Une lourde opération policière a eu lieu le 18 février dernier à Padoue contre le mouvement pour le droit au logement. De nombreuses perquisitions ont eu lieu et ont résulté en 11 mesures de contrôle, en la saisie du siège de l’association « Nicola Pasian ». Les principaux accusés sont issus du « Comité de Lutte pour la Casa », identifié comme une « association de malfaiteurs » après avoir empêché 32 expulsions de logements et avoir soutenu 8 occupations de bâtiments. Les crimes qui leur sont reprochés sont « résistance », « refus d’obtempérer » et « interruption d’un service public ». La web-radio « Radiazione » est elle aussi désignée comme une association criminelle. Des manifestations de soutien ont eu lieu le 27 février dernier sous la banderolle « La lutte pour la Casa ne s’arrête pas ».

La Lutte pour la Casa ne s’arrête pas.

La Lutte pour la Casa ne s'arrête pas.

La dernière session du procès a eu lieu le 2 mars au tribunal de Turin. Les procureurs et les avocats de la défense ont présentés réquisitoires et plaidoiries. Les procureurs ont demandé 5 ans et 8 mois pour Costa (Costantino Ragusa), 5 ans et 4 mois pour Silvia (Silvia Guerin) et Billy (Luca Bernasconi). Le verdict sera rendu le 23 mars. Billy, Costa et Silvia avaient purgé quelques années de prison en Suisse pour avoir été accusés d’avoir planifié une action de sabotage contre un centre de nanotechnologie d’IBM. Ce procès est le volet italien de l’affaire : les trois sont accusés d’association criminelle, d’avoir ’conspiré’ et illégalement obtenu les matériaux nécessaires à l’assemblage d’engins explosifs et de l’avoir passé à travers la frontière italo-suisse. Tous les chefs d’inculpation sont aggravés par la circonstance de ’finalité terroriste’. (lire notre précédent article sur ce procès)

Soldiarité en Suisse avec Billy, Costa et Silvia

L’année dernière, la boite d’espionnage informatique privée Hacking Team avait fait parler d’elle en se faisant déposséder de tous ses fichiers par des hackers plus malin qu’elle. Voir nos précédents articles. Apparemment, ce piratage n’aura pas été fatal pour la firme italienne, puisqu’un nouveau spyware dirigé contre Mac OSx a été découvert via la plateforme antivirus de Google « VirusTotal« . La signature numérique correspond à celle de Hacking Team et a été faite trois mois après la grande fuite de données, ce qui indique non seulement que ce n’est pas un bout de code utilisé par quelqu’un qui aurait récupéré ceux de Hacking Team, mais également que la société continue d’utiliser son ancienne plateforme vérolée.

Selon les quelques ingénieurs qui se sont penchés sur le spyware uploadé sur VirusTotal, le code n’a rien d’impressionant, il utilise quelques techniques de dissimulation supplémentaires que celles utilisées auparavant. Le spyware a déjà été rajouté dans les bases de données de plusieurs antivirus (19 sur les 55 contrôlés par VirusTotal).

La fiche dédiée chez VirusTotal.

La fiche dédiée chez VirusTotal.

Plusieurs procédures sont en cours contre des militants anarchistes dans les tribunaux de Turin. Le procès en appel contre les militants No-TAV Lucio Alberti, Francesco Sala et Graziano Mazzarelli, a eu lieu tandis qu’une manifestation solidaire avait lieu devant le palais de justice. L’audience a été expéditive: les procureurs ont demandé que les peines de première instance soient confirmées, et les avocats de la défense qu’elles soient réduites pour Lucio et Francesco et annulée pour Graziano. Après une demi-heure de délibération, Lucio et Francesco ont été condamnés à 2 ans et 2 mois, (2 ans et 10 mois en première instance) et la peine contre Graziano a été confirmée. Étant donné que les peines ont été réduites d’un tiers en raison de l’acceptation de la procédure abrégée, Lucio et Francesco ont été officiellement condamnés à 3 ans et 3 mois, Graziano à plus de 4 ans (voir l’article des arrestations).

Notre délégation au procès en première instance de Mattia, Chiara, Claudio et Nicollo à Turin

Au même moment, une des dernières audiences du procès d’Erika, Paolo, Toshi, Luigi et Marco pour s’être opposé une descente de police contre les migrants en février de l’année dernière. Les cinq camarades avaient d’abord été emprisonnés puis mis en résidence surveillée (voir notre précédent article).

Mattia a été libéré de son régime de détention à domicile. Après vingt-sept mois passés entre la prison et la détention à domicile, il est enfin libre sans restrictions. Chiara Zenobi, Claudio Alberto et Niccolò Blasi sont encore en résidence surveillée, parce qu’ils l’ont pas encore présenté de demande de libération (voir l’article des arrestations).

Notre délégation au procès en première instance de Mattia, Chiara, Claudio et Nicollo à Turin

Le 15 janvier 2016, le tribunal de Milan a prononcé sa sentence contre cinq personnes. Quatre ans pour deux d’entre eux, et des peines de 3 ans, 1 an et demi et 1 an pour les trois autres. Ils étaient accusé de « Résistance aggravée » et « résistance en bande » pour les manifestations de masses qui avaient opposé les étudiants à la police contre la réforme « Gelmini ».

Le 8 octobre 2010, lors d’une assemblée à l’intérieur de l’Université d’Etat de Milan occupée par les étudiants, la police est rentrée dans le bâtiment pour menacer les occupants d’expulsion. Les étudiants avaient réussi a repousser la police, c’est pour cette action que les 5 accusés ont été condamnés.

La police contre

La police contre

Dans la nuit de vendredi 18 à samedi 19 décembre, un engin artisanal a explosé devant la porte de l’école de police de Brescia (Pol.G.A.I. – Scuola di Polizia Giudiziaria Amministrativa Investigativa). Une cocotte-minute remplie de poudre noire a détoné en dégradant la façade et, certainement, en réveillant en sursaut les près de 200 apprentis-policiers qui dormaient à l’intérieur de l’école. Le parquet a ouvert une enquête pour acte de terrorisme avec explosifs ; la Digos est en train de regarder les images de vidéosurveillance (sur lesquelles apparaît une personne seule au visage couvert), tandis que des barrages routiers ont été immédiatement établis sur les routes nationales et les rocades de la ville. Les investigations se concentrent sur le mouvement anarchiste, et l’hypothèse court d’un lien entre cette action et le lancement de Décembre noir.

Bombe à l’école de police de Brescia

Bombe à l’école de police de Brescia

Les autorités italiennes demandent l’extradition de 5 étudiants grecs qui avaient prit part à la manifestation contre l’exposition universelle à Milan le 1er mai dernier. L’arsenal judiciaire employé, un mandat d’arrêt européen est habituellement employé pour des affaires de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. Ils avaient été arrêtés au lendemain de la manifestation et s’étaient fait prélever ADN et empreintes. L’Italie prétend pouvoir confondre les 5 avec des images prisent sur les caméras de surveillance, les accusant ainsi d’avoir prit part aux émeutes qui avaient suivi la manifestation. S’ils venaient à être extradés, ils seraient probablement emprisonnés au moins 2 ou 3 ans en attendant que le procès soit terminé. C’est le cas des 5 Italiens arrêtés dans la même affaire qui sont à l’heure actuelle emprisonnés à l’exception de l’un d’eux qui est toujours recherché par la police.

Les 10 risquent au moins 5 ans de prison ferme.

Les affrontements de mai 2015 à Milan

Les affrontements de mai 2015 à Milan

Les polices italiennes et grecques ont lancé une opération de répression hier matin à l’aube contre les militants qui ont participé à la Journée #NoExpo, en mai 2015, à Milan, mobilisation qui avait donné lieu à de violents affrontements avec la police. Cinq personnes ont été arrêtées à Milan et 5 en Grèce. Elles sont accusées de « destruction et pillage », « résistance aggravée à la police » et « fausses déclarations ». Cinq autres camarades, qui sont toujours en fuite, sont eux aussi inculpés pour les mêmes chefs d’accusation: trois à Milan, un à Côme et un en Grèce. Des échantillons d’ADN ont été prélevés sur eux. Une militante, qui avait été une des 5 arrêtés de Milan, a depuis été libérée en attendant une enquête plus approfondie.

Les affrontements de mai 2015 à Milan

En vue des municipales de l’année prochaine, la droite italienne a décidé de s’unir contre le gouvernement de centre gauche. Un meeting de la Ligue du Nord s’est tenu à Bologne en présence de Silvio Berlusconi. Les antifascistes s’étaient eux aussi mobilisés. Plusieurs centaines de jeunes sont venus dire au parti d’extrême droite qu’il n‘était pas le bienvenu. Des heurts se sont déroulés sur la place Maggiorre où les cordons policiers ont barré la route aux manifestants antifascistes. Des échauffourées ont éclaté. Un policier a été blessé et plusieurs manifestants arrêtés.

Incidents à Bologne

Incidents à Bologne

Le 20 octobre, à Bologne, une grande occupation dans un ancien établissement des Telecom, rue Fioravanti, a été évacuée par la police. Le bâtiment était occupé depuis le 4 décembre 2014. À l’intérieur vivaient plusieurs dizaines de familles – au total près de 300 personnes – qui avaient été déboutées de leur demande de logement social. L’immeuble avait été entouré par la police dès 7h du matin, pendant qu’une cinquantaine de personnes sont montées sur le toit. Les soutiens – notamment des centres sociaux et des collectifs en lutte sur le logement – arrivent rapidement mais sont tenus à distance par les policiers. Cela donne lieu à quelques moments d’affrontements.Il s’agit de la troisième expulsion en l’espace de quelques jours à Bologne.

À la suite de cette expulsion, une manifestation de solidarité a été appelée à Rome dans l’après-midi, où plus de 200 personnes ont bloqué le trafic à Porta Pia, près du ministère des infrastructures, avant d’être repoussées par la police à coups de canon à eau et de matraques. Le samedi 24 octobre, une manifestation appelée à Bologne pour répondre aux expulsions a rassemblé plus de 5000 personnes qui ont défilé à travers la ville, bloquant la circulation et recevant de nombreux soutiens de la part des gens à leurs fenêtres.

L’évacuation du squat à Bologne

L'évacuation du squat à Bologne