La 26e manifestation de fin de soirée dans le centre-ville de Montréal a tourné à l’émeute. Après des ordres de dispersion donnés par la police de Montréal samedi, peu après 23 h, des groupes de manifestants ont lancés des projectiles, dont des irritants chimiques et des bouteilles de bière, en direction des policiers. Des pare-brise de voitures de police ont été fracassés. Les forces de l’ordre ont procédé à 69 arrestations, notamment pour « agressions armées, voies de fait sur des policiers et incendie criminel ». La majorité des personnes appréhendées ont été remises en liberté avec des constats d’infraction. Un propriétaire de bar, interrogé par Radio-Canada, a raconté que les policiers étaient intervenus directement dans son établissement, utilisant même des gaz lacrymogènes pour déloger des clients de sa terrasse. Des serveuses ont aussi été incommodées par les gaz. Des images captées par la caméra de surveillance du bar le Saint-Bock montrent des policiers aspergeant des clients sur la terrasse.

Ce rassemblement fait suite à l’adoption, vendredi soir, d’une loi spéciale obligeant notamment les organisateurs de toute manifestation de 50 personnes ou plus à dévoiler leur itinéraire aux policiers huit heures à l’avance. Il survient également au lendemain de l’adoption d’un règlement municipal interdisant le port du masque par les manifestants. Les manifestants semblent manifester davantage en réaction à ces mesures législatives et réglementaires que contre la hausse des droits de scolarité. Des rassemblements ont eu lieu ailleurs dans la province. À Québec, des centaines de personnes ont défilé sans incident. Des parents et des professeurs étaient aux côtés des étudiants venus crier leur opposition à la loi 78. Une centaine de personnes ont aussi manifesté dans les rues de Sherbrooke pour dénoncer la loi spéciale.

Canada: Nouvelle émeute à Montréal

Mercredi le 16 mai vers 21h30, une centaine de personnes se sont rendues au centre de détention pour femmes de Tanguay à Montréal où sont détenues les trois jeunes femmes accusées d’avoir lancé un des fumigènes qui ont paralysé le métro de Montréal, jeudi dernier. La foule s’est approchée des portes et s’est adressé aux prisonnières en utilisant des porte-voix, plusieurs feux d’artifice ont été allumés et une bombe fumigène a été lancé au policiers. La foule s’est dispersé vers 22:30. Les 3 jeunes femmes ont été relâchées le matin du 18 mai sous plusieurs conditions.

Le projet de loi déposé jeudi soir par le gouvernement québécois pour briser le mouvement de grève des étudiants. Une association d’étudiants qui organiserait un rassemblement ou lancerait le mot d’ordre de bloquer l’accès à une université risquerait de devoir payer de 25.000 à 125.000 dollars, le double en cas de récidive. Jusqu’ici un individu seul encourrait une amende de 1.000 à 5.000 dollars canadiens.

Le projet de loi prévoit également que les organisateurs de manifestations doivent déclarer aux autorités, au moins huit heures avant le départ, la date, l’heure, la durée, le lieu et l’itinéraire du cortège. Pendant que les députés discutaient le projet de loi à l’assemblée nationale, des milliers de manifestants défilaient, pour la 14e soirée consécutive à Montréal et à Québec. Il expriment ainsi leur opposition à la hausse de 82% des frais de scolarité sur sept ans.

Hier, une centaine de manifestants ont bloqué l’entrée d’un collège au nord de Montréal. Pour la première fois depuis le début du mouvement de lutte estudiantine qui dure depuis 14 semaines, des parents s’étaient joints aux étudiants sur les piquets de grève. Les policiers anti-émeutes de la Sûreté du Québec, casqués et brandissant leurs boucliers sont intervenus à la demande de la direction du collège pour disperser la foule. Celle-ci refusant de lever les piquets, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants. En outre, au moins cinq personnes ont été interpellées.

Jeudi, plusieurs jets concertés d’engins fumigènes sur les voies du métro avaient provoqué un énorme désordre à Montréal (photo). Quatre lignes de métro avaient dû être fermées pendant une heure et des embouteillages avaient paralysé la ville. Quatre étudiants de l’UQAM ont été arrêtés après avoir été dénoncés lorsque la la police a publié des photos d’eux, prises par des usagers du métro. Ils ont brièvement comparu hier au palais de justice de Montréal pour apprendre qu’ils passeront une semaine de plus en détention. L’audience s’est déroulée sous haute sécurité. Plusieurs portes du palais de justice ont été fermées et les sacs étaient fouillés aux entrées. Des policiers spéciaux ont été dépêchés à l’entrée de la salle et à l’intérieur de celle-ci.

Les quatre étudiants font face à des chefs d’accusation pour incitation à craindre une activité terroriste, de complot et de méfait. Ils risquent 5 ans de prison. En dépit de l’accord passé entre le gouvernement et certaines organisations étudiantes, le mouvement de lutte se poursuit.

Canada: Arrestation d’étudiants suite au sabotage du métro

La police du Québec utilise depuis deux mois systématiquement un article (l’article 500.1) du Code de la Sécurité Routière du Québec pour réprimer les manifestants. Pas moins de 682 contraventions (totalisant 309.742 dollars canadiens) ont été dressées entre le 15 mars 2011 et le 19 avril 2012. Plus précisément:
– Le 15 mars 2011 : 239 contraventions de 488$ aux participantEs à la manifestation du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) à Montréal (116.632 $).
– Le 20 mars 2012 : 80 contraventions de 494$ suite au blocage du Pont Champlain par des étudiantEs (39.520 $)
– Le 27 mars 2012 : 60 contraventions de 494$ suite au blocage d’une autoroute à Sherbrooke (29.640 $) dans le cadre du mouvement étudiant
– Le 28 mars 2012 : 14 contraventions au coût minimum de 444$ suite à une manif étudiante à Québec (6.216 $)
– Le 18 avril 2012 : 160 contraventions de 484$ suite à une manif à l’UQO à Gatineau (77.400 $)
– Le 19 avril 2012 : 49 contraventions de 494$ suite à cour cours donné hors du CÉGEP de Limoilou (24.206$) dans le cadre du mouvement étudiant
– 27 avril 2012 : 80 contraventions de 494$ suite à une manif de la CLASSEE à Québec (39.520$) et une personne qui a reçu le 500.1 à Montréal.
– Le 13 avril Sherbrooke : 15 contraventions en vertu du CSR? De 100$ pour les mineurs et 140$ pour les adultes…

Vendredi dernier, une manifestation de milliers de personnes a tourné en violents affrontements devant l’immeuble où se tenait le conseil général du Parti libéral du Québec. Au moins neuf personnes ont été transportées à l’hôpital, dont deux ont subi des traumatismes crâniens. Les organisateurs de la manifestation ont recensé de leur côté environ 400 blessures mineures traitées par les services de secours, dont des plaies ouvertes, des ecchymoses causées par des projectiles et des brûlures aux yeux. Mais c’est l’usage des balles en plastiques qui est à l’origine d’une demande d’enquête, les manifestants soutenant qu’elles ont été tirées à hauteur de torse et de visage. Un étudiant a perdu un oeil à cause d’un de ces tirs.

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Canada: Demande d’enquête après les affrontements de Victoriaville

Des spécialistes du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) surveillent de très près ce qu’ils appellent eux-mêmes le « printemps québécois ». Plus de 180 manifestations ont eu lieu à Montréal au cours des dernières semaines et que 30 % d’entre elles se terminent par des actes illégaux et des blessés. Les blacks blocks sont naturellement ciblés par le SCRS, mais également la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC), le Parti communiste révolutionnaire (PCR, maoïste) ou le Réseau de résistance du Québécois (RRQ).

Deux sympathisant et membre du PCR viennent d’ailleurs de comparaître. Ils avaient été arrêtés pour « bris [violation] de conditions [de libération provisoire] ». Patrice Legendre, arrêté le 1er mai 2012, a été libéré, non sans avoir dû déposer une caution de 500$. Il comparaîtra de nouveau le 12 juin. Tania Dubeau-Gaudreault a comparu avant-hier à la suite de sa récente ré-arrestation, également pour «pour bris de condition». Elle a été remise en liberté en attendant son procès (pour les affrontements de la manifestations anticapitalistes du 1er mai 2011). Elle devra toutefois se plier à des conditions plus sévères, notamment celle de ne pas mettre les pieds dans le centre-ville de Montréal.

L’ancien directeur du SCRS, Michel Juneau-Katsuya, a exposé que des « groupes de terroristes canadiens » ont fait exploser 30 bombes depuis 2001. En parallèle, durant la même période, aucune attaque à la bombe n’a été enregistrée sur le territoire canadien de la part de groupes étrangers.

Si de nombreuses associations étudiantes avaient déjà refusé l’accord de principe qui aurait dû mettre fin à la grève étudiante, deux des quatre fédérations d’associations ont déjà déclaré que l’accord écrit ne correspondait pas à l’accord verbal. Il y a quelques heures, des étudiants masqués ont fermé le Centre de Commerce Mondial avec des chaines, la police de Montréal a rapidement déclaré la manifestation illégale. Les manifestants se déplacent maintenant dans le centre de Montréal.

Canada : L’accord de principe est menacé, risques d’affrontements

La plus longue grève étudiante de l’histoire du Québec pourrait se solder par un match nul. Le gouvernement pourra augmenter les frais de scolarité, mais les étudiants ne paieront pas davantage. Ce sont les gestionnaires des universités qui financeront l’augmentation des droits d’inscription en réduisant ou en abolissant les «frais administratifs» greffés à la facture que reçoivent les étudiants pour chaque session de cours.

Déclenché le 13 février par les étudiants en sociologie de l’université Laval à Québec, le mouvement de grève avait fait boule de neige. Deux semaines plus tard, ils étaient 65.000 et le 22 mars, un peu plus de 300.000 (sur un effectif total de 486.000). Ils défilaient presque tous les jours dans les rues de Montréal, paralysant la circulation. Le mouvement a culminé le 22 mars avec une manifestation de 200.000 personnes. Après 83 jours de blocage, le bilan s’établit à près de 1000 arrestations – des étudiants pour la plupart, mais aussi des professeurs et des journalistes – et quelques dizaines de blessés (un étudiant a perdu un œil samedi à Victoriaville).