C’est hier soir qu’a eu lieu au Garcia Lorca la soirée mensuelle de soutien aux inculpés du Secours Rouge. La conférence de Claude Guillaumaud-Pujol qui a suivi la projection du film était d’un grand intérêt et a été suivie d’un long échange entre la conférencière et l’assistance. Mais si la soirée s’est parfaitement déroulée, l’assistance a hélas été bien en dessous de nos attentes. Seule une quarantaire de personnes étaient présentes.

Conférenciers sur les BP

Conférenciers sur les BP

À partir de ce 6 mars 2009, un réseau d’information entre entreprises est activé en Belgique contre les ‘menaces terroristes’. Les Services Publics Fédéraux Justice et Intérieur ont créé ce réseau d’information en étroite collaboration avec la Fédération des Entreprises Belges. Le protocole relatif à ce réseau est signé aujourd’hui par le Ministre de la Justice Stefaan De Clerck, le Ministre de l’Intérieur Guido De Padt et l’Administrateur délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique Rudi Thomaes.

L’objectif est qu’une entreprise qui voit par exemple qu’une voiture s’arrête devant la porte d’entrée plusieurs jours de suite informe les autorités afin qu’une enquête puisse être menée. Si l’incident s’avère réellement suspect ou si une autre entreprise a également constaté les mêmes faits avec le même véhicule, l’ensemble du secteur peut en être informé via le réseau. Inversement, si une menace générale existe contre un secteur défini d’entreprises, les autorités en informeront ledit secteur. L’échange d’informations sur tout élément suspect se fait à un stade précoce (‘early warning’), de sorte que la vraie nature de la menace puisse être rapidement examinée. Le réseau est alimenté à l’initiative tant des polices que des patrons: des informations (rendues anonymes) sont échangées sur les agissements ou incidents suspects constatés auprès des entreprises ou sur d’éventuelles menaces, qui font l’objet d’un examen par les autorités. Le système a déjà passé avec succès une phase d’expérimentation. Par ailleurs, son efficacité sera régulièrement évaluée à l’avenir.

Lire le communiqué officiel

Un mois de prison pour avoir pris de la nourriture périmée dans une poubelle d’un AD Delhaize de Bruges! La sentence a été prononcée ce mardi 3 par la chambre du conseil de Bruges à l’encontre d’Olivier, un militant vert qui occupe depuis plusieurs mois les bois du Lappersfort. Olivier avait été interpellé jeudi dernier – et a vu son mandat confirmé ce mardi, a précisé son avocat qui a interjeté appel.

Olivier, qui refuse de révéler sa réelle identité aux enquêteurs, a pris, jeudi dernier, de la nourriture périmée dans un container à déchets d’un AD Delhaize. Les responsables de l’AD Delhaize estiment qu’une fois que la nourriture se retrouve dans des poubelles à l’extérieur, elle ne leur appartient plus. Les badauds peuvent donc s’en saisir sans le moindre problème. Selon le Procureur du Roi brugeois Jean-Marie Berkvens, le vol en soi n’est pas un fait grave. Ce qui met la justice hors d’elle, c’est que le jeune militant ose la narguer en refusant de lui révéler son identité. Son avocat même ignore les coordonnées de son client… Une telle ‘arrogance’ envers la justice et le fait qu’il se soit ‘introduit dans une propriété privée’ coûte donc un mois de détention préventive à Olivier.

Olivier est membre d’un groupe qui occupe depuis six mois le bois de Lappersfort, où ils ont construit des cabanes dans les arbres. Situé à moins de deux kilomètres du centre de Bruges, le Lappersfort est une zone semi-naturelle où on dénombre pas moins de sept biotopes différents. Ce site, qui abritait autrefois un château et une usine, a été laissé à l’abandon pendant des années. La nature y a peu à peu repris ses droits. D’où la vive opposition d’associations environnementales lorsque des projets de ‘rentabilisation’ ont vu le jour comme la transformation du site en parc industriel.

Le Lappersfortbos

Le Lappersfortbos

Hier, les auditions sollicitées par la Commission se sont poursuivies. Damien Vandermeersch, avocat général à la Cour de Cassation (usant d’un grand nombre de précautions oratoires) a pris le contre-pied des positions défendues par les premiers intervenants. Il y a selon lui nécessité de limiter l’incrimination terroriste aux attentats ou ‘menaces terroristes’ stricto sensu. Pour M. Vandermeersch, l’infraction terroriste demande une réponse législative spécifique, mais ce qui pose problème, c’est le raidissement de l’intervention judiciaire de l’aval vers l’amont. Alors que, jusqu’ici, la Justice pénale avait pour mission de réagir répressivement après la commission d’un acte délictueux, on lui demande de plus en plus d’agir avant même toute infraction. Cette dernière conception est non seulement peu efficace (en exigeant toujours davantage de moyens humains et financiers), elle est surtout pernicieuse: elle tend à élargir sans cesse le champ des suspects à surveiller pour être sûr de contrôler tous les comportement potentiellement dangereux. Dans ce cadre, la réponse anti-terroriste privilégie le renseignement sur la récolte de preuves en tant que telles, ce qui débouche sur une logique du secret avec les dossiers classifiés, et une opacification de l’enquête (y compris dans la phase du jugement). Arrivé à ce stade, il n’y a donc plus de processus contradictoire car la défense ne peut plus soumettre les preuves ainsi ‘dissimulées’ à discussion, à contre-expertises et à critiques.

Après cet exposé courtois, les cinq parlementaires présents vont poser des questions assez générales et recevoir des réponses superficielles. Et Delmulle a naturellement soutenu que le Parquet fédéral mettait ‘au premier rang’ le respect des libertés individuelles.

Jean Cornil (PS) évoque le malaise qu’il ressent par rapport à deux affaires emblématiques. Les jugements successifs et contradictoires liés au dossier ‘DHKP-C’ et l’affaire du Secours Rouge: ‘N’y a-t-il pas, ici, volonté de brider la liberté d’expression et d’association, sous toute réserve de l’issue judiciaire qui sera apportée par les tribunaux évidemment?‘.

Delmulle: ‘Mais pas du tout. Il n’y a jamais eu volonté du Parquet de cibler telle ou telle organisation. Dans l’affaire Erdal, toute l’histoire a commencé à Knokke, par hasard: un début d’incendie, un témoin qui téléphone pour prévenir la police, etc. Quant au dossier du Secours Rouge, ce sont les italiens qui ont pris l’initiative de l’ouvrir. Il n’y a donc jamais eu volonté de stigmatisation‘.

Mia De Scamphelaere: ‘Le terrorisme a toujours une dimension idéologique qui renvoie à un idéal. Comment opérer la distinction entre l’engagement idéologique et l’utilisation massive de violence?

Delmulle: ‘Mais un idéaliste n’a rien craindre. Le citoyen critique, qui s’engage, n’a rien à craindre non plus. Par contre, si cette personne est membre d’une organisation terroriste, là c’est tout autre chose. Vous comprenez?

Très peu de parlementaires étaient présents à la première séance. Ils ne sont déjà plus que neuf – attachés parlementaires et députés confondus… Aucun n’avait préparé de questions précises permettant de prendre en défaut les personnes auditionnées.

(résumé du compte-rendu d’audience d’un membre du CLEA)

Le mardi 3 février ont eu lieu les premières auditions sollicitées par la Commission parlementaire chargée d’évaluer la loi anti-terroriste. Quatre intervenants étaient ainsi annoncés: Gilles de Kerchove (coordinateur de la lutte anti-terroriste au niveau de l’Union européenne); Frank Schins (Procureur général auprès de la Cour d’Appel de Gand), Johan Delmulle (Procureur fédéral) et Damien Vandermeersch (Avocat général à la Cour de Cassation). Delmulle avait à ses côtés la magistrate Franssen, qui a en charge l’affaire du 5 juin contre les membres du Secours Rouge et le dossier contre Ferhiye Erdal. Dans la salle, outre la présidente de session, près de vingt parlementaires (ou attachés). Ils seront rejoints un peu plus tard par le ministre de la Justice Stefaan Declerck et son prédécesseur Jo Vandeurzen.

Premier intervenant: de Kerchove (ex-attaché de Cabinet à la Justice). Il justifie la lutte contre le terrorisme en demandant le renforcement de l’arsenal déjà en place. L’approche européenne harmonisée s’applique à travers des déclinaisons chaque fois nationales ‘selon les standards des lois ordinaires du Code pénal, avec un Droit adapté qui ne repose aucunement sur des législations d’exception, à la différence des Etats-Unis‘. De Kerchove insiste sur la nécessité de prévenir la commission d’actes terroristes en améliorant la pro-activité, c’est-à-dire les mesures de surveillance en amont. Il se félicite de la dernière Décision-Cadre (novembre 2008) adoptée par l’UE ajoutant ‘la provocation publique au terrorisme’ parmi les délits déjà inclus dans la loi nationale.

Renforcer donc l’espionnage? Pour de Kerchove cela implique de mieux se concerter avec Europol/Eurojust: ‘Le mandat d’arrêt européen? Enfin, ‘un produit’ (sic) qui répond aux attentes’. ‘Il faut croiser nos ‘watchlists’ (sic) et transmettre nos fichiers de renseignements aux USA’. ‘En Belgique, et ça n’existe nulle part ailleurs en Europe, la Sûreté de l’Etat n’est toujours pas légalement habilitée à user de méthodes particulières d’investigation. Ca ne va pas, même si on a mis sur pied l’OCAM’. Ce qui ne va pas non plus: ‘Dans le Droit belge, pour qu’il y ait provocation condamnable, il faut qu’on ait affaire à une association structurée. Il faudrait donc changer la loi et appliquer comme en France une définition beaucoup plus lâche‘… Même s’il ne le dit pas explicitement, l’intervenant voudrait que la loi soit considérablement durcie notamment parce qu’elle bute sur le concept de liberté d’expression (‘Au Danemark, cette liberté prime sur tous les autres droits reconnus!’). Conclusions: ‘Ces dernières années, on a assisté à un déplacement du Droit pénal: en matière de terrorisme, on a institué des modalités accentuant la prévention en amont. Il faut aller encore beaucoup plus loin‘.

Deuxième orateur: Schins. Le magistrat se contente de remettre un document dactylographié et d’énoncer des thématiques dont le principal commentateur ne sera autre que Johan Delmulle. Des multiples interventions du Procureur fédéral, on retiendra l’insistance à légiférer notamment pour protéger les témoins anonymes et les policiers chargés de leur protection; ou l’évocation de chiffres mettant en exergue l’excellent travail accompli grâce aux méthodes particulières d’enquête: ‘Durant les quatre dernières années, ont eu lieu 3.721 ‘observations’ dont 91 ayant trait au terrorisme, soit 2,44%; et 220 ‘infiltrations’ dont 4 pour terrorisme, soit 1,8%‘.

Delmulle revient évidemment sur les victoires judiciaires remportées par son office dans deux grands dossiers déjà jugés: l’affaire du Groupe islamique combattant marocain et le dossier ‘Degauque’ (du nom de la belge kamikaze en Irak). Delmulle retrace la chronologie judiciaire du ‘feuilleton DHKC’. Concernant l’assassinat d’Ozdemir Sabanci dont Fehriye Erdal est accusée, il y aura bientôt procès en Belgique devant les Assises. L’enquête est supervisée par Franssen, et un juge d’instruction de Bruges s’est déjà rendu une première fois en Turquie. A propos de la Cassation de juin 2008, Delmulle y voit la confirmation que son interprétation de la loi anti-terroriste est la bonne; sont fautifs les juges de la Cour d’Anvers (qui avaient acquitté les 7 prévenus du chef d’appartenance à une association ‘délictueuse’), raison pour laquelle l’affaire sera rejugée. Les lois les plus récentes (en matière sécuritaire) apportent ‘une incontestable plus-value’ mais doivent être rendues plus performantes.

Compte-rendu plus complet sur le site du CLEA

La semaine dernière, les pneus de plusieurs véhicules de Fabricom ont été crevés à Gand en solidarité avec la lutte contre les prisons et avec la lutte pour sauvegarder le forest Lappersfort à Bruges. Des pneus d’un véhicule de police ont également été crevés en solidarité avec la lutte contre les centres fermés.

Samedi 7 mars, le Secours Rouge organise au Garcia Lorca une soirée d’information sur le thème des Black Panthers. Une essaiste française, visiteuse de prison de Mumia Abu Jamal, viendra présenter une conférence qui sera précédée d’un film sur l’assassinat de Fred Hampton.

La salle située entre la salle de conférence/projection et le bar/restaurant sera aménagée pour l’installation de stands d’information. Une talble sera mise à la disposition de toute organisation ou collectif solidaire des prisonniers communistes, anarchistes, antifascistes, anti-impérialistes. Un mail au site du SR suffira pour réserver une table.

Les bénéfices de la soirée financeront la défense légale des 4 inculpés du Secours Rouge.

Voir la page du site consacrée au Black Panther Party

A l’instar des islamistes, les hooligans essuient régulièrement les plâtres de nouvelles techniques ou dispositifs répressifs. Un exemple particulièrement grave fut l’interdiction faite à certains hooligans de se rendre dans d’autres pays européens pour assister à des matchs. Cette disposition est passée inaperçue… et a servi de précédent pour les interdictions d’aller manifester faites aux militants altermondialistes supposés ‘violents’.

Cette fois, la première consiste en l’appel à la dénonciation sur YouTube et Facebook. Vingt-neuf personnes suspectées de hooliganisme lors de la finale de la Coupe UEFA qui a eu lieu au City of Manchester Stadium en mai 2008 ont été identifiées par la police de Manchester suite à un appel a témoin mis en ligne sur ces deux sites. En deux jours, la vidéo a été vue par 66.000 personnes sur les sites de partage, 70.000 sur le site de la Greater Police Manchester et 76 formulaires d’identification ont été remplis. Sur la vidéo, on peut voir 49 photos de suspects et une vidéo des affrontements opposant des supporters des Glasgow Rangers aux forces de police pendant la soirée du match. A l’issue des affrontements, la police anti-émeute avait pu procéder à l’interpellation de 42 présumés hooligans.

Les progrès des nouvelles techniques de vidéo-surveillance sont démontrés par un enregistrement vidéo d’affrontements entre groupes de supporters de Birmingham City et d’Aston Villa diffusé par la police des West Midlands. La vidéo a été téléchargée sur … YouTube pour démontrer les capacités d’un hélicoptère de police du dernier cri coûtant 4 millions de livres qui avait pu grâce à une technologie adaptée filmer durant près de 90 minutes la totalité des affrontement qui avaient eu lieu en novembre 2007.

En Belgique, c’est aux trois hélicoptères McDonnell Douglas ‘Explorer 900’ de la police fédérale basés à Melsbroek de jouer ce rôle. Cet hélicoptère peut être utilisé la nuit; il est notamment pourvu d’un système de protection contre un contact éventuel avec une ligne à haute tension, d’un treuil électrique, d’une lampe de recherche puissante et d’une caméra thermique. Outre les contrôles des manifestations, ces hélicoptères particulièrement silencieux (ils n’ont pas de rotor arrière) patrouillent plusieurs nuits par semaine (on peut repérer leur passage aux alarmes qu’ils déclenchent en volant à basse altitude!) en liaisons avec les polices locales. La qualité des caméras a été démontrées plusieurs fois. Ainsi lors du procès des jeunes participants allemands à la manifestation contre le Sommet de l’Union Européenne du 14 décembre 2001 à Laeken accusés d’avoir ‘black-bloqué’. Les photos parfaitement identifiables de manifestants prises d’hélicoptères ont été produites par la police.

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