Hier, Zuhaitz Errasti Goiti a été arrêté à Vienne, dans le département français de l’Isère. Penché sur le moteur de sa voiture au bord de la route, Zuhaitz Errasti Goiti s’est enfui à pied au moment où une patrouille de police se garait à ses côtés pour un contrôle. Il a été rapidement repris par les forces de l’ordre qui affirment qu’il circulait dans un véhicule volé dans lequel se trouvait une cinquantaine de kilos de matériau pouvant servir à la fabrication d’explosifs. Il portait également sur lui une arme de poing et a été immédiatement placé en garde à vue. Il s’agit de la trentième arrestation de ce type en France depuis le début de l’année.

Arrestation de Errasti Goiti

Arrestation de Errasti Goiti

Le 14 octobre, la police espagnole arrêtait au siège du syndicat de la gauche indépendantiste LAB, à Donostia (Saint-Sébastien), dix militants indépendantistes très connus dans les milieux politiques, sous l’accusation d’essayer de constituer une nouvelle direction politique de Batasuna. Cette organisation populaire de la gauche indépendantiste avait été mise hors la loi par les tribunaux espagnols en 2003, mais elle continuait toujours son activité politique. Le siège du syndicat a été complètement entouré, bloqué et pris par les forces de répression pendant de longues heures.

Les syndicalistes qui se trouvaient au siège de LAB (parmi eux, l’ex dirigeant de LAB Rafa Diaz Usabiaga) ont été identifiés et retenus dans une salle pendant des heures

Dans une autre salle se trouvaient arrêtés Arnaldo Otegi, Rufi Etxebarria, Sonia Jacinto et Arkaitz Rodriguez et peu de temps après, Rafa Diaz Usabiaga les a rejoint. En même temps, dans d’autres localités, Mañel Ugarte, Amaia Esnal, Ainara Oiz, Txeluis Moreno et Miren Zabaleta étaient également arrêtés. Toutes les personnes arrêtées se trouvent en garde à vue au secret.

Ces faits d’une extrême gravité, menés sous la direction du juge de l’Audience Nationale espagnole Baltasar Garzón, ont néanmoins une origine politique indiscutable dans le gouvernement de Rodriguez Zapatero. Il y a quelques jours, le quotidien du gouvernement El País avait commencé une campagne d’intoxication disant que ces dirigeants qui viennent d’être arrêtés avaient été désavoués par l’ETA à cause de leur supposée opinion politique contraire à la lutte armée.

La politique des gouvernements espagnols de la dernière décennie de mettre hors la loi partis et associations politiques et sociales est complètement stérile dans son objectif: paralyser et anéantir ce mouvement, la gauche indépendantiste basque. Ni ETA a disparu, ni Batasuna, ni le mouvement contre la répression, ni les luttes sociales soutenues par la gauche indépendantiste, ni tout le travail de reconstruction linguistique et culturelle. Tout au contraire, la gauche indépendantiste basque a montré une grande vitalité dans les quelques mobilisations de masses qui ont été permises, et mêmes dans quelques unes interdites. La gauche indépendantiste, même dans l’illégalité, a su se présenter aux élections, renouveler sa participation dans des institutions, en démontrant de façon répétée sa force avec un 15-20% de l’électorat, dans toutes les élections de ces dernières années, alors qu’elle se trouve dans l’illégalité. C’est-à-dire qu’elle continue à maintenir avec force l’initiative politique.

Aitor Elizaran, présenté comme l’un des hauts responsables de l’appareil politique d’ETA, et sa compagne ont été interpellé ce matin à Canac, dans le nord de la France par la sous-direction antiterroriste et la DIPJ (Direction Interrégionale de la Police Judiciaire) de Rennes. Le visage de la femme était apparu le 21 décembre dernier sur une photo publiée par le journal Gara, où quatre personnes annonçaient leur intention de rejoindre l’ETA. Plusieurs mois d’enquête et d’observation ont abouti à cette interpellation.

Selon une source proche de l’enquête, le couple était porteur d’armes de poing et circulait dans une voiture volée. Il a été conduit à la DIPJ de Rennes pour y être mis en garde à vue avant d’être transféré, probablement dans la journée de demain dans les locaux de la SDAT (Sous-Direction Antiterroriste) de Levallois (Hauts-de-Seine).

La police a arrêté dix membres de Batasuna, le parti séparatiste basque interdit par les autorités espagnoles, dont un dirigeant du parti, Arnaldo Otegi, a annoncé mercredi le ministère espagnol de l’Intérieur. Dans un communiqué, le ministère précise que les détenus sont soupçonnés de former un nouveau groupe qui opérerait suivant les instructions de l’organisation séparatiste armée ETA. L’Audience nationale a fait savoir que le juge antiterroriste Baltasar Garzon avait ordonné leur arrestation mardi soir. Après avoir purgé 15 mois de prison pour apologie du terrorisme, Otegi est sorti de prison l’an dernier.

Le gouvernement ‘autonome’ collabo basque représenté par son conseiller à l’intérieur, et le président d’Eudel (associations de mairies), Jokin Bildarratz, maire PNV de Tolosa ont signé un protocole d’accord qui permettra au gouvernement autonome d’allouer une somme d’un demi million d’euros aux mairies, ‘afin qu’elles puissent améliorer les mesures de prévention et la coordination pour éviter l’apologie du terrorisme dans les rues d’Euskadi.’

Concrètement, il sera retiré de la sphère publique les photos des prisonniers d’ETA. Mais aussi les pintadas (fresques murales) et affiches de soutien exposées dans les bars, locaux associatifs, fêtes et autres divers endroits. Jokin Bildarratza a ajouté ‘que la meilleure affiche est celle que l’on n’imprime pas et la meilleure pancarte, celle que l’on ne placarde pas.’

Ce protocole intervient après la multiplication d’incidents qui se sont déroulés lors des fêtes patronales de l’été. A Lekeitio, le gouvernement ‘autonome’ basque avait demandé à la mairie de retirer tout signe faisant allusion à ETA ou à ses prisonniers. Le conseiller à l’intérieur avait indiqué qu’en cas contraire, il enverrait la police et ferait payer l’addition aux mairies. La mairie PNV de Lekeitio avait répliqué en indiquant ‘que cette attitude était une ingérence du Département d’intérieur dans les affaires municipales.’

Par ailleurs, la police autonome a empêché la famille de Jon Paredes ‘Txiki’ de lui rendre hommage au cimetière de Zarautz. Txiki était un militant d’ETA, résistant au franquisme, fusillé le 27 septembre 1977.

Le journal Gara affirme dans son article intitulé Guerre sale en Pays-Basque, que Jon Anza a été intercepté le 18 avril dernier dans le train qui l’emmenait de Bayonne vers Toulouse avant d’être séquestré par un corps de la police espagnole. Jon Anza, qui souffait d’une grave maladie, aurait trouvé la mort au cours de l’interrogatoire mené de manière illégale sur le territoire français. Selon les mêmes sources qui sont décrites comme ‘fiables’, il y aurait ensuite été enterré.

Au terme du trajet prévu en train, Jon Anza devait retrouver d’autres membres de l’organisation ETA. Gara affirme qu’il a bien été intercepté dans le train et que les agents de la police espagnole l’auraient obligé à descendre pour être interrogé, sans que, vraisemblablement, les forces de police françaises n’aient été sollicitées. Pour affirmer que la police est bien responsable de la disparition du membre présumé de l’ETA, les journalistes de Gara se fondent sur les arrestations et les interrogatoires menés, sans respecter les procédures requises, qu’ont dénoncés des citoyens ces derniers mois, notamment l’interrogatoire subi par Juan Mari Mujika le 1er décembre 2008 à Saint-Palais. Ce dernier avait alors été intercepté par des policiers qui s’adressèrent d’abord à lui en français avant qu’ils ne se présentent comme des policiers espagnols. Ils l’interrogèrent dans une maison en ruine abandonnée, où il fut séquestré pour y être interrogé illégalement, non sans que sa fille, incarcérée à Madrid, ne soit menacée de représailles.

Interrogé sur la disparition de Jon Anza, le ministre de l’Intérieur du gouvernement espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba, a toujours rejeté publiquement la possibilité que les Forces de sécurité soient impliquées dans cette affaire. Le ministre a même affirmé à Vitoria-Gasteiz qu’il s’agissait d’un problème interne à l’ETA. De nouvelles manifestations sont organisées dès aujourd’hui en Pays-Basque nord et en Pays-Basque sud. Vendredi soir, un premier rassemblement autour des thèmes ‘Euskal presoak Euskal Herriarat’ (‘Les prisonniers basques au Pays-Basque’, en langue basque, pour exiger le retour des membres de l’ETA dans des prisons du Pays-Basque) et ‘Nun da Jon?’ ( ‘Où est Jon?’, en langue basque) a été organisé devant la gare du Midi à Biarritz.

Jan Anza

Jan Anza

‘Je ne laisserai aucun espace à l’impunité si je suis élu’, avait affirmé Patxi Lopez quelques jours avant son investiture en tant que Lehendakari. Depuis, la voie ouverte par le gouvernement précédent du PNV ne cesse de s’élargir. Hier, le juge Eloy Velasco de la Audiencia Nacional a convoqué quatre personnes pour le mardi 18 août, accusées de refuser de retirer les photos des prisonniers basques.

Cette décision concerne les propriétaires et les responsables de deux bars, Zurgai et Ezpala, de la capitale navarraise, Iruñea. Elle fait suite à la demande du procureur de la Audiencia Nacional. Il avait également exigé la fermeture de ces bars, s’appuyant sur un rapport de la garde civile qui précise que les 3 et 4 août, les responsables de ces deux bars avaient refusé de retirer les photos des prisonniers.

Dans chaque village, ces photos sont accrochées dans des lieux publics ainsi que dans des bars, lors de l’arrestation d’un habitant de la commune ou du quartier. Des arrestations parfois liées à une enquête sur l’ETA ou dans le cadre d’opérations à l’encontre de mouvements ou associations de la gauche nationaliste. Une fois la personne libérée, la photo est retirée. Mais ces derniers mois, le Gouvernement espagnol mène une croisade contre ces signes de solidarité. Avant-hier encore, la police navarraise retirait les photos du bar Arrano de Lesaka.

Dans ce contexte, la Audiencia Nacional a interdit toutes les manifestations organisées en faveur des prisonniers basques à l’occasion des fêtes de Donostia, Aste Nagusia. Malgré cela, le Mouvement en faveur de l’amnistie a maintenu les rendez-vous, notamment celui de samedi après-midi, qui devrait démarrer du Kursaal, à 19 heures. Samedi dernier, la police autonome avait retenu une manifestation de la gauche nationaliste, chargeant contre les manifestants et paralysant pendant quelques heures le centre-ville.

Aujourd’hui 15 août 2009, une nouvelle manifestation de soutien avec les prisonniers basques a été sauvagement réprimée à Donostia (Saint Sébastien)… les images du journal de la TVE montrent la sauvagerie de la police ‘basque’: jeunes femmes et personnes âgées frappées à la tête, un homme de 70 ans la figure en sang. Lors de ces événements, un homme âgé de 85 ans a été atteint d’une balle par la police.

Voir le journal de la TVE (le sujet est à 7 minutes 30 du début)

L’ETA a revendiqué dimanche matin, dans un communiqué, quatre actions contre des cibles de l’Etat espagnol dont celui de la localité basque d’Arrigorriaga le 19 juin (avec une bombe-ventouse qui avait tué l’inspecteur de police Eduardo Puelles) et celui de Palma, dans l’île de Majorque (Baléares), le 30 juillet (avec une bombe-ventouse qui avait tué deux gardes civils). Dans le communiqué, l’ETA précise qu’Eduardo Puelles était le ‘chef des opérations de police contre de nombreux militants arbetzales [indépendantistes] de gauche et contre de jeunes indépendantistes au cours de la dernière décennie, ainsi que le coordonnateur de différentes opérations contre l’ETA. Parfois comme tortionnaire le plus expérimenté et méprisable du commissariat, tantôt dans le rôle du ‘bon flic’, il a aussi été responsable des pressions sur des militants indépendantistes pour qu’ils collaborent, via des menaces’.

Quarante-six personnes ont été légèrement blessées mercredi quand une charge explosive de 200kg installée par l’ETA, a explosé devant une caserne de la Garde Civile à Burgos. L’explosion a balayé une grande partie du mur du bâtiment de 14 étages, et a creusé un cratère qui s’est rempli de l’eau des tuyaux souterrains. 46 occupants de la caserne ont été légèrement blessés.

Attaque de l’ETA à Burgos

Attaque de l'ETA à Burgos

La justice espagnole a demandé ce mardi à la France la remise temporaire de l’ancien responsable d’ETA, Garikoitz Aspiazu, alias ‘Txeroki’, afin de l’interroger dans 5 des 21 procédures le visant en Espagne. Le parquet de l’Audience nationale, le tribunal anti-terroriste espagnol a proposé à la France une remise temporaire de ‘Txeroki’ fin septembre. Si la justice française accède à cette demande, ce sera la première fois qu’elle remet à l’Espagne un membre de l’organisation indépendantiste basque ETA en phase d’instruction judiciaire et non pour qu’il soit jugé comme cela s’est déjà fait à plusieurs reprises dans le passé. ‘Txeroki’, 35 ans, avait été arrêté le 17 novembre 2008 à Cauterets (sud-ouest de la France). Il aurait pris, fin 2003, la tête des commandos de l’ETA.