Cinq cent officiers de police londoniens vont porter des caméras sur leur uniforme, à titre d’expérimentation, a annoncé ce jeudi Scotland Yard. La caméra n’est censée tourner qu’en cas d’intervention et après que les personnes filmées ont été averties de son utilisation. Les victimes potentielles peuvent demander à ce qu’on l’éteigne, mais pas le suspect. La police va ensuite stocker les enregistrements pendant un mois sur un serveur avant de les effacer, sauf si les images peuvent servir dans le cadre d’une enquête.

La police de Londres, qui a déjà testé différents dispositifs ces dernières années, a décidé d’accélérer la mise en place des caméras après la polémique sur les circonstances controversées de la mort d’un homme, Mark Duggan, tué par des policiers en 2011. En Belgique, la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet s’était déjà déclarée favorable, en début d’année, à la mise en place de mini-caméras sur les uniformes des agents de police, mais le projet ne faisait pas l’unanimité.

Angleterre: Des bodycams pour 500 policiers londoniens

La semaine passe, une ordonnance provisoire ordonnait l’évacuation d’une église occupée à Brighton. Les occupants ont décidé de résister et se sont barricadé dans le bâtiment. Ils se sont installés sur le toit pendant trois jours tandis que de nombreux sympathisants se rassemblaient alentours. Un officiers de police est venu menacer les squatters puis, une voiture de police a été bombardée de projectiles divers, obligeant les policiers à prendre la fuite. La bâtiment a été encerclé mais les squatters l’ont évacués. Un hélicoptère de la police a été mobilisée pour les poursuivre et trois personnes ont été arrêtées. Lors de l’investissement de l’église, un policier a été blessé en tombe dans une trappe masquée par un tapis…

Grande-Bretagne: Affrontement autour d’un squat

Le responsable des services antiterroristes de Scotland Yard a été suspendu temporairement de ses fonctions vendredi, après la publication d’un rapport accablant pour la police sur le meurtre raciste du jeune Stephen Lawrence remontant à 1993. Richard Walton est soupçonné d’avoir eu une « conduite inappropriée » alors qu’il contribuait à l’enquête publique destinée, cinq ans après les faits, à faire la lumière sur le comportement de la police dans cette affaire qui a provoqué une immense émotion dans le pays.

Dans un communiqué lapidaire, Scotland Yard a indiqué que Richard Walton était « temporairement suspendu de son poste de chef de l’unité antiterroriste », pour occuper un « rôle non-opérationnel ». La commission indépendante des plaintes contre la police (IPCC), la police des polices, a été saisie.

Un rapport publié hier sur l’assassinat de Stephen Lawrence dénonce les pratiques de la police britannique. Cet adolescent noir de 18 ans avait été tué pour des motifs racistes le 22 avril 1993 par quatre jeunes, dont seulement deux ont été condamnés. Non seulement un officier de police aurait accepté de l’argent de la part du père d’un des suspects pour ne pas poursuivre son fils, mais un espion de la police avait infiltré l’entourage et les proches de la victime dans le but de les discréditer. Le 6 mars, la ministre de l’Intérieur, a ordonné une enquête publique afin de connaître « toute la vérité », plus de deux décennies après les faits.

Quant à la police britannique, elle se trouve d’autant plus dans l’embarras qu’elle est déjà au coeur d’une polémique en raison de sa politique d’infiltration à grande échelle dans des groupes politiques, pendant plus de quarante ans. Des dizaines – peut-être des centaines – de militants politiques aient été condamnés à la suite des opérations d’espionnage douteuses qui pourraient être liées à des erreurs judiciaires.

Citant de nouveaux documents d’Edward Snowden, le site Wikileaks a révélé avoir été pris pour cible par la NSA. Le site de Julian Assange, spécialisé dans la publication de documents secrets, a affirmé que l’agence de renseignements américaine et son pendant britannique GCHQ ont espionné Wikileaks et ses lecteurs. Un des documents révèle également que depuis 2010, la NSA a inscrit Julian Assange sur ‘une liste de gens qui doivent être la cible d’une chasse à l’homme…’ Ce dernier a réagi par voie de communiqué ‘Wikileaks condamne fermement le comportement sans foi ni loi de l’Agence nationale de sécurité. Nous appelons l’administration Obama à nommer un procureur spécial pour enquêter sur l’étendue de l’activité criminelle de la NSA contre les médias, notamment Wikileaks’.

Le 21 octobre dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg avait jugée illégale la détention prolongée d’Inès del Rio, militante de l’ETA dont la détention avait été prolongée jusqu’en 2017 (alors qu’elle était libérable en 2008 selon le système classique de remise de peines) en vertu de la doctrine Parot, système de remise de peine défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples. Antonio Troitiño, condamné à plus de 2000 ans de prison et détenu au Royaume-Uni avait été libéré le lendemain, le justice britannique ayant estimé qu’il était juste qu’il le soit si Inès del Rio l’était. Il avait été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une décision de l’Espagne sur une demande d’extradition. Le militant a été arrêté ce jeudi à Londres car la justice espagnole l’accuse d’avoir ‘en liberté, réintégré la cellule du groupe’.

Antonio Troitino

Antonio Troitino

Le démonstrateur du drone Taramis, qui a déjà fait plusieurs essais en vol a été révélé hier. Le coût du programme est estimé à 185 millions de livres (222 millions d’euros). Il est mené en partenariat entre le ministère britannique de la Défense et BAE Systems, avec la participation de Rolls Royce, QinetiQ et General Electrics. Possédant des capacités de furtivité, le Taranis a la taille d’un avion de chasse. Il est destiné aussi bien aux missions ISR qu’aux missions de ciblage et peut également être utilisé pour des missions d’attaque.

A l’appel du Defend Education Birmingham, une centaine d’étudiants ont manifesté hier, occupant deux bâtiments de l’institution et déployant un calicot sur la tour de l’horloge de l’université. La police a rapidement été appelée sur place par les autorités universitaires pour disperser les étudiants qui dénoncent l’augmentation des frais de scolarité ainsi que les faibles revenus du personnel. Des bombes de fumées et des feux d’artifice ont été tirés par les étudiants qui ont très vite été enfermés dans un kessel policier. Plus de cent étudiants ont été interrogés par les policiers, tout ceux refusant de décliner leur identité ont été interpellés. L’opération a duré plus de quatre heures. Au final, quatorze personnes ont été interpellées. Elles sont accusées d’avoir porté atteinte aux gardes de la sécurité et de dommages criminels.

Calicot à l’université de Birmingham

Calicot à l'université de Birmingham

Suite au verdict prononcé mercredi en faveur de la police londonienne dans l’affaire du meurtre de Mark Duggan, les autorités craignent une nouvelle vague de protestation dans le quartier de Haringey. La police a été placée en état d’alerte, et des renforts peuvent être envoyés sur place à tout moment, dixit le porte-parole de la police. En marge de cette situation tendue, les autorités ont annoncé leur intention de lancer une expérience d’enregistrement des actions policières. Des officiers armés vont être équipés de caméras pour enregistrer leurs faits et gestes et ceux des personnes auxquelles elles ont affaire.

Policier doté d’une caméra

Policier doté d'une caméra

Mark Duggan, 29 ans, a été abattu par la police le 4 août 2011 alors qu’il se trouvait dans un taxi à Londres. Soupçonné d’être membre d’un gang et d’être armé au moment où la police est intervenue pour l’interpeller, l’homme a reçu une balle dans le bras et une autre dans l’abdomen. Ce meurtre avait déclenché une semaine d’émeutes dans le quartier londonien de Tottenham. Mercredi, la justice britannique a tranché: la police a agi ‘légalement’ en tirant sur Mark Duggan. Les jurés, qui pouvaient juger l’action ‘légale’, ‘illégale’ ou choisir une position moins tranchée, ont conclu que l’opération pour intercepter Mark Duggan avait été conduite d’une façon à minimiser le recours à la force et que l’officier croyait sincèrement et raisonnablement que Mark Duggan était toujours armé quand il lui a tiré dessus. L’arme supposée a été retrouvé à six mètres de la scène. La police, accusée de l’y avoir placée, continue de rejeter cette affirmation avec force. L’enquête balistique a pourtant démontré que la balle retrouvée dans la radio d’un agents était d’origine policière, alors que Duggan a longtemps été accusé d’avoir ouvert le feu. Un porte-parole de la police britannique a annoncé que suite à ce verdict, ‘une opération était en cours à Londres permettant d’envoyer des renforts à Harigey en cas de nécessité’. Une membre de la famille a réagi à cette décision en déclarant: ‘Nous allons nous battre jusqu’à notre dernier souffle pour que justice soit rendue à Mark, pour ses enfants et pour toutes ces morts en garde à vue… pas de justice, pas de paix!’