Deux prisonniers palestiniens sont morts les 14 et 15 novembre dans les prisons israéliennes. Samih Suleiman Muhammad Aliwi, 61 ans, et d’Anwar Shaaban Muhammad Aslim, 44 ans, avaient été soumis aux abus systématiques pratiqués depuis longtemps dans les prisons israëliennes, notamment la torture, la négligence médicale et la sous-alimentation. L’avocat d’Aliwi a témoigné que les soins de celui-ci lui avaient été refusés, qu’il avait subi des agressions et humiliations, et qu’il avait perdu 40 kg lors de leur dernière entrevue.

D’autre part, les conditions du décès, en avril dernier, d’Adnan al-Bursh (à gauche sur la photo), célèbre chirurgien de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, ont été documentées. Le médecin informait, depuis le début du génocide, les blessures terribles qu’il était amené à soigner ainsi que les conditions toujours plus difficiles dans lesquelles il devait travailler. Il a également exposé le siège brutal qu’a subi son hôpital en novembre 2023, et son évacuation forcée. Il a ensuite rejoint un autre hôpital et continué de dénoncer les attaques d’Israël à l’égard du système de santé palestinien. Il est arrêté par l’armée israélienne lors du siège de l’hôpital Al-Awda, le 5 décembre 2024. Il est amené au camp d’emprisonnement et de torture de la base militaire Sde Teiman, puis transféré aux autorités pénitentiaires israéliennes. À la mi-avril 2024, le Dr Adnan Al-Bursh est arrivé à la section 23 de la prison d’Ofer, près de Jérusalem. Il a présentait des blessures sur tout le corps. Il était nu dans la partie inférieure de son corps. Les gardiens de prison l’ont jeté au milieu de la cour et l’ont laissé là. Le Dr Adnan Al-Bursh était incapable de se lever. L’un des prisonniers l’a aidé et l’a accompagné dans l’une des cellules. Quelques minutes plus tard, le Dr Adnan Al-Bursh était mort.

Jeudi 7 novembre au soir se tenait un match de football entre l’Ajax (équipe néerlandaise) et le Maccabi Tel-Aviv (équipe israélienne) à Amsterdam. Les supporters de cette dernière, affiliés à l’extrême-droite israélienne ont semé le trouble pendant plusieurs heures dans la ville scandant des slogans tels que « Fuck You Palestine », arrachant des drapeaux palestiniens accrochés sur de façades ou encore chantant des chants à la gloire de l’armée d’occupation. Ils avait également hué au stage la minute de silence dédiée aux victimes des inondations à Valence et agressé au moins un chauffeur de taxi. Ces nombreuses provocations et agressions ont déclenché des affrontements avec des personnes pro-palestiniennes (un rassemblement contre la tenue de ce match avait eu lieu dans la ville, mais on ignore si ces personnes ont participé aux affrontements). Les supporters d’extrême-droite ont été pourchassés dans la ville, frappé, certains ont été capturés et on été forcé de scander « free Palestine » pour qu’on les laisse partir. 57 personnes ont été arrêtés dans le cadre de ces affrontements.

Supporter-d'extrême-droite-israélien-arrachant-un drapeau palestinien à Amsterdam

Supporter-d’extrême-droite-israélien-arrachant-un drapeau palestinien à Amsterdam

Le parlement israélien a approuvé, ce jeudi, en deuxième et troisième lectures, une loi autorisant l’imposition de peines d’emprisonnement aux enfants palestiniens de moins de 14 ans. Sur les 120 députés de la Knesset, 55 ont voté en faveur de cette mesure, alors que 33 députés s’y sont opposés Cette loi prévoit ‘’l’adoption d’une disposition temporaire pour une période de 5 ans, permettant à un tribunal d’émettre un ordre de détention pour un mineur (palestinien) de moins de 14 ans, dans une résidence sécurisée, s’il est reconnu coupable d’un meurtre qualifié d’acte terroriste ou faisant partie d’une activité terroriste, avant de continuer à purger sa peine en prison dès l’âge de 14 ans (…) Le ministre de la Justice pourra prolonger la durée de cette disposition temporaire pour des périodes n’excédant pas deux ans, avec l’approbation du ministre de la Protection sociale et de la Commission de la Constitution, du Droit et de la Justice du parlement’’, précise le communiqué. Plus de 270 enfants palestiniens ont été écroués par Israël en violation des résolutions des Nations unies et des conventions internationales.

 

Le leader palestinien de premier plan Marwan Barghouti, qui purge une peine de réclusion à perpétuité depuis son arrestation en 2002 pour des charges de « direction de groupes armés ayant tué et blessé des Israéliens » pendant la deuxième intifada palestinienne, a été blessé lors d’une « agression brutale » à la prison de Megiddo. Le prisonnier souffre de blessures après l’attaque survenue dans sa cellule d’isolement le 9 septembre. Selon son avocat, Les autorités pénitentiaires israéliennes isolent des dizaines de détenus de haut rang dans des conditions difficiles et tragiques, elles les soumettent à des agressions brutales répétées à l’intérieur de leurs cellules.

Ce mardi, les autorités israéliennes ont libéré au moins 15 détenus de diverses prisons. Un jeune palestinien Eyad Ashraf Ed’eis (15 ans), du camp de réfugiés de Shu’fat à Jérusalem occupée, a été libéré mardi après sept mois de détention. Il a été placé en résidence surveillée, équipé d’un bracelet électronique et interdit de séjour dans son domicile familial. Libéré en très mauvaise santé en raison de la gale, qui s’est répandue parmi des centaines de détenus dans plusieurs prisons et il a été transféré à l’hôpital dès sa sortie. La Société des prisonniers palestiniens (PPS) a confirmé que la plupart des détenus libérés souffrent de complications de santé, de maladies chroniques qui nécessitent un suivi médical. Dans un communiqué, la PPS note que la gale est l’une des maladies les plus répandues chez les détenus libérés, avec des effets visibles sur leur corps.

La PPS soupçonne l’administration pénitentiaire israélienne d’utiliser la gale comme un outil pour torturer et maltraiter les détenus, négligeant le droit aux traitements médicaux, ce qu’elle considère comme de la maltraitance depuis plusieurs décennies. Les corps des prisonniers présentent des traces de négligences médicales, de famine et de torture.

Sur la base d’une visite de son avocat à la prison de Gilboa il y a deux jours, la commission des affaires des détenus et des ex-détenus a déclaré mercredi matin, que les prisonniers vivent dans des conditions tragiques et une réalité douloureuse en raison des politiques fascistes et racistes adoptées par l’administration pénitentiaire israélienne, parmi les méthodes utilisées par l’administration figurent les coups, les insultes, les effractions dans les chambres et les sections. La nourriture fournie reste médiocre en quantité et en qualité, il y a une grave pénurie de vêtements et de couvertures, rien n’indique que les conditions météorologiques soient prises en compte avec l’arrivée de l’hiver. Les maladies de peau se propagent, les produits de nettoyage et de désinfection sont absents, la politique d’isolement du monde extérieur se poursuit et il existe des restrictions et des obstacles à la communication dans les chambres et les sections.

Vendredi 20 septembre, une dizaine d’ONG (dont Amnesty International Belgique, le CNCD – 11.11.11 ou encore la Ligue des droits humains) et le syndicat socialiste FGTB-ABVV ont dénoncé dans un communiqué l’intensification de la répression contre le mouvement propalestinien en Belgique.

Ces organisations citent notamment comme exemple les menaces de poursuite contre les quelques 70 étudiant·es et soutiens accusés de « appartenance à un groupe prônant la haine et la ségrégation raciale » dans le cadre de l’Université Populaire de Bruxelles (une occupation d’un bâtiment de l’ULB pour dénoncer la collaboration de celle-ci avec les universités israéliennes).

Les auteures citent également les sanctions administratives communales infligées à plusieurs dizaines de personnes en raison de leur participation à des manifestations en soutien à la Palestine, à Bruxelles, à Gand et à Louvain. Enfin, elles dénoncent les pressions policières exercées sur des personnes portant des signes de soutien à la Palestine (drapeau palestinien et keffieh) dans l’espace public (ces personnes sont priées d’enlever ces signes, sous peine d’arrestation).

Le lendemain de la publication du communiqué, Denis Ducarme, ministre MR participant aux négociations pour la formation du nouveau gouvernement fédéral, a annoncé qu’il réclamerait l’introduction d’un loi permettant l’interdiction de l’organisation palestinienne Samidoun qu’il accuse d’être lié au « terrorisme ». Une formulation intéressante lorsqu’on se rappelle que, quelques jours avant, Israël perpétrait un attentat au bipeur piégé, qui a tué au moins 12 personnes, dont 2 enfants, et fait près de 3000 blessés au Liban. Les pressions pour interdire cette organisation, basées sur les demandes de la droite israélienne, ne sont pas nouvelles (voir notre article).

Menace d'interdiction contre Samidoun en Belgique

Menace d’interdiction contre Samidoun en Belgique

La répression des personnes soutenant la Palestine et opposées au génocide à Gaza continue de sévir en Europe. Voici des exemples récents qui se sont déroulés en France :

Jeudi 5 septembre, Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation dont elle a été témoin a été perquisitionnée et placée en garde à vue. La raison de cette arrestation ? Elle s’était opposée à la tenue à Paris, du Salon de l’immobilier Israélien (qui propose entre-autre à la vente des biens dans la partie de la Palestine occupée suite à la guerre de 6 six jours). Elle a été libérée le lendemain. On ignore s’il y aura des suites à cette procédure.

En avril, un agent de sécurité lui avait confisqué un drapeau palestinien lors d’un match de football auquel assistait Emmanuel Macron. Elle voulait lui remettre un témoignage collectif rédigé par plusieurs médecins sur les horreurs de Gaza et lui faire part de l’urgence d’un cessez-le-feu.

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n'a cessé de dénoncer les crimes de l'armée d'occupation

Imane Maarifi, une infirmière française qui a passé 2 semaines à Gaza et qui n’a cessé de dénoncer les crimes de l’armée d’occupation

 

La répression n’est pas que policière, mais peut aussi être administrative et/ou sociale : 

Benoît Huou, professeur de mathématique à la Toulouse School of Economics a été suspendu à titre conservatoire après avoir appelé au boycott d’Israël. Il avait évoqué, dans un de ses cours du 3 septembre, un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, au début de juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens assassinés par l’armée israélienne.

« La situation n’a pas commencé le 7 octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement est le Hamas », avait poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7 octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant le soutien tacite du gouvernement français. Ces déclarations lui ont valu une suspension à titre conservatoire dès le lendemain.

Sylvie Retailleau, ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a personnellement demandé à ce que des sanctions soient prises.

Le 26 décembre 2023, Khalida Jarrar, une militante et parlementaire bien connue du FPLP (notamment pour son travail pour les prisonniers politiques), avait été une nième fois été arrêtée et placée en détention administrative (c’est à dire sans accusation, ni procès) par les forces d’occupation. Elle est placée à l’isolement dans la prison de Neve Tirza dans des conditions inhumaines depuis le 12 août (elle était auparavant détenue à la prison de Damin).  Plus précisément, elle est retenue dans une cellule de 2 mètre sur 1,5 mètres (plus une mini-toilette), sans aération, ni eau avec des températures élevée. Cette politique contre Khalida Jarrar n’est pas un cas isolé. La Commission chargée des Affaires des Prisonniers et Ex-Détenus a révélé, mardi 20 août, la persistance de mauvaises conditions de détention pour les 84 femmes détenues à la prison de Damon.

En savoir plus.

khalida jarrar

Khalida Jarra militante et députée palestinienne incarcérée

Alors que l’armée d’occupation multiplie les frappes aériennes sur les écoles (la dernière du 9 août ayant tué 93 civils) dans le cadre de son opération génocidaire à Gaza (sans parvenir à vaincre la résistance), d’autres unités continuent leurs attaques en Cisjordanie.

Au cours d’un raid qui s’est déroulé hier, le 11 août 2024, un jeune palestinien a été gravement blessé à la cuisse par des balles réelles lors de confrontations avec les forces d’occupation dans le camp de réfugiés d’Al-Ain, situé à l’ouest de Naplouse. Par ailleurs, au moins trois Palestiniens ont été arrêtés.

Pendant ce temps, l’armée israélienne a pris d’assaut le village de Burqa, au nord-ouest de Naplouse, perquisitionnant plusieurs maisons, détruisant le mobilier et agressant l’un des résidents.

L'armée d'occupation en Cisjordanie (archive)

L’armée d’occupation en Cisjordanie (archive)

Les mauvais traitements imposées aux prisonniers et prisonnières palestinien·nes détenu·es dans les prisons de l’occupation (dont 4 781 sans procès, ni inculpation) se sont intensifiées depuis le 7 octobre (coups, privation de sommeil, violences sexuelles, menaces contre les familles etc,etc) causant la mort d’au moins 60 personnes (comme le démontre ce rapport).

Parmi les réactions à ces tortures, une campagne visant la fermeture de la prison pour femme de Damon. Cet établissement détient 88 prisonnières dont  Khalida Jarrar, Hadeel Shatara, Hanan Barghouti et Layan Kayed dans les conditions très difficiles. Plus d’informations sur cette campagne ici.

On compte désormais environ 9900 prisonnières et prisonniers suite au nombreuses captures de palestinien·nes par les forces d’occupation ces derniers mois.

Khalida Jarra militante et députée palestinienne incarcérée

Khalida Jarra militante et députée palestinienne incarcérée