Malgré un rapport de forces incroyablement inégal, la résistance palestinienne se poursuit dans les ruines de Gaza. Vendredi après-midi, un sergent de l’unité des forces spéciales de la police « Yaman »  a été tué lors d’affrontements dans le quartier de Shejaiya de la ville de Gaza. Des renforts iqraéliens ont été dépêchés pour extraire les soldats pris dans l’embuscade mais 15 minutes plus tard, un Humvee de l’armée qui tentait d’atteindre la zone a été touché par un tir de RPG ( lance roquettes portable), blessant un soldat. Près d’une heure plus tard, plusieurs chars qui participaient aux opérations de sauvetage, ont été pris pour cible par des tirs de RPG. L’une des roquettes a tué un capitaine de la 401e brigade blindé mécanisée et légèrement blessé un autre soldat. Une heure plus tard, deux réservistes du 7007ᵉ bataillon de la brigade de Jérusalem ont été blessés par des tirs de roquettes RPG et d’armes légères dans la même zone.

L’armée israélienne a commencé à utiliser des outils robotisés il y a plus d’une décennie mais en très petit nombre. Face à la résistance de Gaza et pour éviter les pertes, ils sont désormais déployés à grande échelle, à commencer par le « robdozer » est la version téléopérée du B9 (photo),  un mastodonte blindé que les troupes israéliennes utilisent au quotidien.

La police israélienne a interpelé six manifestants israéliens lors d’une petite manifestation contre la guerre à Haïfa, mardi soir. La protestation pacifique (photo), a été dispersée par la force par la police quelques minutes après avoir débuté. La police avait clairement dit de ne pas agiter de panneaux avec les mots « génocide », « massacre » ou « nettoyage ethnique ». En début de semaine, les forces de l’ordre ont tenté d’interdire aux manifestants de brandir des affiches d’otages, des photos d’enfants de Gaza et certains slogans faisant référence au « génocide » et au « nettoyage ethnique », en faisant les conditions de l’autorisation d’une manifestation contre la guerre prévue à Tel-Aviv.

Ahmed Manasra, âgé de 13 ans lors de son arrestation a été libéré jeudi, très affaibli physiquement et mentalement, il est libre après près de dix ans d’emprisonnement. Ahmed Manasra parle peu, placé à l’isolement strict pendant près de deux ans, le jeune homme âgé de 23 ans a développé une schizophrénie en prison selon les rapports de plusieurs médecins. Sur des vidéos rendues publiques, on peut le voir enfant, pleurer en plein interrogatoire, se taper la tête et dire qu’il ne sait pas ce qu’on lui reproche. Ahmed Manasra et son cousin Hassan avaient été filmés couteaux à la main à Jérusalem-Est occupée et annexée. Condamné à 12 ans de prison, sa peine a été réduite à neuf ans et demi. Ahmed avait 14 ans au moment de sa condamnation en 2016, ce qui faisait de lui le plus jeune Palestinien condamné par un tribunal civil israélien. Son cas met la lumière la situation des enfants détenus dans les prisons israéliennes. Les principaux motifs d’arrestation sont les jets de pierres ou la participation à des rassemblements jugés suspects. Arrêtés parfois sans charges, jugés par la justice militaire et souvent sans accès à un avocat, ces enfants sont soumis à des conditions de détention éprouvantes. Il y a trois semaines, faute de soins et de nourriture, l’un d’eux est mort en détention ( lire article ici ).

Ce samedi, à l’occasion de la «Journée de l’enfant palestinien», les chiffres des enfants qui sont ou ont été détenus ont été rendus publics. 1200 enfants ont été arrêtés et incarcérés depuis le 7 octobre 2023. Selon le communiqué, les enfants détenus subissent «des actes de torture, la faim, une négligence médicale et des privations systématiques au quotidien». Ces conditions ont conduit à la mort d’un premier enfant prisonnier: Walid Ahmad, 17 ans, originaire de Silwad, au nord-est de Ramallah, il a été tué dans la prison de Megiddo. La Commission des affaires des détenus et la Société des prisonniers ont confirmé que les résultats médico-légaux ont révélé que la famine était la principale cause de son décès. Les campagnes d’arrestations visant les enfants ont atteint un niveau sans précédent. À ce jour, plus de 9.500 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes, dont des femmes et plus de 350 enfants.

L’auteur et activiste Yves Engler a été arrêté le jeudi 20 février à Montréal pour avoir critiqué Israël et pour des accusations de harcèlement de la part d’une influenceuse pro-israélienne. Après que la police de Montréal l’a contacté au sujet de son intention de l’arrêter en raison d’une plainte déposée contre lui par l’influenceuse sioniste Dahlia Kurtz,  Yves Engler s’est tourné vers les médias sociaux pour mettre en lumière la question. Yves Engler a publié un article de presse sur la situation, une campagne par e-mail s’est organisé et 3 500 personnes ont contacté la police pour demander l’abandon des poursuites. À la suite de quoi la police a ajouté de nouvelles accusations contre lui pour avoir intimidé et harcelé un enquêteur par ses écrits sur les accusations initiales.

Suite à son arrestation, Yves Engler a comparu devant le tribunal par liaison vidéo le jeudi après-midi qui a confirmé son maintien en détention. Une audience de mise en liberté sous caution est prévue lundi pour déterminer les conditions de la libération potentielle d’Engler.

ÉDIT: La liberté d’expression gagne. Après avoir passé cinq jours en prison, l’activiste Yves Engler a été libéré sans restriction.

Indignation après un assaut par la police israélienne contre une librairie vendant des livres sur les territoires palestiniens, livres sur la Nakba, l’épuration ethnique et le conflit israélo-paslestinien rédigés par des auteurs israéliens et des auteurs du monde entier. La librairie Educational Bookshop est une institution culturelle à Jérusalem-Est. Deux de ses employés, les frères Mouna, ont été arrêtés et présentés devant un juge ce lundi 10 février, pour avoir vendu des livres « incitant à la haine » selon la police. Un rassemblement de soutien s’est tenu devant le tribunal où ont comparu Mahmoud et Ahmad Muna,  des slogans tels que : « Non à la censure » et « Israël est un État fasciste »ont été scandés. Les deux libraires sont arrivés pieds et poings liés au tribunal. L’avocat des deux hommes et leurs soutiens dénoncent une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Ils ont été condamnés à huit jours de détention, mais la condamnation a été revue à la baisse et ils ne resteront au final incarcérés qu’une journée.

Un bus transportant un groupe de prisonniers palestiniens libérés par Israël, en échange d’otages à Gaza, est arrivé samedi dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée. Lors du cinquième échange de prisonniers, dans le cadre d’une trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier dans la bande de Gaza, les détenus libérés sont descendus du bus, certains semblant en mauvaise santé, devant une foule en liesse rassemblée depuis le matin. Un peu plus tard, plus d’une centaine de prisonniers palestiniens libérés par Israël sont rentrés dans la bande de Gaza, faisant le signe de la victoire en descendant des bus. Ce sont au total de 183 prisonniers qui ont été libérés par Israël ce jour-ci en échange de trois prisonniers détenus par le Hamas.

La militante palestinienne Khalida Jarrar, a déclaré que les autorités israéliennes ne traitent pas les prisonniers palestiniens comme des êtres humains, elle qualifie les conditions de détention de « pires et plus difficiles depuis l’occupation de la Palestine occupée en 1967 ». Lundi 20 janvier, Israël a libéré 90 prisonniers palestiniens dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers ( article ici ). Khalida Jarrar, maintenue en détention administrative depuis décembre 2023, faisait partie des personnes libérées. Sa libération est intervenue après que trois otages israéliennes ont été relâchées. La détention administrative permet aux autorités israéliennes de maintenir des personnes en prison sans inculpation ni procès.

Khalida témoigne sur ce que subissent les Palestiniens, « une nourriture de mauvaise qualité et en quantité insuffisante, ainsi que l’isolement cellulaire pratiqué par les autorités d’occupation ». « J’ai passé six mois en isolement cellulaire et de nombreux Palestiniens sont détenus dans des cellules isolées dans des conditions très dures ». Elle explique encore que ces politiques visent à « traiter les prisonniers comme s’ils n’étaient pas humains ». « Nous avons été soumis à une extrême dureté et à des agressions physiques dans une tentative délibérée et intentionnelle de nous humilier et de nous dégrader ». Elle a souligné que la cause des prisonniers est « une partie intégrante des causes de notre peuple ». On estime que plus de 11 000 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes.

A 16H22, le Hamas a remis trois prisonniéres à la Croix-Rouge, à Gaza-ville, dans une cérémonie qui a tourné à la démonstration de force puisqu’une centaine de résistants armés y participaient. L’armée israélienne avait annoncé un retard dans l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu prévue initialement ce dimanche à 07h30, le Hamas n’ayant pas encore remis la liste d’otages devant être libérés dans la journée comme le réclamait Israël.

Parmi les 90 prisonniers palestiniens figurent 69 femmes. Le plus jeune est Mahmoud Aliowat, 15 ans. Parmi les prisonniers qui doivent être libérés figure Khalida Jarrar, 62 ans, membre dirigeante du Front Populaire de Libération de la Palestine. Dalal Khaseeb, 53 ans, la sœur de l’ancien numéro deux du Hamas, Saleh Arouri (Arouri a été tué lors d’une frappe israélienne dans une banlieue sud de Beyrouth en janvier 2024.) et Abla Abdelrasoul, 68 ans, épouse du secrétaire général du FPLP Ahmad Saadat sont également sur la liste des personnes à libérer.

Selon les termes de l’accord, 33 Israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines. En échange, Israël va libérer 737 prisonniers politiques palestiniens et laisser entrer 600 camions d’aide par jour dans la bande de Gaza. Le dernier bilan des 15 mois de bombardements génocidaires de Gaza est d’au moins 46.913 personnes tuées et 110.750 personnes blessées.