La Turquie a commencé à déployer des véhicules blindés modernes Kobra 2 le long du mur de béton, construit sur la frontière turco-syrienne, dans le cadre du blocus contre le Rojava. Ce véhicule a été conçu et produit en Turquie, possède un ensemble de systèmes de surveillance avancés, permettant de détecter précisément des menaces éventuelles à une distance d’une dizaine de kilomètres. En particulier, le véhicule est équipé d’un radar, d’un système de détection de cibles, de viseurs et de caméras thermiques.

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava

Des pansements hémostatiques CELOX fournis par la campagne de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava sont arrivés sur place. Un camarade touché au ventre a aussitôt pu s’en servir. Les combattants internationalistes du International Freedom Battalion remercient chaleureusement les donateurs ! La campagne continue, les besoins sont immenses !

Pour faire un don : www.shengal.xyz/donate

Le PDK (Parti Démocrate du Kurdistan, le parti féodal libéral qui gouverne la région autonome du Kurdistan en Irak) veut depuis longtemps conquérir le Rojava. Il demande régulièrement à faire entrer des peshmergas dans ce territoire du nord de la Syrie afin de « combattre Daesh » selon ses propres dires. Les YPG et les YPJ le répètent: si les peshmergas du PDK veulent combattre Daesh en Syrie, ils devront le faire sous l’écusson des YPG et des YPJ. A l’inverse, le PKK contrôle plusieurs zones dans le Kurdistan irakien: les montagnes du nord de la région (à la frontière turque) et le Mont Shengal, la montagne des Yézidis, que Daesh a tenté de génocider alors qu’ils étaient abandonnés par les peshmergas et qui avaient été secourus par le PKK, les YPG et les YPJ. Cette situation est une épine dans le pied du PDK, empêtré dans des scandales de détournement de pétrole et traînant à organiser un référendum sur l’indépendance du Kurdistan Sud tant qu’il n’a pas la garantie de s’y mettre au pouvoir. Le Mont Shengal est aujourd’hui défendu contre Daesh par des milices du PKK et des milices yézidies, le PDK a plusieurs fois poser des ultimatums afin de les en chasser, sans succès.

La situation a évolué en ce début de mois de mars: le PDK demande toujours à faire entrer 5000 « peshmergas rojava » (surnommés « roj-pesh ») en Syrie, il négocie ferme avec les régimes turc et syrien à cette fin et a récemment rejoint l’opération « Bouclier de l’Euphrate ». Pour rappel, cette opération est une mise en place d’une zone tampon empêchant l’unification des cantons du Rojava, elle est pilotée par la Turquie et appliquée par des factions salafistes issues de l’armée syrienne libre. Cette opération a empêché les YPG/YPJ de libérer la ville d’Al-Bab et menace à présent la ville de Manbij qui a été libérée aux YPG après une bataille extrêmement coûteuse en vies humaines.

En plus de la menace sur Manbij, 500 roj-pesh ont été massés aux portes du Mont Shengal ce matin du 3 mars. Ils voulaient passer à Hawl (au-delà de la frontière syrienne, au Rojava) et sont donc passés dans la ville yézidie de Khanasor, contrôlée par des milices yézidies pro-PKK, les YBS. Des affrontements ont éclatés, 400 familles ont été évacuées en quelques heures, fuyant par des routes qu’elles avaient déjà du prendre en fuyant Daesh en août 2014. Cette agression du PDK contre le PKK survient à quelques kilomètres à peine de la ligne de front contre Daesh, dans un village où vivent des centaines de Yézidis qui ont déjà été martyrisés par l’Etat Islamique (des centaines de femmes sont toujours détenues comme esclaves sexuelles). Selon des sources non-officielles, il y aurait eu au moins 10 morts coté PDK, 6 coté YBS, 5 côté PKK, et un civil yézidi, ainsi que des dizaines de blessés. Les milices YBS et PKK n’ont pas d’artillerie lourde au Mont Shengal, mais des témoins rapportent que du matériel est importé depuis le Rojava en urgence. En réaction à cette attaque, des locaux de mouvements proches du PDK au Rojava ont été incendiés par des foules en colère. Notamment le local du KNC à Qamislo.

Politiquement, le Mont Shengal ne fait officiellement pas partie de la région autonome du Kurdistan irakien selon les frontières de 2003. Il est donc disputé entre les gouvernements de Baghdad et d’Erbil mais est défendu par des milices pro-PKK qui encouragent l’administration de la montagne par les Yézidis (en tant que « Yézidistan »). Une réunion d’urgence aurait eu lieu entre PKK, YBS et PDK avec le PUK (un autre parti plus progressiste au Kurdistan irakien) comme médiateur. La réunion aurait échouée et la situation resterait extrêmement tendue sur place.

Pour plus d’information, un statut à dérouler.

Pour mieux comprendre la situation au Kurdistan, voir notre dossier « Notes sur le Kurdistan ».

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

La Cour suprême en Iran a confirmé la peine de mort et de lourdes peines de prison pour six détenus politiques à la prison d’Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran. Ils ont été reconnus coupables d’avoir tué un milicien du Bassidj (les Bassidj sont une forces paramilitaires créée en 1979 par l’ayatollah Khomeini, elles sont une branche des gardiens de la révolution, et ses membres en civils jouent les supplétifs dans le maintien de l’ordre). L’an dernier, le principal suspect de cette affaire, Kamal Ahmadnejad, avait été arrêté avec cinq hommes : Helmat Abdollahi, Soleyman Kurdi, Miladi Abdi, Saïd Siahi et Mostafa Tahazadeh. Il a écrit une lettre ouverte aux organisations des droits humains et au Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Iran, concernant les tortures qu’il a endurées pour lui arracher des aveux forcés dans les médias nationaux. Condamnés également pour avoir « coopéré avec les partis d’opposition kurde », les cinq n’ont pas eu la possibilité de faire appel de cette décision.

Bassidji agressant un manifestant (archive)

Bassidji agressant un manifestant (archive)

Asli Ceren Aslan, rédactrice en chef du journal Özgür Gelecek (Futur Libre) a été arrêtée le 9 février dans la province d’Urfa, province kurde du sud-est de la Turquie. Elle n’a toutefois été « officiellement » arrêtée que 4 jours plus tard. Elle se trouvait dans cette province proche de la frontière syrienne pour suivre les événements au Rojava. Elle est inculpée de ‘violation de la frontière’ et d’être « membre d’une organisation illégale », inculpations qu’elle a réfutée en affirmant qu’elle faisait son travail de journaliste. Son avocat témoigne aujourd’hui qu’Aslan a été battue en détention et déshabillée de force dans les locaux de la police anti-terroriste. Elle est à présent détenue à la Prison de Type 2 de Urfa.

Asli Ceren Aslan

Asli Ceren Aslan

Les forces de sécurité turques mènent une grande offensive contre les guérillas du PKK dans des conditions hivernales rigoureuses dans la province turque de Tunceli. Cette opération mobilise la 4e brigade des Commandos, la 51e brigade du Hozat ainsi que le commandement de la gendarmerie provinciale de Tunceli. Elle est menée dans des vallées couvertes de neige et des régions montagneuses sous des températures inférieures à zéro, tombant à moins de 20 degrés. Par ailleurs, 34 chasseurs-bombardiers turcs ont bombardé des cibles du PKK dans la région de Zap, au Kurdistan irakien.

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Un total de 834 personnes accusées d’être liées au PKK ont été arrêtées lundi et mardi lors d’une vaste opération antiterroriste menée dans toute la Turquie sous le commandement de la Direction générale de la sécurité (EGM). Selon la police, cette opération a été menée pour prévenir une « offensive de printemps » du PKK à l’occasion du 18e anniversaire de la capture d’Abdullah Ocalan. La rafle a eu lieu dans 37 provinces du pays, dont celles d’Ankara, d’Adana, de Mersin, de Konya et d’Antalya. Selon l’EGM, deux Kalachnikov, onze pistolets et 15 fusils à pompe ont été saisis à cette occasion.

Par ailleurs, les opérations de contre-guérilla se pouruivent dans les montagnes: un sergent-chef de la gendarmerie turque a été tué lors d’une telle opération dans la commune Dortyol, dans les monts Amanos (Hatay). A Artuklu, les gendarmes ont trouvés hier deux dépôts de la guérilla contenant notamment des roquettes de 107mm et 90mm.

Matériel du PKK découvert par la gendarmerie turque

Matériel du PKK découvert par la gendarmerie turque

Arrivé à bord de 200 bus, de centaines de voitures, environ 20 000 Kurdes de France et d’Europe du Nord se sont déplacés pour leur manifestation annuelle à Strasbourg. Les communautés kurdes des pays du Sud de l’Europe organisent en parallèle leurs propres rassemblements pour la libération d’Abdullah Ocalan et de tout les prisonniers politiques kurdes. Outre la manifestation de ce samedi à Strasbourg, une veille permanente est organisée depuis 4 ans devant le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe, situé également à Strasbourg.

Manifestants à Strasbourg

Manifestants à Strasbourg

Dans le cadre de la campagne de soutien aux internationalistes qui combattent Daesh au Rojava (voir rojava.xyz), le Secours Rouge a récemment réalisé avec l’OCML Voie Prolétarienne une vidéo « Guerre en Syrie: Décryptage ». Nous publions également a cette occasion une interview réalisée il y a quelques semaines.


 

Solidarité révolutionnaire avec le Rojava

Solidarité révolutionnaire avec le Rojava

En juin 2016, des affrontements armés avaient éclaté non loin du village de Ghoreh Saghl entre les guérilleros du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI) et les « Gardiens de la révolution » Iraniens. Sept villageois, qui ne sont pas des guérilleros mais qui étaient soupçonnés d’être lié à l’opposition, ont été arrêtés peu après: Rassoul Azizi, Mohamad Zaher Faramarzi, Yaghoub Baakram et deux frères Jalal Masrouri et Kamal Masrouri. Ils ont été torturés et interrogés pendant plus de 45 dans un centre de détention secret du Ministère des Renseignements Iranien de la ville d’Orumiyeh. Quelques semaines plus tard, Hedayat Ghaderi, originaire de la même localité était arrêté et transféré dans ce même de centre de détention secret du Ministère des Renseignements, alors qu’ils n’était même pas dans la région de Ghoreh Saghl quand se sont produits les affrontements. Il a été torturé pendant deux mois par des suspensions de son corps la tête vers le bas, des chocs électriques à l’aide de tasers, des coups de fouet et de câbles électriques sur la plante des pieds.

Les procès de ces six hommes détenus à la prison centrale d’Orumiyeh ont eu lieu le mardi 17 janvier 2017 devant « Tribunal Révolutionnaire » de la ville. Hedayat Abdullah Ghaderi a été condamné à mort, Rassoul Azizi à 25 ans de prison, Mohamad Zaher Faramarzi à 20 ans, Yaghoub Bakram à 15 ans, les frères Masrouri à 15 ans pour Jalal et 10 ans pour Kamal. Ces peines ont été confirmées il y a quelques jours.

Prison centrale d’Orumiyeh.

Prison centrale d’Orumiyeh.