus Croissant est arrĂȘtĂ© Ă Paris. Il sera extradĂ© vers la R.F.A.
13 octobre 1977 â DĂ©tournement dâun Boeing allemand par les Palestiniens
Le 13 octobre 1977, un avion de la Lufthansa est dĂ©tournĂ© de Palma de Majorque par le commando Martyr Halimeh de lâOrganisation de Lutte contre lâImpĂ©rialisme Mondial, qui exige la libĂ©ration des prisonniers de la RAF. Câest la premiĂšre fois que des combattants du Tiers-Monde soutiennent directement les rĂ©volutionnaires de la mĂ©tropole. La nuit du 17 au 18, les policiers dâĂ©lite allemands attaquent de lâavion qui sâĂ©tait posĂ© Ă Mogadiscio. Trois combattants palestiniens (des militants du FPLP) sont abattus, une quatriĂšme, Souhaila Andrawes Sayeh, griĂšvement blessĂ©e.
17 octobre 1977 â Massacre des prisonniers de la RAF Ă Stammheim
La mĂȘme nuit, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan Carl Raspe, dĂ©tenus en cellule dâisolement et faisant lâobjet dâune surveillance de chaque instant, sont pendus ou abattus Ă coups de pistolet dans la nuque. Irmgard Möller en rĂ©chappe miraculeusement. Elle a Ă©tĂ© blessĂ©e de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine. LâĂ©quipe du matin des surveillants la dĂ©couvre baignant dans son sang, appelle un infirmier qui la sauve in extremis avec une transfusion. Elle pourra tĂ©moigner du massacre des prisonniers, mais le black out sera fait sur ce tĂ©moignage: officiellement, il sâagit de suicides concertĂ©s⊠Le 16 octobre, nouvelles attaques contre les dâavocats (perquisitions, arrestations). Le 19 octobre 1977, la RAF exĂ©cute Schleyer en reprĂ©sailles.
28 octobre 1977 â Nouvelle loi rĂ©pressive
28 octobre 1977: nouvelle loi anti-terreur, qui dĂ©finit âles causes politiques et spirituelles du terrorisme â: lâattaque contre lâEtat, lâattaque contre la confiance du citoyen en lâEtat, attaque contre lâordre des valeurs, critique sociale sans limite, marxisme, fausse analyse du passĂ©âŠ
Fin 1977-DĂ©but 1978 â DĂ©bat dans le mouvement rĂ©volutionnaire allemand
Au cours de lâhiver 1977/1978, la dĂ©finition dâune politique anti-impĂ©rialiste donne lieu Ă des dĂ©bats dans la scĂšne autonome anti-impĂ©rialiste (particuliĂšrement forte Ă Hambourg et Ă Berlin). La bataille qui sâest soldĂ©e par lâassassinat des prisonniers de la RAF est vue comme un Ă©chec pour le mouvement rĂ©volutionnaire, mais le point positif consiste âen ce que la lutte des prisonniers et les actions de la guĂ©rilla a montrĂ© quâici en R.FA. il y a une rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste armĂ©e â. Il ressort dâun document rĂ©sultant de ces discussions quâune nouvelle mobilisation sâest dĂ©veloppĂ©e, et que celle-ci doit se concrĂ©tiser âdans la lutte de classe rĂ©volutionnaire pour le communismeâ. Une nouvelle conscience sâest dĂ©veloppĂ©e dans les avant-gardes combattantes, âla conscience de la maturitĂ© dâune nouvelle offensive de lâinternationalisme prolĂ©tarien â.
1978 â Nouvelle grĂšve de la faim
Le 9 mars 1978, les prisonniers commencent une nouvelle grĂšve de la faim.
Communiqué de grÚve de la faim
1978 â Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort de Willy Peter Stoll
Le 11 mai 1978, Stefan Wisniewski est arrĂȘtĂ© Ă Orly, il sera extradĂ© en R.F.A.. Le mĂȘme jour, Brigitte Mohnhaupt, Peter-JĂŒrgen Boock, Sieglinde Hofmann et Rolf Klemens Wagner sont arrĂȘtĂ©s en Yougoslavie. AprĂšs six mois de dĂ©tention, ils sont expulsĂ©s au YĂ©men. Le 6 septembre 1978, la police abat Willy-Peter Stoll Ă DĂŒsseldorf. Stoll nâĂ©tait pas armĂ©. Le 15 septembre, Astrid Proll est arrĂȘtĂ©e Ă Londres et extradĂ©e en R.F.A.. Le 24 septembre, des policiers surprennent trois militants de la RAF qui sâentraĂźnent dans un bois prĂšs de Dortmund. Dans la fusillade, deux policiers sont tuĂ©s, un autre blessĂ©, et une militante (Angelika Speitel) est capturĂ©e. Le 1er novembre, fusillade au poste frontiĂšre germano-nĂ©erlandais, Rolf HeiĂler revenu clandestinement du YĂ©men pour reprendre la lutte dans la RAF, Ă©chappe Ă la police.
DĂ©but 1972 â Naissance des RevolutionĂ€re Zellen
En 1978 survient une vague dâactions anti-impĂ©rialistes, principalement contre des installations militaires US. Les Cellules rĂ©volutionnaires (RZ) mĂšnent de nombreuses actions contre lâindustrie de lâarmement et aĂ©ronautique, lâindustrie nuclĂ©aire, lâindustrie chimique et pharmaceutique, ainsi que le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique. Entre 1978 et 1995, le groupe fĂ©ministe rĂ©volutionnaire Rote Zora incendiera ou dynamitera 45 sex shops, laboratoires de recherche en gĂ©nĂ©tique ou entreprises contribuant Ă lâoppression de la femme.
Un communiqué des RZ
Un communiqué de Rote Zora
1979 â Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort dâElisabeth von Dyck
La RAF exproprie avec succĂšs deux banques en mars et avril 79. Le 4 mai, la police anti-terroriste attaque un appartement de la RAF Ă Nuremberg, Elisabeth von Dyck sây trouve, sans arme et elle est abattue. Le 9 juin, Rolf HeiĂler tombe dans un piĂšge de la police anti-terroriste qui lui met une balle dans la tĂȘte; il survit miraculeusement.
25 juin 1979 â Action contre le gĂ©nĂ©ral Haig
Le 25 juin 79, le commando Andreas Baader de la RAF attaque Ă lâexplosif, en Belgique, le gĂ©nĂ©ral Alexander Haig, commandant en chef des forces armĂ©es de lâOTAN. Lâaction, qui manque de peu son but, marque le retour Ă lâoffensive de la RAF.
1979-80 â Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations
Le 19 novembre, la RAF exproprie une banque Ă Zurich. Dans la fusillade qui suit, la police tue une passante et arrĂȘte Rolf Klemens Wagner.
Le 5 mai 1980, arrestation à Paris de Sieglinde Hofmann et de quatre militantes du Mouvement du 2 Juin, elles seront toutes extradées vers la R.F.A.
2 juin 1980 â Dissolution du Mouvement du 2 Juin
Le 2 juin 80, une partie du Mouvement du 2 Juin se dissout pour continuer la lutte âdans la RAF, en tant que RAF â (une partie des prisonniers du Mouvement sâaligne sur cette dĂ©cision et deviennent des prisonniers de la RAF comme Inge Viett, arrĂȘtĂ©e le 2 mai 72, Ă©vadĂ©e en juillet 73 et reprise en septembre 75). Le communiquĂ© de dissolution expose: âLe Mouvement du 2 juin sâest créé Ă lâencontre de la RAF, avec lâintention confuse de mener une âpolitique prolĂ©tarienne spontanĂ©eâ. Nous avons considĂ©rĂ© que la thĂ©orie rĂ©volutionnaire, lâanalyse des conditions â seules Ă partir desquelles la stratĂ©gie et la tactique, la continuitĂ© et la perspective du combat, peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es â nâĂ©taient pas importantes et nous avons âcombattu Ă tort et Ă traversâ avec lâintention âdâenthousiasmerâ la jeunesse. Et câest ainsi que nous avons dĂ©terminĂ© notre pratique en nous posant la question: âquâest-ce qui enthousiasmeâ, et non pas en nous posant la question de savoir oĂč sont les vĂ©ritables contradictions, les frictions dans la stratĂ©gie impĂ©rialiste que nous devons attaquer. Le mouvement Ă©tait une soi-disant alternative Ă la RAF, en tant que possibilitĂ© pour ces camarades qui pensaient que le combat sans compromis Ă©tait allĂ© trop loin. Pendant 10 ans, cela a produit division, concurrence et dĂ©sorientation dans la gauche et aussi parmi la guĂ©rilla, et cela a Ă©galement ralenti notre propre processus rĂ©volutionnaire. â Le reste du Mouvement se disperse.
Communiqué de dissolution du Mouvement du 2 Juin
25 juillet 1980 â Mort de Juliane Plambeck et Wolfgang Beer
Le 25 juillet 80, deux militants de la RAF, Juliane Plambeck et Wolfgang Beer, perdent la vie dans un accident de voiture. En janvier 1981, Peter-JĂŒrgen Boock est arrĂȘtĂ© Ă Hambourg.
DĂ©but 1981 â Nouvelle grĂšve de la faim, mort de Sigurd Debus
Le 2 fĂ©vrier, 68 prisonniers dĂ©tenus dans 16 prisons entament la huitiĂšme grĂšve de la faim collective avec pour revendication le regroupement. Le 15 mars, des mĂ©decins ouest-allemands protestent contre lâisolement par une lettre ouverte, et le 16 avril 1981, Sigurd Debus, militant de la RĂ©sistance et qui avait rejoint la RAF en prison, meurt. Il Ă©tait depuis le 19 mars nourri de force.
31 aoĂ»t 1981 â Action contre un QG de lâUSAF Ă Ramstein
Le 31 aoĂ»t 1981, le commando Sigurd Debus de la RAF attaque le quartier gĂ©nĂ©ral de lâUS Air Force en Europe, Ă Ramstein. La RAF met en avant les mots dâordre: âattaquer les centres, les bases et les stratĂšges de la machinerie militaire amĂ©ricaineâ, âdĂ©velopper la rĂ©sistance contre la destruction en front pour la rĂ©volution en Europeâ, âMener la lutte dans la mĂ©tropole ensemble avec les rĂ©volutionnaires du Tiers-Monde â.
15 septembre 1981 â Action contre le gĂ©nĂ©ral Kroesen
Le 15 septembre, le commando Gudrun Ennslin de la RAF dresse une embuscade contre le gĂ©nĂ©ral Kroesen, commandant des forces terrestres US en Europe (la voiture blindĂ©e du gĂ©nĂ©ral rĂ©siste Ă lâimpact de la roquette antichar!).
Mai 1982 â âGuĂ©rilla, rĂ©sistance et front anti-impĂ©rialisteâ
En mai 1982, la RAF rend public un document stratĂ©gique intitulĂ© GuĂ©rilla, rĂ©sistance et front anti-impĂ©rialiste . DĂ©finissant 1977 comme passage Ă une nouvelle Ă©tape, la RAF propose une nouvelle stratĂ©gie âde libĂ©rationâ et la construction du front anti-impĂ©rialiste dans le centre impĂ©rialiste. Le systĂšme impĂ©rialiste, dit la RAF, est rendu instable suite Ă sa dĂ©faite au ViĂȘt-Nam et lâEurope de lâOuest est au coeur des contradictions Est-Ouest, Nord-Sud, Ă©tat-sociĂ©tĂ©; signification de la lutte dans le centre pour la guerre de classe internationale. Ce document (qui propose aussi une analyse de la dĂ©faite de 1977) marque clairement lâabandon des catĂ©gories marxistes qui dĂ©terminaient les thĂšses fondatrices de la RAF. Le projet devient ouvertement subjectivisteâ: on part de lâensemble des luttes radicales contre le systĂšme (anti-guerre, anti-impĂ©rialiste, anti-patriarcale, squatts, etc.) plutĂŽt que dâen dĂ©passer les faiblesses; et plutĂŽt que de dĂ©gager des axes stratĂ©giques et de crĂ©er une vĂ©ritable unitĂ©, on constitue un âfrontâ qui juxtapose les dynamiques existantes. Il nây a plus de stratĂ©gie rĂ©volutionnaire mais une lutte contre les projets et les forces de lâennemi (ânotre stratĂ©gie est dâĂȘtre contre leur stratĂ©gie â).
Cette pauvretĂ© du discours de la RAF sâaccompagne dâune vĂ©ritable interaction avec un large mouvement de rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste, lui-mĂȘme marquĂ© par le subjectivisme. La RAF est en phase avec une nouvelle base sympathisante, active notamment dans lâaile radicale du vaste mouvement de lutte contre lâinstallation des missiles atomiques US Pershing en R.F.A. et, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, contre les projets de guerre visant lâURSS et qui transformeraient lâEurope centrale en champ de bataille. Le sommet de lâOTAN du 18 juin 1982 donne lieu Ă une grande manifestation de lâanti-impĂ©rialiste radical.
Guérilla, résistance et front anti-impérialiste
1982-1984 â Actions financiĂšres, logistiques et arrestations
Le 15 septembre, la RAF exproprie une banque Ă Bochum. Fin septembre, la police dĂ©couvre le principal arsenal de la RAF, Ă Francfort. Elle y place une souriciĂšre qui permet dâarrĂȘter, le 11 novembre 82, Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz. Le 16 novembre 1982, Christian Klar est arrĂȘtĂ© Ă€ Friedrichsruh.
Le 25 juin 1983 a lieu une grande manifestation anti-guerre et anti-impĂ©rialiste en R.F.A. Ă lâoccasion de la venue du vice-prĂ©sident amĂ©ricain Georges Bush: 100.000 manifestants dont 1.500 autonomes affrontent la police.
Le 26 mars 84, la RAF exproprie une banque Ă WĂŒrzburg. Le 2 juillet, Helmut Pohl, Christa Eckes, Stefan Frey, Ingrid Jakobsmeier, Barbara Ernst et Ernst Volker sont arrĂȘtĂ©s Ă Francfort.
Le 5 novembre 1984, la RAF exproprie une armurerie Ă Maxdorf et saisit 22 armes de poings (certaines seront retrouvĂ©es en dĂ©cembre 85 lors de lâarrestation des militants des Cellules Communistes Combattantes).
DĂ©cembre 1984 â ProcĂšs et grĂšve de la faim
Le 4 dĂ©cembre dĂ©bute une nouvelle grĂšve de la faim collective pour lâapplication de la convention de GenĂšve. En dĂ©cembre toujours, Ă lâoccasion de leur procĂšs, Christian Klar et Brigitte Monhaupt donnent une analyse de la bataille de 1977: en 76/77, la guĂ©rilla sâĂ©tait reformĂ©e en liaison avec les luttes et les prisonniers. La ligne dure de lâEtat ouest-allemand en 77 rĂ©sulte de deux facteurs. Dâabord, lâEtat impĂ©rialiste optait pour des solutions militaires, depuis que la crise Ă©conomique et la vague de luttes de libĂ©ration dans le Tiers-Monde lui avaient fait perdre sa perte de marge de manoeuvre politique. Ensuite, la R.F.A. devait jouer un rĂŽle dirigeant dans la constitution de Europe de lâOuest comme base de guerre contre lâURSS et les mouvements de libĂ©ration.
Le grĂšve de la faim durera jusquâĂ la mi-fĂ©vrier.
18 dĂ©cembre 1984 â Echec de lâaction contre lâEcole de lâOTAN Ă Oberammergau
Le 18 dĂ©cembre, une Ă©norme charge dâexplosifs (provenant du stock de 800 kg dĂ©robĂ© Ă Ecaussines, en Belgique, et Ă©galement utilisĂ© par les CCC) est dĂ©samorcĂ©e Ă la Shape School dâOberammergau, Ă©cole de formation des cadres militaires de lâOTAN. Le 15 janvier 85, les CCC attaquent une base de lâOTAN Ă la voiture piĂ©gĂ©e (deux soldats US blessĂ©s) et dĂ©dient cette derniĂšre aux prisonniers de la RAF en grĂšve de la faim.
En R.F.A., la RĂ©sistance anti-impĂ©rialiste ne cesse de se dĂ©velopper: il y a au milieu des annĂ©es 80 plus dâun attentat par jour (par exemple lâincendie dâun bureau des services secrets US, le Military Intelligence Detachment-Bataillon le 29 dĂ©cembre 1984, lâattaque Ă lâexplosif dâune station Ă©mettrice de lâarmĂ©e US Ă Heidelberg le 30 dĂ©cembre, et dâinnombrables petites actions comme lâincendie de vĂ©hicules militaires).
Janvier 1985 â Action contre Zimmerman, proposition de âFront de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enneâ avec Action Directe
Le 25 janvier, le commando Elisabeth von Dyck dâAction Directe exĂ©cute le gĂ©nĂ©ral Audran qui supervise la production et les ventes dâarmes de lâEtat français et le 1er fĂ©vrier 1985, le commando Patsy OâHara de la RAF exĂ©cute Ernst Zimmerman, patron des patrons dans lâindustrie aĂ©ronautique.
La RAF et le groupe français Action Directe publie un document commun: âNous dĂ©clarons: il est aujourdâhui nĂ©cessaire et possible dâouvrir dans les centres impĂ©rialistes une nouvelle phase du dĂ©veloppement de la stratĂ©gie rĂ©volutionnaire authentique, et lâune des conditions Ă ce saut qualitatif est de crĂ©er lâorganisation internationale du combat prolĂ©tarien dans les mĂ©tropoles, son noyau politico-militaire: la guĂ©rilla ouest-europĂ©enne â.
La proposition dâadhĂ©rer au âFrontâ de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enneâ est rejetĂ©e par le PCE(r) et les Groupes de RĂ©sistance Antifasciste du Premier Octobre (GRAPO) en Espagne ainsi que par les CCC en Belgique. Ces organisations sont basĂ©es sur les catĂ©gories du marxisme-lĂ©ninisme, notamment en ce qui concerne lâanalyse de classe et la nĂ©cessitĂ© dâun parti de classe. Pour elles, le devoir des rĂ©volutionnaires est de se lier au prolĂ©tariat de son pays et dâen unifier les avant-gardes sur une ligne rĂ©volutionnaire de classe. Or, le courant animĂ© par la RAF appelait indistinctement toutes les forces dâopposition radicale ou rĂ©volutionnaire Ă sâarticuler dans une dynamique plus ou moins commune. Il ne sâagissait donc pas de formaliser, renforcer et qualifier une unitĂ© reposant sur des caractĂšres politiques (communautĂ© du but et des objectifs, des principes et des mĂ©thodes, etc.) mais plutĂŽt de se rassembler sans ligne ni projet (autre que celui de combattre le systĂšme) dans une âunitĂ©â recouvrant en fait lâĂ©clectisme social et politique justifiĂ© par lââautodĂ©termination des pĂŽles de lutte â ou du âpoids grandissant de la subjectivitĂ© â.
Communiqué commun RAF-AD
CommuniquĂ© du Commando Patsy OâHara
8 aoĂ»t 1985 â Action contre lâAir Base de Francfort
Le 3 juin, la RAF exproprie un transfert de fonds (butin: 157.000 Mark). Un convoyeur est blessĂ© lors de lâopĂ©ration.
Le 8 aoĂ»t 1985, le commando George Jackson RAF/Action Directe attaque lâAir Base qui est le plus grand aĂ©roport militaire en dehors des USA: deux amĂ©ricains sont tuĂ©s dans lâexplosion qui fait pour plus dâun million de Mark de dĂ©gĂąts. Pour pĂ©nĂ©trer dans le camp militaire, la RAF avait besoin dâun passe, et avait enlevĂ© et abattu pour cela un simple sergent US, Edward Pimmental. En janvier 86, la RAF accepte les critiques venues du mouvement et dĂ©clare quâil nây avait pas de nĂ©cessitĂ© de tuer un simple soldat comme Pimmental, âparce quâune telle action ne peut quâĂȘtre dĂ©finie politiquement et stratĂ©giquement et que le dĂ©veloppement subjectif de la rĂ©sistance ici et la situation objective nây correspondent pas â. Selon la RAF, il aurait Ă©tĂ© juste de tuer Edward Pimmental dans le Tiers-Monde, dans la rĂ©sistance armĂ©e Ă une des multiples agressions des USA, mais erronĂ© de tuer le mĂȘme Edward Pimmental en Europe. Le fait quâEdward Pimmental soit un lampiste ne doit pas masquer le glissement qui sâopĂšre dans la conception de lâinternationalisme de la RAF. La RAF nâest plus un dĂ©tachement avancĂ© de la grande armĂ©e des peuples en lutte contre lâimpĂ©rialisme, qui porte la guerre des peuples dans les mĂ©tropoles impĂ©rialistes. Elle se dĂ©termine en fonction de la sociĂ©tĂ© allemande, mais ce glissement sâaccompagne dâune autre Ă©volution: lâabandon du marxisme. Le recentrage ânationalâ de la RAF se produit au moment oĂč la RAF a cessĂ© dâanalyser la sociĂ©tĂ© allemande en terme de classes et de lutte de classe, mais avec des catĂ©gories subjectivistes qui tournent vite en rond (il faut lutter avec ceux qui veulent lutter).
Janvier-fĂ©vrier 1986 â CongrĂšs anti-impĂ©rialiste de Francfort
Du 31 janvier au 4 fĂ©vrier 1986 se tient le grand CongrĂšs de la rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste et anticapitaliste en Europe de lâOuest Ă Francfort. De 2.000 Ă 3.000 congressistes (parfois cagoulĂ©s), majoritairement des autonomes, des anti-impĂ©rialistes, des sympathisants de la RAF, mais aussi de nombreux dĂ©lĂ©guĂ©s de presque tous les forces rĂ©volutionnaires europĂ©ennes, dĂ©battent des perspectives du mouvement rĂ©volutionnaire sous la protection dâun service dâordre efficace. Le CongrĂšs de Francfort (dont la rĂ©solution finale appelait Ă combattre lâOTAN comme force dâagression vers lâextĂ©rieur et de contre-insurrection vers lâintĂ©rieur), et lâoffensive politico-militaire qui suivit, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme le sommet du mouvement de rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste en Europe.
Interview de la RAF Ă la revue clandestine Zuzammen KĂ€mpfen
9 juillet 1986 â Action contre Beckurts, arrestations
Le 9 juillet 1986, le commando Mara Cagol de la RAF exĂ©cute Beckurts, responsable de la recherche et des techniques chez Siemens et de la Commission de travail Ă lâĂ©nergie atomique de lâUnion des industriels allemand.
Lâaction de la RĂ©sistance ne faiblit pas: le 8 septembre par exemple, le siĂšge de la SĂ»retĂ© de lâEtat est dĂ©truit par lâUnitĂ© Combattante Christos Tsoutsouvis (un militant grec Ă AthĂšnes tuĂ© par la police en octobre 77 lors dâune action de protestation contre le massacre Ă Stammheim), et le 15 septembre, les immeubles oĂč sont conçus des chasseurs de lâaviation militaire sont dynamitĂ©s par lâUnitĂ© combattante Anna Maria Ludmann.
Le 2 aoĂ»t 1986, Eva Haule-Frimpong (militante de la RAF), Luitgard Hornstein et Christian Kluth (militants de la RĂ©sistance luttant avec la RAF dans le cadre du Front) sont arrĂȘtĂ©s Ă RĂŒsselsheim.
10 octobre 1986 â Action contre von BraunmĂŒhl
Le 10 octobre, le directeur politique du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres, von BraunmĂŒhl, est exĂ©cutĂ© par le commando Ingrid Schubert de la RAF: âNotre attaque vise lâappareil dâEtat de R.F.A. agressif dans sa fonction dâEtat noyau de la formation politique de lâEurope de lâOuest dans la stratĂ©gie de guerre impĂ©rialiste â.
Le 16 novembre, le siĂšge dâIBM est dĂ©truit par lâUnitĂ© combattante Hind Alameh, et le 19 dĂ©cembre, lâUnitĂ© combattante Rolando Olalia attaque la premiĂšre sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans le crĂ©dit Ă haut taux dâintĂ©rĂȘts aux pays sous-dĂ©veloppĂ©s. Le 20 dĂ©cembre a lieu une importante manifestation en dĂ©fense de la HafenstraĂe, grande rue de Hambourg dont les maisons sont occupĂ©es, sous le mot dâordre âUn seul frontâ: regroupement des prisonniers; libĂ©ration de Gunther Sonnenberg; la Hafenstrasse reste! â. Le lendemain, lâUnitĂ© combattante Mustafa Aktas (Celal) attaque la Fondation Friedrich Ebert, une Ă©cole de cadres pour la contre-insurrection â une des nombreuses actions de la RĂ©sistance.
Communiqué du Commando Ingrid Schubert
DĂ©but 1987 â AD dĂ©mantellĂ©e, les RZ touchĂ©es par la rĂ©pression
Le 21 fĂ©vrier 1987, le dĂ©mantĂšlement dâAction Directe a lieu en France. La mĂȘme annĂ©e, une premiĂšre vague dâarrestations frappe les RZ. En 1986-87 les Cellules RĂ©volutionnaires avaient menĂ© des actions directes contre les diffĂ©rents rouages ou acteurs de cette politique en Allemagne: attentats contre les juges (blessĂ©s dĂ©libĂ©rĂ©ment aux jambes) et les tribunaux condamnant les rĂ©fugiĂ©s, contre la police des Ă©trangers et ses reprĂ©sentants, contre la police des frontiĂšres qui pourchasse les sans-papiers et contre le siĂšge social de la Lufthansa qui procĂšde aux expulsionsâŠ). Les RZ surmonteront cette vague dâarrestations et poursuivront la guĂ©rilla.
20 septembre 1981 â Echec de lâaction contre Tietmeyer, communiquĂ© commun avec les Brigades Rouges-PCC
Le 20 septembre 1988, Ă lâoccasion dâune tentative dâexĂ©cution de Hans Tietmeyer, secrĂ©taire dâEtat du ministĂšre des finances, par son commando Khaled Aker, la RAF rend public un document commun avec les Brigades Rouges-PCC: âLe saut Ă la politique du front est possible et nĂ©cessaire pour les forces rĂ©volutionnaires, afin dâamener la confrontation Ă lâacuitĂ© adĂ©quate. Pour cela, toutes les positions idĂ©ologiques-dogmatiques existantes encore Ă lâintĂ©rieur des forces combattantes et du mouvement rĂ©volutionnaire doivent ĂȘtre combattues et dĂ©passĂ©es, parce quâelles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques Ă leur acuitĂ© politique nĂ©cessaire. Lâattaque unitaire des lignes stratĂ©giques de la formation de lâEurope de lâOuest Ă©branle le pouvoir impĂ©rialiste. Organiser la lutte armĂ©e en Europe de lâOuest. Construire dans lâattaque lâunitĂ© des forces rĂ©volutionnaires combattantes: organiser le front. Lutter ensemble â.
Communiqué commun RAF / BR-PCC
FĂ©vrier-mai 1989 â 10Ăšme grĂšve de la faim
Le 1er fĂ©vrier 1989 commence la 10Ăšme grĂšve de la faim des prisonniers de la RAF pour le rassemblement en un ou deux groupes, pour la libĂ©ration des prisonniers malades et pour la libre communication avec des groupes sociaux extĂ©rieurs. Le mouvement bĂ©nĂ©ficie dâun large soutien. Les squats de la HafenstraĂe de Hambourg, qualifiĂ©s de base pour la RAF, sont attaquĂ©s par 1.000 policiers. La grĂšve de la faim se termine le 12 mai.
30 novembre 1989 â Action contre Herrhausen
Le 30 novembre 89, le prĂ©sident de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, est tuĂ© dans une embuscade Ă lâexplosif contre sa voiture blindĂ©e par le commando Wolfgang Beer de la RAF.
1989-1990 â Vague dâarrestations dans lâex-RDA
Pendant des annĂ©es, la R.D.A. avait accueilli dâanciens membres de la RAF qui avaient quittĂ© la RAF soit pour des raisons idĂ©ologiques (divergences avec la nouvelle ligne de 1982), soit par volontĂ© dâabandonner la pratique rĂ©volutionnaire. La R.D.A. leur avait fournit la possibilitĂ© de refaire leur vie (nouvelle identitĂ©, logement et emploi). En juin 90, lâannexion de la R.D.A. permet aux services spĂ©ciaux de la R.F.A. dâarrĂȘter Suzanne Albrecht, Ralf Baptist Friedrich, Sigrid Sternebeck, Inge Viett, Werner Lotze, Christine DĂŒmlein, Ekkehard von Seckendorff-Gudent, Monika Helbing, Silke Maier-Witt et Henning Beer. Les anciens de la RAF sont soumis au chantage: soit ils fournissent suffisamment dâinformations pour charger les militants de la RAF, soit ils iront eux-mĂȘmes en prison pour la vie. La majoritĂ© refuse, certains acceptent.
27 juillet 1990 â Echec de lâaction contre Neusel
Le 27 juillet 90, Hans Neusel, expert en rĂ©pression de soulĂšvement et secrĂ©taire dâEtat du ministĂšre de lâintĂ©rieur, est attaquĂ© par le commando JosĂ© Manuel Sevillano (prisonnier des GRAPO mort lors dâune grĂšve de la faim) de la RAF. Neusel (qui en rĂ©chappe) Ă©tait lâun des membres les plus dynamiques dans les rencontres du TREVI, organe de coordination internationale contre le terrorisme. Dans le communiquĂ©, la RAF explique que âlâimpĂ©rialisme a gagnĂ© la guerre froide â, que la chute âdu bloc socialiste et ainsi de sa fonction historique pour le processus de libĂ©ration des trois continents a conduit Ă une nouvelle stabilisation du bloc formĂ© par le pouvoir impĂ©rialiste â.
Communiqué du Commando José Manuel Sevillano
13 fĂ©vrier 1991 â Action contre lâambassade amĂ©ricaine
Le 13 fĂ©vrier 91, le commando Ciro Rizatto de la RAF attaque Ă la mitrailleuse lourde lâambassade US Ă Bonn, âparce que les USA ont pris dĂšs le dĂ©part dans la guerre de destruction contre le peuple irakien le rĂŽle de conducteur â.
15 septembre 1991 â Action contre Rohwedder
Le 1er avril 1991, Detlev Rohwedder, chef de la âTreuhandâ (lâorgane de privatisation et de âdĂ©graissageâ des entreprises de lâex-R.D.A.), est exĂ©cutĂ© par le commando Ulrich Wessel de la RAF qui affirme la nĂ©cessitĂ© dâopposer au âsaut de la bĂȘte impĂ©rialiste le propre saut rĂ©volutionnaireâ: âQui ne combat pas meurt Ă petit feu, la libertĂ© nâest possible que dans la lutte pour la libĂ©ration â.
10 avril 1992 â Premier pas vers la liquidation
Mais la chute du bloc socialiste et la fin de la vague des mouvements de libĂ©ration nationale progressistes dans le Tiers-Monde pose un problĂšme fondamental Ă la RAF. Comme elle a abandonnĂ© les catĂ©gories marxistes qui fondent la lĂ©gitimitĂ© et la nĂ©cessitĂ© dâun combat rĂ©volutionnaire sur base des contradictions de classe, elle peine Ă trouver un fondement et un projet stratĂ©gique. Le 5 janvier 92, le responsable du parti libĂ©ral (FDP) Kinkel fait une ouverture pour une âsolution nĂ©gociĂ©eâ. Le 10 avril, la RAF annonce quâelle arrĂȘte lâescalade militaire contre lâĂ©tat, et quâelle cessera dâattaquer des responsables de lâĂ©conomie ou de la politique. La raison annoncĂ©e par la RAF est que lâouverture dâun dĂ©bat sur les perspectives est nĂ©cessaire, et que lâescalade militaire nâaurait dans ce cadre que peu de sens. Les rĂ©actions Ă cette annonce sont nĂ©gatives chez les autres forces de guĂ©rilla rĂ©volutionnaire. Elles sâexpriment dans plusieurs documents: Une perspective rĂ©volutionnaire en Europe du collectif âWotta Sittaâ des prisonniers des BR, Liquidation ou redĂ©finition? du PCE(r), Une dĂ©claration injustifiable des prisonniers des CCC. Ces critiques remarquent surtout ce qui est annoncĂ© âen creuxâ dans le texte: lâabandon de la lutte armĂ©e et du projet rĂ©volutionnaire au profit dâune vague pratique âproduisantâ du lien social. Le document de 82 montrait quâavec lâabandon ouvert des catĂ©gories marxistes, la RAF cherchait Ă fusionner avec le courant âalternatifâ. En 1982, la chose devait se faire en liquidant le courant (la RAF Ă©crivait âil ne sâagit plus de âchanger le systĂšmeâ, de âmodĂšles alternatifsâ Ă lâintĂ©rieur de lâĂtat, tout cela est devenu complĂštement grotesque â). Dix ans plus tard, câest par la liquidation de leur organisation que les militants de la RAF imaginent cette fusion.
AoĂ»t 1992 â âNous devons trouver du neufâ, second pas vers la liquidation
En aoĂ»t 92, nouveau texte de la RAF, Nous devons trouver du neuf: âAujourdâhui beaucoup ont peur de lâexistence, la destruction du social dans la sociĂ©tĂ© en est arrivĂ©e Ă une nouvelle dimension, lâexplosion de lâautodestruction, de la violence des gens entre eux/elles. Du manque dâespoir et de lâabsence de perspective pour en arriver Ă des changements positifs, de plus en plus de gens se rĂ©fugient dans lâalcool et la drogue, et les taux de suicides augmentent. La frustration, la peur et lâagression se dirigent vers soi-mĂȘme ou vers dâautres qui sont encore plus bas dans la hiĂ©rarchie sociale. Ce sont les nazis contre les gens dâautres couleurs, dâautres nationalitĂ©s, les homosexuels et les lesbiennes, lâaccroissement de la violence contre les femmes, les enfants et les personnes ĂągĂ©es. Les campagnes mĂ©diatiques contre les rĂ©fugiĂ©/e/s et le matraquage des antifascistes dans les rues montrent clairement les intĂ©rĂȘts de lâEtat et du Capital Ă canaliser les mĂ©contentements croissants dans une mobilisation raciste et rĂ©actionnaire. A rencontre de cela il est difficile de cerner la possibilitĂ© de dĂ©velopper et dâimposer des rĂ©ponses ayant du sens, et justes, dans la construction de liens solidaires et dâauto-organisation par en bas, partant de la rĂ©alitĂ© de la vie quotidienne des gens. (âŠ) [la] destruction du social est une des bases essentielles pour le pouvoir et la continuation du systĂšme capitaliste. Un contre-pouvoir nâexistera que sâil propose une alternative Ă la normalitĂ© des dominants dans cette sociĂ©tĂ© et au systĂšme. Cela signifie essentiellement: opposer une organisation Ă la destruction du social, lâaliĂ©nation et le chacun pour soi, et en arriver Ă des espaces sociaux oĂč la solidaritĂ© soit vaste et dâoĂč beaucoup prennent en main la responsabilitĂ© de dĂ©veloppements sociaux â ce que nous appelons processus dâappropriation sociale. De cela vient une force dâattraction, car la lutte pour le social entre les gens est lâalternative sensible Ă la solitude dans le systĂšme, aux fascistes â. Et de conclure: âLa voie de la libĂ©ration passe par le processus dâappropriation sociale, qui deviendra une partie de la nouvelle lutte internationale pour le bouleversement â.
Les réactions à ce texte sont négatives de la part des forces et prisonniers de la guérilla en Europe.
Nous devons trouver du neuf (extraits principaux)
Collectif des prisonniers des CCC: âUne dĂ©claration injustifiableâ
1992-1993 â Fondation et dĂ©mantellement de lâAIZ
En Allemagne apparaĂźt une nouvelle organisation, les Cellules anti-impĂ©rialistes (AIZ), qui ne critiquent pas (encore) les nouveaux choix de la RAF mais qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de la lutte armĂ©e pour la lutte anti-impĂ©rialiste. Les AIZ affirmeront par la suite que la thĂšse de la RAF nâest pas suivie et prennent la responsabilitĂ© dâassurer la continuitĂ© de la politique menĂ©e par la RAF de 1972 (libĂ©ration dâAndreas Baader) Ă 1991 (mitraillage de lâambassade US). En fait, les AIZ reprennent la ligne de 1982 (frontisme anti-impĂ©rialisme) plutĂŽt que celle de 1972 (anti-impĂ©rialisme comme dimension stratĂ©gique de la lutte de classe). Elles poussent mĂȘme le frontisme anti-impĂ©rialisme (qui dĂ©finit lâunitĂ© non par le projet social mais par lâennemi commun: lâimpĂ©rialisme) jusquâĂ trouver un caractĂšre rĂ©volutionnaire au mouvement islamique. Cette dĂ©rive idĂ©ologique isolera les AIZ aussi bien du cĂŽtĂ© marxiste que du cĂŽtĂ© subjectiviste (Ă commencer, bien entendu, par les forces autocentrĂ©e sur la lutte anti-patriarcale). Une vague dâarrestations dĂ©mantĂšlera les AIZ aprĂšs quelques actions (contre le siĂšge de lâassociation patronale de la mĂ©tallurgie en novembre 93 et celui de la CDU en juin 94).
Un communiquĂ© de lâAIZ
30 mars 1993 â Action contre la superprison de Weitestadt
Le 30 mars 1993, le commando Katharina Hammerschmidt de la RAF fait sauter la superprison en construction de Weiterstadt avec plus de 500 kilos dâexplosifs. Une partie des prisonniers de la RAF critique cette action âapolitiqueâ qui ne vise quâĂ faire pression pour que les prisonniers soient libĂ©rĂ©s en Ă©change de lâabandon de la lutte armĂ©e.
Communiqué du Commando Katharina Hammerschmidt
27 juin 1993 â Fusillade Ă Bad Kleinen, mort de Wolfgang Grams
Un agent parvient Ă sâinfiltrer parmi les sympathisants proches la RAF. Il est Ă lâorigine de lâarrestation Ă Bad Kleinen de Brigitte Hogefeld, et du meurtre de Wolfgang Grams. Celui-ci avait tuĂ© un policier dans la fusillade et avait lui-mĂȘme Ă©tĂ© blessĂ©. Gisant Ă terre, blessĂ©, menottĂ© et dĂ©sormais sans arme, il est exĂ©cutĂ© dâune balle dans la tĂȘte.
Novembre 1993 â Positionnement et grĂšve de la faim des prisonniers
En novembre 1993, la majoritĂ© des prisonniers de la RAF critique la RAF (et quelques prisonniers) pour sa tentative de deal avec lâEtat. Lâavocat Ströbele aurait discutĂ© avec le chancelier Kohl, et avec des patrons pour que ceux-ci fassent pression en faveur dâun accord politique (arrĂȘt de la lutte armĂ©e et libĂ©ration des prisonniers). La RAF Ă©crit en mars 1994 dans un communiquĂ© quâil nâa jamais Ă©tĂ© question de faire un deal avec qui que ce soit, que seul le rapport de force peut libĂ©rer les prisonniers. Elle dĂ©veloppe Ă nouveau le thĂšme des âcontre-pouvoirs sociauxâ
Communiqué de la RAF de 1994
20 avril 1998 â La liquidation
Le 20 avril 1998, la RAF rend public un texte datĂ© de mars et intitulĂ©: Pourquoi nous arrĂȘtons . Câest le point final de la dĂ©rive subjectiviste: au lieu de revenir Ă la position dâavant-garde de la lu tte rĂ©volutionnaire qui Ă©tait la sienne en 72, la RAF se dissout dans le courant alternatif. Des conceptions frontistes Ă©noncĂ©es par la RAF en 1982 Ă la proclamation du âFront de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enneâ en 1985 pour aboutir au âcontre-pouvoir Ă la baseâ en 1989, le subjectivisme, qui sâĂ©tait exprimĂ© dâabord dans le militarisme, sombre dans lâopportunisme et la capitulation.
Pourquoi nous arrĂȘtons
Lettre de Rolf-Clemens Wagner sur la liquidation
15 septembre 1999 â Mort dâHorst-Ludwig Meyer et derniĂšres arrestations
Le 20 juillet 1999, la police trouve des empreintes ADN de militants de la RAF arrĂȘtĂ©s sur un lance roquette qui a servi Ă une attaque de transport de fonds (butin: un million de Mark). Le 15 septembre 1999, Horst-Ludwig Meyer est tuĂ© Ă Vienne dans une fusillade avec les policiers qui viennent lâarrĂȘter. Andrea Klump est aussi arrĂȘtĂ©e; elle collaborera avec la police peu aprĂšs.
La RĂ©sistance subira en gĂ©nĂ©ral un grand recul Ă la fin des annĂ©es 90. Fin 1999, trois vagues dâarrestations dĂ©mantĂšlent les RZ qui auront revendiquĂ© plus de 140 actions armĂ©es. La lutte armĂ©e nâa cependant jamais cessĂ© en R.F.A., elle prend actuellement la forme dâune guĂ©rilla diffuse qui sâexprime par des dizaines de petites actions (incendies de siĂšges dâentreprises dâadministration de voitures de fonction, etc.) menĂ©es par de petites organisations comme le groupe Klasse gegen Klasse, lâAutonome Miliz, la Militante Antimilitaristische Initiative, et le Militante Gruppe.
6 juin 2015 â Nouvel avis de recherches
Le 6 juin 2015, suite Ă une attaque manquĂ©e contre un fourgon blindĂ© dans la banlieue de BrĂȘme, le parquet de Verden affirme avoir relevĂ© lâADN de trois membres toujours recherchĂ©s de la RAF: Daniela Klette, Ernst-Volker Wilhem Staub, et Burkhard Garweg. Ils Ă©taient dĂ©jĂ recherchĂ©s leur participation supposĂ©e Ă lâattaque contre le prison de Weiterstadt et contre le transport de fonds le 30 juillet 1999.
27 fĂ©vier 2024 â Arrestation de Daniela Klette
Arrestation de Daniela Klette Ă Berlin. Elle est immĂ©diadement placĂ©e Ă lâisolement total. Burkhard Garweg Ă©chappe de peu Ă lâarrestation et enverra des saluations de la clandestinitĂ©.
17 octobre 1977-⊠â Ne rien oublier! Ne rien pardonner!
Le mardi 7 juillet 2009, une délégation de notre Secours Rouge/APAPC a été déposer fleurs, drapeau et cigarette sur la tombe des camarades assassinés à Stammheim.
La mort de Benno Ohnesorg Rudi Dutschke Incendie Ă Francfort Manifestation contre Springer ProcĂšs Ă Francfort Au camp du FPLP Affiche de recherche Jaquette du livre 'Conception de la guĂ©rilla urbaine Petra Schelm Affiche militante Action contre une base de l'armĂ©e Ă Francfort Action Ă MĂŒnich contre la police et la justice Campagne de presse contre la RAF Arrestation de Baader Action palestinienne Ă MĂŒnich Ulrike Meinhof Affiche de solidaritĂ© Affiche pour le procĂšs Holger Meins Cadavre de Holger Meins Affiche pour Holger Meins La prison de Stammheim Symbole du Mouvement du 2 Juin Ambassade d'Allemagne Genscher Ă Stockholm Stammheim Ulrike Meinhof Brigitte Monhaupt Buback Klaus Croissant Action contre Jurgen Ponto Hans Martin Schleyer Le Boeing 737 La fedayin survivante Andreas Baader et Gudrun Ensslin Andreas Baader et Gudrun Ensslin Jan-Carl Raspe Irmgard Möller Les funĂ©railles Ă Stammheim Affiche de soutien Willy-Peter Stoll Logo RZ Logo Rote Zora Action contre le gĂ©nĂ©ral Haig La Mercedes blindĂ©e de Kroesen Affiche de recherche (1983) Brigitte Monhaupt Christian Klar L'Air Base de Francfort Action contre Beckurts Action contre von BraunmĂŒhl Action contre Herrhausen Action contre la superprison de Weitestadt Wolfgang Grams Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne Sur la tombe Affiche de solidaritĂ© avec Daniela Klette