A l’occasion de la fête nationale des États-Unis, des manifestations ont eu lieu dans de nom breuses villes (sur la photo: dans le centre-ville de Los Angeles) pour protester contre les récentes opérations de ratissage des services fédéraux d’immigration. Une des manifestations a eu lieu dans le Michigan pour dénoncer l’ouverture, à Baldwin, du North Lake Correctional Facility, un centre de détention pour immigrants situé. Avec une capacité de 1 800 places, il s’agit du plus grand centre de détention du Midwest.Les manifestantsd dénonçaient le groupe GEO, l’entreprise privée sous contrat fédéral qui gère le centre pénitentiaire de North Lake, et qui est le principal opérateur pénitentiaire du pays

GEO est dénoncé pour son influence sur les politiques d’immigration et de justice pénale, favorisant ainsi l’incarcération à des fins lucratives. Pendant le cycle électoral de 2024, GEO et ses filiales ont fait don de près d’un million de dollars à des candidats politiques, dont environ 90 % à des candidats républicains. GEO s’est étroitement associé au président Trump. Au cours de son premier mandat, 237 nouveaux contrats ont été signés entre GEO et le gouvernement fédéral. De plus, près de 71 % du financement du groupe GEO provient de l’ICE. L’accent mis par l’administration Trump sur la détention de masse ne profite qu’au groupe GEO. Le projet de loi budgétaire de l’administration Trump a alloué 170 milliards de dollars à la lutte contre l’immigration et à la détention, dont 45 milliards destinés aux centres de détention.

En juin dernier, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis a désigné Addameer Prisoner Support and Human Rights Association et d’autres organisations comme « Terroristes mondiaux spécialement désignés » (SDGT). Cette désignation fait écho à celle déjà imposée contre Samidoun, ainsi que contre l’écrivain et militant palestinien Khaled Barakat (voir notre article). Dans un communiqué publié le 2 juillet, Addameer souligne que « ce ciblage fait partie d’une attaque plus large contre la société civile palestinienne et les défenseurs des droits de l’homme, en particulier ceux qui ont passé des décennies à documenter les graves violations contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, à dénoncer les pratiques de torture et de traitements cruels et inhumains, et à œuvrer pour que l’État occupant soit tenu responsable de ses crimes en cours. »

Pour apporter un soutien administratif et logistique aux raids anti-migrants de la police fédérale de l’immigration (ICE), l’administration Trump déploie 200 marines en Floride dès le jeudi 3 juin. Ce déploiement est le premier d’une série après celui du mois de juin à Los Angeles (voir notre article) pour aider l’ICE à mettre en œuvre la politique du président Donald Trump en matière de lutte contre l’immigration. “Les membres des forces armées participant à cette mission réaliseront des tâches strictement autres que celles relatives au maintien de l’ordre”, “ils auront l’interdiction spécifique d’entrer en contact direct avec les individus placés en détention provisoire par l’ICE”, déclare le commandement Nord des États-Unis. Ces marines resteront par ailleurs “dans les locaux de l’ICE”.

Manifestants contre les actions de l’ICE

En août 2023, le procureur général de Géorgie a déposé un acte d’accusation sans précédent contre 61 personnes, ouvrant ainsi le plus grand procès politique RICO de l’histoire des États-Unis. Loi fédérale aux Etats-Unis, RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations) vise habituellement des organisations motivées par le racket et la corruption, et prévoit des sanctions pénales étendues pour les délits commis dans le cadre des activités d’une « organisation criminelle ». Cette mesure radicale vise des militants associés au mouvement Stop Cop City qui s’oppose à un centre d’entraînement policier militarisé prévu dans la forêt de Weelaunee à Atlanta.

Parmi les personnes inculpées figure Priscilla Grim, travailleuse culturelle et militante de longue date. Priscilla a été arrêtée lors d’un festival de musique dans la forêt de Weelaunee en 2023 pour avoir organisé une méditation et s’être opposée à Cop City. Elle a été emprisonnée pendant plus d’un mois pour des accusations de terrorisme et a été privée de libération sous caution à deux reprises. Aujourd’hui, deux ans plus tard, l’État poursuit sa procédure en vertu de la loi RICO contre elle et des dizaines d’autres personnes. Toutes les personnes, y compris Priscilla, ont dû retourner en prison pendant plus de 24 heures dans le comté de Fulton pour la mise en accusation. En juin 2025, les audiences étaient en cours et les requêtes étaient examinées. Les accusations sont graves.

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Le 4 juillet 1982, l’ancien membre du Black Panther Party et journaliste Mumia Abu Jamal était condamné à mort (voir notre dossier). Récemment, la plus haute juridiction de Pennsylvanie a refusé d’examiner les ultimes recours de sa défense prouvant la partialité et l’inconduite des magistrats lors de son procès grâce à la découverte d’archives ces dernières années (voir notre article). Cette décision condamne Mumia Abu Jamal à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.

Pour commémorer l’anniversaire de sa condamnation injuste en 1982 et exiger sa libération immédiate, plusieurs initiatives sont organisées ce samedi 5 juillet, parmi lesquelles une marche à Philadelphie ainsi qu’un rassemblement place de la Concorde à Paris dès 18H.

Nouveau gadget pour l’agence américaine chargée de contrôler l’immigration. Les agents disposent d’une application de reconnaissance faciale qui doit permettre d’effectuer des vérifications d’identité en temps réel, a révélé ce 26 juin le site 404 Média. Mobile Fortify promet de transformer le smartphone des agents d’ICE en arme d’identification massive. Fini de relever les empreintes digitales puis de les comparer à des fichiers, une photo prise avec le téléphone devrait suffire, d’après la description faite par ICE, système dont on ne sait pas s’il est déjà déployé ou encore en phase de test.

Mobile Fortify sera directement relié à différentes bases de données biométriques mises en place par le Département de la Sécurité Nationale (DHS). Il devrait, permettre de comparer les photos prises par les agents au fichier du Système automatisé d’identification biométrique (IDENT) du DHS qui contient des informations sur 270 millions de personnes présentes sur le territoire américain. Cette application de reconnaissance faciale enverra aussi les images à la base de données des douanes qui prennent en photo toutes les personnes qui entrent et sortent des États-Unis. L’objectif : identifier les personnes qui  résident en situation régulière ou non aux États-Unis et pouvoir effectuer des raids afin d’arrêter autant d’immigrés en situation irrégulière que possible.

D’ici septembre, l’agence devrait pouvoir s’appuyer sur un tout nouveau système de traitement des données baptisé ImmigrationOS. Ce logiciel offre une large palette d’outil pour : vérifier en « temps réel » quels sont les personnes qui décident de leur propre chef de quitter le territoire américain, de gérer le flux des arrestations et des expulsions, et enfin d’identifier plus rapidement les cibles prioritaires pour les agents de l’ICE.

Palantir omniprésent, le géant du traitement de données a obtenu 30 millions de dollars de la part du gendarme de l’immigration pour mettre en place ce logiciel. Palantir collabore avec cette agence depuis 2011. La collaboration des entreprises tech est essentielle pour une agence comme ICE, qui a besoin de la technologie de ces entreprises non seulement pour la reconnaissance faciale ou le traitement des données, mais aussi pour la géolocalisation ou l’identification des véhicules.

Hridindu Roychowdhury est un anarchiste qui a été condamné en 2022 à une peine de 7,5 ans pour le vandalisme et l’incendie d’un bureau anti-avortement nationaliste chrétien d’extrême droite dans le cadre du mouvement Jane’s Revenge qui revendique plusieurs actions directes contre des institutions anti-avortements aux États-Unis. En mai 2025, il a été transféré pour comparaître devant un grand jury. Il a refusé de coopérer lors d’une audience. Suite à cela, le juge l’a reconnu coupable d’outrage pour avoir refusé de répondre aux questions du grand jury. Il est incarcéré dans une prison du comté, sa peine fédérale est donc suspendue j. squ’à ce que l’outrage soit purgé.

Pour lui écrire : Hridindu Roychowdhury / Columbia County Jail / 403 Jackson Street / Portage, WI 53901 / USA.

Instructions d’envoi : inclure une adresse de retour complète ; utiliser uniquement des enveloppes n°10 ; les colis ne sont pas acceptés ; tout le courrier est copié en noir et blanc – les détenus reçoivent des photocopies.

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement de George W. Bush  fait adopter le Homeland Security Act par le Congrès. Cela mène à la création du Department of Homeland Security (DHS) qui forme deux nouvelles agences, la Customs and Border Protection (CBP) qui prend en charge le contrôle aux frontières et l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), responsable de l’application des lois à l’intérieur du territoire. Dotée de pouvoirs discrétionnaires pour surveiller, poursuivre, détenir et expulser les personnes qu’elle considère comme des “menaces pour la sécurité publique ou la sécurité nationale”. L’ICE est aujourd’hui la plus grande agence d’enquêtes du DHS : avec 20 000 agents répartis dans plus de 400 bureaux à travers le pays et un budget annuel de 8 milliards de dollars.

Les agents de l’ICE débarquent chez les gens sans mandat, sur les lieux de travail sans mandat. L’ICE opère même jusque dans les tribunaux, en arrêtant les immigrés à la sortie de leur procédure de demande d’asile. L’ICE mène rafles comme celle qui a visé des Vénézuéliens qui ont été mis dans un avion et emmenés soit à Guantanamo, soit au Salvador et dans d’autres pays, sans aucune autre forme de procès. Tout cela sous la pression du conseiller de Trump, Stephen Miller, qui martèle l’objectif de 3 000 arrestations d’immigrés par jour, pour atteindre le quota d’un million d’expulsions d’ici à la fin de l’année 2025.

Les pratiques actuelles de l’ICE sont telles que des villes et des États refusent que leur police locale coopère avec les forces fédérales en fournissant des informations sur des immigrés potentiellement sans-papiers. Des millions de personnes manifestent ainsi à travers le pays, brandissant des drapeaux mexicains en guise de soutien aux migrants. Et récemment, un groupe a dénoncé en ligne les agents de l’ICE.

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Lors de la première attaque, un homme a escaladé un portail vers 1 h du matin le 12 juin et a placé des allume-feu sur les pare-brise, les capots et les pneus de plusieurs véhicules sur un parking de la police, à environ un pâté de maisons d’un commissariat de police du quartier de Bushwick à Brooklyn. Cette action a été revendiquée comme démonstration « que la solidarité avec la résistance palestinienne, les immigrés, les Noirs ne signifie pas des manifestations inutiles où tout le monde se fait arrêter, des marches sans fin vers nulle part et des chants fades » (lire la revendication).

Grâce à la vidéosurveillance, la police de New York a publié mercredi des photos et une vidéo d’un homme de 21 ans originaire du New Jersey, et a demandé l’aide du public pour le retrouver. Le 28 mai, cette personne avait été arrêtée lors d’une manifestation pro-palestinienne à Manhattan et inculpé de trouble à l’ordre public et de résistance à l’arrestation pour avoir entravé la circulation. En mai 2024, il a été arrêté dans le Queens et inculpé d’agression et de résistance à l’arrestation. Il a plaidé non coupable dans les deux affaires. En septembre dernier, il aurait participé aux luttes à l’Université Columbia et aurait causé des dégâts à une statue du campus.

Mercredi, la police a indiqué qu’un allume-feu avait été retrouvé sur un fourgon de police garé devant un restaurant du quartier de Williamsburg à Brooklyn. Le chef des inspecteurs du NYPD, Joseph Kenny, a déclaré que l’allume-feu était de marque différente à ceux utilisés à Bushwick. Cette action a été revendiquée « Pour Rumeysa Ozturk, pour Mahmoud Khalil, pour toutes les familles, tous les amis, tous les voisins emprisonnés. » (lire la revendication).

La nuit précédent les manifestations « no kings » (voir notre article), le bureau de recrutement de la Garde nationale de l’armée de terre a été attaqué par des anarchistes (vitres brisées, etc.) à Bloomington, dans l’Indiana. L’origine de la Garde nationale, qui a été déployée en Californie lors des manifestations contre les expulsions de masses (voir notre article), est dans les milices mises en place après la guerre de Sécession par les autorités des États-Unis pour réprimer les émeutes ou de briser les grèves. Sur notre photo : un garde national en appui à la police de l’Indiana lors de la répression des mobilisations étudiantes pro-palestiniennes de l’an passé.

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