Le 7 décembre dernier, quatre militants kurdes, âgés de 25 à 45 ans, avaient été condamnés par le tribunal de Paris à une peine d’emprisonnement avec sursis. ils étaient accusés d’avoir aidé au financement du PKK. Ces quatre personnes viennent encore d’être condamnés au tribunal de Reims, cette fois à deux mois de prison ferme et une amende de 300 euros, pour ne pas avoir communiqué leur adresse au commissariat dans les quinze jours, procédure obligatoire selon la nouvelle loi antiterroriste. Le parquet et les avocats de la défense ont annoncé qu’ils contesteront cette décision. C’est la première fois que l’article sur le fichage des « criminels terroristes » de la nouvelle loi antiterroriste promulguée le 1er juillet 2016 a été appliqué. Et il l’aura été non pas contre les jihadistes mais contre leurs premiers ennemis.

Le palais de justice de Reims

Le palais de justice de Reims

Il y a un an, la police perquisitionnait 11 endroits pour arrêter 9 membres présumés du PKK ». Il s’agissait en réalité de membres du PML(RC) (Parti Marxiste Leniniste – Reconstruction Révolutionnaire), l’une des seules organisations européennes à avoir fait le choix d’afficher publiquement sa participation à la lutte armée au Rojava contre Daesh dans le Bataillon International de Libération, elle a depuis été interdite. Ce 27 janvier, cela fera un an depuis que ces internationalistes ont été arrêtés. Une manifestation aura lieu le 27 à 18h, Place de Calao à Madrid. Elle sera suivie d’un concert de soutien destiné à financer les frais de justice. D’autres actions, discussions, soirées de soutien auront lieu en Espagne.

Concert de soutien aux internationalistes

Concert de soutien aux internationalistes

La campagne de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava, dont sont membres l’OCML VP Toulouse et l’Action Antifasciste Tolosa, se joint à la Maison Franco-Kurde Midi-Pyrénées et au CSPK qui appelent à un rassemblement pour exiger Vérité et Justice pour Sakiné, Rojbîn et Leyla. Ces 3 militantes kurdes assassinées au coeur de Paris le 9 janvier 2013. Ils organiseront un cortège derrière le mot d’ordre « Solidarité révolutionnaire avec le Rojava » en particulier en soutien au International Freedom Battalion qui se bat contre Daesh, l’Etat turc, les Etats réactionnaires et impérialistes.
Plus d’infos sur la campagne : www.rojava.xyz

Rassemblement en hommage à Sakine, Fidan et Leyla

Rassemblement en hommage à Sakine, Fidan et Leyla

Le mercredi 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez étaient froidement assassinées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, 147 rue La Fayette à Paris (voir notre article). De nombreux éléments de l’enquête font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, mort depuis, avait agi pour le compte des services secrets turcs. Depuis le début de l’enquête, on ne peut pas dire que les autorités françaises se soient efforcées de faire la lumière sur ce triple assassinat. Le gouvernement a refusé de lever le secret-défense sur les renseignements qui auraient pu permettre l’avancement de l’enquête et les juges chargés de l’instruction ont finalement clos le dossier.

Les organisations kurdes appellent à une participation massive à une marche demain samedi 7 janvier – rassemblement 11H00 gare du Nord – pour honorer la mémoire de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, et de toutes les victimes des assassinats politiques commis en France et dénoncer l’inertie des autorités françaises.

Les militantes kurdes assassinées à Paris

Les militantes kurdes assassinées à Paris

Les autorités turques et russes, représentant respectivement les rebelles et le régime, sont arrivées à un accord de cessez le feu « total » dans « tout le pays ». Concrètement, il y a trois accords: un premier signifie la trêve entre le gouvernement syrien et la rébellion, un second prévoit les conditions (la Russie et la Turquie sont garantes, le cessez-le-feu ne compte pas pour les zones contrôlées par Daesh, les groupes rebelles doivent signer l’accord,…), le troisième prévoit que si le cessez-le-feu tient jusque là, de véritables négociations de paix seront entamées dans quelques semaines au Kazakhstan. Pour l’heure, sept groupes rebelles (représentant selon le département de la défense russe 60.000 combattants) ont signé l’accord, il s’agit de:

  • Faylaq al-Sham (islamiste, Fateh Halab)
  • Ahrar al-Sham (salafiste, Fateh Halab)
  • Jaysh al-Islam (salafiste)
  • Thuwar al-Sham (Fateh Halab, censé avoir été dissout)
  • Jaysh al-Mujahideen (islamiste, Fateh Halab, censé faire partie du septième groupe de la liste, Jabhat al Sham)
  • Jaysh Idlib (structure récente, active aux côtés de la Turquie dans l’opération Euphrates Shield, un groupe a déjà fait scission pour rejoindre Jabhat Fateh al Sham, l’ex-Al Qaeda et Al-Nusra)
  • Jabhat al Sham (Front du Levant, alliance islamiste comprise dans Fateh Halab).

La définition des « terroristes » qui sont exclus de l’accord est très vague, surtout quand on voit ceux qui sont censés ne pas l’être. Il est confirmé que Daesh et Jabhat Fateh al Sham (anciennement Jabhat al Nusra, section syrienne d’Al Qaeda) sont exclus de l’accord. La liste du Conseil de Sécurité des Nations Unies (sur laquelle le PKK n’est pas inscrit) pourrait être utilisée, mais cela n’a pas été confirmé. La question des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) et de leur principale composante, les YPG/YPJ, reste pour l’heure floue, puisque la Turquie s’y réfère rarement autrement qu’en les appelant PKK. Saleh Moslem, président du PYD (branche politiques des YPG), a annoncé que le PYD n’avait pas été invité à participer à la trêve.

Situation au 24 décembre

Situation au 24 décembre

Ce 20 décembre, le Bataillon International de Libération (IFB) a repoussé une attaque de Daesh. Les djihadistes se sont rapprochés de la base sous couvert du mauvais temps et des vêtements sombres. Ils ont attaqué à l’aide de kalachnikovs, de mitrailleuses lourdes bixie, de rpg biswing et se sont même suffisamment approché pour lancer des grenades. Heureusement, les internationalistes ont remarqué leur présence et se sont défendu de trois points: une équipe sur le toit, une autre au deuxième étage, alors qu’une troisième engageait l’ennemi au sol. Après avoir vidé de nombreux chargeurs (7 pour certains combattants, soit 210 balles), Daesh a été mis en fuite. Aucun internationaliste n’a été blessé ou tué dans l’attaque. Participez à la campagne de financement de pansements hémostatiques pour les révolutionnaires au Rojava sur rojava.xyz

20 décembre, attaque de Daesh repoussée

20 décembre, attaque de Daesh repoussée

L’offensive lancées par les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) se poursuit dans la province de Raqqah. Suivant l’usage militaire habituel des YPG/YPJ, trois fronts avaient été ouverts le 6 novembre dernier, afin d’encercler la capitale de Daesh. Les QSD ont d’abord concentré l’offensive sur le front nord pendant deux semaines, avant de concentrer les forces sur le front nord-ouest ces 10 derniers jours dans une seconde phase de l’opération « Colère de l’Euphrate » qui vise à libérer la ville de Raqqah. La seconde phase a libéré une quantité invraisemblable de territoire: avançant jusqu’au Lac el-Assad, libérant 97 villages. Sur ce front, les troupes sont à présent au niveau de Raqqah, à 60km à l’ouest.

Progrès des QSD dans la province de Raqqah.

Progrès des QSD dans la province de Raqqah.

Les autorités turques ont annoncé avoir arrêté et emprisonnés au cours des sept derniers jours plus de 900 personnes suspectées d’avoir aidé et accueilli des membres du PKK. C’est le bilan d’opérations sécuritaires menées dans 45 provinces. En outre, 213 opérations menées dans la même période par les Forces d’élite de la Gendarmerie, celles de la Police, ainsi que par les troupes commandos de la Gendarmerie et les Forces armées. Selon les autorité turques, ces opération ont permis de tuer deux guérilleros, d’arrêter cinq autres, dont un blessé, et de trouver 24 abris contenant des dizaines d’armes et 700 kg d’explosif.

Opération sécuritaire des forces spéciales turques

Opération sécuritaire des forces spéciales turques

Les services de renseignement allemands ont arrêté à Hambourg un membre présumé des services secrets turcs dont la mission aurait été d’assassiner des personnalités kurdes de Brême et Bruxelles, selon le quotidien Bild d’après des témoignages de l’entourage du suspect. Le parquet allemand a confirmé qu’un homme, un Kurde de 31 ans, a été arrêté pour avoir collecté des informations relatives à des Kurdes allemands et à des institutions kurdes en Allemagne sur ordre des services secrets turcs, mais ne formule aucun commentaire quant aux informations relatives à des projets d’assassinats.

Selon Bild, un escadron de la mort en provenance de Turquie a voyagé en Allemagne fin novembre afin de préparer et perpétrer plusieurs assassinats. Les autorités turques comptent 8000 agents de renseignement à temps plein. 800 d’entre eux sont implantés en Europe de l’Ouest, dont 300 en Allemagne. Mais ils comptent sur un vaste réseau d’informateurs et bénéficient des complicités actives dans le crime organisé et dans les formations fascistes.

Le 9 janvier 2013, en plein jour, trois activistes kurdes, dont Sakine Cansiz, l’une des fondatrices du PKK, avaient été abattues de plusieurs balles dans la tête dans un appartement hébergeant un centre communautaire kurde du Xe arrondissement de Paris. Omer Güney, assassin présumé de trois militantes kurdes est mort avant-hier samedi à la Pitié-Salpêtrière. Atteint d’une grave maladie au cerveau, ce Turc de 34 ans était le seul suspect renvoyé devant la cour d’assises spéciale de Paris. Son décès a pour effet d’éteindre l’action publique, mettant fin de fait à la tenue de son procès qui était prévu du 23 janvier au 24 février 2017.

Les trois militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013

Les trois militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013