L’agence Press Trust of India a annoncé qu’entre 100 et 200 guérilleros maoïstes ont tués 17 policiers dans le district de Gadchiroli (le district le plus oriental de l’Etat de Maharashtra). Les combats auraient duré trois heures. La police de l’État du Maharashtra a toujours eu fort à partie avec les guérillas maoïstes du Gaddchiroli. Des dizaines de policiers ont été tués et plusieurs opérations de grande envergure ont déjà eu lieu. Selon la presse indienne, c’est une femme, âgée de 44 ans, l’ex-étudiante universitaire de l’État d’Andhra Pradesh qui commande la guérilla du Maharshtra depuis la mort au combat de l’ancien l’année passée. Des femmes occupent plusieurs postes clé de cette guérilla.

L’Etat indien va en effet mener d’ici une semaine – 10 jours une gigantesque campagne contre la guérilla. L’opération de type ‘search and destroy’, appelée « Operation Green Hunt », mobilise quasiment 100.000 hommes.

Carte de l’Inde

Depuis des années, des milliers de guérilleros maoïstes se battent contre la souveraineté du pouvoir étatique indien. Mais leurs actions, de plus en plus violentes, ont franchi un degré supplémentaire avec la découverte d’un policier décapité par des rebelles présumés dans l’État du Jharkhand (est).

Le ministre indien de l’Intérieur, P. Chidambaram, a déclaré mercredi que les maoïstes devaient ‘prendre le chemin de la démocratie et du dialogue’ sous peine d’une opération militaire d’envergure. Selon le quotidien Hindustan Times, une offensive pourrait avoir lieu après le 17 octobre, date de la fête de Diwali (fête des lumières) célébrée dans tout le pays.

165 des 600 départements du pays seraient, à des degrés divers, sous l’influence de 10.000 à 20.000 guérilleros maoïstes que les Indiens appellent les ‘naxalites’. Les maoïstes mènent la lutte armée contre de grands propriétaires terriens et les sociétés minières, pour la défense des paysans sans terre et des tribus dans des États indiens où la puissance publique (éducation, santé, infrastructures) est quasiment inexistante.

La semaine dernière, seize personnes ont été tuées au cours de l’attaque d’un village par des maoïstes dans l’État du Bihar (est), après un différend sur la propriété de terres agricoles. Environ 800 personnes ont trouvé la mort en 2007 dans des violences liées à la guérilla maoïste et à la répression de l’Etat indien, et l’on compte déjà 580 morts cette année.

Le 10 octobre 1981, lors de la dictature militaire, un an après le coup d’Etat de l’OTAN en Turquie, dans le hameau de Derê Garedesi (Kale Deresi), les militaires sont venus chez M. Seyfi Firik, où se trouvent 2 de ses fils, Ekber et Behzat, en vacances, de retour de ses études. Les soldats prennent le thé, et demandent à ce que Bezhat les guident sur leur chemin. Ekber se propose, puisque Behzat, étudiant, ne vivant plus au hameau, ne connaît plus aussi bien les chemins du pays.

Les soldats emmènent néanmoins de force Behzat, 20 ans. Alors qu’ils cheminent, Ekber les rejoint, ne souhaitant pas laisser seul son frère avec la troupe. Un officier et quelques soldats sont menaçants, frappent les deux frères alors qu’ils marchent vers Hozat, dans la forêt de Kale. Le soleil se couche dans la vallée, la troupe s’arrête, prépare un feu, ligote séparément les deux frères à deux arbres. Ekber est aveuglé avec un bandeau. L’interrogatoire de Behzat commence, à propos de combattants clandestins du Dersim. L’officier Aytekin Içmez demande où sont les ‘terroristes’, combien ils sont, etc. Behzat ne peut répondre. La troupe commence à le torturer, en chauffant à blanc leurs poignards et en incisant la peau, les yeux, en le brûlant sur tout le corps. Behzat hurle, la troupe lui projette de la braise incandescente, lui brûle les pieds. Ekber a témoigné: après s’être débarrassé de son bandeau, avoir assisté aux exactions, entendu les hurlements de son frère, et s’être évanoui. A son réveil, il entend l’officier donner l’ordre d’achever Behzat, entend un coup de feu et voit par la suite le cadavre de son frère. Il perd connaissance à nouveau. Seul le sous-officier Hüseyin Necatigiller s’oppose aux tortures, mais en vain.

Dans la soirée, la troupe reprend son chemin, et jette Ekber, encore inconscient, à proximité de chez lui. Lorsqu’il reprend conscience, il avertit sa famille et les habitants du hameau, et les conduit jusqu’au lieu du drame. Ils retrouvent le corps sans vie brûlé, mutilé de Behzat. La famille Fikir porte plainte. Une enquête commence, mais sans résultat. Environ 5 années plus tard, dans une émission de télé en direct, Kamer Genç, député de Tunceli, demande au premier ministre Turgut Özal d’ouvrir le dossier Firik. Environ 5 années plus tard, un procès s’ouvre, et aboutit à la condamnation de l’officier Aytekin Içmez. Celui-ci ne purgera jamais sa peine et sera amnistié. En 1994, la famille Firik abandonne son hameau et s’installe non loin, au village de Hülükusagi. L’armée turque brûle ce village cette même année, expulse et disperse les habitants.

Le 28 septembre 2009, soit quasiment 28 ans jour pour jour après la mort de Behzat, une unité armée de l’une des deux guérillas marxiste-léniniste-maoïste (en l’occurence HKO – Armée Populaire de Libération) a exécuté Aytekin Içmez, l’officier tortionnaire et assassin, dans sa maison de Bursa.

La Cellule Spéciale de la Police de Delhi a arrêté l’important chef Maoïste Kobad Gandhi dans un endroit non révélé à Delhi tard dimanche soir. La Cour de Tees Hazari lundi l’a envoyé pour 14 jours en ‘garde judiciaire’. Gandhi, membre du Bureau Politique et du Comité Central du CPI (Maoïste) interdit, qui aurait été à Delhi depuis les trois dernières années a été localisé après les contributions des agences de renseignements et de la Police de Jharkhand. Membre du CPI (Maoïste) depuis de nombreuses années, il serait responsable du développement du parti dans les régions urbaines.

Les signes de l’échec de la vaste opération de contre-guérilla au Bengale Occidentale se multiplient. La guérilla maoïste a réalisé une démonstration de force avec un grand meeting dans Domohani à peine deux kilomètres du commissariat de police de Dharampur, Lalgarh. En face de plus de 1.000 paysans et paysannes, les leaders principaux ont lancés des slogans maoïstes et anti-gouvernementaux et ont affirmé qu’ils n’avaient pas subi de perte dans l’opération répressive. Le dirigeant maoïste Bikash a confirmé l’exécution de trois membres du PCI-M révisionniste (parti gouvernemental) accusés de crimes contre le peuple. Trois jours après ce meeting, les guérilleros ont exécutés deux collaborateurs de la police.

L’échec de ‘l’opération Lalgargh’ est d’autant plus cinglant que les forces répressives indiennes avaient déployé tous leurs moyens. Des milices paramilitaires les plus brutales aux méthodes de guerres modernes les plus sophistiquées (localisations par satellites). C’est ainsi qu’aurait été utilisé un corps chimique ‘marquant’. Le produit aurait été pulvérisé depuis des hélicoptères dans les zones boisées occupées par les guérilleros avec pour objectif de pouvoir ensuite les distinguer du reste de la population lorsqu’ils s’y fondent. Ce qui est à la fois une violation des conventions internationales sur la guerre chimique, et un aveu quant à la base sociale de la guérilla: la paysannerie pauvre autochtone du Lalgarh.

Lundi 3 août, une unité de la guérilla maoïste comptant une soixantaine d’hommes et de femmes s’est emparé de la localité de San José de Secce, capitale du district de Santillana, et a attaqué la caserne des forces de contre-guérilla (DINOES) à l’arme automatique et à la roquette. Trois membres des forces de sécurité ont été tués, dont un expert en lutte anti-guérillas et un tortionnaire connu.

Attaque de la guérilla au Pérou

Attaque de la guérilla au Pérou

A la fin du mois de juillet, nous apprenions l’arrestation à la frontière franco-belge de Shova Gajurel, fille d’un leader maoïste népalais, et elle-même membre du Parti Communiste du Népal.

Demande de l’asile politique en France depuis 3 ans (sa vie est en danger au Népal, au vu de la répression qui y est menée contre le PCN-maoïste), Shova Gajurel s’est fait interpellée à Valenciennes pour avoir voyagé sans les documents requis et a été incarcérée au Centre de Rétention Administratif de Lille Lesquin.

Un comité de soutien s’est immédiatement mis en place, auquel se sont joints le Comité ‘Libérez-les’ ainsi que le Comité des sans-papiers de Lille (CSP59) et le MRAP. ‘Libérez-les’ a notamment pu fournir des éléments à son avocat lors de sa comparution au tribunal. En vain, sa demande d’asile a été refusée, et le tribunal a confirmé son expulsion. Il a également proposé une ‘lettre ouverte’ à Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères français. Ce courrier a été signé et envoyé par de nombreux militants. Les trois comités français se sont ensuite rassemblés pour introduire une seconde demande d’asile, aboutissant à un nouveau refus. De plus, une conférence de presse a été organisée le 30 juillet dernier à Lille, afin de dénoncer publiquement la situation de Shova Gajurel.

La pression sur l’Etat français se faisant de plus en plus ressentir, il fallait agir. La décision du gouvernement est on ne peut plus extrême. En effet, il se débarrasse de l’affaire. Comment? Sous prétexte que la népalaise a transité par la Belgique lors de son arrivée en France, elle y est renvoyée. La réponse de l’Etat à la mobilisation a été le transfert de Shova Gajurel de Lille vers le centre de rétention de Bruges (en passant par le commissariat de Menin, à la frontière franco-belge) le 3 août dans la matinée. Le but de la manoeuvre est tout à fait clair, d’autant plus que chez nous, la rétention administrative peut se prolonger.

Soucieux de continuer à la soutenir, les différents comités français, rejoints par deux militants de notre Secours Rouge / APAPC, étaient présents afin de l’accueillir à la frontière. Or, la police, à qui ordre avait été donné d’agir dans la plus grande discrétion, s’est escrimée à brouiller les pistes. Les militants ont été envoyés d’un poste de police à l’autre, pour finalement rencontrer la prisonnière quelques minutes durant lesquelles ils ont pu constater son état d’épuisement avancé, ainsi que son inquiétude. En effet, son portable lui a été retiré. C’est vers 14h qu’elle a finalement conduite à Bruges.

A la demande du comité ‘Libérez-les’, le Secours Rouge / APAPC prend aujourd’hui le relais de la mobilisation et du soutien à Shova Gajurel afin d’obtenir sa libération et sa régularisation.

Comme nous vous l’avions annoncé hier, Shova Gajurel a été extradée de France ce matin. Elle a été remise aux mains de la police fédérale belge, qui l’a immédiatement emmenée au commissariat de Menin, village situé à la frontière franco-belge. Elle y restera jusqu’à son transfert à Bruges afin d’attendre qu’un avis soit rendu par l’office des étrangers.

Ce soir, le Comité ‘Libérez-les’ de soutien aux prisonniers et réfugiés politiques publie un communiqué destiné aux médias.

Lire le communiqué de presse