Deux organisations ont déposé une contestation juridique de la constitutionnalité de la Loi antiterroriste de 2015, mardi, devant la Cour supérieure de l’Ontario. L’Association canadienne des libertés civiles et Canadian Journalists for Free Expression (CJFE) affirment que des sections de la loi violent la Charte canadienne des droits et libertés en matière de liberté d’expression, du droit à la vie privée et des droits accordés au gouvernement, incluant le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Selon le directeur du CJFE, la loi adoptée en mai dernier, et qui a avait été présentée comme le projet de loi antiterroriste C-51, mènera à la censure et a le potentiel de favoriser un abus de pouvoir généralisé. «Elle enfreint injustement les droits de tous les Canadiens sans faire du Canada un pays plus sécuritaire. Elle doit être annulée», a-t-il plaidé.

Manifestation contre la loi C-51

Manifestation contre la loi C-51

James Daniel McIntyre, 48 ans, a été abattu par la police lundi en début de soirée sur le stationnement du restaurant Fixx Urban Grill à Dawson Creek, au nord-est de la province de Colombie-Britannique. Il a ensuite été transporté à l’hôpital où il a succombé à ses blessures. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a expliqué que des agents ont été appelés à intervenir pour neutraliser un homme agité, qui causait des méfaits et qui perturbait une réunion d’information de la société d’État BC Hydro, à propos du projet controversé de barrage du Site C. La police affirme que James Daniel McIntyre a montré un comportement agressif envers les policiers, un refus d’obtempérer ayant conduit à la fusillade.

Anonymous a revendiqué, dimanche, une cyberattaque du site web de la GRC et a promis de venger la mort de James Daniel McIntyre qu’il affirme être un membre de son groupe. Anonymous a expliqué dans un communiqué publié en ligne qu’il s’agit d’un quatrième membre de son groupe à se faire tuer par des policiers en quatre ans dans le monde. Sur Twitter, où ils sont suivis par 1,5 million de personnes, ils appellent les Canadiens à manifester devant les bureaux de GRC à travers le pays pour protester contre la brutalité policière.

James Daniel McIntyre a été abattu lundi par la police à Dawson Creek,

James Daniel McIntyre a été abattu lundi par la police à Dawson Creek,

Un rapport de la la Ligue des droits et libertés (LDL) analyse la répression des manifestations au Québec depuis 2012. Depuis cette année, près de 7000 personnes ont été arrêtées lors de manifestations. Plus de 75% des personnes arrêtées l’ont été en vertu de règlements municipaux ou du Code de la sécurité routière. Seulement 13,5% l’ont été en vertu du Code criminel. Certaines arrestations durent plusieurs heures, sans que les personnes aient accès à de l’eau, de la nourriture et des toilettes. Elles sont menottées, fouillées, prises en photo sans leur consentement, brutalisées verbalement et physiquement. Selon le rapport: «Les manifestants sont traités comme des criminels. Il est clair que ces arrestations ont un caractère punitif et humiliant. Est-ce qu’on traiterait de la même façon quelqu’un qui n’aurait pas payé son stationnement?». La LDL dénonce l’utilisation par les forces policières d’armes considérées comme dangereuses afin de disperser les foules, à commencer par les celles qui projettent des balles de plastique ou de caoutchouc, dont l’utilisation n’est pas réglementée par les organismes policiers.

Entre 2013 et 2014, les organisateurs de 134 manifestations montréalaises ont fourni leur itinéraire à la police. Parmi celles dont le itinéraires n’avaient pas été fournis, 118 ont été tolérées et 23 ont donné lieu à des interventions policières. Les policiers basent régulièrement leur décision d’intervenir ou non sur du profilage politique: «Les manifestations tolérées concernaient le logement, le service postal, les droits des femmes, alors que les manifestations réprimées portaient sur la cause étudiante, la brutalité policière, les luttes écologistes ou anticapitalistes».

Canada: Rapport sur la répression des manifestations

Les visiteurs étrangers qui proviennent d’un pays où un visa est nécessaire pour entrer au Canada devront désormais fournir leurs données biométriques avant de mettre les pieds au pays. La mesure, qui est déjà en place pour les ressortissants provenant d’un groupe de 29 pays – dont l’Afghanistan, l’Égypte, le Pakistan, la Somalie, la Syrie et le Yémen – sera ainsi étendue aux ressortissants de 150 pays.

Les visiteurs devront fournir leurs empreintes digitales ainsi que des photos numériques de leur profil et de leur oeil au cours du processus d’obtention de leur visa. L’infrastructure pour recueillir les données biométriques est d’ailleurs implantée dans quelque 90 pays. Le gouvernement prévoit que l’ensemble du système sera fonctionnel pour 2019. Les Américains, les Britanniques, les Français et les Japonais en seront notamment exclus. Les coûts entourant cette mesure de sécurité sont refilés aux visiteurs, qui doivent eux-mêmes payer – 85 $ par personne et 170 $ par famille – pour la prise des empreintes digitales et des photos.

Une centaine de manifestants se sont rassemblés samedi soir dans le centre-ville de Montréal, afin de manifester contre les mesures d’austérité. Les participants s’étaient rassemblés à la place Émilie-Gamelin. Ils sont entrés à l’intérieur de la station de métro Berri-UQAM, qui est située juste à côté du parc. De nombreux policiers les ont suivis jusque sur les quais et à l’intérieur des wagons. Les manifestants sont retournés dans la rue quelques minutes plus tard dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, où le rassemblement a été déclaré illégal puisqu’ils entravaient la circulation sur la chaussée. Une cinquantaine de personnes, dont 12 étant mineures, ont été interpellées dans un kessel rue Dézéry. Ils ont été identifiés par les policiers avant de recevoir un constat d’infraction, en vertu du règlement 500.1 du code de sécurité routière, pour entrave à la circulation.

Interpellation lors de la manifestation nocturne samedi soir

Interpellation lors de la manifestation nocturne samedi soir

Le gouvernement libéral a déposé le projet d’une loi spéciale pour forcer le retour au travail des enseignants de l’Ontario en grève, après que la Commission des relations de travail en éducation eut statué que les grèves des enseignants mettaient en péril l’année scolaire des élèves. Les libéraux n’ayant pas obtenu le consentement unanime de l’Assemblée législative pour faire adopter le projet, le gouvernement majoritaire devra suivre les règles parlementaires, ce qui signifie que la loi sera votée vendredi au plus tôt.

Enseignants grévistes de l’Ontario

Enseignants grévistes de l'Ontario

Le Camp pour le droit au logement du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’est installé jeudi après-midi dans un espace vert tout près du quartier général de la police de Montréal et de la Place des Arts. Par son geste, le FRAPRU veut sensibiliser aux problèmes de logement et d’itinérance en ville. Plus tôt, une marche avait commencé au square Dorchester. Les manifestants se sont dirigés vers l’est de la ville pour s’arrêter au petit parc choisi, tout près de la place des Festivals, afin d’installer le campement.

La police a aussitôt prié les manifestants de quitter les lieux. Elle a menacé de saisir tentes et équipements s’ils refusent d’obtempérer. Une majorité a accepté de plier bagage, mais certains sont restés, estimant y avoir droit jusqu’à minuit, selon la réglementation municipale. Peu après, des dizaines de policiers ont procédé au démantèlement du camp.

Le

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Jennifer Pawluck, une anarchiste canadienne, avait posté sur son compte Instagram la photo d’un graffiti représentant blessé par balle, un policier bien connu au Canada, Ian Lafrenière, avec en y ajoutant la note « One cop one bullet » (« Un flic, une balle ») . Elle risquait une peine de prison et une grosse amende : la peine est finalement de 18 mois de sursis, de 100 heures de travaux publics et d’une interdiction de poster publiquement quoi que ce soit sur les réseaux sociaux pendant un an.

Le tag ACAB incriminé

Le tag ACAB incriminé

La Chambre basse du Parlement du Canada a voté, mercredi 6 mai, une loi antiterroriste étendant considérablement les pouvoirs de ses services de renseignement. Annoncée il y a six mois, au soir d’une fusillade au Parlement, puis débattue par les députés en à peine deux mois, cette réforme suscite des contestations au Canada. En théorie, cette loi doit renforcer l’arsenal juridique pour empêcher les départs vers des zones de combat et prévenir de prochaines attaques.

Jusqu’ici cantonné à la collecte d’informations et à la surveillance, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) peut désormais « perturber » les actions de présumés terroristes (en piratant par exemple leurs comptes Internet) et placer sur écoute des Canadiens et leurs proches s’ils sont soupçonnés d’avoir une « intention » malfaisante. Pour arrêter plus facilement un individu, les agences fédérales pourront s’adresser à un juge lors d’auditions secrètes auxquelles aucun avocat de la défense ne sera présent. L’échange et le partage de contenu sur Internet servant de « propagande terroriste » deviendront en outre un geste criminel, quelle que soit l’intention de l’internaute en cause.

Le siège du SCRS à Ottawa

Le siège du SCRS à Ottawa

Le 1er Mai s’est terminé en multiples affrontements entre policiers et manifestants anti-capitalistes ce soir au centre-ville de Montréal. Plusieurs personnes ont été interpellées, un policier a été blessé au visage et des voitures ont été vandalisées.

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) indiquait clairement: «le but de la manifestation sera de perturber autant que possible les activités commerciales habituelles de ce secteur de la ville. Cette manifestation vise à déranger l’ordre établi, car c’est le but de toute manifestation digne de ce nom». Dès le départ au Square Phillips, un affrontement a éclaté entre les forces de l’ordre et quelques manifestants. Un policier a alors utilisé du poivre de Cayenne. Environ 15 minutes plus tard, la police de Montréal déclaré la manifestation illégale à la suite d’un second affrontement. Les policiers de Montréal aidés par leurs collègues de la Sûreté du Québec, ont alors utilisé des gaz irritants et des bombes assourdissantes ont été envoyés sur la rue Sainte-Catherine. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes ont rapporté que des passants ont été incommodés, dont un enfant en bas âge. La foule s’est en petits groupes groupuscules pourchassés dans les heures suivantes aux quatre coins du centre-ville.

Affrontements au 1er mai anticapitaliste à Montréal

Affrontements au 1er mai anticapitaliste à Montréal