A la suite de l’attaque qui a visé l’armée turque ce 17 décembre et fait au moins 15 morts dans les rangs des commandos du régime, le président Erdogan a appellé ses sympathisants à « manifester contre le terrorisme » ce qui a résulté en des dizaines d’attaques contre les bureaux du HDP à travers le pays. Aux cris de « Allahu Akbar », les manifestants issus de l’AKP (le parti au pouvoir) et du MHP (l’extrème-droite) ont attaqué les bureaux du HDP. Les drapeaux du HDP ont été arrachés et remplacés par des drapeaux turcs, les locaux incendiés ou détruits de l’intérieur. La chaine de télévision CNN s’est fait remarquer dans son édition turque en titrant « Les attaques contre le HDP jouent un rôle important dans la lutte antiterroriste ». A Istanbul, au moins 160 impacts de balle ont été comptabilisés sur les bureaux du HDP. Selon le communiqué officiel du HDP : 14 bureaux de districts, 5 bureaux municipaux et le quartier général ont été pris pour cibles.

Le bureau du HDP à Kayserin

Le bureau du HDP à Kayserin

14 soldats turcs ont été tués et 55 autres blessés (dont 12 sont en soins intensifs) dans une attaque qui a visé ce matin un bus de l’armée à Kayseri, dans le centre du pays, en Anatolie. La bombe aurait été déclenché par son porteur qui se trouvait dans une voiture a proximité du véhicule. Les soldats étaient de la 1e Brigade des Commandos de Kayseri (qui participe aux opérations contre le Bakuré), en permission pour la journée. Les autorités turques ont, comme à leur habitude, immédiatement pointé du doigt le PKK. Personne n’a toutefois revendiqué l’action pour l’instant.

14 militaires tués à Kayseri

14 militaires tués à Kayseri

Les autorités turques ont arrêté plus de cent membres du HDP dans l’ensemble du pays. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici. Ces arrestations surviennent après l’attaque de la guérilla kurde qui a fait 44 morts, dont 36 policiers, samedi soir (voir notre article). Début novembre, les coprésidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et une dizaine de députés de cette formation avaient été arrêtés et placés en détention préventive (voir notre article). Par ailleurs, l’armée turque affirme avoir frappé des bases du PKK dans la région du Zab, au Kurdistan irakien.

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Cérémonie officielle pour les policiers tués samedi

Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) ont revendiqué la double attaque kamikaze visant hier soir la police anti-émeute turque à Istanbul près du Vodafone Arena, le stade de l’équipe de football de Besiktas. La double explosion qui a tué 38 personnes dont 30 policiers anti-émeutes, et blessé 160 personnes. De 300 à 400 kilos d’explosifs ont été utilisés dans le premier véhicule piégé qui a explosé dans le dispositif policier qui restait près du stade après la fin du match. La seconde explosion a eu lieu 45 secondes plus tard dans un parc tout proche, quand un second kamikaze s’est fait sauter au milieu d’un groupe de policiers.

Une fourgonnette de police dévastée par l’explosion

EDIT 12/12: Le bilan s’est alourdi à 44 morts dont 36 policiers et 8 civils.

Une fourgonnette de police dévastée par l'explosion

Le prisonnier politique Kurde Syrien Mostafa Ali Ahmad, originaire de la ville de Kobane, a été transféré le 23 novembre dernier dernier vers le Quartier du centre de détention réservé aux étrangers de la prison centrale d’Orumiyeh en Iran, où il avait purgé une peine d’emprisonnement de 11 ans et 6 mois pour son appartenance présumée au PKK. Il a été transféré le 27 depuis ce Centre vers l’aéroport Imam Khomeini de Téhéran pour être déporté vers la Syrie. Des responsables de l’administration pénitentiaire iranienne ont annoncé à Mostafa Ali Ahmad qu’il serait déporté vers Damas parce que le gouvernement syrien exigeait son extradition après qu’il ait fini de terminer de purger sa peine de prison en Iran.

Les forces de sécurité iraniennes avaient arrêté Mostafa Ali Ahmad en juillet 2005 dans village près d’Orumiyeh. Après cette arrestation il avait été immédiatement transféré dans un centre de détention secret des service de renseignements des Gardiens de la Révolution de la ville Orumiyeh, où il a été interrogé et torturé pendant plus d’un mois. Quelques mois plus tard, une branche de la Cour du « Tribunal Révolutionnaire » d’Orumiyeh l’avait fait condamner à mort pour des accusations d’appartenance au PKK. Mostafa Ali Ahmad avait appel de la décision et son affaire avait été renvoyée devant la Cour suprême Iranienne qui avait finalement commuée la peine initiale, en une peine de 11 ans de prison.

Mostafa Ali Ahmad,

Mostafa Ali Ahmad,

A l’automne, l’OCML Voie Prolétarienne à interviewé deux volontaires révolutionnaires français partis se battre au Rojava, André et Jacques. Les deux ont combattu dans le Bataillon international de libération (IFB), et André également dans les Unités de protection du peuple (YPG).

Lire l’interview sur le site de Voie Prolétarienne.

Bataillon International de Libération

Bataillon International de Libération

Quelque 700 personnes s’étaient rassemblées hier dimanche, dans l’après-midi, place de la République pour soutenir le gouvernement turc et dénoncer le soutien donné au PKK et aux YPG en Europe et en France. Un groupe de quelque dizaines de contre-manifestants était venu dénoncer la guerre imposée par Erdogan aux Kurdes. Des affrontements ont eu lieu, provoquant l’intervention de CRS (qui ont tiré des grenades lacrymogènes) et l’arrestation d’une quinzaine de personnes. Deux policiers auraient été blessés.

Arrestation d’un contre-manifestant hier dimanche

Arrestation d'un contre-manifestant hier dimanche

Miroslav Farkas et Marketa Vselichova, deux internationalistes d’origine tchèque ont été arrêtées en Turquie car ils sont accusées d’avoir combattu Daesh aux côtés des YPG/YPJ, les Unités de Protection du Peuple du Rojava. Markéta Všelichová est une étudiante de 24 ans, Miroslav Farkas est un travailleur humanitaire et ancien soldat (il aurait été sniper pour les YPG). Ils ont tous deux été arrêtés à Sirnak en tentant de passer la frontière turco-irakienne. Ils transportaient, selon la police turque, des preuves de leur participation dans les YPG/YPJ. La Turquie a transmis la nouvelle de leur arrestation dés le 13 novembre. Ils sont accusés de participation à une organisation terroriste (le PKK, que l’état turc ne distingue pas des YPG) ainsi que d’avoir transporté des armes vers le Rojava.

Les deux internationalistes tchèques

Les deux internationalistes tchèques

Quelques milliers de manifestants (moins des 10.000 attendus) ont participé à la manifestation d’opposition au président Erdogan aujourd’hui jeudi à Bruxelles. L’appel à manifester a été lancé par le HDP, qui a obtenu 10% des voix aux dernières élections législatives turques en novembre 2015. Mais les groupes alévis, arméniens et assyriens sont également mobilisés, et surtout les principales organisations de la gauche révolutionnaire turque (à l’exception du DHKP-C). Une délégation de notre SR était également présente.

Les manifestants ont quitté la gare de Bruxelles-Nord vers 11h00 pour rejoindre le quartier européen. Vers 12h00, deux petites bagarres, montée en épingle dans la presse, ont éclaté sur le parcours de la manifestation entre de jeunes kurdes et quelques provocateurs pro-Erdogan. Les manifestants sont arrivés vers 13h30 rue de la Loi, entre le rond-point Schuman et le parc du Cinquantenaire. Après une minute de silence, des discours ont été prononcés jusqu’à 16h00.

La manifestation de cet après-midi

La manifestation de cet après-midi