L’imam Jamil Al-Amin, figure du mouvement des droits civiques et leader musulman américain, est décédé en détention. Ancien président du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et ministre de la Justice du Black Panther Party, il purgeait une peine de prison à vie depuis 2002. Atteint d’un très grave cancer qui s’est développé en raison de la politique de négligence médicale de l’administration pénitentiaire, ses soutiens appelaient récemment à intensifier la solidarité (voir notre article). Dimanche 23 novembre 2025, ses proches ont annoncé son décès et mis en avant son engagement de toute une vie au service des communautés africaine-américaines.

Né en 1943, Jamil Abdullah al-Amin est une figure historique du mouvement des droits civiques aux États-Unis et a été président de la SNCC (Student Nonviolent Coordinating Committee) et ministre du Black Panther Party dans les années 60. Condamné en 2002 pour la mort d’un policier, il purge une peine à perpétuité.  Avec une profonde tristesse, son collectif de soutien annonce qu’il n’aurait plus qu’environ trois mois à vivre alors que sa tumeur cancéreuse au visage a été gravement négligée par l’administration pénitentiaire. Engagé toute sa vie dans le mouvement révolutionnaire africain-américain, il ne reçoit plus aucun courrier depuis plus de deux mois et demi. Un appel est lancé à toutes et tous pour lui envoyer des lettres manuscrites de soutien afin de rappeler à la prison qu’il n’est pas oublié.

L’adresse pour lui écrire : Jamil Abdullah Al-Amin · FMC Butner · P.O. Box 1600 · Butner, NC 27509 · USA

Les soutiens états-uniens à Mumia Abu Jamal organisent une marche de 160km en 13 étapes du 28 novembre au 9 décembre (jour du 44ᵉ anniversaire de son arrestation). À chaque étape du parcours, seront organisées des conférences de presse et des rencontres entre les marcheurs et la population. Cette initiative a pour objectif de sensibiliser les habitants de Pennsylvanie sur les conditions de vie des prisonniers et l’état de leur santé. À ce propos, Mumia n’a toujours pas de rendez-vous pour les traitements dont il a absolument besoin pour retrouver une vue normale (voir notre article). Cette marche sera l’occasion de dénoncer cette politique négligence médicale.

Militante de la Black Liberation Army (BLA) et ancienne prisonnière politique états-unienne, Assata Shakur est décédée à La Havane ce 25 septembre 2025, à l’âge de 78 ans. Elle était accusée d’avoir tué un policier dans le New Jersey, lors d’une fusillade, le 2 mai 1973. Condamnée à la perpétuité, elle était parvenue à s’évader en 1979 grâce à un commando de la BLA. Suite à son évasion, des milliers de personnes vont manifester aux États-Unis pour célébrer cette nouvelle. Exilée à Cuba durant quatre décennies, elle était sur la liste des personnes recherchées par le FBI qui promettait encore en mai dernier une récompense d’un million de dollars pour sa localisation.

Mumia Abu Jamal a subi une opération de la cataracte à l’œil gauche il y a quelques jours. L’opération semble avoir réussi. Prisonnier politique depuis 43 ans aux États-Unis, ses soutiens appellent à rester vigilants et à accentuer la pression sur les autorités. Celles-ci doivent également opérer son œil droit et enfin offrir à Mumia une alimentation et un traitement adaptés à son diabète. En effet, il est victime de négligence médicale depuis de nombreuses années (voir notre article). Il a récemment publié un message afin de remercier ses soutiens : 

Chers amis, frères, camarades, sympathisants, et enfin, ma famille. J’ai hésité à parler de mes problèmes de vue. Certains ne comprendront peut-être pas pourquoi, mais être en prison exige d’éviter à tout prix tout signe de faiblesse. Ces institutions, contrairement à beaucoup d’autres dans la société, sont fortement dominées par les hommes et donc « sensibilisées au genre » d’une manière qui n’est pas celle de la société. Les faibles sont la proie des autres. J’ai donc gardé le silence. Je suis resté silencieux, persuadé qu’une fois l’enquête terminée et qu’il serait clair que le problème était réel, j’obtiendrais une réponse assez rapide. J’avais tort ! J’avais tort, pour ainsi dire. J’ai eu droit à une évaluation après une autre.

Ce n’est qu’après être sorti et avoir revu ces évaluations précédentes auprès d’un ophtalmologue réputé que j’ai commencé à progresser. Et même alors, c’était extrêmement lent. Je ne pouvais plus lire, écrire ni voir autre chose que les gros titres des journaux ; ils n’étaient plus qu’une explosion floue de couleurs à la télévision.

La « télévision » est désormais ma radio. Je suis dans cette situation depuis plus de huit mois. Je ne l’aurais jamais imaginé, mais nous en sommes là. Nous aurions dû agir plus vite et plus tôt, mais ces circonstances et l’analyse de l’évaluation que je vous ai présentée nous ont incités à agir.

Veuillez m’excuser pour le retard. Merci de votre patience, mais la nôtre est à bout. Nous travaillons, nous avançons, nous essayons de résoudre la situation, et j’espère qu’il n’est pas trop tard. Sept ou huit mois dans l’ombre et l’obscurité, c’est trop.

Non pas avec peur, mais avec amour…

Emprisonné depuis plus de 43 ans aux États-Unis, Mumia Abu Jamal souffre d’une perte de vision irréversible pouvant entraîner une cécité permanente. Sa vue est menacée par deux affections corrigibles. Le Département pénitentiaire de Pennsylvanie et son prestataire de soins de santé sous contrat, Wellpath, ont laissé sa vue se détériorer au point de le rendre fonctionnellement aveugle. En particulier, ses traitements pour sa cataracte et sa rétinopathie diabétique récemment diagnostiquée ont été retardés durant plusieurs mois. Ses partisans encouragent à contacter la prison pour exiger qu’il bénéficie de traitements appropriés (voir ici).

Le 4 juillet 1982, l’ancien membre du Black Panther Party et journaliste Mumia Abu Jamal était condamné à mort (voir notre dossier). Récemment, la plus haute juridiction de Pennsylvanie a refusé d’examiner les ultimes recours de sa défense prouvant la partialité et l’inconduite des magistrats lors de son procès grâce à la découverte d’archives ces dernières années (voir notre article). Cette décision condamne Mumia Abu Jamal à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.

Pour commémorer l’anniversaire de sa condamnation injuste en 1982 et exiger sa libération immédiate, plusieurs initiatives sont organisées ce samedi 5 juillet, parmi lesquelles une marche à Philadelphie ainsi qu’un rassemblement place de la Concorde à Paris dès 18H.

Romaine « Chip » Fitzgerald est décédé en prison à l’âge de 71 ans, après avoir été enfermé pendant plus de 51 ans en Californie. Il était le membre le plus longtemps emprisonné du Black Panther Party. Pendant des décennies, les autorités californiennes ont refusé de lui accorder une libération conditionnelle, même après qu’il ait eu un accident vasculaire cérébral qui l’a cloué sur un fauteuil roulant. Fitzgerald avait été condamné deux fois, d’abord pour une fusillade avec la police dans laquelle lui et un policier avait été blessés, et une seconde fois pour la mort d’un vigile à l’issue d’un procès manifestement truqué et monté de toute pièce pour obtenir une condamnation pour meurtre en raison de son appartenance au BPP et de sa fusillade avec la police.

Mercredi 17 avril, Larry Krasner, procureur de Philadelphie, renonçait à faire appel de la décision du juge Leon Tucken rendue le 27 décembre 2018. La décision était fondée sur le fait que Ronald Castille, alors juge en chef à la Cour suprême de Pennsylvanie, aurait dû se récuser lors de l’examen de l’affaire Mumia en raison de son implication précédente en qualité de procureur sur le même dossier. La décision rendue en décembre 2018 ouvrait le droit à Mumia Abu-Jamal de faire appel de sa condamnation (voir nos articles ici et ici). La défense de Mumia Abu-Jamal pourra dès lors soumettre pour révision les demandes d’appel soumises à la Cour suprême de Pennsylvanie par le passé. Cela signifie qu’une telle demande sera à nouveau examinée, mais n’ouvrira pas droit automatiquement à un nouveau procès.

Mumia Abu-Jamal

Mumia Abu-Jamal

Il y a 17 ans aujourd’hui les USA ouvraient, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » consécutif aux attentats du 11 septembre, la prison de Guananamo, une zone de non-droit et de torture. Notre Secours Rouge était présent avec un appel à la libération de Mumia Abu Jamal, Leonard Peltier, Kevin Rashid Jonhson et d’autres prisonniers politiques progressistes aux USA. Pour cet anniversaire des rassemblements ont eu lieu aux USA et ailleurs.

guan


A Washington, devant la Cour Suprême

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A Washington, devant la Cour Suprême