Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

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Jaquette du Solidarité! n°12

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Note 8 mai 2016: La page des Amitiés Kurdes de Bretagne est trÚs complÚte.
Note 15 dĂ©cembre 2016: Ajout du dossier « Que sont « l’ArmĂ©e Syrienne Libre Â» et la rĂ©bellion syrienne ? Â»

L’actualitĂ© de la rĂ©pression et de la contre-rĂ©pression Ă©tant particuliĂšrement riche au Kurdistan ces derniers mois, il peut-ĂȘtre utile de situer quelques dĂ©tails pour les personnes qui arrivent en cour de route ou pour ne pas se perdre dans le dĂ©luge d’abrĂ©viations qu’apporte une scĂšne politique aussi active que celle-lĂ .

Nous avons l’habitude d’utiliser sur notre site un ‘glossaire’ qui permet de passer sa souris au-dessus d’un terme pour obtenir plus d’informations. En plus de celui-ci, cette page rassemblera la plupart des expressions courantes et permettra de les situer entre-elles. Voici donc quelques notes pour mieux comprendre la situation au Kurdistan.

I. Géographie: Rojava, Rojhilat, Bakuré, Basuré
Le Kurdistan est actuellement sĂ©parĂ© sur les quatre pays qu’il recouvre. Sur environ 40-45 millions de Kurdes dans le monde, 25-30 millions sont rĂ©partis dans ces quatre pays: la Turquie (12-15 millions), l’Iran (6-9 millions), l’Irak (5-7 millions) et la Syrie (2-3 millions).

1. Le BakurĂ©: La partie turque du Kurdistan (en kurde BakĂ»rĂȘ Kurdistan pour ‘Kurdistan du Nord’) reprend la majeure partie de la population kurde (15 millions, soit 18% de la population turque). Elle abrite Ă©galement la principale organisation kurde, le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui contrĂŽle via sa guĂ©rilla une partie du Nord-Kurdistan. La Turquie est trĂšs farouchement opposĂ©e au projet kurde, ou mĂȘme Ă  concĂ©der certains droits Ă©lĂ©mentaires (l’enseignement en langue kurde par exemple), il n’y a donc pas un dĂ©but de reconnaissance comme on peut le voir Ă  divers niveaux dans les trois autres rĂ©gions.

On parle souvent indistinctement du PKK pour dĂ©signer d’autres organisations qui en sont proches ou qui n’en sont que des parties.

HPG : Force de Défense du Peuple. Branche armée.
YJA-Star : Unités des Femmes Libres. Branche armée des femmes.
PAJK : Parti des Femmes Libres du Kurdistan. Organisation politique des femmes.
YPS : Unités de Protection Civile.
YDG-H: Mouvement de la Jeunesse RĂ©volutionnaire Patriotique. C’est une organisation de jeunesse armĂ©e proche de l’idĂ©ologie apoĂŻste. De fait, il s’est produit que les HPG Ă©taient une « guĂ©rilla de campagne Â» et la YDG-H une guĂ©rilla de ville.

HDP : Parti DĂ©mocratique des Peuples. C’est un parti lĂ©gal qui se prĂ©sente aux Ă©lections. Le HDP est un front regroupant de nombreuses organisations rĂ©volutionnaires en Turquie, dont certaines ont des structures clandestines. Le HDP n’est pas un parti kurde mais il prend rĂ©guliĂšrement la dĂ©fense du PKK ou de son pendant syrien.
DBP : Parti DĂ©mocratique des RĂ©gions. Le DBP succĂšde au BDP qui succĂšde lui-mĂȘme au DTP. Le DBP est au Nord-Kurdistan ce que le HDP est Ă  la Turquie. HDP et BDP agissent comme des organisations soeurs. A l’occasion des Ă©lections de 2015, le HDP et le BDP fusionnent dans les urnes et prĂ©sentent une seule liste ‘HDP’ pour toute la Turquie (mĂȘmes si elles existent encore distinctement).
HDK: CongrÚs Démocratique des Peuples. Mouvement plus large que le HDP. Le HDP est la branche politique du HDK.

Notons Ă©galement les noms d’autres organisations rĂ©volutionnaires turques:
MLKP: Parti Communiste Marxiste-Léniniste.
DHKP-C: Parti-Front Révolutionnaire pour la Libération du Peuple.
TKP-ML: Parti Communiste Turc – Marxiste-LĂ©niniste. Sa branche armĂ©e est le Tikko.
MKP : Parti Communiste MaoĂŻste.
MLSPB : Union Marxiste-Léniniste pour la Propagande Armée.
DAF: Action Révolutionnaire Anarchiste.

2. Le Rojava : Le Kurdistan Occidental
Le Rojava (‘ouest’ en kurde) est une rĂ©gion de facto autonome depuis novembre 2013. Il abrite 2,2 millions de Kurdes, reprĂ©sentant 10% de la population syrienne. Le Rojava reprend tout le nord de la Syrie et est composĂ© de trois cantons : Afrin (Ă  l’ouest), KobanĂ© (au centre) et CizirĂ© (dit aussi Jazira, Ă  l’est). Le mouvement qui contrĂŽle le Rojava est le PYD (Parti de l’Union DĂ©mocratique), une organisation soeur du PKK.

La situation en janvier 2016

A l’heure actuelle, il ne reste qu’une bande de territoire de 100km le long de la frontiĂšre turque, entre les villes de Jarabulus (sur la rive de l’Euphrate opposĂ©e Ă  celle de KobanĂ©) et de Mare, qui sont toujours sous occupation islamiste et qui sĂ©pare le canton d’Afrin du reste du Rojava.

Cette bande est Ă  l’heure actuelle sous le contrĂŽle partagĂ© de l’Etat Islamique, du Front al-Nusra et du Front Islamique. La Turquie protĂšge les islamistes depuis l’autre cotĂ© de la frontiĂšre en mitraillant toute tentative de traverser l’Euphrate de la part des forces kurdes. La Turquie a d’ailleurs mis en garde le PYD que la traversĂ©e de l’Euphrate constituerait une “ligne rouge” qui entraĂźnerait une riposte. Cette ligne rouge a Ă©tĂ© franchie par les YPG le 26 dĂ©cembre 2015 lorsqu’ils ont pris le Barrage de Tichrin Ă  l’Etat Islamique.

La prise du Barrage de Tichrin (qui suivait celle de Howl Ă  la frontiĂšre irako-syrienne, Ă  l’ouest de Shengal) constituait un tournant dans la stratĂ©gie des YPG. Ils inauguraient la coalition rĂ©cemment formĂ©e des “Forces DĂ©mocratiques Syriennes” (QSD), une alliance multi-ethnique (kurde, arabe, turkmĂšne, assyrienne,
) dĂ©mocrate et anti-islamiste. Les YPG refusant de se comporter comme une “armĂ©e d’occupation kurde“, cette alliance leur permet de libĂ©rer les villes “non-kurdes”. La prise du Barrage est Ă©galement l’entrĂ©e des forces kurdes dans la province d’Alep.

L’objectif affichĂ© des forces kurdes est donc la prise de Jarabulus par le sud, Ă©vitant les tirs de l’armĂ©e turque, permettant l’unification du Rojava et coupant la voie Ă  l’aide que la Turquie apporte Ă  l’Etat Islamique.

Voire la carte en haute-définition.

Organisations liées au PYD:
YPG: Unités de Protection du Peuple. Branche armée.
YPJ: Unités de Protection des Femmes. Branche armée des femmes.
AsayüƟ : C’est le mot kurde pour ‘sĂ©curité’ c’est la ‘police’ du Rojava.
Brigades Burkan el Firat : (ou Burkan al Furat) “Volcans de l’Euphrate”, brigade unifiĂ©e de combattants FSA et YPG. RemplacĂ©e par les QSD.
IFB : Brigade Internationale de LibĂ©ration (ou Bataillion International de la LibertĂ©). Ce sont les Brigades Internationales, créées Ă  l’initiative du MLKP dans un esprit similaires aux brigades Ă©ponymes de la guerre d’Espagne. L’IFB regroupe de nombreuses organisations marxistes-lĂ©ninistes, maoĂŻstes, hoxhaĂŻstes et anarchistes de nombreux pays (Turquie, Europe, Etats-Unis,
). Le Secours Rouge fait campagne pour envoyer des Ă©quipements mĂ©dicaux Ă  ce Bataillon, voyez la page dĂ©diĂ©e.
BOG : Forces Unies pour la LibertĂ© (UFF, United Freedom Forces). C’est l’une des forces intĂ©grĂ©e dans l’IFB. Ces forces regroupent les combattants des organisations qui n’ont pas de branche armĂ©e propre, notamment les anarchistes turcs, les europĂ©ens et plusieurs groupes communistes turcs.
MFS : Conseil Militaire Syriaque. Groupe Syriaque/Assyrien/Chrétien, pro-YPG.
QSD : FondĂ©e au milieu du mois d’octobre 2015, les Forces DĂ©mocratiques Syriennes (dĂ©signĂ©es comme SDF ou QSD) sont une alliance regroupant une quarantaine de groupes armĂ©s actifs dans le Rojava et dans le nord de la Syrie. L’alliance est multi-ethnique (Kurdes, Arabes, TurkmĂšnes, Circassiens,
) et anti-islamiste. Les plus gros groupes composants l’alliance sont les YPG/YPJ (revendiquant 50.000 combattants) et le Jaysh al-Thuwar (ArmĂ©e des RĂ©volutionnaires, revendiquant 5.000 combattants).
TEV-DEM: « Mouvement pour une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique Â», le gouvernement du Rojava.

Organisations majeures de la guerre civile en Syrie:

ASL: Voir notre dossier « Que sont « l’ArmĂ©e Syrienne Libre Â» et la rĂ©bellion syrienne ? Â»
ASA : ArmĂ©e Syrienne Arabe. Ce sont les forces loyales au rĂ©gime de Bashar al-Assad, l’armĂ©e officielle. Le PYD et le rĂ©gime s’affrontent rarement, et lorsque cela se produit, c’est souvent “par accident”.
EI : Etat Islamique (Ă©galement dĂ©signĂ© par EIIL, ISIS, IS, DAESH). Malheureusement, il n’y a plus besoin de les prĂ©senter.
Front al-Nosra : Aussi connu comme al-Nusra ou Jabhat al-Nosra. Salafistes briĂšvement affiliĂ© Ă  l’EI, ils sont Ă  prĂ©sent la succursale d’al-QaĂŻda en Syrie. Leur territoire (morcelĂ©) se limite au nord-ouest du pays.

Ce diagramme -qui n’a pas Ă©tĂ© créé par le SR et ne reflĂšte pas ses positions- peut donner une idĂ©e de la composition de l’ArmĂ©e Syrienne Libre. Comme on peut le voir, la FSA est plus un nom gĂ©nĂ©rique donnĂ© Ă  de nombreuses factions qui combattent le rĂ©gime et ne reflĂšte aucune forme d’unitĂ©.

3. Le Kurdistan du Sud
C’est la partie irakienne du Kurdistan, elle est politiquement singuliĂšre Ă  plusieurs niveaux. Le Kurdistan Sud est la seule des 4 parties qui dispose d’une quasi-autonomie. Il est gouvernĂ© par le KRG (Gouvernement RĂ©gional Kurde) et pourrait probablement devenir un Ă©tat indĂ©pendant dans les prochaines annĂ©es selon la tournure que prendra la guerre en Irak.

Le Kurdistan du Sud a un parlement, un président, une armée officielle
 Son président est Massoud Barzani, du PDK (aussi appelé KDP), le Parti Démocrate du Kurdistan. Le PDK est un parti libéral et bourgeois.
MalgrĂ© qu’il rĂšgne sur un territoire pratiquement indĂ©pendant, le PDK n’a pas l’hĂ©gĂ©monie sur le territoire. De nombreuses troupes du PKK sont stationnĂ©es en Irak, troupes qui sont naturellement prĂ©sentes prĂšs de la frontiĂšre turque, mais Ă©galement dans la chaĂźne montagneuse du Sinjar (aussi appelĂ© Shengal) et dans l’est (prĂšs de la frontiĂšre iranienne, dans les montagnes de Qandil). Les zones contrĂŽlĂ©es sont souvent dĂ©signĂ©es comme “Medya Defense Zones”.

A l’heure actuelle, il n’y a pas encore eu de conflit ouvert (armĂ©) entre le PKK et le PDK, mais le PDK voit d’un mauvais oeil la prĂ©sence de la guĂ©rilla sur ‘son’ sol. Le PDK est Ă©galement en trĂšs bon termes avec les gouvernements Ă©tats-unien et turc, ce qui n’arrange rien Ă  l’affaire.

Notons Ă©galement que le PDK contrĂŽle la frontiĂšre Ă  SĂȘmalka, un checkpoint important par lequel les combattants des YPG/YPJ qui sont morts au combat sont exfiltrĂ©s vers le Nord-Kurdistan pour y ĂȘtre enterrĂ©s. Le PDK empĂȘche Ă  prĂ©sent ces cortĂšges funĂ©raires de passer, sur demande de la Turquie.

Les organisations politiques du Kurdistan irakien.
PUK : Parti de l’Union Patriotique. C’est un parti de droite. Le parti Change (Gorran) en est une scission.
PÇDK : Parti pour une Solution DĂ©mocratique du Kurdistan (aussi connu domme KDSP). C’est l’organisation soeur du PKK en Irak.
Peshmerga : Les Peshmergas sont souvent confondus dans la presse bourgeoise avec les YPG. En kurde, ‘peshmerga’ veut dire ‘celui qui affronte la mort’. C’est Ă  la base une formule pour dĂ©signer les combattants kurdes, mais Ă  prĂ©sent c’est le nom de l’armĂ©e officielle du Kurdistan Sud, et donc le bras armĂ© du PDK.
YPS : UnitĂ©s de Protection du Sinjar. C’est une organisation armĂ©e commandĂ©e par le PKK. Elle a Ă©tĂ© créée suite Ă  l’opĂ©ration de sauvetage de 200.000 YĂ©zidis (abandonnĂ©s par les Peshmergas) par le PKK-PYD. Les YĂ©zidis Ă©taient pourchassĂ©s par les troupes de l’EI et ont Ă©tĂ© massacrĂ©s et kidnappĂ©s par milliers. Le YĂ©zidisme est une religion kurde trĂšs ancienne, rĂ©guliĂšrement persĂ©cutĂ©e Ă  travers l’histoire.

4. Le Rojhilat, le Kurdistan de l’Est : C’est la partie iranienne du Kurdistan (rojhilat veut dire ‘Est’ en kurde). Elle abrite 10% de la population kurde (13% de la population iranienne). Il faut noter qu’il existe une rĂ©gion iranienne qui s’appelle officiellement ‘Kurdistan’ qui est l’une des 4 rĂ©gions iraniennes constituant le Rojhilat (la seconde en partant du haut sur la carte suivante).

PJAK : Parti pour une Vie Libre au Kurdistan. Organisation soeur du PKK en Iran.
KJAR : Société des Femmes Libres du Kurdistan Oriental. Mouvement des Femmes.
YRK : Unités de Défense du Rojhilat. La branche armée.
HPJ : Force de Protection des Femmes. La branche armée des femmes.
KODAR: SociĂ©tĂ© Libre et DĂ©mocratique du Kurdistan de l’Est. Organisation politique faisant la promotion de l’idĂ©ologie d’Apo, le confĂ©dĂ©ralisme dĂ©mocratique.
Komala: Comité des Révolutionnaires du Kurdistan Iranien. Organisation marxiste-léniniste créée en 1969 et ayant lutté contre le Shas et contre la république islamique avec une grande guérilla.
PDKI: Parti DĂ©mocratique du Kurdistan Iranien (Ă©galement appelĂ© KDPI). Parti social-dĂ©mocrate. N’est pas liĂ© au PJAK.

II. Organisations transrégionales kurdes

KCK: Groupe des CommunautĂ©s du Kurdistan (anciennement KKK). Souvent dĂ©fini comme le ‘parapluie’ qui regroupe les 4 partis (PKK, PYD, PÇDK, PJAK), le HPG et d’autres organisations.
KONGRA GEL: CongrÚs des Peuples du Kurdistan (anciennement KADEK). Organe éxécutif du KCK. Parlement exilé.
KNK: CongrĂšs National du Kurdistan. Organisation qui regroupe Ă  peu prĂšs tous les partis kurdes existants.

Cet organigramme reprend la plupart des organisations kurdes. Voir en grand.

Camps du PKK en Irak bombardés par la Turquie, juillet 2015.
Carte du Kurdistan.
Votes pour le principal parti kurde légal en 2011.
Drapeau du PKK.
Situation au Rojava au 6 janvier 2016
Forces Démocratiques Syriennes
Groupes armés défendant le Rojava.
Armée Syrienne Libre
Drapeau du PYD.
Drapeau du PÇDK.
Le Kurdistan iranien en vert.
Drapeau du PJAK.

1. Pourquoi cette campagne ?
Suite à l’explosion de l’usage des appareils photo (smartphones, tablettes, drînes,
) par les manifestants, certaines personnes n’ont pas tout à fait conscience du danger qu’elles courent et font courir à d’autres en capturant des images et en les diffusant sur le net.

Un grĂ©viste lançant un pavĂ© (ou se tenant Ă  cĂŽtĂ© d’un de ses camarades qui en ferait autant), une travailleuse qui aurait menti Ă  son patron pour aller Ă  une manifestation, des sans-papiers qui ne savent pas que l’Office des Etrangers tiendront leur activitĂ© politique en motif contre leur rĂ©gularisation, un jeune manifestant qui s’est discrĂštement Ă©clipsĂ© face Ă  des parents ou Ă  des profs rĂ©actionnaires, militante antifasciste menacĂ©e par l’extrĂȘme-droite dans son quartier. Tous ces exemples, toutes ces « exceptions Â», nous les connaissons. Les manifestants prennent le danger de manifester face aux rĂ©pressions policiĂšre, fasciste, patronale. Ils prennent le danger d’ĂȘtre fichĂ© par la police et d’ĂȘtre filmĂ© par des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision bourgeoises. Mais lorsqu’ils se retournent vers la manifestation, vers leurs camarades, ce sont certains manifestants qui le menacent, parfois sans mĂȘme s’en rendre compte.

Certaines personnes argumentent que nous devons tous manifester Ă  visages dĂ©couverts dans les manifestations et que si les manifestants ne veulent pas ĂȘtre exposĂ©s aux yeux de tous, ils devraient se masquer, ayant ainsi le choix entre prendre un risque supplĂ©mentaire ou ĂȘtre interdit de manifestation. Dans d’autres cas, ce sont des gestes de rupture qui ne peuvent plus avoir lieu tant les tĂ©lĂ©phones et les perches Ă  selfie sont omniprĂ©sentes.

S’il est clair que les images des luttes doivent circuler et servir Ă  partager les informations ainsi qu’à la propagande, le problĂšme ne doit pas ĂȘtre retournĂ© : la photographie doit rester un outil du mouvement social, et pas l’inverse. Trop souvent Ă  prĂ©sent, les manifestants sont devenus les modĂšles involontaires et forcĂ©s de photographes irresponsables.

Face Ă  cette problĂ©matique et suite Ă  des situations oĂč des militantes et des militants ont dĂ» payer le prix de ces photos Ă  la place des photographes, le Secours Rouge lance une campagne et une plateforme pour que les photos en manifestations -et ailleurs dans la scĂšne- soient prises de façon responsable et rĂ©flĂ©chie.

2. La plateforme No Photo
La Plateforme No Photo est une sĂ©rie de comportements que des organisations s’engagent Ă  respecter et Ă  diffuser parmi leurs membres. Essentiellement, cette plateforme fait la promotion d’un usage responsable et intelligent. Il serait idiot d’interdire en bloc tout usage de la photographie en manifestation. Cette plateforme demande en somme Ă  chaque photographe de rĂ©flĂ©chir Ă  chaque Ă©tape de sa photographie aux personnes qu’il met en danger.
– Avant de prendre quelqu’un en photo : cette personne est elle d’accord d’ĂȘtre prise en photo ?
– En transportant des photos qui n’ont pas Ă©tĂ© traitĂ©es : suis-je en mesure de dĂ©truire des photos qui pourraient servir de preuves contre des militants au cas oĂč je suis arrĂȘtĂ© ?
– En mettant la photo en ligne : cette photo est elle dĂ©barrassĂ©e des donnĂ©es qui identifient le photographe (EXIF) ? Permet elle de reconnaĂźtre des militants ? Met elle des progressistes en danger ?

La plateforme sera bientÎt proposée aux signatures des organisations.

3. Matériel
– Un dĂ©pliant qui informe sur les risques et les mĂ©thodes de la photographie en manifestation. TĂ©lĂ©charger
– Un autocollant avec un logo explicite que les personnes qui ne veulent pas ĂȘtre prises en photo peuvent porter.
– Une brochure « petit procĂšs grands enjeux Â» sur un procĂšs qui impliquait des images de « photographes militants Â».

4. Tutoriels

4.1 Logiciels
Télécharger Jstrip
Télécharger Gimp.
Lien Obscuracam

4.2 Flouter les visages avec Photoshop
Veuillez régler la qualité de la vidéo (minimum 720p) pour que la vidéo ne soit pas floue.

5. Liens et notes
– Mediactivista
– Brochure sur la prise d’image

Un coup de pied pour la banque, 50 photos pour la police...
A propos des photos dans les manifestations
A propos des photos dans les manifestations
Un assemblage d'images prises à des moments différents par des personnes différentes, lors des émeutes de Baltimore, ont permis à la police de lancer un avis de recherche.

1. Histoire et actualité du mouvement naxalite

DĂšs les annĂ©es cinquante et les premiĂšres annĂ©es de l’Inde indĂ©pendante, de nombreux mouvements paysans militants se sont dĂ©veloppĂ©s contre le caractĂšre fĂ©odal du pays. Ceux-ci n’ont jamais pu aboutir totalement, principalement en raison du manque d’organisation et de leur caractĂšre spontanĂ©.
Le plus important fut le mouvement du Telengana de 1946, activement soutenu par le Communist Party of India. Sa nature insurrectionnelle et l’intention formelle de renverser les seigneurs fĂ©odaux par la force armĂ©e ont entraĂźnĂ© une rĂ©pression terrible de la part des autoritĂ©s indiennes. Des milliers de personnes furent assassinĂ©es, des dizaines de milliers emprisonnĂ©es et encore davantage de personnes furent torturĂ©es par les militaires. En 1951, le Communist Party of India, divisĂ© en interne sur la question de ce soutien, l’arrĂȘta officiellement. Cette dĂ©cision entraĂźna une scission et la formation du Communist Party of India (Marxist).
C’est en 1967 que s’est dĂ©clenchĂ© la rĂ©volte de Naxalbari, au Bengale occidental, portĂ©e par des militants communistes Ă  la tĂȘte d’un mouvement solidement structurĂ© et dont l’objectif Ă©tait une guerre populaire sur le modĂšle chinois. C’est soutenus par ces militants qu’au dĂ©but de l’annĂ©e 1967, trois cultivateurs appuyĂ©s de quelques travailleurs du CPI (Marxist) Ă©quipĂ©s d’armes rudimentaires, ont saisi tout le stock de paddy du grenier d’un propriĂ©taire foncier. Au cours des mois suivants, les occupations de terre, saisies des stocks de grains et incendies de registres fonciers se sont multipliĂ©s.
Les propriĂ©taires fonciers n’ont pas tardĂ© Ă  rĂ©agir, se dĂ©barrassant de ceux qui travaillaient dans « leurs Â» champs. Un jour, des paysans parti travailler dans les champs ne sont pas rentrĂ©s. Le lendemain, d’autres hommes sont allĂ©s dans les champs, mais ne sont pas revenus non plus. Des hommes et des femmes se sont alors cachĂ©s Ă  proximitĂ© pour voir ce qu’il se passait. A peine un autre lot d’hommes avait-il commencĂ© Ă  labourer les terres occupĂ©es qu’une brigade de police est apparue et les a emmenĂ©. Mise devant le fait accompli, la police a dĂ©clarĂ© agir pour le compte du propriĂ©taire foncier, provoquant une colĂšre Ă©norme parmi les paysans, ceux-ci se constituant en brigades clandestines, sous la direction Charu Mazumdar, considĂ©rĂ© comme le principal thĂ©oricien de mouvement rĂ©volutionnaire indien.
BientĂŽt devait suivre une guerre sanglante qui ferait de Naxalbari la premiĂšre pierre du mouvement maoĂŻste en Inde et qui lui donnerait aussi un nom: le mouvement naxal. Le 23 mai 1967, l’inspecteur de police qui dirigeait une brigade de police chargĂ©e d’arrĂȘter les dirigeants Ă  l’origine de l’agitation, fut blessĂ© Ă  mort par une flĂšche tirĂ©e dans un affrontement avec les tribaux en colĂšre. Deux jours plus tard, un plus gros contingent fut dĂ©pĂȘchĂ© sur place. Les hommes et les femmes, armĂ©s de tout ce qu’ils avaient pu trouver, sont sortis pour affronter la police. Le police a tirĂ©, tuant neuf tribaux dont six femmes et deux enfants. La guerre Ă©tait dĂ©clenchĂ©e.

Elle a durĂ© 72 jours. 72 jours durant lesquels Naxalbari fut une « zone libĂ©rĂ©e Â». En juillet 1967, les forces de rĂ©pression envoyĂ©es par le gouvernement du Bengale occidental et de New Delhi ont repris le contrĂŽle de la zone, par la force des armes. La majeure partie des dirigeants communistes sont arrĂȘtĂ©s. Un des seuls Ă  Ă©viter l’arrestation fut Charu Mazumdar, qui s’est dĂšs lors engagĂ© Ă  dĂ©velopper le mouvement et Ă  dĂ©clencher d’autres insurrections pour avancer vers la prise du pouvoir rĂ©volutionnaire. De multiples mouvements paysans furent engagĂ©s dans diverses rĂ©gions de l’Inde, notamment au Srikakulam et dans plusieurs districts de l’Andhra Pradesh.
De 1971 Ă  1972, la contre-rĂ©volution en Inde a volĂ© d’un succĂšs Ă  l’autre, ouvrant des brĂšches dans les rangs rĂ©volutionnaires communistes par de violentes reprĂ©sailles, en terrorisant la population par des lois draconiennes et des actions de gangstĂ©risme. Cette contre-rĂ©volution violente eut de fortes rĂ©percussions sur le CPI (M-L), faction dissidente du CPI(Marxist) et architecte de la continuitĂ© de l’insurrection aprĂšs la rĂ©volte de Naxalbari. Le 16 juillet 1972, Charu Mazumdar fut arrĂȘtĂ© par la police Ă  Kolkata. L’arrestation avait Ă©tĂ© rendue possible par la rĂ©vĂ©lation, arrachĂ©e sous la torture Ă  un de ses camarades arrĂȘtĂ©s, de la cachette de Charu Mazumdar. Une fois arrĂȘtĂ©, il fut une victime condamnĂ©e d’avance par la vengeance de la classe dirigeante. Il n’a survĂ©cu que douze jours Ă  arrestation. Il Ă©tait atteint d’une affection cardiaque grave. Les rigueurs de la vie clandestine s’étaient fait sentir toutes ces annĂ©es. En cellule, il fut soumis Ă  des interrogatoires incessants, Ă  des pressions et Ă  la torture. Il dĂ» ĂȘtre hospitalisĂ© le 27 juillet. PrivĂ© du traitement mĂ©dical adĂ©quat, il est mort le lendemain.

En 1973, on compte 32.000 prisonniers naxalites, et Ă  la moitiĂ© des annĂ©es ’70, le mouvement Ă©tait presque anĂ©anti. NĂ©anmoins, de nombreuses factions militantes ont continuĂ© Ă  mener la guĂ©rilla dans plusieurs Ă©tats, travaillant principalement dans les zones tribales, avec pour base principale les plus dĂ©munis.
A la formation du CPI (M-L), un des groupes a dĂ©cidĂ© de pas y adhĂ©rĂ© et Ă  formĂ© le Dakshin Desh. En 1975, le groupe a pris le nom de MCC (Maoist Communist Center). Jusqu’en 1982 et la mort de son leader Kanhai Chaterjee, il fut particuliĂšrement actif au Bengale occidental, prĂŽnant la constitution de mouvements de masse afin de permettre le dĂ©veloppement de la lutte armĂ©e. En 1982, de nombreux militants rejoignirent le CPI (M-L), ceci n’empĂȘchant pas le MCC de poursuivre son travail.
En 1979, le CPI (M-L) avait de nombreux cadres ‘publics’ et ‘clandestins’, principalement en Andhra Pradesh. L’un d’entre eux, Kondapalli Seetharamaiah, critiqua le mouvement en dĂ©clarant en 1979 que celui-ci n’avait pas encore pris la forme de la lutte armĂ©e. Selon lui, les actions isolĂ©es menĂ©es depuis des annĂ©es ne pouvaient ĂȘtre qualifiĂ©es de lutte armĂ©e. Le 22 avril 1980, il annonce la crĂ©ation du CPI-ML (People’s War), un nouveau parti qui ferait avancer la ligne de la lutte armĂ©e.
En 2004, les deux partis, qui avaient entre-temps absorbĂ©s diverses fractions du CPI (M-L) d’origine, prirent la dĂ©cision de fusionner, pour former le CPI(Maoist). Ils publient alors plusieurs documents fondateurs, parmi lesquels la Constitution du CPI (Maoist), la RĂ©solution politique du CPI (Maoist), le Programme du CPI (Maoist), la Perspective urbaine du CPI (Maoist), StratĂ©gie et tactiques de la rĂ©volution indienne et Porter haut la banniĂšre rouge Ă©clatante du marxisme-lĂ©ninisme-maoĂŻsme.
Le dĂ©veloppement de la lutte armĂ©e basĂ©e parmi la paysannerie, avec pour but avouĂ© la rĂ©volution agraire et la stratĂ©gie de la guerre populaire prolongĂ©e a eu lieu en parallĂšle du processus de mondialisation en cours en Inde depuis de nombreuses annĂ©es. Cette lutte, menĂ©e d’abord par le CPI-ML (People’s War), le MCC et divers autres partis marginaux, s’est Ă©tendue dans les rĂ©gions adivasis et y a trouvĂ© un terrain fertile. Les conditions objectives dans ces rĂ©gions, la pauvretĂ© extrĂȘme et la marginalisation des population, le lien gouvernement-petits entrepreneurs-grosses sociĂ©tĂ©s-parti politique qui a maintenu le cycle d’exploitation et d’oppression et l’inaccessibilitĂ© et l’inhospitalitĂ© du terrain ont permis aux partis naxalites de gagner en influence. Les Adivasis, avec leur faible intĂ©rĂȘt dans les systĂšmes Ă©conomiques et politiques indiens, avec leur faible dĂ©pendance Ă  l’égard de la terre agricole en propriĂ©tĂ© privĂ©e et leurs solides notions de propriĂ©tĂ© collective et communautaire, se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre une puissante force rĂ©volutionnaire. Le CPI(Maoist) a donc trouvĂ© une base solide parmi les populations tribales du centre de l’Inde, oĂč il a pu Ă©tablir une zone libĂ©rĂ©e et dĂ©velopper le systĂšme de gouvernement populaire parmi les Adivasis de la rĂ©gion.

En aoĂ»t 2006, le magazine The Economist a publiĂ© un reportage sur l’État du Chhattisgarh oĂč il a visitĂ©, dans la forĂȘt de Bastar, au sud de la capitale Raipur, un maquis tenu par le CPI (Maoist). Ce maquis combattait contre les projets du capital financier d’exploiter les richesses minĂ©rales de la forĂȘt. Quelques heures avant la rencontre, plusieurs centaines de combattants avaient attaquĂ© un commissariat de police Ă  Errabore, une base paramilitaire et un camp de personnes dĂ©placĂ©es dans cette rĂ©gion sous-dĂ©veloppĂ©e Ă  9 heures de route de la capitale, Raipur.
Les naxalites contrĂŽlent un vaste territoire aux villages misĂ©reux. Ici, il y a bien une pompe Ă  eau mais le puits est Ă  sec. Il n’y a pas de routes, pas de canalisations, pas d’électricitĂ© ni de tĂ©lĂ©phone. LĂ , il y a bien un instituteur, mais pas d’école. Il fait donc la classe en plein air. On ne voit jamais aucun policier, aucun travailleur de santĂ©, aucun fonctionnaire. Les trois quarts des 1.220 villages de Dantewada sont habitĂ©s par des aborigĂšnes adivasis, 1.161 villages n’ont aucune installation mĂ©dicale, 214 n’ont pas d’école primaire. La rĂ©gion a bien une ligne de chemin de fer mais elle est destinĂ©e au transport du minerai de fer exploitĂ© Ă  la mine de Bailadilla, dont les dĂ©chets colorent, Ă  la saison des pluies, la riviĂšre en orange, rendant l’eau imbuvable

Les aborigĂšnes adivasis sont, avec les dalits, opprimĂ©s parmi les opprimĂ©s. Les dalits (ou ‘intouchables’) constituent une caste de 160 millions de personnes misĂ©rables et mĂ©prisĂ©es. La caste des brahmanes (dont le colonisateur britannique s’est acquis la complicitĂ©) truste les postes dirigeants et utilise le systĂšme de caste pour justifier l’exploitation des masses populaires. Les grands propriĂ©taires brahmanes disposent de milices, les senas, qui brisent de maniĂšre barbare toute vellĂ©itĂ© de rĂ©sistance des paysans pauvres Ă  la surexploitation (43% des paysans indiens sont sans terre). L’image de l’Inde technologique, paradis de l’informatique, masque une rĂ©alitĂ© sociale Ă©pouvantable: 47% des enfants soufrent de dĂ©nutrition, 80% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
DĂšs 2006, le premier ministre Manmohan Singh avait qualifiĂ© la rĂ©bellion naxalite de « plus grand dĂ©fi pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure qu’ait jamais dĂ» relever notre pays Â». Depuis, la situation n’a cessĂ© d’empirer. A la mi-juillet 2009, le ministre de l’intĂ©rieur, M. Chidambaram a dĂ» admettre que la menace avait Ă©tĂ© ‘sous-estimĂ©e’. Les naxalites agissent dans 14 des 28 Etats de l’Inde (Chhattisgarh, Jharkhand, Uttar Pradesh, Asma, Uttaranchal, Kerala, Tamil Nadu, Bengala Occidental, Gujarat, Andhra Pradesh, Madhya Pradesh, Orissa, Maharashtra y Bihar) et ce qui, en chiffres, signifie que dans 182 districts sur un total de 602 dans lesquels est divisĂ© administrativement le pays, ce sont les maoĂŻstes qui contrĂŽlent la situation.
Cette influence est en progression non seulement dans les campagnes, mais dans les villes Ă©galement, spĂ©cialement dans les zones ouvriĂšres et industrielles de Dheli, de Mumbai, de Raipur, de Pune et de Jammu en alternant les actions de propagande avec les militaires. Le gouvernement indien lui-mĂȘme considĂ©rait qu’en 2008 entre 30% et 35% du territoire de l’Inde Ă©tait sous le contrĂŽle des naxalites, pourcentage qui serait encore majorĂ© aujourd’hui.

Les succĂšs rĂ©volutionnaires dans les campagnes sont indiscutables: ni la police, ni les fonctionnaires de l’Etat n’osent entrer dans le Bastar, une zone Ă©tendue de l’état de Chhattisgarh d’environ 100.000 kilomĂštres carrĂ©s, et ses actions contre les paramilitaires de la Salwa Judum, des miliciens fascistes formĂ©s Ă  la contre-guĂ©rilla, armĂ©s par les propriĂ©taires fonciers et payĂ©s par l’État, provoquent dĂ©moralisation et dĂ©sertions. Le pĂ©riodique Indian Express relatait d’une maniĂšre crue comment aprĂšs une attaque maoĂŻste qui a causĂ© 55 morts Ă  une force composĂ©e de policiers et de paramilitaires en se faisant l’écho d’un rapport officiel qui rapportait les Ă©vĂ©nements: « la lĂąchetĂ©, la dĂ©sertion, la dĂ©pendance excessive des employĂ©s de police par rapport Ă  la Police SpĂ©ciale Locale [la Salwa Judum], l’absence d’un entraĂźnement appropriĂ© et la consommation de substances toxiques ont Ă©tĂ© la cause de l’assassinat des 19 policiers et des 39 PEL [miliciens Salwa Judum] Â». Dans les zones libĂ©rĂ©es, les naxalites interdisent l’usure, organisent des coopĂ©ratives, des travaux collectifs d’irrigation, un systĂšme de mĂ©decine populaire et un systĂšme d’enseignement. Les comitĂ©s de pouvoir populaire dĂ©cident aussi de mesures de prĂ©servation de l’écosystĂšme et veillent Ă  imposer les droits de la femme (lutte contre les mariages forcĂ©s, etc.).
En fĂ©vrier 2007, le parti organise son 9e CongrĂšs, intitulĂ© le « Unity Congress Â», dans les jungles de l’état du Bihar. De nombreuses dĂ©cisions quant Ă  la stratĂ©gie et aux tactiques du parti furent prises, tant au niveau des luttes dans les campagnes que de leur implantation dans les zones urbaines. Les naxalites sont passĂ©s de la guerre de guĂ©rillas Ă  la guerre de mouvements. Les attaques contre des postes de police et des paramilitaires, des entreprises miniĂšres, des chemins de fer, des stations de tĂ©lĂ©communications, des constructions Ă©lectriques et, mĂȘme, des attaques de prisons (en dĂ©cembre 2007, ils ont attaquĂ© la prison de Raipur, la capitale de Chhattisgarth, libĂ©rant 299 prisonniers, avec parmi eux une centaine de guĂ©rilleros) sont le fait de groupes d’environ 40 Ă  150 combattants qui parfois atteignent mĂȘme 400.

En 2007, les naxalites ont rĂ©alisĂ© 8.488 attaques contre des Ă©tablissements policiers dans 91 districts de 11 Ă©tats, selon un rapport prĂ©sentĂ© par le Ministre de l’IntĂ©rieur devant le parlement indien. La guĂ©rilla commence Ă  chercher la complicitĂ© des policiers. Depuis juin 2007, chaque fois qu’une attaque est rĂ©alisĂ©e contre un Ă©tablissement policier, les guĂ©rilleros laissent sur place des pamphlets oĂč l’on peut lire « Tu luttes pour empĂȘcher le soulĂšvement du peuple, parce que ta vie est en jeu, parce que le peuple celui que tu tues appartient Ă  ta propre classe. LĂšve-toi contre le systĂšme Â».
La situation est arrivĂ©e Ă  un tel paroxysme que le gouvernement a dĂ©cidĂ© de mettre en marche un plan pour contenir l’avancĂ©e de la guĂ©rilla: commencer un programme de dĂ©veloppement des zones les plus pauvres de l’Inde, modernisation de la Police, crĂ©ation d’infrastructures routiĂšres qui servent aussi bien aux populations qu’à faciliter les mouvements de la police et la crĂ©ation de six Ă©coles de guerre, c’est-Ă -dire la formation d’unitĂ©s antiguĂ©rillas pour pouvoir attaquer et dĂ©truire les campements naxalites dans la jungle. L’idĂ©e du gouvernement est de crĂ©er quelques bataillons spĂ©ciaux pour la lutte contre la guĂ©rilla qui comprendraient des effectifs de 14.000 soldats. Actuellement, la Force Centrale de RĂ©serve de la Police (CRPF), unie aux paramilitaires de la Salwa Judum, sont les principaux protagonistes de la lutte contre les maoĂŻstes. Mais ils ont fait preuve d’une rare inefficacitĂ© et c’est pourquoi il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© la crĂ©ation des bataillons antiguĂ©rilla.

Jusqu’à maintenant, la guĂ©rilla ne s’occupait pas des villes pour se concentrer sur les campagnes, en suivant la stratĂ©gie d’encerclement des villes Ă  partir des campagnes. La stratĂ©gie est de pĂ©nĂ©trer dans les aires rurales, de se consolider dans celles-ci et d’établir des coordinations efficaces entre diffĂ©rentes cellules dans d’autres États.
Les maoĂŻstes ne frappent pas les fonctionnaires locaux si le peuple considĂšre qu’ils sont honnĂȘtes, ni corrompus, ni rĂ©pressifs. Ils taxent les entreprises qui sont installĂ©es sur leurs zones d’influence d’un impĂŽt rĂ©volutionnaire, qui oscille entre 15 et 20% de leurs bĂ©nĂ©fices, avec lequel ils financent leurs activitĂ©s. Mais les naxalites sont implacables dans leur lutte contre les Zones Économiques SpĂ©ciales (ZES). En Inde, le gouvernement a prĂ©vu d’approuver 339 ZES oĂč doivent travailler 800.000 personnes. Ce sont des aires oĂč les entreprises ne payent aucun impĂŽt, oĂč elles jouissent d’avantages Ă©conomique pour favoriser la productivitĂ© et oĂč peuvent ĂȘtre aboli la lĂ©gislation normale du pays en matiĂšre du droit du travail, du respect de l’environnement. L’’objectif est d’attirer les investisseurs locaux et Ă©trangers. Ces ZES sont en train de provoquer le dĂ©placement de leurs foyers de dizaines de milliers de ruraux, qui par consĂ©quent sont en train de perdre leurs moyens d’existence. L’énorme majoritĂ© des dĂ©placĂ©s sont des mĂ©tayers sans terre, des artisans et petits commerçants, issues des communautĂ©s dĂ©favorisĂ©es de dalits et adivasis et de minoritĂ©s religieuses.
Le travail avec les dalits, les intouchables dans le systĂšme des castes et les parias en Inde, est au centre du travail politique de la guĂ©rilla naxalite, selon les dĂ©cisions de son 9e CongrĂšs. Ce CongrĂšs a dĂ©cidĂ©, de surcroĂźt, comme axe central du travail politique et militaire, l’extension de la guerre populaire Ă  tout le pays, « l’appui aux luttes nationales contre l’expansionnisme indien Â» au Jammu et Cachemire, l’expansion du mouvement vers les villes pour avoir une prĂ©sence dans les masses urbaines, appauvries, et la classe moyenne dans le but « d’obtenir un mouvement massif contre les politiques nĂ©olibĂ©rales Â» et, par consĂ©quent, la lutte contre les Zones Économiques SpĂ©ciales qui ont Ă©tĂ© créées ces derniĂšres annĂ©es en Inde et qui ont provoquĂ© en consĂ©quence, « la dislocation des petites industries et des commerçants, qui ont Ă©tĂ© poussĂ©s Ă  la banqueroute par l’offensive massive des compagnies impĂ©rialistes transnationales et des importateurs-bureaucrates-bourgeois Â» et qui sont qualifiĂ©es de « enclaves nĂ©ocoloniales Â».
Des cellules naxalites sont actives dans les zones ouvriĂšres et industrielles de Delhi, Mumbai, Raipur, Pune et Jammu. Bien que pour le moment l’activitĂ© principale soit la propagande, dans quelques zones oĂč le mouvement naxalite est spĂ©cialement fort, des actions militaires sont dĂ©jĂ  menĂ©es. C’est le cas de Nayararh, l’une de villes les plus importantes de l’état d’Orissa, oĂč un commando naxalite a rĂ©alisĂ© l’une de ses actions les plus audacieuses jusqu’à prĂ©sent: le 16 fĂ©vrier 2009 s’est produit l’assaut d’une caserne de police et la rĂ©quisition de 1.069 armes qui s’y trouvaient.
La prĂ©sence naxalite dans les citĂ©s et les centres industriels a apportĂ© un saut qualitatif Ă  la guerre populaire prolongĂ©e. Depuis la seconde moitiĂ© de 2007, les naxalites ont privilĂ©giĂ©s leurs actions contre les ZES dans une frange qui comprend les villes de Bhilai-Ranchi-Dhanbad-Calcutta d’un cĂŽtĂ©, et de Mumbai-Pune-Surat-Ahmadabad de l’autre, dans le mĂȘme temps oĂč ils imposaient d’une maniĂšre inĂ©gale des blocus dans les zones oĂč ils ont une force plus grande comme c’est le cas dans les Ă©tats de Jharkhand, d’Orissa, de Chhattisgarh et du Bengale occidental et dans ceux oĂč ils en ont moins comme en Haryana et dans le Punjab. Dans le Bengale occidental, un État gouvernĂ© par la gauche rĂ©formiste, la ZES prĂ©vue a du ĂȘtre suspendue aprĂšs une rĂ©volte populaire, forte de l’appui maoĂŻste, qui a Ă©tĂ© noyĂ©e dans le sang. Cela a provoquĂ© un discrĂ©dit de la gauche traditionnelle, et favorisĂ© l’insurrection naxalite qui a vu les paysans pauvres la rejoindre en masse.
Le CPI(Maoist) a menĂ© plusieurs grandes attaques victorieuses contre les forces de sĂ©curitĂ©. Le 6 avril 2010, des guĂ©rilleros ont tendu une embuscade Ă  un convoi de la contre-guĂ©rilla, tuant 75 policiers militarisĂ©s (CRPF). Le 25 mai 2013, dans l’attaque contre un convoi du parti du CongrĂšs dans le Bastar, 27 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dont Mahendra Karma, l’homme Ă  l’origine de la crĂ©ation de la Salwa Judum. Le parti organise Ă©galement des opĂ©rations visant Ă  saisir des armes ou la destruction de matĂ©riel destinĂ© Ă  la construction d’équipements visant Ă  faciliter la contre-insurrection. Le 14 mars, 200 guĂ©rilleros attaquent un convoi de la contre-guĂ©rilla : 11 policiers militarisĂ©s (CRPF) et quatre Salwa Judum sont tuĂ©s dans l’état du Chattisgarh. Le 1er dĂ©cembre 2014, toujours dans le Chattisgarh , 13 paramilitaires de la CRPF sont tuĂ©s et 12 autres blessĂ©s dans un embuscade.
Les autoritĂ©s ont effectuĂ© plusieurs opĂ©rations rĂ©pressives tant dans le cadre de l’OpĂ©ration Green Hunt qu’en marge de luttes populaires soutenues par le CPI (Maoist). Citons par exemple le meurtre de Kishenji, membre du Politburo et Ă  la lutte du mouvement populaire de Jangal Mahal, au Bengale occidental. Selon les autoritĂ©s, il aurait Ă©tĂ© abattu lors d’une fusillade entre des guĂ©rilleros et les forces de sĂ©curitĂ© le 24 novembre 2011. Mais les rapports d’autopsie ainsi que diffĂ©rents tĂ©moignages rĂ©vĂšlent qu’il aurait Ă©tĂ© capturĂ© 24h avant sa mort et que son corps portait des traces de torture. Le 1er juillet 2010, les autoritĂ©s ont annoncĂ© avoir assassinĂ© Azad, porte-parole du CPI (Maoist) et membre du Politburo, dĂ©pĂȘchĂ© par le parti pour mener des pourparlers avec le gouvernement. Il a Ă©tĂ© abattu alors qu’il circulait en compagnie d’un journaliste afin de transmettre une note des autoritĂ©s Ă  la direction du parti en vue de poursuivre les nĂ©gociations. Selon les chiffres officiels, 2.193 militants maoĂŻstes auraient Ă©tĂ© abattus par les forces de sĂ©curitĂ© entre 2005 et 2015, et la guĂ©rilla aurait abattu 1.753 membres des forces de sĂ©curitĂ© au cours de la mĂȘme pĂ©riode.
Les rĂ©volutionnaires indiens ont rĂ©ussi, dans les zones rurales qu’ils contrĂŽlent Ă  amĂ©liorer le niveau de vie de la population, et oĂč ils sont en situation d’offrir une alternative Ă  la gauche traditionnelle et rĂ©formiste. SpĂ©cialement aprĂšs le massacre de paysans ordonnĂ© par le gouvernement du Bengale occidental (gouvernĂ© par le Front de gauche rĂ©formiste) en mars 2007, quand ils s’opposaient Ă  la ZES prĂ©vue dans Nandigram. .
Les maoĂŻstes font dĂ©pendre le progrĂšs de leur guerre populaire de la crĂ©ation d’une plate-forme culturelle et politiquement diffĂ©rente de celle qui a existĂ© jusqu’à prĂ©sent en Inde – et spĂ©cialement en ce qui concerne la sĂ©paration des castes, l’oppression fĂ©odale de la famille et des coutumes – et, surtout, loin des allĂ©es du pouvoir qu’affectionne la gauche traditionnelle. Ce qui amĂšne certains secteurs des intellectuels indiens Ă  afficher une certaine sympathie envers eux, comme Arundhati Roy, qui se refuse Ă  qualifier leur lutte d’immorale ou terroriste, ou comme le cĂ©lĂšbre musicien Ravi Shankar, qui a dĂ©clarĂ© publiquement que les maoĂŻstes sont « admirables Â».

2. Les Adivasis ou peuples aborigùnes de l’Inde

Les Adivasis, ou aborigĂšnes de l’Inde forment une minoritĂ© substantielle de la population du pays. Ils sont particuliĂšrement nombreux dans l’Orissa, le Bihar, le Jharkhand et dans les Ă©tats du Nord-Est tels que le Mizoram. Ils sont officiellement reconnus, en vertu de la Constitution, comme Scheduled Tribes (‘tribus rĂ©pertoriĂ©es’). Ils ne constituent en aucun cas un groupe homogĂšne – plus de 200 tribus parlant plus de 100 langues diffĂ©rentes, qui varient Ă©normĂ©ment de par leur ethnicitĂ©, leur culture et leurs langues. Ils constituent environ 8% de la population de l’Inde, ce qui reprĂ©sente environ 68 millions de personnes selon le dernier recensement de 1991. Ils se rĂ©partissent gĂ©ographiquement entre diffĂ©rentes rĂ©gions du pays, mais ce sont les Ă©tats du centre qui abritent les plus grandes tribus et quelques 75% de la totalitĂ© des aborigĂšnes y vivent.
Une autre concentration d’aborigĂšnes vit sur le plateau de l’Inde centrale; dans cette zone bordĂ©e par la Narmada au nord et la Godavari au sud-est, les peuples tribaux occupent les pentes montagneuses de la rĂ©gion. Le groupe le plus large, les SantĂąls, habitent le Jharkhand, au Bengale occidental. Les États indiens du centre abritent les plus grandes tribus du pays et quelque 75% de la totalitĂ© des aborigĂšnes vivent lĂ , et forment Ă  peu prĂšs 10% de la population de la rĂ©gion. On rencontre de plus petits nombres d’aborigĂšnes au Karnataka, au Tamil Nadu et au Kerala, dans les contreforts de l’Himalaya ainsi que plus au nord, au Goujerat et au Rajasthan, et bien Ă©videmment dans les territoires des Laquedives et des Ăźles Andaman et Nicobar.

Les tribus aborigĂšnes tendent Ă  former des unitĂ©s Ă©conomiques autosuffisantes. Elles pratiquent souvent la culture sur brĂ»lis plutĂŽt que l’agriculture intensive typique de la majeure partie de l’Inde rurale. Pour la plupart des aborigĂšnes, les droits d’utilisation du sol dĂ©rivent simplement et traditionnellement de leur appartenance tribale. La sociĂ©tĂ© tribale tend Ă  ĂȘtre Ă©galitaire, la position de chef est lĂ©gitimĂ©e plutĂŽt par des considĂ©rations de valeurs personnelles que par l’hĂ©rĂ©ditĂ©. Les religions tribales n’identifient aucune autoritĂ© en dehors de la tribu. La plupart des tribus aborigĂšnes sont concentrĂ©es dans des secteurs trĂšs forestiers qui combinent inaccessibilitĂ© et intĂ©rĂȘt politique ou Ă©conomique limitĂ©. De tous temps, l’économie de la plupart des tribus Ă©tait caractĂ©risĂ©e par une agriculture de subsistance, la chasse et la cueillette. Traditionnellement, les aborigĂšnes cantonnaient leur contact avec l’extĂ©rieur Ă  quelques produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© qui leur manquaient comme le sel et le fer, et dĂ©pendaient d’artisans locaux pour la fourniture d’articles comme les ustensiles de cuisine.

Vers 1900, beaucoup de rĂ©gions autrefois isolĂ©es sont ouvertes Ă  l’implantation de cultivateurs par le gouvernement colonial, les migrants (des Indiens non aborigĂšnes) recevant un titre de propriĂ©tĂ© en Ă©change pour la mise en culture. Pour les aborigĂšnes comme pour les Indiens de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cependant, la terre Ă©tait, la plupart du temps, considĂ©rĂ©e comme une ressource commune, libre d’utilisation pour celui qui avait besoin d’elle pour sa subsistance contre le paiement d’une taxe au souverain (‘mode de production asiatique’). L’introduction par les Britanniques de la notion de propriĂ©tĂ© de la terre va provoquer la spoliation en masse des aborigĂšnes et faire Ă©merger une classe de riches propriĂ©taires terriens (landlords) et d’une autre d’usuriers qui vont ĂȘtre la source d’un appauvrissement effroyable des campagnes indiennes.
L’amĂ©lioration des communications, la construction de routes et une intervention plus frĂ©quente des gouvernements ont entraĂźnĂ© un contact accru des aborigĂšnes qui Ă©taient encore protĂ©gĂ©s par leur isolement dans les annĂ©es 1950, trĂšs isolĂ©s. Au cours des annĂ©es 1960 et 1970, l’installation de commerçants non aborigĂšnes Ă©tait trĂšs courante dans les villages tribaux. Celui-ci vendant souvent ses marchandises Ă  crĂ©dit, avec un taux d’intĂ©rĂȘt Ă©levĂ©, beaucoup d’aborigĂšnes se sont fortement endettĂ©s ou ont hypothĂ©quĂ© leur terre. Ces nĂ©gociants encouragent Ă©galement les aborigĂšnes Ă  abandonner les cultures vivriĂšres pour des cultures industrielles comme le coton ou le ricin, ce qui augmente leur dĂ©pendance Ă  l’égard du marchĂ© pour les fournitures de base. L’endettement est si Ă©tendu que, bien que de telles transactions soient illĂ©gales, les commerçants vendent parfois leurs dĂ©biteurs Ă  d’autres nĂ©gociants, les abaissant ainsi quasiment au statut d’esclaves.

Au cours des annĂ©es 1970, la pression sur les terres tribales a connu une augmentation, particuliĂšrement en Inde centrale. Les migrations sur les terres tribales ont augmentĂ© considĂ©rablement au fur et Ă  mesure des spoliations de celles-ci au moyen de nombreuses mĂ©thodes telles que le remboursement de dettes ou la corruption des fonctionnaires cadastraux. Nombre d’aborigĂšnes sont ainsi devenus des ouvriers agricoles sans terre au cours des annĂ©es 1960 et 1970 et des rĂ©gions qui Ă©taient, quelques annĂ©es plus tĂŽt, le domaine exclusif des tribus possĂšdent maintenant une population de plus en plus mĂ©langĂ©e.
Les politiques gouvernementales sur les rĂ©serves forestiĂšres ont profondĂ©ment affectĂ© la vie des aborigĂšnes, les poussant parfois Ă  une rĂ©sistance armĂ©e. L’exploitation intensive des forĂȘts, rendue possible par la corruption de fonctionnaires locaux, a souvent autorisĂ© des Ă©trangers Ă  faire des coupes importantes, alors que les prĂ©lĂšvements des aborigĂšnes Ă©taient fortement rĂ©glementĂ©s, et a entraĂźnĂ© le remplacement de forĂȘts Ă  la flore riche qui permettaient la perpĂ©tuation de la vie tribale en plantations de monoculture. Les peuples aborigĂšnes sont les premiĂšres victimes de la pollution des eaux par les sociĂ©tĂ©s miniĂšres, par l’industrie.
Chaque progrĂšs de l’Inde capitaliste a reprĂ©sentĂ© un drame pour les communautĂ©s aborigĂšnes. Dans les annĂ©es 60, un gisement d’uranium est dĂ©couvert Ă  Jadugoda, un village d’indigĂšnes situĂ© dans l’état du Bihar. En 1967, l’UCIL, l’Uranium Corporation of India Limited y ouvre une mine. Au dĂ©but, l’exploitation se composait d’un puits et d’un Ă©tang. Au fil des annĂ©es, la sociĂ©tĂ© s’agrandit. Aujourd’hui, elle compte trois mines et trois Ă©tangs sur un pĂ©rimĂštre d’environ dix kilomĂštres. Depuis trois gĂ©nĂ©rations, les aborigĂšnes qui vivent Ă  l’ombre de la compagnie ont eu 35% de leurs nouveaux-nĂ©s marquĂ©s par des malformations. Le taux de radioactivitĂ© de l’air, du sol et des eaux atteint 50 fois la limite de sĂ©curitĂ© prĂ©conisĂ©e par les normes internationales. Les villages de Chatikocha et de Dungriddih, les plus proches des Ă©tangs de retenue des rejets miniers, 50% des habitants sont atteints d’une infection ou d’une infirmitĂ©. Aucune des 130 familles qui peuplent ces deux villages n’est Ă©pargnĂ©e. On estime que les couples sont tous stĂ©riles car pas un enfant n’y est nĂ© depuis prĂšs de quatre ans.

Les Adivasis ont payĂ© un prix disproportionnĂ© pour les grands projets de dĂ©veloppement pour la modernisation de l’Inde, des projets qui ont fourni des minĂ©raux, de l’eau et de l’électricitĂ© pour l’évolution d’une sociĂ©tĂ© urbaine et industrielle dans le pays. La libĂ©ralisation et la mondialisation au dĂ©but des annĂ©es 1990 ont ajoutĂ© une nouvelle dimension au problĂšme en ouvrant les vastes ressources minĂ©rales dans les rĂ©gions adivasis, jusqu’alors uniquement accessible principalement aux compagnies du secteur public, pour l’exploitation rapace des diverses multinationales indiennes et Ă©trangĂšres. Pour ces sociĂ©tĂ©s, de plus en plus soutenue par le capital mondialisĂ© et financialisĂ©, il s’agissait de la derniĂšre frontiĂšre en Inde. Et alors que leurs ravages augmentaient dans les rĂ©gions adivasis, la rĂ©sistance des masses adivasis augmentait aussi. Partout dans le monde, quand ils sont poussĂ©s au mur par le capitalisme, les peuples se dĂ©fendent et rĂ©sistent. Les Adivasis, avec leur longue histoire de rĂ©sistance et de rĂ©bellion, n’y ont pas manquĂ©.

3. Le mouvement de Lalgarh

Dans la rĂ©gion du Jangalmahal, au Bengale occidental, les populations tribales sont Ă©galement touchĂ©es par ces bouillonnements, bien qu’ils prennent une trajectoire diffĂ©rente en raison des diffĂ©rences dans la gĂ©ographie et l’économie sociale de la rĂ©gion.
Le Jangalmahal n’est pas la cible directe des sociĂ©tĂ©s en recherche de richesses minĂ©rales, mais cela ne diminue en rien la misĂšre des populations. LĂ , les habitants sont victimes du lien entre les fonctionnaires forestiers, des marchants de feuilles de tendu et de bois de construction, des entrepreneurs et des politiciens corrompus maintenant les gens dans le bourbier de la pauvretĂ©, de l’exploitation et de l’indignitĂ©. Les habitants possĂšdent peu de terre, en l’absence d’équipements d’irrigation, les rendements de l’agriculture sont maigres. Ceci a conduit Ă  une migration de masse de la force de travail pour le travail agricole dans d’autres rĂ©gions de l’état, ou mĂȘme dans d’autres Ă©tats, particuliĂšrement durant la saison des rĂ©coltes. Les revenus de ceci ne sont pas suffisants pour faire vivre les familles durant toute l’annĂ©e, et au cours de la pĂ©riode maigre, la famine et mĂȘme les morts de faim prennent une ampleur sans prĂ©cĂ©dent. Les habitants sont donc totalement dĂ©pendant de revenus supplĂ©mentaires issus des produits forestiers, mais lĂ  aussi, ils sont grandement exploitĂ©s par les gardes forestiers et la mafia. Les prix des produits forestiers tels que les feuilles de tendus, par exemples, sont atrocement bas. L’accĂšs mĂȘme aux produits forestiers est livrĂ© aux caprices des gardes forestiers, et les cas d’histoires d’hommes battus ou de femmes harcelĂ©es alors qu’ils tentent de ramasser du bois de chauffage sont quotidiennes dans la rĂ©gion. L’absence de mesures de dĂ©veloppement telles que des Ă©coles, des centres de santĂ©, des routes, l’électricitĂ© et des Ă©quipements d’irrigation est une norme. Les gouvernements locaux, quels que soit le parti au pouvoir, ont toujours Ă©tĂ© corrompus et une large section des dirigeants politiques se sont allĂšgrement servi dans les budgets de dĂ©veloppement allouĂ©s par le gouvernement central pour leur enrichissement personnel.
C’est dans ce contexte que sont apparus les maoĂŻstes Ă  la fin des annĂ©es 1990. Ils ont mobilisĂ© les habitants sur des questions de dĂ©veloppement, exigeant de l’eau, de l’électricitĂ© et des Ă©quipements sanitaires, mais Ă©galement des prix rĂ©munĂ©rateurs pour les produits forestiers et la fin du harcĂšlement aux mains des gardes forestiers et de la police. Les modes de lutte Ă©taient publics et constitutionnels, avec l’envoi de dĂ©lĂ©gations aux fonctionnaires locaux et des manifestations autour des bĂątiments officiels. Mais le gouvernement, au lieu de tenir compte de ces revendications, a rĂ©pliquĂ© avec une brutale rĂ©pression. La police du Bengale occidental a organisĂ© des raids en force dans les villages du Jangalmahal, dĂ©clenchant un rĂšgne de terreur sous la forme de passages Ă  tabac, torture, brutalitĂ©s Ă  l’encontre des femmes et des milliers de poursuites sur des motifs montĂ©s de toutes piĂšces. Les maoĂŻstes ont rĂ©sistĂ© Ă  cette terreur d’état, et ont organisĂ© la population pour qu’elle puisse rĂ©sister. Les habitants ont Ă©galement obtenu des victoires significatives comme les maoĂŻstes ont pu faire imposer une augmentation substantielle du prix des petits produits forestiers tels que la feuille de tendu. Il y a mĂȘme eu des fonctionnaires locaux pour reconnaĂźtre, en privĂ©, qu’il s’agissait d’une des contributions majeures pour l’amĂ©lioration du sort des Adivasis dans toute la rĂ©gion forestiĂšres du centre-Est de l’Inde. Les maoĂŻstes en ont tirĂ© un soutien populaire de plus en plus grand et ont dĂ©veloppĂ© une base solide dans la rĂ©gion.

Ce schĂ©ma de terreur d’état a continuĂ© tout au long des annĂ©es 2000. La police a commencĂ© Ă  occuper les Ă©coles de maniĂšre permanente, et les habitants faisaient quotidiennement face aux indignitĂ©s des passages Ă  tabac, harcĂšlement et autres raids policiers. Les affaires montĂ©es de toutes piĂšces Ă  leur encontre sont devenues un flĂ©au dans les vies des gens, salariĂ©s Ă  la journĂ©e qui ne pouvaient pas se permettre de gaspiller des journĂ©es de travail pour se prĂ©senter au tribunal ou aller porter plainte au commissariat.
En novembre 2008, une mine visant le convoi de Buddhabed Bhattacharjee, qui revenait de l’inauguration d’une aciĂ©rie de la sociĂ©tĂ© Jindal et de la mise en place d’une ZES Ă  Salboni, a explosĂ©, blessant six policiers de son escorte. Suite Ă  cette attaque que la police a menĂ© des raids de reprĂ©sailles autour du village de Lalgarh, dans le Jangalmahal. Les atrocitĂ©s policiĂšres, les raids indiscriminĂ©s et les tabassages brutaux se sont multipliĂ©s, principalement Ă  l’égard des femmes. Ce fut la goutte d’eau qui fit dĂ©border le vase.
Les habitants se sont soulevĂ©s en masse, allant beaucoup plus loin que leurs prĂ©dĂ©cesseurs dans d’autres rĂ©gions du pays. En effet, ils dĂ©fiaient la fondation mĂȘme de l’état en contestant le droit de l’état Ă  administrer un peuple duquel il n’était pas prĂȘt Ă  reconnaĂźtre l’humanitĂ©. La violence de masse a Ă©clatĂ© en juin 2009, Ă  Dharampur, suite Ă  une attaque du CPI (Marxist), alors au pouvoir au Bengale occidental, contre un rassemblement dirigĂ© par des femmes. La population s’est soulevĂ©e et a dĂ©truit le palais d’Anuj Pandey, le chef local du CPI (Marxist), tuant ses hommes de main armĂ©s qui terrorisaient la rĂ©gion. Dans ce soulĂšvement de masse, les maoĂŻstes, qui avaient Ă©tĂ© l’épine dorsale organisationnelle du mouvement en raison de leur prĂ©sence de longue date et leur travail organisationnel dans la rĂ©gion, se sont manifestĂ©s. C’est alors que fut dĂ©clenchĂ©e l’OpĂ©ration Lalgarh, Ă  l’initiative du gouvernement Left Front du Bengale occidental, de connivence avec le gouvernement UPA dirigĂ© par le CongrĂšs Ă  Delhi. Ils ont envoyĂ© de maniĂšre conjointe des forces de sĂ©curitĂ© centrales et locales dans la rĂ©gion pour « rĂ©occuper Â» le Jangalmahal. Ces soldats furent rejoints par des miliciens armĂ©s du CPI (Marxist). Comme par hasard, Jangalmahal s’est retrouvĂ© dans le cadre de l’OpĂ©ration Green Hunt (cf notre chapitre suivant) qui avait cours depuis un certain temps dans les rĂ©gions forestiĂšres voisines du centre de l’Inde. La rĂ©occupation de la zone indispensable pour les autoritĂ©s s’explique ainsi: la rĂ©gion du Jangalmahal est voisine des rĂ©gions forestiĂšres du Jharkhand. Or, avec le Chhattisgarh, le Maharashtra et l’Orissa, le Jharkhand est depuis 2008 visĂ© par l’OpĂ©ration Green Hunt et constitue une partie capitale de la zone sous influence maoĂŻste. Comment l’état pourrait-il permettre qu’une rĂ©gion si cruciale soit dĂ©stabilisĂ©e par une zone ‘libĂ©rĂ©e’ de facto? Il Ă©tait donc inĂ©vitable d’écraser le mouvement de Lalgarh.

Jusqu’en 2011, les opĂ©rations des forces de sĂ©curitĂ© se sont poursuivies, faisant toujours plus de victimes parmi les Adivasis et les sympathisants au mouvement. AprĂšs les Ă©lections locales de 2011 et la perte du pouvoir du CPI (Marxist) aprĂšs 34 ans de pouvoir dans l’état, les habitants ont eu une lueur d’espoir. Mamata Banerjee, durant sa campagne, avait promis l’arrĂȘt des opĂ©rations ainsi que la libĂ©ration de tous les prisonniers politiques. La promesse a tenu quinze jours, entre le 15 mai et le 1 juin 2011. Puis, les atrocitĂ©s ont continuĂ©, les rapports de passages Ă  tabac, de villages assiĂ©gĂ©s, de maisons mises Ă  sac et d’arrestations indiscriminĂ©es sont revenus en force. De plus, un renforcement des restrictions contre les activitĂ©s dĂ©mocratiques telles que les meetings et les rassemblements populaires. Durant cette pĂ©riode, des Ă©tudiants appartenant Ă  diverses organisations estudiantines adivasis furent arrĂȘtĂ©s et battus en cellule, les maisons de plusieurs prisonniers politiques furent pillĂ©es, etc. Durant les six mois qui ont suivi les Ă©lections, plus de 300 personnes furent arrĂȘtĂ©es, et le gouvernement a constituĂ© une milice d’autodĂ©fense, la Jan Jagran Manch. Elle a lĂąchĂ© un rĂšgne d’intimidation, forçant les gens Ă  y adhĂ©rer et Ă  faire office d’informateur. Ces personnes sont donc devenues les yeux et les oreilles des forces de l’état.

En juillet 2011, Mamata Banerjee lance un appel Ă  la guĂ©rilla maoĂŻste, demandant son retour dans le courant dominant et le dĂ©pĂŽt des armes. Les dirigeants du parti rĂ©agissent en proposant des pourparlers de paix avec le gouvernement, mettant quelques exigences en avant. Afin que ces pourparlers puissent avoir lieu, les maoĂŻstes exigent le retrait des troupes du Jangalmahal ainsi que la libĂ©ration de plusieurs de leurs dirigeants haut placĂ©s dĂ©tenus dans diverses prisons du Bengale occidental (A noter que leur libĂ©ration faisait partie du programme Ă©lectoral de Mamata Banerjee). Durant plusieurs mois, les deux camps Ă©tablissent des contacts. Les autoritĂ©s rencontrent des prisonniers maoĂŻstes, elles prennent Ă©galement contact avec diverses organisations de soutien Ă  la lutte populaire au Jangalmahal. Mais le 24 novembre, Kishenji, un des dirigeants maoĂŻste Ă  la tĂȘte de la lutte de Lalgarh, est abattu dans une zone forestiĂšre reculĂ©e du Bengale occidental. Les autoritĂ©s affirment qu’il a Ă©tĂ© tuĂ© au cours d’une intense fusillade, ce qui est rapidement mis en cause par le CPI (Maoist) et ses sympathisants. Cet assassinat intervient alors que durant le mois d’octobre, Kishenji Ă©tait entrĂ© en contact avec les dirigeants politiques du Jungalmahal et qu’il oeuvrait Ă  la mise en place d’une trĂȘve avec le gouvernement. En rĂ©action, le CPI (Maoist) a dĂ©clarĂ© bloquer tout processus de nĂ©gociation et a exigĂ© que soit menĂ©e une enquĂȘte indĂ©pendante sur la mort de son dirigeant. Du cĂŽtĂ© des nĂ©gociateurs du gouvernement, le timing de ces assassinat fut longuement dĂ©noncĂ© Ă©galement.
La mort de Kishenji, ainsi que l’arrestation de la plupart des dirigeants rĂ©gionaux du CPI (Maoist) ont entrainĂ© un sĂ©rieux revers pour le parti dans la rĂ©gion. De leur cĂŽtĂ©, les autoritĂ©s se targuent d’une paix revenue. Les Adivasis, quant Ă  eux, ont gardĂ© les acquis de la lutte populaire menĂ©e de front par la population et les maoĂŻste, mais dans le fond, rien n’a changĂ©, le harcĂšlement, la corruption, les manque d’infrastructure et d’intĂ©rĂȘts des autoritĂ©s pour un dĂ©veloppement durable de la rĂ©gion sont toujours de mise. Depuis 2013, le CPI (Maoist) tente de se regrouper dans le Jangalmahal, plusieurs escouades y ont menĂ© diverses actions ces deux derniĂšres annĂ©es.

4. L’OpĂ©ration Green Hunt

A la mi-octobre 2014, les mĂ©dias indiens relataient un nouveau « combat Â» et une « fusillade fĂ©roce Â» dans les zones forestiĂšres du district de Bijarpur, dans le Chhattisgarh. Trois « femmes maoĂŻstes Â» auraient Ă©tĂ© abattues durant l’échange de coups de feu avec les forces de sĂ©curitĂ© composĂ©es de centaines de policiers militarisĂ©s de la CRPF et de la police locale, quant Ă  eux tous indemnes.
Il est toujours dĂ©licat de discerner le vrai du faux dans ce genre de reportage, mais ce nouvel ‘incident’ rappelle les horreurs des « combats Â» factices de villageois adivasis de Sarkeguda en 2012 et de Ekakmetta en 2013 dans le mĂȘme district de Bijapur. Ces massacres aussi avaient Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ© comme des « fusillades intenses avec les Naxalites Â». Et les mĂ©dias avaient alors rĂ©pĂ©tĂ© ces informations. MalgrĂ© les tentatives dĂ©sespĂ©rĂ©es de la police, de la CRPF et du ministĂšre de l’IntĂ©rieur pour colmater les fuites, il fut vite Ă©vident que durant cette soirĂ©e du 28 juin 2012, plus de 600 membres de la CRPF, de la force spĂ©ciale anti-guĂ©rilla CoBRA et de la police locale avaient encerclĂ© le hameau de Sarkeguda et avaient ouvert le feu de maniĂšre indiscriminĂ©e sur des centaines d’Adivasis des villages voisins qui s’étaient rĂ©unis pour discuter des prĂ©paratifs leur festival annuel des semences. Le ministre de l’IntĂ©rieur de l’époque, P. Chidambaram avaient alors prĂ©tendu que ses hommes avaient pourchassĂ© des « maoĂŻstes dĂ©terminĂ©s Â», mais du propre aveux du ministre des Affaires Tribales, parmi la vingtaine de personnes abattues figuraient au moins dix adolescents; un enfant griĂšvement blessĂ© n’avait pas quatre ans; ils n’avaient pas d’armes; et aucun n’avait de casier criminel.
Un massacre semblable a eu lieu un an plus tard dans le village de Edakmetta, dans le mĂȘme district de Bijapur. Le 20 mai 2013, au milieu de la nuit, les forces de sĂ©curitĂ© ont encerclĂ© des villageois rassemblĂ©s pour cĂ©lĂ©brer le festival des semences et une volĂ©e de balles furent tirĂ©es Ă  leur encontre, tuant huit villageois dont trois enfants, tous non armĂ©s.
Telle est l’histoire des brutalitĂ©s et « combats Â» factices au cours des cinq derniĂšres annĂ©es de guerre contre le peuple menĂ©e par le gouvernement au nom de l’OpĂ©ration Green Hunt. Le terme « OpĂ©ration Green Hunt Â» fut créé par les mĂ©dias indiens pour dĂ©crire l’offensive totale dĂ©clenchĂ©e contre les maoĂŻstes en 2009 dans le Chhattisgarh. Celui-ci fut rapidement repris pour qualifier toutes les opĂ©rations menĂ©es Ă  travers le pays contre l’insurrection maoĂŻste.

Les cinq Ă©tats essentiellement visĂ©s par Green Hunt sont principalement habitĂ©s par des tribaux et particuliĂšrement riches en ressources naturelles. Ces derniĂšres annĂ©es, le gouvernement indien a signĂ© des centaines de protocoles d’accord avec de grosses sociĂ©tĂ©s indiennes telles que Tata, Birlas, Ambani, Mittal mais aussi des multinationale afin de permettre le pillage de ces ressources. Et les tribaux, habitants ancestraux des terres sous lesquelles se trouvent ces ressources, sont dĂ©terminĂ©s Ă  dĂ©fendre leur moyen d’existence, leur vie et leur dignitĂ© contre le modĂšle de destruction et de dĂ©placement mis en place par le gouvernement au nom du progrĂšs et du dĂ©veloppement.
DĂšs lors, les autoritĂ©s qui se sont engagĂ©es vis Ă  vis de ces grands groupes capitalistes, sont dĂ©terminĂ©es Ă  rĂ©primer tout mouvement de rĂ©sistance visant Ă  empĂȘcher la construction d’usine, l’érection de grands barrages ou l’extraction industrielle dans les collines. Et la rĂ©sistance des tribaux est organisĂ©e et armĂ©e par les maoĂŻstes Cette guerre contre le peuple a donc Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e pour faciliter la vente de ressources naturelles pour des milliards de dollars.
Et les autoritĂ©s se sont donnĂ© les moyens. En 2009, au moment du lancement de l’OpĂ©ration Green Hunt, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de dĂ©ployer 80.000 membres des forces paramilitaires dans l’offensive contre les maoĂŻstes. Ceux-ci Ă©taient soutenus par 10 hĂ©licoptĂšres armĂ©s de l’Indian Air Force. A la mi-2012, selon certaines sources, plus de 100.000 soldats issus de la CRPF, de la Border Security Force, de l’Indo-Tibetan Border Police et des forces CoBRA Ă©taient mobilisĂ©s dans les opĂ©rations anti-maoĂŻstes. Le 3 janvier 2013, le gouvernement autorisait le dĂ©ploiement de 10.000 hommes supplĂ©mentaires dans le Bastar, l’Odisha et certaines rĂ©gions du Jharkhand. En mai 2013, prĂšs de 84.000 hommes de la CRPF avaient Ă©tĂ© positionnĂ©s dans les Ă©tats touchĂ©s par la guĂ©rilla maoĂŻste pour renforcer l’offensive. En mars 2014, le chiffre de 286.200 hommes de la CRPF et de 100.000 hommes d’autres forces paramilitaires engagĂ©s dans 10 Ă©tats du pays Ă©tait avancĂ© par diverses organisations. Le 8 juin 2014, le ministre de l’IntĂ©rieur approuvait le dĂ©ploiement de 10.000 paramilitaires supplĂ©mentaire rien que pour l’état du Chhattisgarh. En aoĂ»t 2014, 2000 hommes des Nagaland’s Indian Reserve Battalions Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©s dans le Bastar, faisant de la rĂ©gion la zone la plus militarisĂ©e de l’Inde. Les autoritĂ©s ont dĂ©ployĂ© des drones pour les opĂ©rations anti-maoĂŻstes dans le Bihar, le Chhattisgarh et le Jharkhand. Insatisfaites par la qualitĂ© des rĂ©sultats, la Defence Research and Development Organisation a pris l’initiative de dĂ©velopper des drones disposant de radars de plus basse frĂ©quence pour faciliter la traquer des guĂ©rilleros dans les jungles. L’Inde a Ă©galement rĂ©cemment importĂ© douze drones en provenance d’IsraĂ«l pour la surveillance aĂ©rienne des activitĂ©s maoĂŻstes dans les rĂ©gions forestiĂšres et peu accessibles Ă  la frontiĂšre entre l’Andhra Pradesh, l’Orissa et le Chhattisgarh.

Cinq annĂ©es aprĂšs le dĂ©but de cette vaste offensive, les bĂ©nĂ©ficiaires restent les mĂȘme. Et le gouvernement continue Ă  soutenir ses forces de sĂ©curitĂ© bec et ongles, malgrĂ© toutes les enquĂȘtes et contre-enquĂȘtes en marge de chaque « combat Â» meurtrier. AprĂšs le ‘combat’ factice de Sarkeguda, le ministre de l’IntĂ©rieur Chidambaram a dĂ©clarĂ© « Le combat, pour je ne sais quelles raisons, est qualifiĂ© de combat factice. Le directeur de la CRPF a dit qu’il n’avait rien Ă  cacher, rien Ă  craindre. Je suis le ministre de l’IntĂ©rieur, et la CRPF est sous mes ordres. Nous avons Ă©tĂ© parfaitement sincĂšres, francs et honnĂȘte Â». Quelques mois plus tard, Rajnath Singh est allĂ© un pas plus loin disant que durant son mandat en tant que ministre en chef de l’Uttar Pradesh, il donnait carte blanche aux policiers pour gĂ©rer les maoĂŻstes et il leur a assurĂ© qu’ils ne seraient pas « embĂȘtĂ©s Â» par la Commission pour les Droits de l’Homme. Avec ces dĂ©clarations, il prĂ©pare ouvertement le terrain pour d’autres « combats Â» factices, pour d’autres massacres, pillages, viols, tortures par les forces de sĂ©curitĂ© qui disposent du soutien total du gouvernement.

4. Quelques prisonniers célÚbres

Chhatradhar Mahato, prĂ©sident et membre fondateur du People’s Committee Against Police Atrocities, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le 26 septembre 2009 dans une opĂ©ration menĂ©e par la police du Bengale occidental dans le village de Birkar, Ă  proximitĂ© de Lalgarh. Cette arrestation s’est dĂ©roulĂ©e en violation des lois indiennes, l’homme ayant Ă©tĂ© interpellĂ© par des policiers dĂ©guisĂ©s en journalistes et dĂ©pourvus de mandat d’arrĂȘt. Chhatradhar Mahato, militant pour la dĂ©fense des Adivasis, a créé le PCAPA en novembre 2008 suite Ă  l’attaque de Salboni. A la tĂȘte de ce mouvement populaire, Mahato, qui n’est pas lui-mĂȘme issu d’une population tribale, entendait lutter contre les violence de la police et des paramilitaires Ă  l’encontre de la population principalement aborigĂšne de la rĂ©gion. DĂšs sa crĂ©ation, l’organisation fut cataloguĂ©e par les autoritĂ©s comme Ă©tant une organisation de front de la guĂ©rilla maoĂŻste, entraĂźnant une rĂ©pression de ses membres et de toutes ses actions. L’arrestation de son dirigeant est utilisĂ©e par les autoritĂ©s pour terroriser tous ceux qui tentent de soutenir le mouvement des peuples minoritaires dans le Lalgarh, en allĂ©guant qu’il sympathisent avec la guĂ©rilla maoĂŻste. Depuis 2009, Mahato a Ă©tĂ© inculpĂ© dans 38 affaires distinctes, toutes en vertu du Unlawful Activities Prevention Act. Cette lĂ©gislation anti-terroriste laisse les mains totalement au gouvernement pour arrĂȘter arbitrairement et de placer en dĂ©tention des personnes sans que ne soient clairement dĂ©finies les infractions qui leur sont attribuĂ©es. Depuis, il s’est vu accordĂ© une mise en libĂ©ration sous caution pour 37 d’entre elles, mais reste incarcĂ©rĂ© pour la derniĂšre, qui a Ă©tĂ© entamĂ©e peu aprĂšs qu’il ait Ă©tĂ© acquittĂ© dans la 37e. Celle-ci concerne le meurtre de deux policiers Ă  Purulia. La stratĂ©gie mise en place par le gouvernement pour maintenir les prisonniers politiques en dĂ©tention est assez claire, et de toute Ă©vidence illĂ©gale, non-dĂ©mocratique et vindicative. DĂšs qu’un prisonnier se voit libĂ©rĂ© (mĂȘme sous caution) dans le cadre d’une affaire, il se voit impliquĂ© dans une autre par les autoritĂ©s. De cette maniĂšre, le gouvernement maintient continuellement ces militants en prison, gĂ©nĂ©ralement sous de fausses allĂ©gations. Dans le cadre de l’affaire du meurtre de Purulia, Ă  la mi-fĂ©vrier 2015, la dĂ©fense de Mahato a annoncĂ© qu’il devrait cette fois encore ĂȘtre acquittĂ©. Finalement, le juge s’est prononcĂ© en mai 2015, et Mahalo, ainsi que cinq autres personnes, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ©. Ses avocats ont immĂ©diatement fait appel.

Kobad Ghandy est issu d’une famille aisĂ©e, son pĂšre Ă©tant le directeur financier du gĂ©ant pharmaceutique Glaxo. AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© dans les plus grands collĂšges de Mumbia, il est allĂ© suivre des cours de comptabilitĂ© Ă  Londres. C’est lĂ  qu’il se confronte pour la premiĂšre fois Ă  la politique, purgeant mĂȘme une peine de deux mois de prison aprĂšs s’ĂȘtre retrouvĂ© dans une vague de violence en marge d’un meeting anti-racisme. De retour Ă  Mumbai, il s’engage dans divers mouvements estudiantins populaires avant de se rapprocher des naxalites. A la fin des annĂ©es 1970, il fonde le Committee for the Protection of Democratic Rights avant d’entrer dans la clandestinitĂ© au milieu des annĂ©es 1980. Membre du ComitĂ© Central du CPI(Maoist) et de son Politburo, Kobad Ghandy est notamment en charge de certaines publications du parti. Il fut arrĂȘtĂ© Ă  Delhi le 20 septembre 2009 alors qu’il Ă©tait en ville pour suivre un traitement mĂ©dical. Les autoritĂ©s l’accusent, entre autre, d’avoir Ă©tĂ© dĂ©pĂȘchĂ© par le parti dans la capitale afin de mener des activitĂ©s de propagande et de recrutement dans le milieu urbain. AprĂšs 14 jours de dĂ©tention provisoire, durant lesquels il a Ă©tĂ© interrogĂ© et torturĂ©, Ghandy a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  la Tihar Jail de Delhi, oĂč il se trouve toujours dĂ©tenu en 2015. Souffrant d’un cancer, ainsi que de diverses affections, il est rĂ©guliĂšrement transfĂ©rĂ© d’un quartier Ă  l’autre, passant du quartier Ă  haut risque Ă  celui rĂ©servĂ© aux personnes ĂągĂ©es au grĂ© de la volontĂ© des autoritĂ©s pĂ©nitentiaires. Depuis sa cellule, Ghandy continue sa lutte, produisant rĂ©guliĂšrement des Ă©crits publiĂ©s par de multiples journaux et participant Ă  toutes les actions et autres grĂšves de la faim organisĂ©es par les prisonniers maoĂŻstes. Poursuivi en vertu du Unlawful Activities Prevention Act, les autoritĂ©s l’accusent d’avoir propagĂ© et dissĂ©minĂ© l’idĂ©ologie maoĂŻste Ă  Delhi et d’avoir oeuvrĂ© Ă  la crĂ©ation d’un rĂ©seau urbain du parti. Son procĂšs a dĂ©but en septembre 2012 et est toujours en cours Ă  la mi-2015, alors que la santĂ© du prisonnier se dĂ©grade et qu’il ne reçoit toujours que des soins sporadiques.

Binayak Sen est un cas emblĂ©matique de l’histoire militante indienne. Il s’agit d’un cas cĂ©lĂšbre, dĂ©fendu par toutes les grandes organisations humanistes bourgeoises telles qu’Amnesty, parce que visiblement sans aucun lien avec l’insurrection maoĂŻste. MĂ©decin, Sen s’employait Ă  rendre accessibles les soins mĂ©dicaux aux populations reculĂ©es des jungles dans le centre du pays. Vice-prĂ©sident du People’s Union for Civil Liberties, il dĂ©nonçait rĂ©guliĂšrement les violences commises par les milices Ă  la solde du gouvernement et les paramilitaires Ă  l’encontre des populations aborigĂšnes sous prĂ©texte de la lutte contre les maoĂŻstes. Son simple engagement humanitaire a suffi aux autoritĂ©s pour l’arrĂȘter le 14 mai 2007 pour violation du Chhattisgarh Special Public Security Act et du Unlawful Activities Prevention Act. Il est accusĂ© d’avoir soutenu et encouragĂ© la violence maoĂŻste. En vertu de ces lois anti-terroristes permettant au gouvernement de le maintenir en dĂ©tention, Binayak Sen restera enfermĂ© durant sept mois sans inculpation. En mars 2008, il passe plusieurs semaines Ă  l’isolement, pour sa propre sĂ©curitĂ©, selon les autoritĂ©s pĂ©nitentiaires. Le 25 mai 2009, Sen est libĂ©rĂ© sous caution principalement pour des raisons de santĂ©, mais probablement aussi en raison de l’intense mobilisation internationale. Depuis, il est toujours dans l’attente d’un Ă©ventuel procĂšs. Lors de la condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ© de plusieurs de ses co-accusĂ©s dans le cadre d’autres affaires en 2010, le gouvernement a rĂ©voquĂ© sa libĂ©ration conditionnelle et Binayak Sen a Ă©tĂ© rĂ©incarcĂ©rĂ©. Mais il fut une nouvelle fois libĂ©rĂ©. La persĂ©cution d’un humaniste bourgeois aussi notoirement inoffensif que le docteur Sen en dit long sur la fĂ©rocitĂ© de la politique de rĂ©pression du gouvernement indien.

La torture en Inde

PubliĂ©e chaque annĂ©e par le Asian Center for Human Rights (ACHR), une organisation dĂ©mocratique-bourgeoise de dĂ©fense des Droits de l’Homme basĂ© Ă  New Delhi, l’étude consacrĂ©e Ă  la torture en Inde est accablante. Du 1er avril 2001 au 31 mars 2009, 1.184 personnes sont morte alors qu’elles Ă©taient aux mains de la police – et ceci est le chiffre officiel de la National Human Rights Commission. La plupart de ces morts ont eu lieu dans les premiĂšres 48 heures de la dĂ©tention, et une majoritĂ© Ă©crasante a succombĂ© suite Ă  des sĂ©vices corporels. Un nombre Ă©quivalent de personnes serait quotidiennement torturĂ© Ă  mort par l’armĂ©e et les paramilitaires dans les zones insurgĂ©es du pays, oĂč des lĂ©gislations spĂ©ciales donnent quasiment les pleins pouvoirs aux soldats. ‘Des centaines sont tuĂ©s, des dizaines obtiennent une compensation financiĂšre, mais seuls trois Ă  quatre policiers sont condamnĂ©s chaque annĂ©e‘, rĂ©sume le directeur de l’ONG. A cela s’ajoute les sĂ©vices commis par les milices des grands propriĂ©taires. La pratique de la torture au service du ‘maintien de l’ordre’ est gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  travers le pays.

Il s’agit d’un systĂšme institutionnalisĂ©. Seule une poignĂ©e de policiers ont Ă©tĂ© condamnĂ©s ces derniĂšres annĂ©es. Le ministre de l’IntĂ©rieur attribue ces milliers de morts en garde Ă  vue ‘à la maladie, Ă  des accidents, Ă  des tentatives d’évasion ou Ă  des suicides‘. Les textes de lois indiens ne reconnaissent d’ailleurs pas la torture comme un crime Ă  part entiĂšre. Les agents des forces de l’ordre sont de plus soumis Ă  un rĂ©gime juridique spĂ©cial qui leur assure une relative impunitĂ© puisque c’est au pouvoir exĂ©cutif que revient la dĂ©cision de poursuivre ou non un officier en justice. Et lorsqu’une affaire est effectivement portĂ©e devant un tribunal, les dĂ©lais sont aberrants: il faut entre 25 et 30 ans pour aboutir Ă  un procĂšs contre un policier responsable, ce qui nourri la culture de l’impunitĂ©. Tentant de renvoyer les belligĂ©rants dos-Ă -dos, le rapport de la ACHR rapporte Ă©galement cinq cas de sĂ©vices corporels commis par les naxalites en 2008: quatre contre des indicateurs de police, un contre un dĂ©serteur de la guĂ©rilla.

Un organisme national de dĂ©fense des Droits de l’Homme Ă  Ă©tĂ© mis en place en 1993. Mais la National Human Rights Commission (NHRC) prĂ©fĂšre dĂ©dommager les victimes plutĂŽt que de les encourager Ă  porter plainte. Cet organisme vise finalement Ă  dĂ©douaner l’état de la gĂ©nĂ©ralisation de la torture et Ă  Ă©clipser l’ampleur du problĂšme. Le gouvernement indien n’a d’ailleurs toujours pas ratifiĂ© la convention de l’ONU contre la torture, pourtant signĂ©e en 1997.

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Un témoignage

Linga est un jeune homme d’une famille aisĂ©e de la tribu Muriya, de Sameli, village du Dantewada. Comme chaque membre de tribu sur sa terre, la police l’a sommĂ© de choisir: servir l’Etat ou ĂȘtre considĂ©rĂ© comme naxalite. Un gouvernement paranoĂŻaque exige d’avoir chaque membre de tribu de son cĂŽtĂ©, comme informateurs, comme guide durant leurs opĂ©rations dans la jungle, comme auxiliaires de police spĂ©ciale
 Ceux d’entre eux qui sont tuĂ©s dans un engagement sont finalement toujours comptĂ©s comme des naxalites morts. Dans cette lutte, le mĂȘme mot ne signifie pas la mĂȘme chose pour tout le monde.

Dans la matinĂ©e du 31 aoĂ»t, Linga est enlevĂ© de chez lui, Ă  Sameli, par des policiers en civil, mais armĂ©s. Les policiers l’ont emmenĂ© dans le camp de la Force Centrale de RĂ©serve de la Police sur le chemin du commissariat de Dantewada. A Dantewada, il est amenĂ© dans le bureau du commissaire Amresh Mishra. ‘Il m’a fait asseoir par terre et m’a frappĂ©. Il m’a demandĂ© si j’étais le fils d’un naxalite. J’ai rĂ©pondu que j’étais fils de fermier, que mon pĂšre avait Ă©tĂ© membre du conseil du village. Ensuite, ils m’ont enfermĂ© dans une piĂšce minuscule. Je devais chier, uriner et manger dans cette piĂšce
 il y avait un autre garçon avec moi. Il Ă©tait lĂ  depuis un mois. On nous autorisait Ă  nous laver moins d’une fois par semaine. Ils nous torturaient constamment. Si tu ne nous aide pas, nous dirons que tu es naxalite et nous te tuerons.‘

Quand on lui demande pourquoi les policiers l’appelaient naxalite, si les naxalites venaient dans son village, s’il en avait rencontrĂ©. Il rĂ©pond: ‘Les naxalites ont des armes, quand ils viennent dans ton village, tu dois les rencontrer. Mais ce n’est pas un crime de se contenter de les Ă©couter. La police aussi a des armes, quand ils nous veulent, nous devons y aller aussi. La diffĂ©rence, c’est que les naxalites ne nous frappent pas, mais la police n’épargne personne.‘

Durant la dĂ©tention de Linga, son frĂšre a introduit un habeas corpus Ă  la Haute Cour de Bilaspur. Le commissariat de police de Dantewada a reçu un avis de la Haute Cour. Cela a obligĂ© la police Ă  modifier sa stratĂ©gie. Linga affirme: ‘mes cheveux Ă©taient devenus trĂšs longs
 j’avais une barbe
 j’étais sale
 pas lavé  ils m’ont donnĂ© du savon, de l’eau, des vĂȘtements
 m’ont emmenĂ© Ă  Bilaspur, m’ont fait errer dans tous les marchĂ©s. Les policiers me suivaient Ă  distance. Si j’avais essayĂ© de m’échapper, ils m’auraient abattu.‘ Un Linga bien habillĂ©, bien nourri et rasĂ© de prĂšs errant sur les places des marchĂ©s avec des officiers de la police spĂ©ciale, cela sĂšmerait le doute dans les esprits naxalites. Ils se demanderaient s’il a rejoint la police, ou s’il est devenu leur informateur. Cela pourrait provoquer de brutales reprĂ©sailles. Et c’est en effet exactement ce que la police souhaitait, afin de fermer toutes les portes de sortie Ă  Linga.

Bien qu’il ai Ă©tĂ© torturĂ© durant toute sa garde Ă  vue, Linga a affirmĂ© au tribunal qu’il ne l’avait pas Ă©tĂ©. Le tribunal ordonne Ă  la police de le relĂącher. Il est restĂ© en dĂ©tention illĂ©gale du 31 aoĂ»t au 6 octobre. On lui a demandĂ© pourquoi il avait menti au tribunal. ‘J’avais peur pour ma vie. Je n’ai jamais su si je m’en sortirais vivant.‘ Durant sa garde Ă  vue, Linga a donc acceptĂ© le deal de la police: il ne parlerait pas des tortures et en retour, la police n’insisterait pas pour qu’il devienne officier de la police spĂ©ciale et le laisserait partir. Il savait qu’il n’était pas en sĂ©curitĂ© en garde Ă  vue. Il savait qu’il n’était pas non plus en sĂ©curitĂ© Ă  l’extĂ©rieur. Il n’y avait aucune charge, aucune affaire, pas de preuve, pas encore
 Il pense que la police de Dantewada va essayer de se venger. Mais que s’il survit, et qu’il n’obtient pas justice, il deviendra naxalite. La famille de Linga est riche et pourrait faire une dĂ©marche au tribunal de Bilaspur.

Pour en savoir plus

En Inde, expansion de la guérilla naxalite, un article de Cédric Gouverneur, Le Monde Diplomatique, décembre 2007

Entretien avec Ganapathy, secrétaire général du CPI(Maoist) en février 2010

CommuniquĂ© du 1er septembre 2014 Ă  l’occasion du dixiĂšme anniversaire du CPI(Maoist)

Dans le sillage de Naxalbari retrace la grande insurrection maoĂŻste en Inde de sa naissance en 1967 jusqu’à son effroyable rĂ©pression au dĂ©but des annĂ©es ’70. Sumanta Banerjee en dĂ©taille et contextualise les Ă©pisodes, avec un remarquable mĂ©lange de proximitĂ© et de distance. ProximitĂ©, parce que l’auteur a Ă©tĂ© directement impliquĂ© dans les Ă©vĂ©nements ; distance, parce que ce livre a Ă©tĂ© Ă©crit puis réécrit avec le recul nĂ©cessaire. Il en rĂ©sulte un ouvrage riche de sources et d’expĂ©riences directes mais aussi de documents officiels rendus accessible ultĂ©rieurement, Ă  la fois rigoureux et empathique, qui apporte le meilleur Ă©clairage sur cet Ă©pisode majeur de l’histoire de l’Inde. Cette parution (Ă©ditions Academia, traduction de J. Adarshini) est d’autant mieux venue que les hĂ©ritiers des Naxalites d’aujourd’hui une lutte armĂ©e au coeur de l’Inde d’une telle ampleur que le Premier ministre indien a qualifiĂ© cette nouvelle insurrection comme « la plus grande des menaces » pour la sĂ©curitĂ© nationale.

Pour davantage d’information: www.jadarshini.be

Tag naxalite
Charu Mazumdar
Carte des zones occupées par la guérilla en 2015
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Victime de la torture
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28/07/2005

Présentation

Le Secours Rouge est la section belge du Secours Rouge International. Il est aussi le front anti-rĂ©pression de l’organisation Classe contre Classe.

Le Secours Rouge entend développer la solidarité et promouvoir la résistance face à toutes les formes de répression de classe, celles qui concernent les prisonniers révolutionnaires comme celles qui concernent les pratiques de lutte des classes (grÚves, occupations, etc.), de luttes militantes (affichages, manifestations, etc.) ou pour faits de solidarité internationaliste (avec les sans-papiers, avec les peuples en lutte, etc.)

L’activitĂ© du Secours Rouge n’est pas de nature humanitaire ni caritative, mais politique. Elle fait partie intĂ©grante d’un mouvement unique anticapitaliste, anti-impĂ©rialiste, antifasciste, visant Ă  renverser ce systĂšme d’exploitation et d’oppression.

Dans cette optique, le Secours Rouge travaille sur deux axes principaux:
1° Il soutient les prisonniers communistes, anarchistes, syndicalistes et antifascistes de toutes les maniĂšres pratiques et politiques. Il affirme que la solidaritĂ© envers les prisonniers doit ĂȘtre le lieu oĂč les fractures et divergences politiques, idĂ©ologiques et organisationnelles doivent ĂȘtre les moins influentes. Il y a un devoir d’unitĂ© autour des prisonniers et face Ă  la rĂ©pression.
2° Il s’emploie Ă  amĂ©liorer les capacitĂ© de rĂ©sistance des forces militantes et syndicales face Ă  la rĂ©pression par l’analyse des nouvelles lois, mĂ©thodes, organisations et technologies des forces rĂ©pressives, par la promotion des mĂ©thodes et techniques d’autodĂ©fense (formation au cryptage des communications, promotion des attitudes salvatrices lors des arrestations et des interrogatoires, etc.)

Le Secours Rouge est l’hĂ©ritier de l’Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes (APAPC), qui s’était constituĂ©e en dĂ©cembre 1985 en soutien aux prisonniers des CCC, en ce sens que l’APAPC s’est dissoute en dĂ©cembre 2000 dans le Secours Rouge. En novembre 2020 a Ă©tĂ© fondĂ©e, en grande partie sur base de l’expĂ©rience du Secours Rouge, l’organisation Classe Contre Classe. Le Secours Rouge s’y est incorporĂ© et y poursuit, dans son cadre, son travail anti-rĂ©pression.

Présentation

28/07/2005

Plateforme

Plate-Forme du Secours Rouge (adoptée mai 2001, modifiée en juin 2008 et en décembre 2018)

1° Le Secours Rouge s’est constituĂ© dans le cadre strict de la Plate-forme du Secours Rouge International (SRI). La prĂ©sente plate-forme n’entend aucunement restreindre, Ă©largir ou modifier d’une maniĂšre ou d’une autre le cadre de la plate-forme internationale. Elle entend simplement spĂ©cifier les conditions particuliĂšres de naissance et de travail du Secours Rouge en Belgique.

2° Le Secours Rouge se constitue comme section belge du SRI. Cependant, il ne prĂ©tend pas Ă  ĂȘtre le seul comitĂ© susceptible de faire partie de la dynamique du SRI en Belgique. Ainsi, il s’emploiera Ă  rassembler les forces militantes dans le cadre de la plate-forme du SRI, mais admettra sans difficultĂ© l’éventualitĂ© de la constitution de comitĂ©s membres du SRI, en Belgique, distinct de lui.

3° Le Secours Rouge entend développer la solidarité révolutionnaire et prolétarienne face à toutes les formes de répression des luttes de libération (anticapitalistes, antiracistes, anti-patriarcales, antifascistes, anti-impérialistes). Ses activités se mÚnent sur trois fronts:
– La lutte politique et matĂ©rielle contre la rĂ©pression en Belgique tant en ce qui concerne les militants et prisonniers rĂ©volutionnaires qu’en ce qui concerne la rĂ©pression pour faits de lutte des classes ou pour faits de solidaritĂ© internationale.
– L’augmentation des capacitĂ©s de rĂ©sistance Ă  la rĂ©pression des mouvements de lutte, notamment par la propagation de techniques de contre-surveillance.
– La participation aux campagnes du SRI en Belgique et ailleurs.

4° Les formes de soutien que le Secours Rouge entend apporter aux militant/es confrontés à la répression bourgeoise sont principalement :
– L’organisation de manifestations et de confĂ©rences.
– La diffusion d’informations sur leur situation.
– L’aide financiĂšre et matĂ©rielle.
– L’appel Ă  la solidaritĂ© internationale via le SRI.
– Participer aux campagnes de solidaritĂ© organisĂ©es par d’autres forces.

5° Le Secours Rouge pourra s’engager dans des campagnes internationales autres que celles organisĂ©es par le SRI, dans la mesure oĂč elles sont conformes aux principes exposĂ©s dans la plate-forme du SRI.

6° Le Secours Rouge est l’hĂ©ritier organisationnel direct l’Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes (1985-2000) et hĂ©ritier politique de la « Plate-forme du 19 juin 1999 Â» des prisonnier/es rĂ©volutionnaires, communistes, anarchistes, antifascistes, anti-impĂ©rialistes.

Cadre historique – Les mouvements de lutte des annĂ©es ’60 en RFA

Vers le milieu des annĂ©es 1960, les mouvements de lutte de la jeunesse Ă©tudiante et prolĂ©tarienne se dĂ©veloppĂšrent en Allemagne comme partout. En dĂ©cembre 1966, c’est le dĂ©but de la fin du ‘miracle Ă©conomique allemand’, ce grand boom Ă©conomique qui suivit la reconstruction de l’aprĂšs-guerre, (il y aura carrĂ©ment rĂ©cession en 1967). Les deux principaux partis politiques bourgeois (sociaux-dĂ©mocrates du SPD et dĂ©mocrates chrĂ©tiens de la CDU et de la CSU, qui totalisent 90% des siĂšges au parlement) forment la ‘grande coalition’ qui verrouille totalement la vie politique. De la contestation des Ă©tudiants socialistes du SDS, conduit par Rudi Dutschke, Ă©merge l’Opposition Extra Parlementaire (APO). Les mobilisations de masse contre la guerre impĂ©rialiste US au Vietnam ne cessent de gagner en puissance, mais c’est lors d’une manifestation contre la visite du Chah d’Iran, dictateur sanglant, marionnette des USA, qu’un jeune manifestant, Benno Ohnesorg est tuĂ© par un policier le 2 juin 1967. Les manifestations qui s’ensuivront marquent la vĂ©ritable naissance de l’APO.

11 avril 1968 – Mort de Rudi Dutschke, premiĂšre action de guĂ©rilla urbaine

PĂąques 1968: des dizaines de milliers de manifestants, ainsi que des dĂ©lĂ©gations de nombreux pays se rĂ©unissent Ă  Berlin-Ouest pour un grand congrĂšs contre la guerre du ViĂȘt-Nam et pour la rĂ©volution mondiale. Le 2 avril, des bombes incendiaires explosent dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort. Deux jours plus tard Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnlein sont arrĂȘtĂ©s. Au cours de leur procĂšs, ils dĂ©clareront avoir provoquĂ© l’incendie pour protester contre l’indiffĂ©rence vis-Ă -vis du gĂ©nocide au ViĂȘt-Nam. Ulrike Meinhof, rĂ©dactrice en chef de la cĂ©lĂšbre revue de gauche Konkret, prend leur dĂ©fense.

Le 11 avril 1968, un fasciste tire trois balles dans la tĂȘte de Rudi Dutschke. C’est le rĂ©sultat d’une campagne de presse hystĂ©rique de la presse du magnat Springer. Dans toute la R.F.A., les universitĂ©s sont occupĂ©es, et le bilan des manifestations est lourd: un millier d’arrestations, des centaines de blessĂ©s, deux morts. Le 15 mai, le parlement approuve les lois d’urgence qui donneront au gouvernement des pouvoirs extraordinaires ‘en cas de guerre et de tension interne‘.

Octobre 1968 – Premier procùs

Le 31 octobre 1968, le tribunal de Francfort condamne les quatre auteurs de l’incendie de Francfort Ă  trois ans de prison ferme, la plus forte prononcĂ©e jusqu’alors en RFA pour un acte politique. Le 13 juin 1969, ils bĂ©nĂ©ficient de la libertĂ© provisoire mais, risquant une nouvelle incarcĂ©ration, Baader, Ennslin et Proll se rĂ©fugient Ă  Paris.

14 mai 1970 – Naissance de la RAF, libĂ©ration d’Andreas Baader

En aoĂ»t 1969, le SDS s’auto dissout, et en septembre survient une vague sans prĂ©cĂ©dent de grĂšves sauvages.

Le groupe revient en R.F.A. mais le 4 avril 70, Andreas Baader est arrĂȘtĂ© Ă  Berlin-Ouest au cours d’un contrĂŽle de routine. Le 14 mai, il est libĂ©rĂ© par un commando armĂ© (un fonctionnaire est blessĂ© dans l’action): c’est la naissance officielle de la RAF qui Ă©crit Ă  la revue 883 un texte intitulĂ© Construire l’armĂ©e rouge oĂč l’on peut lire: ‘camarades du 883, cela n’a pas de sens que de vouloir expliquer ce qui est juste aux mauvaises personnes. Nous l’avons dĂ©jĂ  fait assez longtemps comme cela. L’action de libĂ©ration d’Andreas Baader, nous n’avons pas Ă  l’expliquer aux radoteurs intellectuels, aux peureux, Ă  ceux qui savent tout, mais Ă  la partie potentiellement rĂ©volutionnaire du peuple.‘ La RAF se rĂ©fĂšre aux familles nombreuses, aux jeunes travailleurs et apprentis
 tous ceux qui ne sont pas touchĂ©s par la consommation, les crĂ©dits, les contrats logements. L’action est annoncĂ©e mais comme la premiĂšre action d’un nouveau type en R.F.A., et le texte se conclu par ces mots d’ordre: ‘dĂ©velopper les luttes de classe, organiser le prolĂ©tariat, commencer avec la rĂ©sistance armĂ©e Ă  construire l’armĂ©e rouge!‘.

Construire l’armĂ©e rouge (lien1)

Construire l’armĂ©e rouge (lien2)

Construire l’armĂ©e rouge – format pdf

Die Rote Armee aufbauen! (texte original en allemand)

Juin-aoĂ»t 1970 – Le passage dans les camps palestiniens

De juin à août 1970, plusieurs militants de la RAF (Horst Mahler, Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Ulrike Meinhof, Peter Homann et Brigitte Asdonk) séjournent dans un camp palestinien en Jordanie. Ils y mÚnent des discussions avec des représentants de la gauche révolutionnaire palestinienne et acquiÚrent une formation à la guérilla.

Fin 1970-DĂ©but 1971 – OpĂ©rations logistiques et financiĂšres, premiĂšres arrestations

La RAF rĂ©ussit ensuite une sĂ©rie d’opĂ©rations financiĂšres et logistiques: attaque de trois banques Ă  Berlin-Ouest le mĂȘme jour (le 29 septembre 1970); effraction nocturne avec saisie de tampons officiels et des passeports dans la mairie de Neustadt (16 novembre) et Ă  Lang-Gons (21 novembre); attaque d’une banque Ă  Kaiserlautern (22 dĂ©cembre, un policier est tuĂ© dans l’opĂ©ration); attaque de deux caisses d’épargne Ă  Kassel (15 janvier 1971). Fin 1970 – dĂ©but 1971, la police arrĂȘte Horst Mahler, Ingrid Schubert, Monika Berberich, Brigitte Asdonk, Irene Goergens, Astrid Proll, Hans-JĂŒrgen BĂ€cker et Margrit Schiller.

Avril 1971 – ‘Conception de la guĂ©rilla urbaine’

En avril 1971, la RAF rend public un remarquable texte manifeste intitulé Conception de la guérilla urbaine.

‘La peur a traversĂ© le dos des dominants, qui pensaient dĂ©jĂ  avoir tout en main, cet Etat et tous ses habitants et classes et contradictions, et rĂ©duit les intellectuels Ă  leurs revues, enfermĂ© les gauchistes dans leurs cercles, dĂ©sarmĂ© le marxisme-lĂ©ninisme. La structure de pouvoir qu’ils reprĂ©sentent n’est pourtant pas aussi vulnĂ©rable que leur effarouchement peut nous le laisser penser. Leurs vocifĂ©rations ne doivent permettre de nous surestimer. Nous affirmons que l’organisation de groupes armĂ©s de rĂ©sistance est actuellement juste, possible et justifiĂ©e en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Ă  Berlin-Ouest, qu’il est juste, possible et justifiĂ© de mener id est maintenant la guĂ©rilla urbaine. Que la lutte armĂ©e comme ‘plus haute forme du marxisme-lĂ©ninisme’ (Mao) peut et doit commencer maintenant, que sans cela il n’y a pas de lutte anti-impĂ©rialiste dans la mĂ©tropole.‘

La RAF analyse sĂ©vĂšrement la situation en R.F.A. ‘Sous le couvert de ‘l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral’ le dirigisme Ă©tatique tient en bride les bureaucraties syndicales par le biais des contrats de progrĂšs des salaires et la concertation. (
) Participant avec l’aide militaire et Ă©conomique aux guerres d’agression des USA, la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale profite de l’exploitation du tiers-monde sans avoir la responsabilitĂ© de ces guerres, sans avoir affaire avec une opposition intĂ©rieure. Pas moins agressive que l’impĂ©rialisme US, mais moins attaquable. Les possibilitĂ©s politiques de l’impĂ©rialisme ne sont Ă©puisĂ©es ni dans leur variante rĂ©formiste, ni dans leur variante fasciste, ses capacitĂ©s d’intĂ©grer ou d’opprimer les contradictions qu’il produit lui-mĂȘme ne sont pas terminĂ©es. Le concept de guĂ©rilla urbaine de la fraction armĂ©e rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Ă  Berlin-Ouest.‘

La RAF affirme que mĂȘme si le mouvement Ă©tudiant a vu ses origines bourgeoises le rattraper, il ne faut pas le sous-estimer car il ‘a reconstruit le marxisme-lĂ©ninisme comme arme dans la lutte de classe et a posĂ© le contexte international pour le combat rĂ©volutionnaire dans les mĂ©tropoles‘. Mais la RAF affirme qui faut aller plus loin: ‘II n’y aura pas de rĂŽle dirigeant des marxistes-lĂ©ninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-mĂȘme la banniĂšre rouge de l’internationalisme prolĂ©tarien et si l’avant-garde ne rĂ©pond pas elle-mĂȘme Ă  la question de savoir comment sera Ă©rigĂ© la dictature du prolĂ©tariat, comment le pouvoir politique du prolĂ©tariat doit ĂȘtre exigĂ©, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit ĂȘtre brisĂ©, si elle n’est pas prĂȘte avec une pratique Ă  y rĂ©pondre. L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas Ă  faire sans pratique rĂ©volutionnaire, sans initiative rĂ©volutionnaire‘. Et de se revendiquer de la primautĂ© de la pratique: ‘Sans pratique, la lecture du ‘Capital’ n’est qu’une Ă©tude bourgeoise. Sans pratique, tes dĂ©clarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique, l’internationalisme prolĂ©tarien n’est qu’un mot ronflant. Prendre thĂ©oriquement le point de vue du prolĂ©tariat, c’est le prendre pratiquement.‘

Car la RAF veut ouvrir une nouvelle ligne de front: ‘S’il est juste que l’impĂ©rialisme amĂ©ricain soit un tigre de papier, c’est-Ă -dire qu’en dernier recours il peut ĂȘtre vaincu; et si la thĂšse des communistes chinois est juste, que la victoire sur l’impĂ©rialisme amĂ©ricain est devenue possible par le fait que dans tous les coins et bouts du monde la lutte soit menĂ©e contre lui, et qu’ainsi les forces de l’impĂ©rialisme soient Ă©parpillĂ©es et que par cet Ă©parpillement il soit possible de l’abattre – si cela est juste, alors il n’y a aucune raison d’exclure un pays quel qu’il soit ou une rĂ©gion quelle qu’elle soit parce que les forces de la rĂ©volution sont particuliĂšrement faibles, les forces de la rĂ©action particuliĂšrement fortes (
). La guĂ©rilla urbaine part du principe qu’il n’existe pas d’ordre de marche prussien oĂč beaucoup de soi-disant rĂ©volutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte rĂ©volutionnaire. Part du principe que lorsque la situation sera mĂ»re pour la lutte armĂ©e il sera trop tard de la prĂ©parer.’

‘La lĂ©galitĂ© est l’idĂ©ologie du parlementarisme, du partenariat social, de la sociĂ©tĂ© pluraliste. Elle devient un fĂ©tiche quand ceux qui s’en targuent ignorent que les tĂ©lĂ©phones peuvent ĂȘtre lĂ©galement Ă©coutĂ©s, le courrier lĂ©galement contrĂŽlĂ©, les voisins lĂ©galement interrogĂ©s, les indics lĂ©galement payĂ©s, que l’on peut lĂ©galement surveiller – que l’organisation du travail politique, si elle ne veut pas ĂȘtre mise hors circuit de maniĂšre permanente par l’attaque de la police politique, doit ĂȘtre en mĂȘme temps lĂ©gale et illĂ©gale (
) Qui n’a pas rĂ©alisĂ© que les conditions de la lĂ©galitĂ©, avec la rĂ©sistance active, se modifient nĂ©cessairement et qu’il est pour cela nĂ©cessaire d’utiliser la lĂ©galitĂ© pour la lutte politique et en mĂȘme temps pour organiser l’illĂ©galitĂ©, et qu’il est faux d’attendre l’illĂ©galisation comme un coup du sort imposĂ© par le systĂšme, parce que l’illĂ©galisation signifie l’écrasement immĂ©diat, et que la question est alors rĂ©glĂ©e. La fraction armĂ©e rouge organise l’illĂ©galitĂ© comme position offensive pour l’intervention rĂ©volutionnaire. Mener la guĂ©rilla urbaine, c’est mener la lutte anti-impĂ©rialiste de maniĂšre offensive. La fraction armĂ©e rouge pose le lien entre lutte lĂ©gale et illĂ©gale, lutte nationale, lutte politique, lutte armĂ©e, et la dĂ©finition tactique et stratĂ©gique du mouvement communiste international. La guĂ©rilla urbaine c’est malgrĂ© la faiblesse des forces rĂ©volutionnaires en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale et Berlin-Ouest intervenir ici et maintenant de maniĂšre rĂ©volutionnaire!‘.

Conception de la guérilla urbaine

Conception de la guĂ©rilla urbaine – format pdf

Das Konzept Stadtguerilla (texte original allemand, lien)

15 juillet 1971 – Mort de Petra Schelm

Le 15 juillet 1971, la police abat une militante de la RAF, Petra Schelm, et arrĂȘte Werner Hoppe.

DĂ©but 1972 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations

Le 17 janvier 1972 survient un Ă©change de coups de feu au cours d’un contrĂŽle de police. Selon la police, Andreas Baader Ă©tait dans la voiture, ce qui donne lieu Ă  une campagne de presse monstre. Le 2 mars 72, la police abat Ă  Augsburg Thomas Weisbecker, un militant de la RAF qui n’était pas armĂ©. Le 3 mars, lors d’une fusillade, un commissaire de police est tuĂ© et une militant de la RAF, Manfred Grashof, est griĂšvement blessĂ©. Un autre militant, Wolfgang Grundmann est arrĂȘtĂ© Ă  cette occasion.

Avril 1972 – ‘GuĂ©rilla urbaine et lutte de classe’

En avril 1972, la RAF rend public GuĂ©rilla urbaine et lutte de classe. La RAF y analyse la grĂšve des travailleurs du secteur chimique, la militarisation de la lutte de classe, l’actualitĂ© objective de la question sociale, les liens entre les trusts et l’Etat, les diffĂ©rents rĂ©formismes, la possibilitĂ© et la fonction de la guĂ©rilla urbaine.

11 mai 1972 – Action contre un QG de l’armĂ©e amĂ©ricaine Ă  Francfort

Le 11 mai 1972, trois bombes (80 kg de TNT) explosent dans le quartier gĂ©nĂ©ral du 5Ăšme Corps US Ă  Francfort. Un officier est tuĂ©, treize soldats sont blessĂ©s. Le commando Petra Schelm de la RAF revendique l’action: ‘L’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest ne doivent plus ĂȘtre un arriĂšre-pays tranquille pour les stratĂšges de la destruction du ViĂȘt-Nam. Ils doivent savoir que leurs crimes contre le peuple vietnamien leur ont amenĂ© de nouveaux ennemis dĂ©cidĂ©s, qu’il n’y aura plus aucun endroit au monde oĂč ils seraient en sĂ©curitĂ© des attaques des unitĂ©s et de la guĂ©rilla rĂ©volutionnaire.‘

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien1)

Communiqué du Commando Petra Schelm (lien2)

12-16 mai 1972 – Actions contre la police et la justice

Le 12 mai 1972, le commando Thomas Weisbecker de la RAF fait exploser deux bombes Ă  la direction de la police d’Augsbourg (six blessĂ©s) et sur le parking de la police criminelle de Munich (dix blessĂ©s et 100 voitures dĂ©truites, photo). Le 16 mai 1972, une bombe vise Buddenberg, juge Ă  Karlsruhe, que le commando Manfred Grashof de la RAF rend responsable de la narcotisation forcĂ©e de la prisonniĂšre Carmen Roll et des conditions d’isolement. La RAF exige l’application de la Convention des Droits de l’Homme (GenĂšve) et de la Charte des Nations Unies en ce qui concerne le droit des prisonniers.

Communiqué du Commando Thomas Weisbecker

19 mai 1972 – Action contre le groupe de presse Springer

Le 19 mai 1972, la RAF fait exploser deux bombes au siĂšge des Ă©ditions Springer. Il y a 34 blessĂ©s dont de nombreux travailleurs. A deux reprises pourtant, des appels tĂ©lĂ©phoniques prĂ©venaient de l’action. Cette derniĂšre est revendiquĂ©e par le commando 2 juin de la RAF, qu’il ne faut pas confondre avec le Mouvement du 2 Juin, (un groupe de guĂ©rilla urbaine qui avait une conception organisationnelle dĂ©centralisĂ©e et une orientation politique socialiste-rĂ©volutionnaire, dont le nom fait Ă©galement rĂ©fĂ©rence Ă  l’assassinat de Benno Ohnsorg). Cinq jours plus tard, dans une lettre Ă  la radio allemande, le commando regrette que des travailleurs aient Ă©tĂ© blessĂ© et accuse Springer d’avoir pris clairement le risque de blesser ou tuer des ouvriers en n’écoutant pas leurs avertissements.

24 mai 1972 – Action contre un QG de l’armĂ©e amĂ©ricaine Ă  Heidelberg

Le 24 mai 1972, le Commando 15 juillet de la RAF attaque Ă  l’explosif le quartier gĂ©nĂ©ral du Corps d’armĂ©e US stationnĂ©e Ă  Heidelberg, et dĂ©truit l’ordinateur central coordonnant les bombardements amĂ©ricains au Nord ViĂȘt-Nam. Trois soldats US sont tuĂ©s. Le communiquĂ© rappelle que plus de bombes ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es sur le ViĂȘt-Nam que sur le monde entier durant toute de la seconde guerre mondiale. Les bombardements sont interrompus pendant quelques jours et cette action aura un retentissement immense.

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 1)

Communiqué du Commando du 15 juillet (lien 2)

Mai 1972 – Campagne de presse contre la RAF

Le 31 mai 1972, la presse Springer annonce que la RAF veut faire sauter des bombes dans la ville de Stuttgart. La campagne de guerre psychologique ne cessera plus: on accusera la RAF de vouloir tirer des roquettes sur les stades lors des matchs de football, de vouloir prendre des enfants en otage, de vouloir empoisonner l’eau potable, etc. Cette guerre psychologique vise le capital de sympathie accumulĂ© par la RAF: un sondage indique que 20% des allemands accepteraient de subir des poursuites judiciaires pour pouvoir cacher un membre de la RAF


Juin 1972 – Vague d’arrestations

Le 1er juin 1972, Andreas Baader, Holger Meins et Jan-Cart Raspe sont arrĂȘtĂ©s lors d’une opĂ©ration spĂ©ciale: 300 policiers Ă©quipĂ©s de pistolets-mitrailleurs, avec l’aide d’un blindĂ©, les arrĂȘtent dans la banlieue de Francfort. Les trois militants sont blessĂ©s (Baader griĂšvement) dans un Ă©change de coups de feu. Le 15 juin, Ulrike Meinhof et Gerhard MĂŒller sont arrĂȘtĂ©s dans la banlieue de Hanovre, suite Ă  la dĂ©nonciation d’un syndicaliste social-dĂ©mocrate qui les avait hĂ©bergĂ©s. D’autres arrestations suivent: Gudrun Ennslin, Brigitte Monhaupt, Bernard Braun, Gerhard MĂŒller, Irmgard Möller, Klaus JĂŒnschke,


Septembre 1972 – Action palestinienne à Munich

Le 5 septembre 1972, huit combattants palestiniens prennent en otage neuf sportifs israĂ©liens aux Jeux Olympiques Ă  Munich, et propose de les Ă©changer contre 200 personnes dĂ©tenues en IsraĂ«l. Les autoritĂ©s feignent de nĂ©gocier, mais tendent une embuscade Ă  l’aĂ©roport: neuf israĂ©liens, cinq palestiniens et un policier allemand meurent dans la fusillade.

Le 7 septembre l’aviation israĂ©lienne bombarde les camps de rĂ©fugiĂ©s au Liban et tue 200 civils.

En novembre, la RAF rend public Ă  cette occasion un texte exposant que la stratĂ©gie de la lutte anti-impĂ©rialiste amĂšne la lutte dans le centre. Le document analyse la signification du Proche-Orient pour l’impĂ©rialisme, conçoit l’impĂ©rialisme comme unitĂ© des contradictions, Ă©tudie les rapports entre impĂ©rialisme et tiers-monde, traite des mouvements de libĂ©ration anti-impĂ©rialiste, de l’opportunisme dans la mĂ©tropole de l’exploitation, de la consommation de masse, des mass-mĂ©dias, de la domination du systĂšme 24 heures sur 24, du sujet rĂ©volutionnaire, du fascisme et de l’antifascisme, de l’antifascisme et de l’anti-impĂ©rialisme.

1972 – La torture blanche

En prison, les militants de la RAF subissent un traitement spĂ©cial scientifiquement Ă©tabli pour leur destruction: isolement, promenade les mains liĂ©es pendant des annĂ©es, des mois de sections silencieuses, des anesthĂ©sies de force. Cette torture blanche est issue d’un programme de recherche nommĂ© ‘camera silens’: le prisonnier est dans une cellule sans fenĂȘtre ni lumiĂšre du jour, la lumiĂšre artificielle s’allume de telle maniĂšre Ă  briser le cycle du sommeil du prisonnier, les murs sont blancs afin de briser la vue, la cellule est totalement insonorisĂ©e. Ulrike Meinhof tentera d’expliquer les sensations produites par la torture blanche: ‘le sentiment que ta tĂȘte explose’, ‘on ne peut pas expliquer si l’on tremble de fiĂšvre ou de froid – on gĂšle’, ‘on ne peut plus identifier la signification des mots, seulement deviner – l’utilisation de lettres en sch (ch,. ss, z, s) est absolument insupportable’, ‘la construction de la phrase, la grammaire, la syntaxe, on ne contrĂŽle plus rien’, ‘le sentiment qu’on t’a enlevĂ© la peau‘.

Janvier-fĂ©vrier 1973 – PremiĂšre grĂšve de la faim

Le 17 janvier 1973, quarante prisonniers entrent en grĂšve de la faim en revendiquant la fin de l’isolement, et en particulier la sortie d’Ulrike Meinhof de ‘l’aile morte’ de la prison de Cologne-Ossendo. La grĂšve de la faim est ‘durcie’ par l’Etat qui cesse de donner de l’eau aux prisonniers. Mais le 9 fĂ©vrier, Meinhof est placĂ©e dans une cellule isolĂ©e d’une prison masculine oĂč elle peut entendre des bruits humains. La grĂšve prend fin le 12 fĂ©vrier.

Mai 1973 – Deuxiùme grùve de la faim

Le 8 mai 1973, deuxiĂšme grĂšve de la faim. 40 prisonniers politiques revendiquent les mĂȘmes droits que les autres prisonniers, et une information politique libre. A nouveau, la distribution d’eau est supprimĂ©e Ă  certains prisonniers, dont Andreas Baader. La grĂšve se termine le 29 juin 1973.

Fin 1974 – Nouvelles arrestations, premier procùs

Margrit Schiller, qui avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente et qui avait repris la lutte est arrĂȘtĂ©e une nouvelle fois. Sont aussi arrĂȘtĂ©s Christa Eckes, Helmut Pohl, Ilse Stachowiak, Eberhard Becker, Wolfgang Beer,
 Le 10 septembre 1974: dĂ©but du procĂšs contre Horst Mahler et Ulrike Meinhof, qui dĂ©veloppe le 13 septembre un discours sur la lutte armĂ©e et l’usage par la contre-rĂ©volution de la guerre psychologique contre le peuple. Horst Mahler est condamnĂ© Ă  14 annĂ©es de prison (dissociĂ© et repenti, il sera libĂ©rĂ© en 80 et adoptera des positions de plus en plus rĂ©actionnaires), Ulrike Meinhof Ă  huit annĂ©es.

DĂ©claration d’Ulrike Meinhof au procĂšs (lien1)

DĂ©claration d’Ulrike Meinhof au procĂšs (lien2)

Septembre-novembre 1974 – Troisiùme grùve de la faim, mort d’Holger Meins

Le 13 septembre 1974 commence la troisiĂšme grĂšve de la faim, qui dure jusqu’au 5 fĂ©vrier 1975. Contre l’élimination des prisonniers politiques, la RAF rappelle que la grĂšve de la faim est la seule possibilitĂ© de rĂ©sistance collective, de se dĂ©fendre, psychiquement et physiquement: ‘Lutter, c’est faire de faiblesses une force’. Le 9 novembre 1974, Siegfried Haag, avocat de Holger Meins, se rend Ă  la prison de Wittich. Il n’obtient l’autorisation de le voir qu’aprĂšs de nombreuses dĂ©marches. Il raconte: ‘Holger Meins est amenĂ© sur un brancard par deux gardiens. Ils dĂ©posent le brancard tout prĂšs de la porte ouverte, Ă  cĂŽtĂ© de deux cartons renfermant des dossiers de sa dĂ©fense et une bouteille d’eau, puis ils se retirent. Holger Meins a les yeux clos, il n’est pas capable de se remuer, il ne peut mĂȘme pas replier ses jambes. C’est un squelette. Un mĂštre quatre-vingt-cinq environ. Quarante-deux kilos seulement. Ils lui ont bourrĂ© les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler. Il peut difficilement murmurer quelques mots en s’interrompant. Pendant plusieurs instants, il ne semble pas entendre.‘ Le mĂȘme jour, l’avocat Klaus Croissant, prĂ©venu de l’état trĂšs grave de Meins, porte lui-mĂȘme une lettre au prĂ©sident du tribunal, le sommant de permettre que des mĂ©decins de confiance puissent se rendre auprĂšs de lui. A 18 heures, Croissant reçoit un tĂ©lĂ©gramme lui apprenant la mort de Holger Meins. Le 12 novembre 1974, le prĂ©sident du tribunal de grande instance de Berlin, Von Drenkmann, est exĂ©cutĂ©. Le 21 novembre 1974, une bombe explose devant le domicile de Gerd Ziegler, juge du tribunal de Hambourg.

DĂ©claration d’entrĂ©e en grĂšve de la faim (lien1)

DĂ©claration d’entrĂ©e en grĂšve de la faim (lien2)

Holger Meins sur le nutrition forcée

Holger Meins: ‘Combattre jusqu’au bout, mĂȘme ici’

20 janvier 1975 – L’interview au Spiegel

Le 20 janvier 75, l’hebdomadaire Spiegel publie une grande interview des prisonniers de la RAF dĂ©tenus Ă  la prison de Stammheim (photo). Les prisonniers y exposent leur vision de la R.F.A.: ‘Centre impĂ©rialiste. Colonie amĂ©ricaine. Base militaire amĂ©ricaine. Puissance dirigeante impĂ©rialiste en Europe et dans le MarchĂ© Commun. DeuxiĂšme puissance militaire de l’OTAN. ReprĂ©sentant patentĂ© des intĂ©rĂȘts de l’impĂ©rialisme amĂ©ricain en Europe de l’Ouest. La fusion de l’impĂ©rialisme ouest-allemand (politiquement, Ă©conomiquement, militairement, idĂ©ologiquement fondĂ© sur les mĂȘmes intĂ©rĂȘts d’exploitation du Tiers-Monde, ainsi que sur l’homogĂ©nĂ©itĂ© des structures sociales au moyen de la concentration des capitaux et de la culture de consommation) avec l’impĂ©rialisme amĂ©ricain caractĂ©rise la position de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale vis-Ă -vis des pays du Tiers-Monde: en tant que parti dans les guerres conduites contre eux par l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, en tant que ‘ville’ dans le processus rĂ©volutionnaire mondial d’encerclement des villes par les campagnes. Dans cette mesure, la guĂ©rilla dans les mĂ©tropoles est une guĂ©rilla urbaine aux deux sens du terme: gĂ©ographiquement, elle surgit, opĂšre et se dĂ©veloppe dans les grandes villes, et au sens stratĂ©gique et politico-militaire, elle est une guĂ©rilla urbaine car elle s’attaque de l’intĂ©rieur Ă  la machine rĂ©pressive de l’impĂ©rialisme dans les mĂ©tropoles, elle combat comme unitĂ© de partisans sur les arriĂšres de l’ennemi. C’est ce que nous entendons aujourd’hui par internationalisme prolĂ©tarien. En un mot: la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale faisant partie du systĂšme Ă©tatique de l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, n’est pas une Nation opprimĂ©e mais une Nation qui opprime. Dans un tel Etat, le dĂ©veloppement du contre-pouvoir prolĂ©tarien et de sa lutte de libĂ©ration, le dĂ©mantĂšlement complet des structures dominantes, de pouvoir, ne peuvent ĂȘtre, dĂšs leurs dĂ©buts, qu’internationalistes, ne sont possibles qu’en relation tactique et stratĂ©gique avec les luttes de libĂ©ration des Nations opprimĂ©es.

Historiquement: depuis 1918-1919, la bourgeoisie impĂ©rialiste – son Etat – possĂšde l’initiative dans le dĂ©roulement des luttes de classe en Allemagne et est Ă  l’offensive contre le peuple; et cela jusqu’à ce que les organisations du prolĂ©tariat se soient trouvĂ©es totalement dĂ©faites dans le fascisme jusqu’à la dĂ©faite de l’ancien fascisme, dĂ©faite due non pas Ă  la lutte armĂ©e, mais aux alliĂ©s occidentaux et Ă  l’armĂ©e soviĂ©tique. Dans les annĂ©es 20, il y a eu la trahison de la TroisiĂšme Internationale: alignement total des partis communistes sur l’Union SoviĂ©tique, qui se trouve Ă  l’origine de l’incapacitĂ© du K.P.D. (parti communiste d’Allemagne) d’en venir Ă  une politique orientĂ©e vers la rĂ©volution par la lutte armĂ©e et la conquĂȘte prolĂ©tarienne du pouvoir politique. AprĂšs 1945, il y a eu l’offensive lavage de cerveau de l’impĂ©rialisme amĂ©ricain contre le peuple au moyen de l’anticommunisme, de la culture de consommation, de la restauration-refascisation politique, idĂ©ologique, et finalement militaire sous la forme de guerre froide et d’une R.D.A. (RĂ©publique DĂ©mocratique Allemande) qui n’a pas dĂ©veloppĂ© la politique communiste comme guerre de libĂ©ration. Il n’y a pas eu ici de rĂ©sistance antifasciste, de masses armĂ©es comme en France, Italie, Yougoslavie, GrĂšce, Espagne, mĂȘme Hollande. Les conditions pour cela ont Ă©tĂ© immĂ©diatement brisĂ©es par les alliĂ©s occidentaux aprĂšs 1945. Tout cela signifie pour nous et pour la gauche lĂ©gale, ici: il n’y a rien Ă  quoi nous rattacher, sur quoi nous appuyer historiquement, il n’y a rien que nous puissions prĂ©supposer d’une maniĂšre ou d’une autre en termes organisationnels ou de conscience prolĂ©tarienne, pas mĂȘme des traditions dĂ©mocratiques rĂ©publicaines. Au plan de la politique intĂ©rieure, il s’agit lĂ  d’un des motifs qui rend possible sans retenue le processus de fascisation, la surcroissance et l’excroissance de l’appareil policier, de la machine de sĂ»retĂ© de l’Etat comme police de l’Etat dans l’Etat, la suppression factice de la division des pouvoirs, la promulgation de lois d’exception fascistes dans le cadre du programme de ‘sĂ©curitĂ© interne’ – depuis les lois d’urgence jusqu’aux lois d’exception actuelles qui permettent le dĂ©roulement de procĂšs sans accusĂ©s ni dĂ©fenseurs, comme pure entreprise de spectacle, mais Ă©galement l’exclusion de ‘radicaux’ des services publics, l’élargissement des compĂ©tences de l’Office de police criminelle. Une dĂ©mocratie qui n’a pas Ă©tĂ© conquise, qui n’est pour le peuple qu’un bourrage de crĂąne et n’a pas de base de masse, ne peut pas ĂȘtre dĂ©fendue et ne l’est pas non plus.’

Les prisonniers exposent les effets politiques de l’action de la RAF:

‘1° au niveau oĂč beaucoup, modifiant leur opinion sur cet Etat Ă©tant donnĂ© les mesures prises par le gouvernement contre nous, commencent Ă  le reconnaĂźtre pour ce qu’il est: la machine rĂ©pressive de la bourgeoisie impĂ©rialiste;

2° au niveau oĂč nombreux sont ceux qui, s’identifiant avec notre lutte, devenant conscients et relativisant dans leur pensĂ©e, leur sensibilitĂ© et finalement dans leur action, l’absolutisme de pouvoir du systĂšme, reconnaissent ce qu’il est possible de faire, que le sentiment d’impuissance ne reflĂšte pas la rĂ©alitĂ© objective;

3° au niveau de l’internationalisme prolĂ©tarien, de la conscience de la relation entre des luttes de libĂ©ration dans le Tiers-Monde et ici, de la possibilitĂ© et de la nĂ©cessitĂ© de collaborer lĂ©galement et illĂ©galement.

Au niveau de la praxis: qu’il ne suffit pas seulement de parler, mais qu’il est possible et nĂ©cessaire, nĂ©cessaire et possible d’agir. (
)

Aucun rĂ©volutionnaire ne pense Ă  renverser seul le systĂšme, c’est absurde. Il n’y a pas de rĂ©volution sans le peuple. De telles affirmations contre Blanqui, LĂ©nine, Che Guevara, contre nous maintenant n’ont jamais Ă©tĂ© autre chose que la dĂ©nonciation de toute initiative rĂ©volutionnaire, la rĂ©fĂ©rence aux masses ayant pour fonction de justifier, de vendre la politique rĂ©formiste. Il ne s’agit pas de lutter seul, mais de crĂ©er Ă  partir des luttes quotidiennes, des mobilisations et des processus d’organisation de la gauche lĂ©gale, une avant-garde, un noyau politico-militaire qui devra mettre en place une structure illĂ©gale – condition prĂ©alable, nĂ©cessaire Ă  la possibilitĂ© d’agir et qui, Ă©tant donnĂ© les poursuites et l’illĂ©galitĂ©, et la praxis peut donner aux luttes lĂ©gales dans les usines, les quartiers, la rue et les universitĂ©s orientation, force et but pour atteindre ce dont il s’agira dans les dĂ©veloppements de la crise Ă©conomique et politique de l’impĂ©rialisme: la prise du pouvoir politique. La perspective de notre politique – le dĂ©veloppement pour lequel nous nous battons: un fort mouvement de guĂ©rilla dans les mĂ©tropoles – est, au cours de ce processus de chute dĂ©finitive et d’écroulement de l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, un moyen nĂ©cessaire, une Ă©tape, dans la mesure oĂč les luttes lĂ©gales et les luttes qui se dĂ©velopperaient spontanĂ©ment Ă  partir des contradictions du systĂšme pourraient ĂȘtre brisĂ©es par la rĂ©pression dĂšs qu’elles se manifestent. Ce que le parti de cadres bolcheviques reprĂ©sentait pour LĂ©nine, correspond Ă  l’époque de l’organisation multinationale du capital, des structures transnationales de la rĂ©pression impĂ©rialiste Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur, oĂč nous nous trouvons aujourd’hui, Ă  l’organisation du contre-pouvoir prolĂ©tarien issu de la guĂ©rilla. Au cours de ce processus – national et international – elle se dĂ©veloppe en parti rĂ©volutionnaire.’

Les prisonniers dĂ©crivent les traitements spĂ©ciaux dont ils font l’objet et dĂ©noncent: Holger Meins ‘a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© sciemment par une sous-nutrition systĂ©matique, la nutrition artificielle Ă©tait, dĂšs le dĂ©but, Ă  la prison de Wittlich une mĂ©thode pour assassiner. Au dĂ©but, brutale, directe, violente, pratiquĂ©e pour briser la volontĂ©, et par la suite pratiquĂ©e seulement en apparence. 400 calories par jour: il s’agit seulement d’une question de temps, de jours, jusqu’à ce que l’on meurt. Le procureur fĂ©dĂ©ral BĂŒback et les services de sĂ©curitĂ© ont manigancĂ© cela en s’arrangeant pour que Holger Meins reste Ă  la prison de Wittlich, jusqu’à ce qu’il soit mort. Le 21 octobre, le tribunal (O.L.G.) de Stuttgart avait ordonnĂ© le transfert de Holger Meins Ă  Stuttgart au plus tard le 2 novembre. DĂšs le 24 octobre, BĂŒback, procureur fĂ©dĂ©ral, faisait savoir au tribunal de Stuttgart que la date du transfert ne pouvait pas ĂȘtre respectĂ©e par les services de sĂ»retĂ© de l’Etat: cette information n’a toutefois Ă©tĂ© rendue publique qu’aprĂšs la mort de Holger Meins. Pour terminer, le mĂ©decin de la prison Hutter a cessĂ© complĂštement la nutrition artificielle et est parti en voyage. Il faut Ă©galement prĂ©ciser que l’Office fĂ©dĂ©ral de police criminelle Ă©tait informĂ© sur l’état des prisonniers, pendant toute la durĂ©e de la grĂšve de la faim, par les directions des prisons. Il faut souligner que Hutter, avant qu’il ne se retire, parce que Holger Ă©tait mourant, a demandĂ© Ă  Degenhardt de lui assurer qu’il ne ferait l’objet d’aucune plainte – de la mĂȘme maniĂšre, toutes les plaintes portĂ©es contre Degenhardt ont Ă©tĂ© annulĂ©es. Degenhardt est le mĂ©decin qui, durant l’étĂ© 1973, pendant la seconde grĂšve de la faim Ă  Schwalmstadt, a supprimĂ© l’eau ‘pour raisons mĂ©dicales’ pendant neuf jours, jusqu’au coma.‘

A la question du Spiegel ‘ La mort de Holger Meins a-t-elle Ă©tĂ© une opportunitĂ© pour le collectif R.A.F.? ‘, les prisonniers rĂ©pondent: ‘Cela, c’est de la projection fasciste; la rĂ©flexion de quelqu’un qui ne peut plus penser autrement qu’en termes de marchĂ©: le systĂšme qui rĂ©duit toute vie humaine Ă  de l’argent, de l’égoĂŻsme, du pouvoir, de la rĂ©ussite. Comme le Che, nous disons: ‘LE GUERILLERO NE DOIT RISQUER SA VIE QUE SI CELA EST ABSOLUMENT NECESSAIRE, MAIS DANS CE CAS SANS HESITER UN SEUL INSTANT.’ Et cela est tout Ă  fait vrai pour la mort de Holger Meins: ‘la rĂ©sonance de l’histoire’, celle qui s’est Ă©veillĂ©e par la lutte armĂ©e anti-impĂ©rialiste, est entrĂ©e dans l’histoire des peuples du monde. Elle a â€˜Ă©tĂ© une opportunité’, cela veut dire qu’elle a brisĂ© le boycott de l’information. Car, si beaucoup de gens ne s’éveillent seulement que lorsque quelqu’un est assassinĂ© et Ă  partir de ce moment commencent seulement Ă  comprendre de quoi il s’agit, c’est que vous en ĂȘtes Ă©galement responsable. C’est ainsi que le Spiegel a passĂ© sous silence pendant huit semaines la grĂšve de la faim de quarante prisonniers politiques afin d’empĂȘcher solidaritĂ© et protection.‘ Et quand le Spiegel se demande s’ils sont prĂ©parĂ©s Ă  d’autre cas mortels, les prisonniers rĂ©pondent: ‘BĂŒback attend ça dans son bureau.‘ Le 5 fĂ©vrier 1975, les prisonniers arrĂȘtent la grĂšve de la faim.

Interview au Spiegel

27 fĂ©vrier 1975 – EnlĂšvement de Peter Lorenz

Le 27 fĂ©vrier 1975, deux jours avant les Ă©lections, le Mouvement du 2 juin enlĂšve Peter Lorenz, dĂ©putĂ© libĂ©ral et candidat Ă  la mairie de Berlin-Ouest, et propose de le libĂ©rer contre la libĂ©ration de Rolf Pohle, Verena Becker, Rolf Heissler, Gabi Kröcher-Tiedemann et Horst Mahler. Horst Mahler refusera d’ĂȘtre libĂ©rĂ© mais les autres militants peuvent trouver refuge au Yemen socialiste, tandis qu’à Berlin, le Mouvement du 2 juin libĂšre Peter Lorenz.

Programme du Mouvement du 2 Juin

24 avril 1975 – Attaque de l’ambassade d’Allemagne à Stockholm

Le 24 avril 1975, peu avant midi, le commando Holger Meins de la RAF occupe l’ambassade de R.F.A. Ă  Stockholm, prend en otage douze fonctionnaires, et rĂ©clame la libĂ©ration de 26 prisonniers. La police attaque le bĂątiment: deux fonctionnaires (dont l’attachĂ© militaire, le comte Andreas von Mirbach) sont tuĂ©s ainsi qu’un membre de la RAF, Ulrich Wessel. Un autre membre du commando, Siegfried Hausner, est griĂšvement blessĂ© et contre l’avis des mĂ©decins suĂ©dois est immĂ©diatement transportĂ© en R.F.A.. Il n’est pas amenĂ© Ă  l’hĂŽpital mais Ă  la station intensive de la prison de Stammheim, sur ordre de BĂŒback, oĂč il meurt faute des soins adĂ©quats le 4 mai. Sont aussi capturĂ©s Ă  Stockholm et extradĂ©s en R.F.A.: Karl-Heinz Dellwo, Lutz Taufer, Bernhard RĂ¶ĂŸner et Hanna Krabbe.

21 mai 1975 – DĂ©but du procĂšs de Stammheim

Le procĂšs d’Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Jan-Carl Raspe et Ulrike Meinhof s’ouvre le 21 mai 1975 dans une annexe de la prison de Stuttgart-Stammheim construite pour l’occasion sur le budget de la SĂ»retĂ© de l’Etat. C’est une forteresse de bĂ©ton de 150 millions de marks gardĂ©e par des policiers de trois LĂ€nders. C’est au cours du mĂȘme mois que le dĂ©fenseur de Gudrun Ensslin dĂ©posera la premiĂšre demande de rĂ©cusation pour prĂ©somption lĂ©gitime du juge Theodor Prinzing qui prĂ©side le tribunal. Elle sera suivie de 84 requĂȘtes identiques. Au procĂšs, les militants se positionnent en prisonniers de guerre et exigent que l’intĂ©gralitĂ© des actions contre les bases US soient considĂ©rĂ©es comme une partie de la guerre du ViĂȘt-Nam. En aoĂ»t, les avocats rĂ©clament une expertise mĂ©dicale, assurant que leurs clients sont incapables, en raison de leur Ă©tat de santĂ©, de suivre le dĂ©bat. Le procureur lit alors l’acte d’accusation en l’absence des inculpĂ©s e de leurs dĂ©fenseurs. Plus tard, les mĂ©decins estiment qu’ils ne peuvent suivre les dĂ©bats que trois heures par jour. En septembre, les experts mĂ©dicaux jugent les accusĂ©s inaptes Ă  assister aux dĂ©bats. Le tribunal dĂ©cide alors que le procĂšs peut se poursuivre en leur absence et la cour de justice fĂ©dĂ©rale le suit dans ses conclusions. Le travail des avocats est rendu impossible: la presse Springer reçoit des dossiers que les services du procureur refuse de communiquer aux dĂ©fenseur; les dossiers sont caviardĂ©s et truquĂ©s; les dĂ©fenseurs sont surveillĂ©s jour et nuit; leur courrier contrĂŽlĂ© et leur tĂ©lĂ©phone Ă©coutĂ©. Les avocats subissent des sanctions disciplinaires de la part de leur Ordre parce qu’ils dĂ©noncent les conditions de dĂ©tention des prisonniers et le 23 juin, quatre d’entre eux sont perquisitionnĂ©s et deux (Klaus Croissant et Hans-Christian Ströbele) passent quelques semaines en prison.

Fin 1975-DĂ©but 1976 – Nouvelles lois rĂ©pressives

Hiver 1975: le parlement approuve une loi qui subordonne l’appartenance Ă  un parti, mĂȘme lĂ©gal, Ă  la fidĂ©litĂ© Ă  la constitution: c’est la consĂ©cration dĂ©finitive des Berufsverbote (interdiction de travail), de l’exclusion de la fonction publique de tous ceux qui ne donnent pas de preuves suffisantes de leur fidĂ©litĂ© Ă  la constitution. Etre soupçonnĂ© d’ĂȘtre militant du Parti Communiste (simplement tolĂ©rĂ© en R.F.A., il ne sera lĂ©galisĂ© qu’en 81) bloque toute possibilitĂ© de devenir instituteur ou cheminot.

Janvier 1976: le parlement vote une nouvelle série de lois répressives, à caractÚre préventif.

9 mai 1976 – Assassinat d’Ulrike Meinhof

Le 9 mai 1976, les autoritĂ©s annoncent qu’Ulrike Meinhof a Ă©tĂ© retrouvĂ©e ‘suicidĂ©e’ dans sa cellule. Ce suicide est totalement exclu par les militants de la RAF: Ulrike Meinhof a Ă©tĂ© tuĂ©e en raison de son importance au sein de la RAF. Peu avant, se sachant menacĂ©e, elle avait dit Ă  sa soeur que si on lui annonçait sa mort, c’est que les autoritĂ©s l’auraient assassinĂ©e. Les jours qui suivent ce meurtre sont marquĂ©s par des centaines d’actions de protestations dans le monde entier (actions armĂ©es en France, Australie, R.F.A., Italie, GrĂšce,
).

Ulrike Meinhof: DĂ©bat sur la ‘position de classe’

Ulrike Meinhof sur la situation de la RFA

Ulrike Meinhof sur l’histoire de la RFA et de la gauche traditionnelle

DĂ©claration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien1)

DĂ©claration de Jan-Carl Raspe sur la mort d’Ulrike (lien2)

Fin 1976-DĂ©but 1977 – Actions et rĂ©actions autour du procĂšs

Le 29 mai 1976, la ‘loi anti-terreur’ est votĂ©e. Elle modifie la dĂ©finition de ‘formation d’association terroriste’ et renforce le contrĂŽle du courrier entre les prisonniers et les avocats.

Le 1er juin 1976, attentat contre le quartier gĂ©nĂ©ral des forces amĂ©ricaines Ă  Francfort (16 blessĂ©s). Le 10 juin 1976, l’avocat Langner dĂ©fenseur de la militante de la RAF Margaret Schiller, fait l’objet d’un attentat fasciste (un mort et cinq blessĂ©s). Le 30 novembre, arrestation de Siegfried Haag et Roland Mayer.

En octobre, le procureur annonce son rĂ©quisitoire dans lequel il considĂšre les inculpĂ©s comme des prisonniers de droit commun et rĂ©clame la rĂ©clusion Ă  perpĂ©tuitĂ© pour chacun d’eux. En janvier 1977, la prĂ©sidence du tribunal est retirĂ©e au juge Prinzing pour ‘comportement partial’. En mars, on apprend que les services secrets enregistraient toutes les conversations entre les avocats et les prisonniers de Stammheim. Le 8 fĂ©vrier, Brigitte Monhaupt (photo) est libĂ©rĂ©e; elle rejoint la lutte peu de temps aprĂšs et y jouera un rĂŽle central.

30 mars 1977 – Nouvelle grùve de la faim

Les prisonniers commencent une nouvelle grÚve de la faim le 30 mars 1977. Ils demandent leur regroupement par groupes de 15 à 20 personnes, selon une recommandation des médecins qui les ont observés. Ils demandent aussi des garanties minima sur les prisonniers de guerre.

7 avril 1977 – Action contre le procureur Buback

Le 7 avril 1977, le procureur Buback est exécuté à Karlsruhe par le commando Ulrike Meinhof de la RAF.

Communiqué du Commando Ulrike Meinhof

DĂ©but 1972 – Fin du procĂšs et de la grĂšve de la faim

Le 28 avril, Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe sont condamnĂ©s Ă  la dĂ©tention Ă  vie. Les prisonniers continuent la grĂšve de la faim, mais le 30 avril, le ministre de la justice du Land de Bade-Wurtemberg promet le regroupement. La grĂšve de la faim s’arrĂȘte sur un succĂšs. Reste Ă  transfĂ©rer de nouveaux prisonniers Ă  Stammheim, pour constituer des groupes capables ‘d’interactions sociales’ selon la formule des mĂ©decins.

3 mai 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 3 mai 1977, Gunter Sonnenberg et Verena Becker (revenue clandestinement du Yemen) sont arrĂȘtĂ©s Ă  Singen aprĂšs un Ă©change de coups de feu avec la police. Gunter Sonnenberg est dans le coma, une balle dans la tĂȘte. Ils sont accusĂ©s d’avoir participĂ© Ă  l’exĂ©cution du Buback. Verena Becker collaborera avec la police quelques temps aprĂšs.

Le 1er juillet, la RAF attaque une armurerie à Francfort et récupÚre 18 pistolets et revolvers.

22 juin 1977 – Procùs et grùve de la faim des prisonniers de Stockholm

Le 22 juin 1977, Lutz Taufer, Kari-Heinz Dellwo, Bernd Rössner et Hanna Krabbe, qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  la prison Ă  vie pour l’attaque de l’ambassade Ă  Stockholm, commencent une grĂšve de la faim afin d’ĂȘtre transfĂ©rĂ©s dans la mĂȘme prison que les autres membres de la RAF, Ă  Stuttgart-Stammheim, pour ĂȘtre regroupĂ©s avec eux. Verena Becker et Sabine Schmitz poursuivent Ă©galement une grĂšve de la faim depuis le 24 mai pour les mĂȘmes raisons.

11 juillet 1977 – DĂ©but de ‘L’Affaire Croissant’

Le 11 juillet, Klaus Croissant, avocat d’Andreas Baader, persĂ©cutĂ© par la police allemande, demande l’asile politique Ă  la France.

30 juillet 1977 – Action contre le banquier Ponto

Le 30 juillet 1977, Jurgen Ponto, prĂ©sident de la Dresdner Bank, est abattu Ă  Bad Hombourg lors d’une tentative d’enlĂšvement par la RAF.

8 aoĂ»t 1977 – RĂ©tablissement de l’isolement, nouvelle grĂšve de la faim

A la suite d’une provocation des gardiens, une partie des prisonniers de Stammheim, qui avaient Ă©tĂ© amenĂ©s pour constituer des ‘groupes capables d’interactions sociales’ conformĂ©ment aux promesses du ministre de la justice, sont transfĂ©rĂ©s le 8 aoĂ»t dans d’autres prisons. L’isolement est rĂ©tabli. Les dĂ©tenus de Stammheim entament une nouvelle grĂšve de la faim qui est suivie par d’autres prisonniers.

25 aoĂ»t 1977 – Echec d’une action contre le procureur Rebman

Le 25 août, un attentat à la roquette de la RAF est déjoué contre les bureaux du procureur fédéral Rebman à Karlsruhe.

5 septembre 1977 – Enlùvement du ‘patron des patrons’ Schleyer

Le 5 septembre 1977, Hans Martin Schleyer est enlevĂ© par le commando Siegfried Hausner de la RAF. Son chauffeur et ses gardes du corps sont tuĂ©s dans l’embuscade. Hans Martin Schleyer, ‘patron des patrons’ c’est-Ă -dire chef des fĂ©dĂ©rations patronales allemandes, avait militĂ© aux jeunesses hitlĂ©riennes et avait Ă©tĂ© pendant la guerre un responsable de la SS (il avait notamment supervisĂ© le pillage de la TchĂ©coslovaquie). AprĂšs guerre, il avait fait partie du conseil de direction de Daimler-Benz.

L’Etat rĂ©agit frĂ©nĂ©tiquement: 1.200 perquisitions en deux jours, vĂ©rification des personnes payant l’électricitĂ©, contrĂŽle des identitĂ©s et des voitures, des camions, des personnes entre 20 et 35 ans sur Interpol, etc. MalgrĂ© le fait que l’Etat lui-mĂȘme reconnaĂźt que l’action n’a pas pu ĂȘtre commanditĂ© ‘de l’intĂ©rieur’, les contacts avec les prisonniers deviennent impossibles. La RAF propose d’échanger Schleyer contre les prisonniers.

22 septembre 1977 – Nouvelle fusillade, nouvelle arrestation

Le 22 septembre, Ă  Utrecht, Knut Folkerts est arrĂȘtĂ© aprĂšs une fusillade avec la police nĂ©erlandaise. Il sera extradĂ© vers la R.F.A.

31 septembre 1977 – Suite de ‘L’Affaire Croissant’

Le 31 septembre 1977, Klaus Croissant est arrĂȘtĂ© Ă  Paris. Il sera extradĂ© vers la R.F.A.

13 octobre 1977 – DĂ©tournement d’un Boeing allemand par les Palestiniens

Le 13 octobre 1977, un avion de la Lufthansa est dĂ©tournĂ© de Palma de Majorque par le commando Martyr Halimeh de l’Organisation de Lutte contre l’ImpĂ©rialisme Mondial, qui exige la libĂ©ration des prisonniers de la RAF. C’est la premiĂšre fois que des combattants du Tiers-Monde soutiennent directement les rĂ©volutionnaires de la mĂ©tropole. La nuit du 17 au 18, les policiers d’élite allemands attaquent de l’avion qui s’était posĂ© Ă  Mogadiscio. Trois combattants palestiniens (des militants du FPLP) sont abattus, une quatriĂšme, Souhaila Andrawes Sayeh, griĂšvement blessĂ©e.

17 octobre 1977 – Massacre des prisonniers de la RAF à Stammheim

La mĂȘme nuit, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan Carl Raspe, dĂ©tenus en cellule d’isolement et faisant l’objet d’une surveillance de chaque instant, sont pendus ou abattus Ă  coups de pistolet dans la nuque. Irmgard Möller en rĂ©chappe miraculeusement. Elle a Ă©tĂ© blessĂ©e de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine. L’équipe du matin des surveillants la dĂ©couvre baignant dans son sang, appelle un infirmier qui la sauve in extremis avec une transfusion. Elle pourra tĂ©moigner du massacre des prisonniers, mais le black out sera fait sur ce tĂ©moignage: officiellement, il s’agit de suicides concertĂ©s
 Le 16 octobre, nouvelles attaques contre les d’avocats (perquisitions, arrestations). Le 19 octobre 1977, la RAF exĂ©cute Schleyer en reprĂ©sailles.

28 octobre 1977 – Nouvelle loi rĂ©pressive

28 octobre 1977: nouvelle loi anti-terreur, qui dĂ©finit ‘les causes politiques et spirituelles du terrorisme‘: l’attaque contre l’Etat, l’attaque contre la confiance du citoyen en l’Etat, attaque contre l’ordre des valeurs, critique sociale sans limite, marxisme, fausse analyse du passé 

Fin 1977-DĂ©but 1978 – DĂ©bat dans le mouvement rĂ©volutionnaire allemand

Au cours de l’hiver 1977/1978, la dĂ©finition d’une politique anti-impĂ©rialiste donne lieu Ă  des dĂ©bats dans la scĂšne autonome anti-impĂ©rialiste (particuliĂšrement forte Ă  Hambourg et Ă  Berlin). La bataille qui s’est soldĂ©e par l’assassinat des prisonniers de la RAF est vue comme un Ă©chec pour le mouvement rĂ©volutionnaire, mais le point positif consiste ‘en ce que la lutte des prisonniers et les actions de la guĂ©rilla a montrĂ© qu’ici en R.FA. il y a une rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste armĂ©e‘. Il ressort d’un document rĂ©sultant de ces discussions qu’une nouvelle mobilisation s’est dĂ©veloppĂ©e, et que celle-ci doit se concrĂ©tiser ‘dans la lutte de classe rĂ©volutionnaire pour le communisme’. Une nouvelle conscience s’est dĂ©veloppĂ©e dans les avant-gardes combattantes, ‘la conscience de la maturitĂ© d’une nouvelle offensive de l’internationalisme prolĂ©tarien‘.

1978 – Nouvelle grùve de la faim

Le 9 mars 1978, les prisonniers commencent une nouvelle grĂšve de la faim.

Communiqué de grÚve de la faim

1978 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort de Willy Peter Stoll

Le 11 mai 1978, Stefan Wisniewski est arrĂȘtĂ© Ă  Orly, il sera extradĂ© en R.F.A.. Le mĂȘme jour, Brigitte Mohnhaupt, Peter-JĂŒrgen Boock, Sieglinde Hofmann et Rolf Klemens Wagner sont arrĂȘtĂ©s en Yougoslavie. AprĂšs six mois de dĂ©tention, ils sont expulsĂ©s au YĂ©men. Le 6 septembre 1978, la police abat Willy-Peter Stoll Ă  DĂŒsseldorf. Stoll n’était pas armĂ©. Le 15 septembre, Astrid Proll est arrĂȘtĂ©e Ă  Londres et extradĂ©e en R.F.A.. Le 24 septembre, des policiers surprennent trois militants de la RAF qui s’entraĂźnent dans un bois prĂšs de Dortmund. Dans la fusillade, deux policiers sont tuĂ©s, un autre blessĂ©, et une militante (Angelika Speitel) est capturĂ©e. Le 1er novembre, fusillade au poste frontiĂšre germano-nĂ©erlandais, Rolf Heißler revenu clandestinement du YĂ©men pour reprendre la lutte dans la RAF, Ă©chappe Ă  la police.

DĂ©but 1972 – Naissance des RevolutionĂ€re Zellen

En 1978 survient une vague d’actions anti-impĂ©rialistes, principalement contre des installations militaires US. Les Cellules rĂ©volutionnaires (RZ) mĂšnent de nombreuses actions contre l’industrie de l’armement et aĂ©ronautique, l’industrie nuclĂ©aire, l’industrie chimique et pharmaceutique, ainsi que le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique. Entre 1978 et 1995, le groupe fĂ©ministe rĂ©volutionnaire Rote Zora incendiera ou dynamitera 45 sex shops, laboratoires de recherche en gĂ©nĂ©tique ou entreprises contribuant Ă  l’oppression de la femme.

Un communiqué des RZ

Un communiqué de Rote Zora

1979 – Nouvelles fusillades, nouvelles arrestations, mort d’Elisabeth von Dyck

La RAF exproprie avec succĂšs deux banques en mars et avril 79. Le 4 mai, la police anti-terroriste attaque un appartement de la RAF Ă  Nuremberg, Elisabeth von Dyck s’y trouve, sans arme et elle est abattue. Le 9 juin, Rolf Heißler tombe dans un piĂšge de la police anti-terroriste qui lui met une balle dans la tĂȘte; il survit miraculeusement.

25 juin 1979 – Action contre le gĂ©nĂ©ral Haig

Le 25 juin 79, le commando Andreas Baader de la RAF attaque Ă  l’explosif, en Belgique, le gĂ©nĂ©ral Alexander Haig, commandant en chef des forces armĂ©es de l’OTAN. L’action, qui manque de peu son but, marque le retour Ă  l’offensive de la RAF.

1979-80 – Nouvelle fusillade, nouvelles arrestations

Le 19 novembre, la RAF exproprie une banque Ă  Zurich. Dans la fusillade qui suit, la police tue une passante et arrĂȘte Rolf Klemens Wagner.

Le 5 mai 1980, arrestation à Paris de Sieglinde Hofmann et de quatre militantes du Mouvement du 2 Juin, elles seront toutes extradées vers la R.F.A.

2 juin 1980 – Dissolution du Mouvement du 2 Juin

Le 2 juin 80, une partie du Mouvement du 2 Juin se dissout pour continuer la lutte ‘dans la RAF, en tant que RAF‘ (une partie des prisonniers du Mouvement s’aligne sur cette dĂ©cision et deviennent des prisonniers de la RAF comme Inge Viett, arrĂȘtĂ©e le 2 mai 72, Ă©vadĂ©e en juillet 73 et reprise en septembre 75). Le communiquĂ© de dissolution expose: ‘Le Mouvement du 2 juin s’est créé Ă  l’encontre de la RAF, avec l’intention confuse de mener une ‘politique prolĂ©tarienne spontanĂ©e’. Nous avons considĂ©rĂ© que la thĂ©orie rĂ©volutionnaire, l’analyse des conditions – seules Ă  partir desquelles la stratĂ©gie et la tactique, la continuitĂ© et la perspective du combat, peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es – n’étaient pas importantes et nous avons ‘combattu Ă  tort et Ă  travers’ avec l’intention ‘d’enthousiasmer’ la jeunesse. Et c’est ainsi que nous avons dĂ©terminĂ© notre pratique en nous posant la question: ‘qu’est-ce qui enthousiasme’, et non pas en nous posant la question de savoir oĂč sont les vĂ©ritables contradictions, les frictions dans la stratĂ©gie impĂ©rialiste que nous devons attaquer. Le mouvement Ă©tait une soi-disant alternative Ă  la RAF, en tant que possibilitĂ© pour ces camarades qui pensaient que le combat sans compromis Ă©tait allĂ© trop loin. Pendant 10 ans, cela a produit division, concurrence et dĂ©sorientation dans la gauche et aussi parmi la guĂ©rilla, et cela a Ă©galement ralenti notre propre processus rĂ©volutionnaire.‘ Le reste du Mouvement se disperse.

Communiqué de dissolution du Mouvement du 2 Juin

25 juillet 1980 – Mort de Juliane Plambeck et Wolfgang Beer

Le 25 juillet 80, deux militants de la RAF, Juliane Plambeck et Wolfgang Beer, perdent la vie dans un accident de voiture. En janvier 1981, Peter-JĂŒrgen Boock est arrĂȘtĂ© Ă  Hambourg.

DĂ©but 1981 – Nouvelle grĂšve de la faim, mort de Sigurd Debus

Le 2 fĂ©vrier, 68 prisonniers dĂ©tenus dans 16 prisons entament la huitiĂšme grĂšve de la faim collective avec pour revendication le regroupement. Le 15 mars, des mĂ©decins ouest-allemands protestent contre l’isolement par une lettre ouverte, et le 16 avril 1981, Sigurd Debus, militant de la RĂ©sistance et qui avait rejoint la RAF en prison, meurt. Il Ă©tait depuis le 19 mars nourri de force.

31 aoĂ»t 1981 – Action contre un QG de l’USAF Ă  Ramstein

Le 31 aoĂ»t 1981, le commando Sigurd Debus de la RAF attaque le quartier gĂ©nĂ©ral de l’US Air Force en Europe, Ă  Ramstein. La RAF met en avant les mots d’ordre: ‘attaquer les centres, les bases et les stratĂšges de la machinerie militaire amĂ©ricaine’, ‘dĂ©velopper la rĂ©sistance contre la destruction en front pour la rĂ©volution en Europe’, ‘Mener la lutte dans la mĂ©tropole ensemble avec les rĂ©volutionnaires du Tiers-Monde‘.

15 septembre 1981 – Action contre le gĂ©nĂ©ral Kroesen

Le 15 septembre, le commando Gudrun Ennslin de la RAF dresse une embuscade contre le gĂ©nĂ©ral Kroesen, commandant des forces terrestres US en Europe (la voiture blindĂ©e du gĂ©nĂ©ral rĂ©siste Ă  l’impact de la roquette antichar!).

Mai 1982 – ‘GuĂ©rilla, rĂ©sistance et front anti-impĂ©rialiste’

En mai 1982, la RAF rend public un document stratĂ©gique intitulĂ© GuĂ©rilla, rĂ©sistance et front anti-impĂ©rialiste. DĂ©finissant 1977 comme passage Ă  une nouvelle Ă©tape, la RAF propose une nouvelle stratĂ©gie ‘de libĂ©ration’ et la construction du front anti-impĂ©rialiste dans le centre impĂ©rialiste. Le systĂšme impĂ©rialiste, dit la RAF, est rendu instable suite Ă  sa dĂ©faite au ViĂȘt-Nam et l’Europe de l’Ouest est au coeur des contradictions Est-Ouest, Nord-Sud, Ă©tat-sociĂ©tĂ©; signification de la lutte dans le centre pour la guerre de classe internationale. Ce document (qui propose aussi une analyse de la dĂ©faite de 1977) marque clairement l’abandon des catĂ©gories marxistes qui dĂ©terminaient les thĂšses fondatrices de la RAF. Le projet devient ouvertement subjectiviste’: on part de l’ensemble des luttes radicales contre le systĂšme (anti-guerre, anti-impĂ©rialiste, anti-patriarcale, squatts, etc.) plutĂŽt que d’en dĂ©passer les faiblesses; et plutĂŽt que de dĂ©gager des axes stratĂ©giques et de crĂ©er une vĂ©ritable unitĂ©, on constitue un ‘front’ qui juxtapose les dynamiques existantes. Il n’y a plus de stratĂ©gie rĂ©volutionnaire mais une lutte contre les projets et les forces de l’ennemi (‘notre stratĂ©gie est d’ĂȘtre contre leur stratĂ©gie‘).

Cette pauvretĂ© du discours de la RAF s’accompagne d’une vĂ©ritable interaction avec un large mouvement de rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste, lui-mĂȘme marquĂ© par le subjectivisme. La RAF est en phase avec une nouvelle base sympathisante, active notamment dans l’aile radicale du vaste mouvement de lutte contre l’installation des missiles atomiques US Pershing en R.F.A. et, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, contre les projets de guerre visant l’URSS et qui transformeraient l’Europe centrale en champ de bataille. Le sommet de l’OTAN du 18 juin 1982 donne lieu Ă  une grande manifestation de l’anti-impĂ©rialiste radical.

Guérilla, résistance et front anti-impérialiste

1982-1984 – Actions financiùres, logistiques et arrestations

Le 15 septembre, la RAF exproprie une banque Ă  Bochum. Fin septembre, la police dĂ©couvre le principal arsenal de la RAF, Ă  Francfort. Elle y place une souriciĂšre qui permet d’arrĂȘter, le 11 novembre 82, Brigitte Mohnhaupt et Adelheid Schulz. Le 16 novembre 1982, Christian Klar est arrĂȘtĂ© Ă€ Friedrichsruh.

Le 25 juin 1983 a lieu une grande manifestation anti-guerre et anti-impĂ©rialiste en R.F.A. Ă  l’occasion de la venue du vice-prĂ©sident amĂ©ricain Georges Bush: 100.000 manifestants dont 1.500 autonomes affrontent la police.

Le 26 mars 84, la RAF exproprie une banque Ă  WĂŒrzburg. Le 2 juillet, Helmut Pohl, Christa Eckes, Stefan Frey, Ingrid Jakobsmeier, Barbara Ernst et Ernst Volker sont arrĂȘtĂ©s Ă  Francfort.

Le 5 novembre 1984, la RAF exproprie une armurerie Ă  Maxdorf et saisit 22 armes de poings (certaines seront retrouvĂ©es en dĂ©cembre 85 lors de l’arrestation des militants des Cellules Communistes Combattantes).

DĂ©cembre 1984 – ProcĂšs et grĂšve de la faim

Le 4 dĂ©cembre dĂ©bute une nouvelle grĂšve de la faim collective pour l’application de la convention de GenĂšve. En dĂ©cembre toujours, Ă  l’occasion de leur procĂšs, Christian Klar et Brigitte Monhaupt donnent une analyse de la bataille de 1977: en 76/77, la guĂ©rilla s’était reformĂ©e en liaison avec les luttes et les prisonniers. La ligne dure de l’Etat ouest-allemand en 77 rĂ©sulte de deux facteurs. D’abord, l’Etat impĂ©rialiste optait pour des solutions militaires, depuis que la crise Ă©conomique et la vague de luttes de libĂ©ration dans le Tiers-Monde lui avaient fait perdre sa perte de marge de manoeuvre politique. Ensuite, la R.F.A. devait jouer un rĂŽle dirigeant dans la constitution de Europe de l’Ouest comme base de guerre contre l’URSS et les mouvements de libĂ©ration.

Le grĂšve de la faim durera jusqu’à la mi-fĂ©vrier.

18 dĂ©cembre 1984 – Echec de l’action contre l’Ecole de l’OTAN Ă  Oberammergau

Le 18 dĂ©cembre, une Ă©norme charge d’explosifs (provenant du stock de 800 kg dĂ©robĂ© Ă  Ecaussines, en Belgique, et Ă©galement utilisĂ© par les CCC) est dĂ©samorcĂ©e Ă  la Shape School d’Oberammergau, Ă©cole de formation des cadres militaires de l’OTAN. Le 15 janvier 85, les CCC attaquent une base de l’OTAN Ă  la voiture piĂ©gĂ©e (deux soldats US blessĂ©s) et dĂ©dient cette derniĂšre aux prisonniers de la RAF en grĂšve de la faim.

En R.F.A., la RĂ©sistance anti-impĂ©rialiste ne cesse de se dĂ©velopper: il y a au milieu des annĂ©es 80 plus d’un attentat par jour (par exemple l’incendie d’un bureau des services secrets US, le Military Intelligence Detachment-Bataillon le 29 dĂ©cembre 1984, l’attaque Ă  l’explosif d’une station Ă©mettrice de l’armĂ©e US Ă  Heidelberg le 30 dĂ©cembre, et d’innombrables petites actions comme l’incendie de vĂ©hicules militaires).

Janvier 1985 – Action contre Zimmerman, proposition de ‘Front de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enne’ avec Action Directe

Le 25 janvier, le commando Elisabeth von Dyck d’Action Directe exĂ©cute le gĂ©nĂ©ral Audran qui supervise la production et les ventes d’armes de l’Etat français et le 1er fĂ©vrier 1985, le commando Patsy O’Hara de la RAF exĂ©cute Ernst Zimmerman, patron des patrons dans l’industrie aĂ©ronautique.

La RAF et le groupe français Action Directe publie un document commun: ‘Nous dĂ©clarons: il est aujourd’hui nĂ©cessaire et possible d’ouvrir dans les centres impĂ©rialistes une nouvelle phase du dĂ©veloppement de la stratĂ©gie rĂ©volutionnaire authentique, et l’une des conditions Ă  ce saut qualitatif est de crĂ©er l’organisation internationale du combat prolĂ©tarien dans les mĂ©tropoles, son noyau politico-militaire: la guĂ©rilla ouest-europĂ©enne‘.

La proposition d’adhĂ©rer au ‘Front’ de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enne’ est rejetĂ©e par le PCE(r) et les Groupes de RĂ©sistance Antifasciste du Premier Octobre (GRAPO) en Espagne ainsi que par les CCC en Belgique. Ces organisations sont basĂ©es sur les catĂ©gories du marxisme-lĂ©ninisme, notamment en ce qui concerne l’analyse de classe et la nĂ©cessitĂ© d’un parti de classe. Pour elles, le devoir des rĂ©volutionnaires est de se lier au prolĂ©tariat de son pays et d’en unifier les avant-gardes sur une ligne rĂ©volutionnaire de classe. Or, le courant animĂ© par la RAF appelait indistinctement toutes les forces d’opposition radicale ou rĂ©volutionnaire Ă  s’articuler dans une dynamique plus ou moins commune. Il ne s’agissait donc pas de formaliser, renforcer et qualifier une unitĂ© reposant sur des caractĂšres politiques (communautĂ© du but et des objectifs, des principes et des mĂ©thodes, etc.) mais plutĂŽt de se rassembler sans ligne ni projet (autre que celui de combattre le systĂšme) dans une ‘unité’ recouvrant en fait l’éclectisme social et politique justifiĂ© par l’’autodĂ©termination des pĂŽles de lutte‘ ou du ‘poids grandissant de la subjectivitĂ©â€˜.

Communiqué commun RAF-AD

CommuniquĂ© du Commando Patsy O’Hara

8 aoĂ»t 1985 – Action contre l’Air Base de Francfort

Le 3 juin, la RAF exproprie un transfert de fonds (butin: 157.000 Mark). Un convoyeur est blessĂ© lors de l’opĂ©ration.

Le 8 aoĂ»t 1985, le commando George Jackson RAF/Action Directe attaque l’Air Base qui est le plus grand aĂ©roport militaire en dehors des USA: deux amĂ©ricains sont tuĂ©s dans l’explosion qui fait pour plus d’un million de Mark de dĂ©gĂąts. Pour pĂ©nĂ©trer dans le camp militaire, la RAF avait besoin d’un passe, et avait enlevĂ© et abattu pour cela un simple sergent US, Edward Pimmental. En janvier 86, la RAF accepte les critiques venues du mouvement et dĂ©clare qu’il n’y avait pas de nĂ©cessitĂ© de tuer un simple soldat comme Pimmental, ‘parce qu’une telle action ne peut qu’ĂȘtre dĂ©finie politiquement et stratĂ©giquement et que le dĂ©veloppement subjectif de la rĂ©sistance ici et la situation objective n’y correspondent pas‘. Selon la RAF, il aurait Ă©tĂ© juste de tuer Edward Pimmental dans le Tiers-Monde, dans la rĂ©sistance armĂ©e Ă  une des multiples agressions des USA, mais erronĂ© de tuer le mĂȘme Edward Pimmental en Europe. Le fait qu’Edward Pimmental soit un lampiste ne doit pas masquer le glissement qui s’opĂšre dans la conception de l’internationalisme de la RAF. La RAF n’est plus un dĂ©tachement avancĂ© de la grande armĂ©e des peuples en lutte contre l’impĂ©rialisme, qui porte la guerre des peuples dans les mĂ©tropoles impĂ©rialistes. Elle se dĂ©termine en fonction de la sociĂ©tĂ© allemande, mais ce glissement s’accompagne d’une autre Ă©volution: l’abandon du marxisme. Le recentrage ‘national’ de la RAF se produit au moment oĂč la RAF a cessĂ© d’analyser la sociĂ©tĂ© allemande en terme de classes et de lutte de classe, mais avec des catĂ©gories subjectivistes qui tournent vite en rond (il faut lutter avec ceux qui veulent lutter).

Janvier-fĂ©vrier 1986 – CongrĂšs anti-impĂ©rialiste de Francfort

Du 31 janvier au 4 fĂ©vrier 1986 se tient le grand CongrĂšs de la rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste et anticapitaliste en Europe de l’Ouest Ă  Francfort. De 2.000 Ă  3.000 congressistes (parfois cagoulĂ©s), majoritairement des autonomes, des anti-impĂ©rialistes, des sympathisants de la RAF, mais aussi de nombreux dĂ©lĂ©guĂ©s de presque tous les forces rĂ©volutionnaires europĂ©ennes, dĂ©battent des perspectives du mouvement rĂ©volutionnaire sous la protection d’un service d’ordre efficace. Le CongrĂšs de Francfort (dont la rĂ©solution finale appelait Ă  combattre l’OTAN comme force d’agression vers l’extĂ©rieur et de contre-insurrection vers l’intĂ©rieur), et l’offensive politico-militaire qui suivit, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme le sommet du mouvement de rĂ©sistance anti-impĂ©rialiste en Europe.

Interview de la RAF Ă  la revue clandestine Zuzammen KĂ€mpfen

9 juillet 1986 – Action contre Beckurts, arrestations

Le 9 juillet 1986, le commando Mara Cagol de la RAF exĂ©cute Beckurts, responsable de la recherche et des techniques chez Siemens et de la Commission de travail Ă  l’énergie atomique de l’Union des industriels allemand.

L’action de la RĂ©sistance ne faiblit pas: le 8 septembre par exemple, le siĂšge de la SĂ»retĂ© de l’Etat est dĂ©truit par l’UnitĂ© Combattante Christos Tsoutsouvis (un militant grec Ă  AthĂšnes tuĂ© par la police en octobre 77 lors d’une action de protestation contre le massacre Ă  Stammheim), et le 15 septembre, les immeubles oĂč sont conçus des chasseurs de l’aviation militaire sont dynamitĂ©s par l’UnitĂ© combattante Anna Maria Ludmann.

Le 2 aoĂ»t 1986, Eva Haule-Frimpong (militante de la RAF), Luitgard Hornstein et Christian Kluth (militants de la RĂ©sistance luttant avec la RAF dans le cadre du Front) sont arrĂȘtĂ©s Ă  RĂŒsselsheim.

10 octobre 1986 – Action contre von BraunmĂŒhl

Le 10 octobre, le directeur politique du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres, von BraunmĂŒhl, est exĂ©cutĂ© par le commando Ingrid Schubert de la RAF: ‘Notre attaque vise l’appareil d’Etat de R.F.A. agressif dans sa fonction d’Etat noyau de la formation politique de l’Europe de l’Ouest dans la stratĂ©gie de guerre impĂ©rialiste‘.

Le 16 novembre, le siĂšge d’IBM est dĂ©truit par l’UnitĂ© combattante Hind Alameh, et le 19 dĂ©cembre, l’UnitĂ© combattante Rolando Olalia attaque la premiĂšre sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans le crĂ©dit Ă  haut taux d’intĂ©rĂȘts aux pays sous-dĂ©veloppĂ©s. Le 20 dĂ©cembre a lieu une importante manifestation en dĂ©fense de la Hafenstraße, grande rue de Hambourg dont les maisons sont occupĂ©es, sous le mot d’ordre ‘Un seul front’: regroupement des prisonniers; libĂ©ration de Gunther Sonnenberg; la Hafenstrasse reste!‘. Le lendemain, l’UnitĂ© combattante Mustafa Aktas (Celal) attaque la Fondation Friedrich Ebert, une Ă©cole de cadres pour la contre-insurrection — une des nombreuses actions de la RĂ©sistance.

Communiqué du Commando Ingrid Schubert

DĂ©but 1987 – AD dĂ©mantellĂ©e, les RZ touchĂ©es par la rĂ©pression

Le 21 fĂ©vrier 1987, le dĂ©mantĂšlement d’Action Directe a lieu en France. La mĂȘme annĂ©e, une premiĂšre vague d’arrestations frappe les RZ. En 1986-87 les Cellules RĂ©volutionnaires avaient menĂ© des actions directes contre les diffĂ©rents rouages ou acteurs de cette politique en Allemagne: attentats contre les juges (blessĂ©s dĂ©libĂ©rĂ©ment aux jambes) et les tribunaux condamnant les rĂ©fugiĂ©s, contre la police des Ă©trangers et ses reprĂ©sentants, contre la police des frontiĂšres qui pourchasse les sans-papiers et contre le siĂšge social de la Lufthansa qui procĂšde aux expulsions
). Les RZ surmonteront cette vague d’arrestations et poursuivront la guĂ©rilla.

20 septembre 1981 – Echec de l’action contre Tietmeyer, communiquĂ© commun avec les Brigades Rouges-PCC

Le 20 septembre 1988, Ă  l’occasion d’une tentative d’exĂ©cution de Hans Tietmeyer, secrĂ©taire d’Etat du ministĂšre des finances, par son commando Khaled Aker, la RAF rend public un document commun avec les Brigades Rouges-PCC: ‘Le saut Ă  la politique du front est possible et nĂ©cessaire pour les forces rĂ©volutionnaires, afin d’amener la confrontation Ă  l’acuitĂ© adĂ©quate. Pour cela, toutes les positions idĂ©ologiques-dogmatiques existantes encore Ă  l’intĂ©rieur des forces combattantes et du mouvement rĂ©volutionnaire doivent ĂȘtre combattues et dĂ©passĂ©es, parce qu’elles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques Ă  leur acuitĂ© politique nĂ©cessaire. L’attaque unitaire des lignes stratĂ©giques de la formation de l’Europe de l’Ouest Ă©branle le pouvoir impĂ©rialiste. Organiser la lutte armĂ©e en Europe de l’Ouest. Construire dans l’attaque l’unitĂ© des forces rĂ©volutionnaires combattantes: organiser le front. Lutter ensemble‘.

Communiqué commun RAF / BR-PCC

FĂ©vrier-mai 1989 – 10Ăšme grĂšve de la faim

Le 1er fĂ©vrier 1989 commence la 10Ăšme grĂšve de la faim des prisonniers de la RAF pour le rassemblement en un ou deux groupes, pour la libĂ©ration des prisonniers malades et pour la libre communication avec des groupes sociaux extĂ©rieurs. Le mouvement bĂ©nĂ©ficie d’un large soutien. Les squats de la Hafenstraße de Hambourg, qualifiĂ©s de base pour la RAF, sont attaquĂ©s par 1.000 policiers. La grĂšve de la faim se termine le 12 mai.

30 novembre 1989 – Action contre Herrhausen

Le 30 novembre 89, le prĂ©sident de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, est tuĂ© dans une embuscade Ă  l’explosif contre sa voiture blindĂ©e par le commando Wolfgang Beer de la RAF.

1989-1990 – Vague d’arrestations dans l’ex-RDA

Pendant des annĂ©es, la R.D.A. avait accueilli d’anciens membres de la RAF qui avaient quittĂ© la RAF soit pour des raisons idĂ©ologiques (divergences avec la nouvelle ligne de 1982), soit par volontĂ© d’abandonner la pratique rĂ©volutionnaire. La R.D.A. leur avait fournit la possibilitĂ© de refaire leur vie (nouvelle identitĂ©, logement et emploi). En juin 90, l’annexion de la R.D.A. permet aux services spĂ©ciaux de la R.F.A. d’arrĂȘter Suzanne Albrecht, Ralf Baptist Friedrich, Sigrid Sternebeck, Inge Viett, Werner Lotze, Christine DĂŒmlein, Ekkehard von Seckendorff-Gudent, Monika Helbing, Silke Maier-Witt et Henning Beer. Les anciens de la RAF sont soumis au chantage: soit ils fournissent suffisamment d’informations pour charger les militants de la RAF, soit ils iront eux-mĂȘmes en prison pour la vie. La majoritĂ© refuse, certains acceptent.

27 juillet 1990 – Echec de l’action contre Neusel

Le 27 juillet 90, Hans Neusel, expert en rĂ©pression de soulĂšvement et secrĂ©taire d’Etat du ministĂšre de l’intĂ©rieur, est attaquĂ© par le commando JosĂ© Manuel Sevillano (prisonnier des GRAPO mort lors d’une grĂšve de la faim) de la RAF. Neusel (qui en rĂ©chappe) Ă©tait l’un des membres les plus dynamiques dans les rencontres du TREVI, organe de coordination internationale contre le terrorisme. Dans le communiquĂ©, la RAF explique que ‘l’impĂ©rialisme a gagnĂ© la guerre froide‘, que la chute ‘du bloc socialiste et ainsi de sa fonction historique pour le processus de libĂ©ration des trois continents a conduit Ă  une nouvelle stabilisation du bloc formĂ© par le pouvoir impĂ©rialiste‘.

Communiqué du Commando José Manuel Sevillano

13 fĂ©vrier 1991 – Action contre l’ambassade amĂ©ricaine

Le 13 fĂ©vrier 91, le commando Ciro Rizatto de la RAF attaque Ă  la mitrailleuse lourde l’ambassade US Ă  Bonn, ‘parce que les USA ont pris dĂšs le dĂ©part dans la guerre de destruction contre le peuple irakien le rĂŽle de conducteur‘.

15 septembre 1991 – Action contre Rohwedder

Le 1er avril 1991, Detlev Rohwedder, chef de la ‘Treuhand’ (l’organe de privatisation et de ‘dĂ©graissage’ des entreprises de l’ex-R.D.A.), est exĂ©cutĂ© par le commando Ulrich Wessel de la RAF qui affirme la nĂ©cessitĂ© d’opposer au ‘saut de la bĂȘte impĂ©rialiste le propre saut rĂ©volutionnaire’: ‘Qui ne combat pas meurt Ă  petit feu, la libertĂ© n’est possible que dans la lutte pour la libĂ©ration‘.

10 avril 1992 – Premier pas vers la liquidation

Mais la chute du bloc socialiste et la fin de la vague des mouvements de libĂ©ration nationale progressistes dans le Tiers-Monde pose un problĂšme fondamental Ă  la RAF. Comme elle a abandonnĂ© les catĂ©gories marxistes qui fondent la lĂ©gitimitĂ© et la nĂ©cessitĂ© d’un combat rĂ©volutionnaire sur base des contradictions de classe, elle peine Ă  trouver un fondement et un projet stratĂ©gique. Le 5 janvier 92, le responsable du parti libĂ©ral (FDP) Kinkel fait une ouverture pour une ‘solution nĂ©gociĂ©e’. Le 10 avril, la RAF annonce qu’elle arrĂȘte l’escalade militaire contre l’état, et qu’elle cessera d’attaquer des responsables de l’économie ou de la politique. La raison annoncĂ©e par la RAF est que l’ouverture d’un dĂ©bat sur les perspectives est nĂ©cessaire, et que l’escalade militaire n’aurait dans ce cadre que peu de sens. Les rĂ©actions Ă  cette annonce sont nĂ©gatives chez les autres forces de guĂ©rilla rĂ©volutionnaire. Elles s’expriment dans plusieurs documents: Une perspective rĂ©volutionnaire en Europe du collectif ‘Wotta Sitta’ des prisonniers des BR, Liquidation ou redĂ©finition? du PCE(r), Une dĂ©claration injustifiable des prisonniers des CCC. Ces critiques remarquent surtout ce qui est annoncĂ© ‘en creux’ dans le texte: l’abandon de la lutte armĂ©e et du projet rĂ©volutionnaire au profit d’une vague pratique ‘produisant’ du lien social. Le document de 82 montrait qu’avec l’abandon ouvert des catĂ©gories marxistes, la RAF cherchait Ă  fusionner avec le courant ‘alternatif’. En 1982, la chose devait se faire en liquidant le courant (la RAF Ă©crivait ‘il ne s’agit plus de ‘changer le systĂšme’, de ‘modĂšles alternatifs’ Ă  l’intĂ©rieur de l’État, tout cela est devenu complĂštement grotesque‘). Dix ans plus tard, c’est par la liquidation de leur organisation que les militants de la RAF imaginent cette fusion.

AoĂ»t 1992 – ‘Nous devons trouver du neuf’, second pas vers la liquidation

En aoĂ»t 92, nouveau texte de la RAF, Nous devons trouver du neuf: ‘Aujourd’hui beaucoup ont peur de l’existence, la destruction du social dans la sociĂ©tĂ© en est arrivĂ©e Ă  une nouvelle dimension, l’explosion de l’autodestruction, de la violence des gens entre eux/elles. Du manque d’espoir et de l’absence de perspective pour en arriver Ă  des changements positifs, de plus en plus de gens se rĂ©fugient dans l’alcool et la drogue, et les taux de suicides augmentent. La frustration, la peur et l’agression se dirigent vers soi-mĂȘme ou vers d’autres qui sont encore plus bas dans la hiĂ©rarchie sociale. Ce sont les nazis contre les gens d’autres couleurs, d’autres nationalitĂ©s, les homosexuels et les lesbiennes, l’accroissement de la violence contre les femmes, les enfants et les personnes ĂągĂ©es. Les campagnes mĂ©diatiques contre les rĂ©fugiĂ©/e/s et le matraquage des antifascistes dans les rues montrent clairement les intĂ©rĂȘts de l’Etat et du Capital Ă  canaliser les mĂ©contentements croissants dans une mobilisation raciste et rĂ©actionnaire. A rencontre de cela il est difficile de cerner la possibilitĂ© de dĂ©velopper et d’imposer des rĂ©ponses ayant du sens, et justes, dans la construction de liens solidaires et d’auto-organisation par en bas, partant de la rĂ©alitĂ© de la vie quotidienne des gens. (
) [la] destruction du social est une des bases essentielles pour le pouvoir et la continuation du systĂšme capitaliste. Un contre-pouvoir n’existera que s’il propose une alternative Ă  la normalitĂ© des dominants dans cette sociĂ©tĂ© et au systĂšme. Cela signifie essentiellement: opposer une organisation Ă  la destruction du social, l’aliĂ©nation et le chacun pour soi, et en arriver Ă  des espaces sociaux oĂč la solidaritĂ© soit vaste et d’oĂč beaucoup prennent en main la responsabilitĂ© de dĂ©veloppements sociaux – ce que nous appelons processus d’appropriation sociale. De cela vient une force d’attraction, car la lutte pour le social entre les gens est l’alternative sensible Ă  la solitude dans le systĂšme, aux fascistes‘. Et de conclure: ‘La voie de la libĂ©ration passe par le processus d’appropriation sociale, qui deviendra une partie de la nouvelle lutte internationale pour le bouleversement‘.

Les réactions à ce texte sont négatives de la part des forces et prisonniers de la guérilla en Europe.

Nous devons trouver du neuf (extraits principaux)

Collectif des prisonniers des CCC: ‘Une dĂ©claration injustifiable’

1992-1993 – Fondation et dĂ©mantellement de l’AIZ

En Allemagne apparaĂźt une nouvelle organisation, les Cellules anti-impĂ©rialistes (AIZ), qui ne critiquent pas (encore) les nouveaux choix de la RAF mais qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de la lutte armĂ©e pour la lutte anti-impĂ©rialiste. Les AIZ affirmeront par la suite que la thĂšse de la RAF n’est pas suivie et prennent la responsabilitĂ© d’assurer la continuitĂ© de la politique menĂ©e par la RAF de 1972 (libĂ©ration d’Andreas Baader) Ă  1991 (mitraillage de l’ambassade US). En fait, les AIZ reprennent la ligne de 1982 (frontisme anti-impĂ©rialisme) plutĂŽt que celle de 1972 (anti-impĂ©rialisme comme dimension stratĂ©gique de la lutte de classe). Elles poussent mĂȘme le frontisme anti-impĂ©rialisme (qui dĂ©finit l’unitĂ© non par le projet social mais par l’ennemi commun: l’impĂ©rialisme) jusqu’à trouver un caractĂšre rĂ©volutionnaire au mouvement islamique. Cette dĂ©rive idĂ©ologique isolera les AIZ aussi bien du cĂŽtĂ© marxiste que du cĂŽtĂ© subjectiviste (Ă  commencer, bien entendu, par les forces autocentrĂ©e sur la lutte anti-patriarcale). Une vague d’arrestations dĂ©mantĂšlera les AIZ aprĂšs quelques actions (contre le siĂšge de l’association patronale de la mĂ©tallurgie en novembre 93 et celui de la CDU en juin 94).

Un communiquĂ© de l’AIZ

30 mars 1993 – Action contre la superprison de Weitestadt

Le 30 mars 1993, le commando Katharina Hammerschmidt de la RAF fait sauter la superprison en construction de Weiterstadt avec plus de 500 kilos d’explosifs. Une partie des prisonniers de la RAF critique cette action ‘apolitique’ qui ne vise qu’à faire pression pour que les prisonniers soient libĂ©rĂ©s en Ă©change de l’abandon de la lutte armĂ©e.

Communiqué du Commando Katharina Hammerschmidt

27 juin 1993 – Fusillade à Bad Kleinen, mort de Wolfgang Grams

Un agent parvient Ă  s’infiltrer parmi les sympathisants proches la RAF. Il est Ă  l’origine de l’arrestation Ă  Bad Kleinen de Brigitte Hogefeld, et du meurtre de Wolfgang Grams. Celui-ci avait tuĂ© un policier dans la fusillade et avait lui-mĂȘme Ă©tĂ© blessĂ©. Gisant Ă  terre, blessĂ©, menottĂ© et dĂ©sormais sans arme, il est exĂ©cutĂ© d’une balle dans la tĂȘte.

Novembre 1993 – Positionnement et grùve de la faim des prisonniers

En novembre 1993, la majoritĂ© des prisonniers de la RAF critique la RAF (et quelques prisonniers) pour sa tentative de deal avec l’Etat. L’avocat Ströbele aurait discutĂ© avec le chancelier Kohl, et avec des patrons pour que ceux-ci fassent pression en faveur d’un accord politique (arrĂȘt de la lutte armĂ©e et libĂ©ration des prisonniers). La RAF Ă©crit en mars 1994 dans un communiquĂ© qu’il n’a jamais Ă©tĂ© question de faire un deal avec qui que ce soit, que seul le rapport de force peut libĂ©rer les prisonniers. Elle dĂ©veloppe Ă  nouveau le thĂšme des ‘contre-pouvoirs sociaux’

Communiqué de la RAF de 1994

20 avril 1998 – La liquidation

Le 20 avril 1998, la RAF rend public un texte datĂ© de mars et intitulĂ©: Pourquoi nous arrĂȘtons. C’est le point final de la dĂ©rive subjectiviste: au lieu de revenir Ă  la position d’avant-garde de la lu tte rĂ©volutionnaire qui Ă©tait la sienne en 72, la RAF se dissout dans le courant alternatif. Des conceptions frontistes Ă©noncĂ©es par la RAF en 1982 Ă  la proclamation du ‘Front de la guĂ©rilla ouest-europĂ©enne’ en 1985 pour aboutir au ‘contre-pouvoir Ă  la base’ en 1989, le subjectivisme, qui s’était exprimĂ© d’abord dans le militarisme, sombre dans l’opportunisme et la capitulation.

Pourquoi nous arrĂȘtons

Lettre de Rolf-Clemens Wagner sur la liquidation

15 septembre 1999 – Mort d’Horst-Ludwig Meyer et derniùres arrestations

Le 20 juillet 1999, la police trouve des empreintes ADN de militants de la RAF arrĂȘtĂ©s sur un lance roquette qui a servi Ă  une attaque de transport de fonds (butin: un million de Mark). Le 15 septembre 1999, Horst-Ludwig Meyer est tuĂ© Ă  Vienne dans une fusillade avec les policiers qui viennent l’arrĂȘter. Andrea Klump est aussi arrĂȘtĂ©e; elle collaborera avec la police peu aprĂšs.

La RĂ©sistance subira en gĂ©nĂ©ral un grand recul Ă  la fin des annĂ©es 90. Fin 1999, trois vagues d’arrestations dĂ©mantĂšlent les RZ qui auront revendiquĂ© plus de 140 actions armĂ©es. La lutte armĂ©e n’a cependant jamais cessĂ© en R.F.A., elle prend actuellement la forme d’une guĂ©rilla diffuse qui s’exprime par des dizaines de petites actions (incendies de siĂšges d’entreprises d’administration de voitures de fonction, etc.) menĂ©es par de petites organisations comme le groupe Klasse gegen Klasse, l’Autonome Miliz, la Militante Antimilitaristische Initiative, et le Militante Gruppe.

6 juin 2015 – Nouvel avis de recherches

Le 6 juin 2015, suite Ă  une attaque manquĂ©e contre un fourgon blindĂ© dans la banlieue de BrĂȘme, le parquet de Verden affirme avoir relevĂ© l’ADN de trois membres toujours recherchĂ©s de la RAF: Daniela Klette, Ernst-Volker Wilhem Staub, et Burkhard Garweg. Ils Ă©taient dĂ©jĂ  recherchĂ©s leur participation supposĂ©e Ă  l’attaque contre le prison de Weiterstadt et contre le transport de fonds le 30 juillet 1999.

27 fĂ©vier 2024 – Arrestation de Daniela Klette

Arrestation de Daniela Klette Ă  Berlin. Elle est immĂ©diadement placĂ©e Ă  l’isolement total. Burkhard Garweg Ă©chappe de peu Ă  l’arrestation et enverra des saluations de la clandestinitĂ©.

 

 

17 octobre 1977-
 – Ne rien oublier! Ne rien pardonner!

Le mardi 7 juillet 2009, une délégation de notre Secours Rouge/APAPC a été déposer fleurs, drapeau et cigarette sur la tombe des camarades assassinés à Stammheim.

La mort de Benno Ohnesorg
Rudi Dutschke
Incendie Ă  Francfort
Manifestation contre Springer
ProcĂšs Ă  Francfort
Au camp du FPLP
Affiche de recherche
Jaquette du livre 'Conception de la guérilla urbaine
Petra Schelm
Affiche militante
Action contre une base de l'armée à Francfort
Action Ă  MĂŒnich contre la police et la justice
Campagne de presse contre la RAF
Arrestation de Baader
Action palestinienne Ă  MĂŒnich
Ulrike Meinhof
Affiche de solidarité
Affiche pour le procĂšs
Holger Meins
Cadavre de Holger Meins
Affiche pour Holger Meins
La prison de Stammheim
Symbole du Mouvement du 2 Juin
Ambassade d'Allemagne
Genscher Ă  Stockholm
Stammheim
Ulrike Meinhof
Brigitte Monhaupt
Buback
Klaus Croissant
Action contre Jurgen Ponto
Hans Martin Schleyer
Le Boeing 737
La fedayin survivante
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Andreas Baader et Gudrun Ensslin
Jan-Carl Raspe
Irmgard Möller
Les funérailles à Stammheim
Affiche de soutien
Willy-Peter Stoll
Logo RZ
Logo Rote Zora
Action contre le général Haig
La Mercedes blindée de Kroesen
Affiche de recherche (1983)
Brigitte Monhaupt
Christian Klar
L'Air Base de Francfort
Action contre Beckurts
Action contre von BraunmĂŒhl
Action contre Herrhausen
Action contre la superprison de Weitestadt
Wolfgang Grams
Horst-Ludwig Meyer abattu par la police autrichienne
Sur la tombe
Affiche de solidarité avec Daniela Klette