Il y a dix jours à Calais, une centaine de manifestants avaient pris la direction du rond-point des abattoirs, à quelques pas du Channel. Ils bloquent le trafic des automobiles. Une automobile qui veut forcer le passage a son pare-brise cassé. La police intervient violemment, les accès au rond-point sont évacués, tandis que les jeunes manifestants sont poursuivis jusque devant le Channel. Pendants de longues minutes, les bombes lacrymogène répondent aux jets de cailloux, d’oeufs et de tomates. La tension monte petit à petit et atteint un niveau extrême lorsqu’un militant de la CGT au volant d’une Mercedes fonce en marche arrière vers les forces de l’ordre. Le véhicule s’arrête au milieu des policiers. Les matraques sont utilisées, la lunette arrière de la voiture brisée. Celle-ci repart alors en marche avant et s’immobilise rue des Salines. Son conducteur en est extirpé et arrêté.

Incidents à la manifestation de Calais

Incidents à la manifestation de Calais

Ces dernières semaines, à chaque manifestation, la permanence de l’UMP à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, est prise pour cible.
Les manifestants y jettent des oeufs, des yaourts, des pommes, des pétards. Mais pour la 7ème journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, des affrontement ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre. Les gendarmes mobiles ont utilisé leurs bombes lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants avant de se retrancher… dans le local de l’UMP. Un gendarme et deux manifestants ont été blessés. Ils ont été évacués vers les urgences de l’hôpital Manchester de la ville.

Comme nous l’annoncions au début du mois, c’est le 9 novembre prochain que la Cour d’Appel Fédérale de Philadelphie aura à décider de la sentence définitive de Mumia, emprisonné dans le couloir de la mort depuis 29 ans: peine de mort ou prison à perpétuité. Cette audience fait suite à l’injonction de la Cour Suprême qui demande à la Cour d’Appel de se conformer à la jurisprudence d’une affaire où le prévenu a été condamné à mort. Ce qui, en d’autres termes, signifie que la Cour se prononce d’emblée pour son exécution immédiate. Le 9 novembre, partout dans le monde, des initiatives interpelleront les autorités américaines pour formuler l’exigence de justice et de liberté en faveur de Mumia Abu Jamal. Le même jour, différents rassemblements se tiendront devant les représentations consulaires des Etats-Unis de plusieurs villes françaises. Par ailleurs, une délégation française se rendra à l’audience à Philadelphie pour apporter son soutien au prisonnier. Plus d’information sur le site du collectif de soutien français: www.mumiabujamal.net.

Voir notre dossier consacré à Mumia Abu-Jamal

Lire notre cahier consacré à Mumia Abu-Jamal et à l’histoire du Black Panther Party

A Saint-Nazaire, suite aux violences du 19 octobre en manif, les employés territoriaux ont débrayés sur le tas et défilés contre la répression et contre la réforme des retraites. A Rennes déjà, la semaine dernière, les chauffeurs de la STAR, suite au gazage par les policiers du piquet interpro qui bloquait les bus, ont débrayé et rejoint la grève.

Lors de la manifestation unitaire de St-Nazaire contre la réforme des retraites du mardi 19 octobre, Calvin (18 ans, ouvrier à la SNCF), Jérome (30 ans, ouvrier tuyauteur) et Paul (19 ans, ouvrier au chantier naval) ont été de ceux qui ont été arrêtés par la police. Ils ont tous trois été condamnés à des peines de prison ferme en comparution immédiate le jeudi 21, respectivement à 2 mois et 1 mois pour les deux derniers.

On les a condamnés pour de soi-disant jets de pierre sur la seule foi des policiers, sans qu’il ait eu le temps de préparer leur défense dans le cadre de cette procédure accélérée de la comparution immédiate.
Dès lors de nombreux éléments à décharge n’ont pas été pris en compte par « ce tribunal d’abattage », comme l’ont qualifié fort justement l’ensemble des organisations syndicales et politiques Nazairiennes réagissant au verdict. Le procureur, avait lui-même justifié ces lourdes réquisitions par la nécessité de faire un exemple.

Ce mercredi 27 octobre à 13h30, Jérôme, va passer en appel à la cour d’appel de Rennes. Un rassemblement aura lieu ce mercredi 27 à 12h, devant Parlement de Bretagne à Rennes.

Une cinquantaine de personnes, dont une délégation de notre Secours Rouge, s’étaient rassemblées ce matin devant le Palais de Justice en solidarité avec les militants du CAS (comité d’action et de soutien aux sans-papiers). Six d’entre eux, poursuivis pour ‘coups et blessures’ et ‘rébellion’, passaient en chambre du conseil. Ils faisaient partie du groupe de vingt personnes qui avaient fait irruption à la conférence de lancement de campagne des libéraux européens pour dénoncer la politique migratoire européenne. Lors de la séance, qui s’est tenue à huis-clos, la décision a été prise de trancher le 23 novembre prochain quant à un éventuel renvoi en correctionnel. C’est également à cette date que sera décidé, ou non, du maintien des qualifications. Néanmoins, il semblerait que les poursuites pour ‘rébellion’ soient conservées et que le débat porte sur les ‘coups et blessures’.

Les militants du comité d’action et de soutien aux sans-papiers comparaissent en justice pour deux affaires: pour la perturbation du lancement de la campagne électorale des libéraux européens, et pour les échauffourées lors de l’occupation du hall de l’Office des étrangers.

La prochaine audience aura lieu ce mardi 26 octobre.
Rassemblement de solidarité devant le palais de justice à partir de 8h30.

Au cours de cette semaine, dans un contexte particulièrement tendu de répression du mouvement social, plus de 280 personnes ont été arrêtées à Lyon et placées en garde-à-vue. Cette répression a pris de
nombreuses formes : arrestations, violentes et systématiques sans
preuves probantes, tirs de lacrymogènes ou de balles de flashball,
intervention des unités spéciales du GIPN (photo), lances à eau, hélicoptères, transformation de la place Bellecour en antichambre de garde-à-vue… Cette répression est inédite pour un mouvement social. La préfecture, après avoir transformé la
presqu’île de Lyon en zone de guerre et de non-droit, ressort
l’épouvantail anarchiste pour stigmatiser les personnes luttant pour
leur avenir, après avoir utilisé celui du jeune de banlieue.

Mercredi après-midi, le tribunal correctionnel de Lyon se penchait sur le cas de quatre personnes arrêtées lundi et mardi lors des manifestations contre la réforme des retraites. Inconnus des service de police, ils ont été condamnés à de la prison avec sursis sauf une lycéenne qui a écopé d’un mois ferme. Jeudi, 12 nouvelles personnes comparaissaient. Dix d’entre elles étaient inconnues des services de police. Toutes sont ressorties libres du tribunal mais avec des peines de prison.

Hier samedi, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice, avec cette banderole: « face à la répression du mouvement social, solidarité avec les arrêtés ». Ils ont scandé : « avec les inculpés, solidarité » et « libérez nos camarades ».

intervention du GIPN à Lyon

intervention du GIPN à Lyon

Comme beaucoup d’autres, la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) était bloquée depuis plusieurs jours. En raison d’un début de pénurie en carburant occasionné par ces grèves, le préfet a décidé cette nuit de dégager l’usine. Vers 3h du matin, quatre fourgons se sont stationnés devant l’entrée et les gendarmes ont noté les noms des salariés réquisitionnés. Ceux-ci ont néanmoins décidé de poursuivre leur action, soutenus par une cinquantaine de salariés grévistes arrivés en renfort. Vers 7h, un ‘cordon citoyen’ d’environ 80 personnes, habitants du quartier et militants d’autres collectifs, s’est formé pour tenter d’empêcher l’action policière. En vain, car à 9h, les gendarmes sont entrés en action, poussant les manifestants pour dégager le portail. Des affrontements ont eu lieu entre les grévistes et les forces de l’ordre. Trois manifestants ont été blessés dans cette nouvelle entrave à la grève.

Déblocage de la raffinerie de Grandpuits

Déblocage de la raffinerie de Grandpuits

Samedi 23 octobre : Journée d’action pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah qui entrera le 24 octobre 2010 dans sa 27e année de détention. Deux rassemblement sont prévues en France:

Devant la prison de Lannemezan (Pyrénées atlantiques) à 14 H00.

Devant l’Hôtel de Ville Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais). 10h : point-presse organisé par le Comité « Libérez-les ! » de soutien aux prisonniers et réfugiés politiques (59 – 62); 10h30 : déploiement de la banderole « Libérez Georges Ibrahim Abdallah » sur le fronton de l’hôtel de ville ; 10h30 – 12 h : rencontre avec la population et signature du livre d’or.

Georges Ibrahim Abdallah 2010

Georges Ibrahim Abdallah 2010

Environ 180.000 jeunes, dont 140.000 lycéens, ont défilé dans toute la France, selon l’Union nationale lycéenne (UNL). Les affrontements ont été particulièrement violents à Lyon, à Nanterre et dans plusieurs endroits de la région parisienne. Une collégienne a été blessée sans gravité dans le XVe arrondissement de Paris par un feu de poubelle. A Paris et sa petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), les forces de l’ordre ont procédé à 110 interpellations, dont 81 gardes à vue.

A Lyon (photo), où les incidents sont fréquents depuis le début du mouvement, des violences ont eu lieu d’abord en marge des manifestations lycéennes, puis tout au long de la journée. Des groupes de jeunes ont incendié des automobiles et des poubelles, renversé des camions et des voitures, détruit du mobilier urbain, brisé des vitrines de magasins et de banques à l’aide de chaises volées aux terrasses des cafés, et pillé des magasins. Les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogènes et procédé à 13 interpellations. La préfecture a recensé en fin de matinée cinq véhicules incendiés et 30 véhicules renversés.

Incidents suite aux manifestations lycéennes à Lyon

Des affrontements ont repris mardi matin pour la deuxième journée consécutive devant le lycée Joliot Curie de Nanterre, où environ 200 jeunes ont fait face à une cinquantaine de CRS. Lundi, la tentative de blocage de ce lycée avait dégénéré en affrontements entre des jeunes extérieurs à l’établissement et des policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de flashballs. Mardi, des jeunes, pour la plupart dissimulés sous des capuches et des cagoules, ont lancé des pierres et autres projectiles et incendié un véhicule. Les CRS ont répliqué par des charges et des tirs de gaz lacrymogènes.

A Corbeil (Essonne), une soixantaine de jeunes provenant, selon la police, de la cité des Tarterets ont rejoint 250 lycéens de l’établissement Robert Doisneau et ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Les manifestants ont volé des équipements de police et des grenades lacrymogènes dans la voiture d’une commissaire. A Savigny-sur-Orge (Essonne), les manifestants lycéens eux-mêmes qui ont dégradé du mobilier urbain, provoquant une intervention des forces de l’ordre.

A Mulhouse (Haut-Rhin), 500 à 600 lycéens et étudiants ont lancé des pierres, dégradé des voitures et brisé des vitrines. La police tiré des gaz lacrymogènes et procédé à plusieurs interpellations.

En Seine-et-Marne, de nouveaux incidents ont eu lieu devant le lycée Bacherlard à Chelles. D’autres débordements ont été constatés à Combs-la-ville, Meaux ou encore à Avon. Dans les Yvelines, des violences ont éclaté en marge d’une manifestation à laquelle participaient entre 300 et 500 lycéens entre le quartier du Val-Fourré et le centre ville de Mantes-la-Jolie.

Dans le Val-d’Oise, à Argenteuil, entre 9 heures et 13 heures, quelque 500 personnes se sont rassemblées sur la dalle. A la fin de la manifestation, une centaine de jeunes ont joué au chat et à la souris avec la police, brûlant des poubelles. Un hélicoptère a été appelé en renfort. Les forces de l’ordre ont procédé à 30 interpellations.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé un total de 1.158 « casseurs » interpellés depuis une semaine en marge des manifestations en France, dont 163 personnes lors des affrontements qui émaillés la journée de mobilisation de ce mardi.

Incidents suite aux manifestations lycéennes à Lyon