Après trois jours de calme précaire à Laâyoune, les Saharaouis ont repris leurs manifestations. Samedi, ils ont réussi à drainer un nombre plus élevé de participants par rapport aux précédentes contestations. Des milliers de manifestants ont brandit le drapeau du front POLISARIO. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues. Les indépendantistes commémorent les dates du 10 (anniversaire du POLISARIO) et du 20 mai 1973 (déclenchement de la lutte armée contre le colonisateur espagnol).

On signale un déploiement massif des forces de l’ordre à Laâyoune, Smara et Boujdour avec l’arrivée de nouveaux renforts au Sahara. Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Lâayoune a annoncé l’arrestation et l’inculpation de 6 manifestants suite aux incidents survenus à la manifestation du 4 mai. Ils ont été arrêtés par la police judiciaire qui prétend les avoir identifiés grâce aux enregistrements des caméras de la police.

Alors qu’à la fin du mois d’avril, le mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) a été prolongé, et que depuis, les manifestations indépendantistes se multiplient, le dirigeant du Front Polisario a fait une déclaration. Mohamed Abdelaziz a donné une conférence de presse à l’occasion du second jour des célébrations du 40ème anniversaire de la création du mouvement Polisario, ‘Nous croyons en les Nations Unies, mais si elles ne parviennent pas à organiser le référendum sur l’autodétermination du Sahara occidental pour permettre au peuple sahraoui de retrouver son indépendance, alors nous prendrons les armes pour libérer notre territoire’.

Mohamed Abdelaziz

Près de 2000 personnes ont défilé samedi à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental, dans ce que les autorités locales ont qualifié de plus grosse mobilisation de ces dernières années pour réclamer leur indépendance. Les forces de l’ordre sont violemment intervenue à l’issue du rassemblement. Des dizaines de manifestants ont été blessés alors que les autorités ont fait état de 21 policiers blessés. Dimanche, de nombreux rassemblements ont eu lieu dans diverses villes du Sahara occidental, y compris à Smara où les militants avaient érigé des barricades dans les rues. Les forces de sécurité ont tenté de disperser la foule, blessant là aussi de nombreuses personnes. 17 policiers auraient été blessés. Déjà à la fin du mois d’avril, une manifestation sahraouie avait été violemment réprimée alors que la population dénonçait le prolongement du mandat de la mission de l’ONU dans la région.

Les prisonniers politiques au Maroc en grève de la faim depuis début mars arrivent à un état critique. Dans la prison de Taza, Abdessamad Alhaydour membre du Mouvement 20 Février et Tarik Alhamani membre de l’UNEM, mouvance Voie Démocratique Basiste sont à 59 jours de grève. Dans la prison d’Aine Kadousse à Fès, Younes Erroufi, Hichame Boughlade, Tarik Eljaîbi, Mohamed Saleh, tous militants de l’UNEM, mouvance Voie Démocratique Basiste, sont en grève de la faim depuis le 26 mars 2013, soit 34 jours de grève. Dans la prison de Toullal2 à Meknes, Mounir Ait Khafou, Soufiane Segheri, Hassan Koukou, Mohamed Aloualiki, Hassan Alhmouche, militants de l’UNEM, Voie démocratique Basiste, sont en grève depuis le 11 mars, soit 49 jours de grève.

D’autres militants détenus politiques dans les prisons de Tanger, Alhouceima, sont décidés à observer la grève de la faim à partir du premier mai, pour dénoncer leur détention, leurs conditions de vie et en soutien aux grévistes de la faim dans les prisons de Taza , Fes, Meknes. Ces militant(e)s dénoncent des conditions de vie insupportables, les violences des gardiens et l’absence de soins médicaux.

La police marocaine a réprimé une manifestation sahraouie vendredi après-midi à Laâyoune, une quarantaine de personnes ont été blessées. Cette manifestation intervenait au lendemain du vote prolongeant le mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso).

Sahara occidental: 40 blessés dans une manifestation indépendantiste

Entre 150 et 200 personnes ont tenté de franchir les lignes frontières entre l’enclave espagnole et Melilla et le Maroc vendredi. Environ septante d’entre eux sont parvenus à passer la barrière grillagée avant d’être violemment interceptés par les forces de l’ordre. Un témoin a déclaré être venu à l’aide d’une trentaine de migrants, dont six en sang, les autres présentant des symptômes d’asphyxie dus aux fumigènes utilisés par la police. Il a également dénoncé l’attitude violente de certains policiers alors que les migrants, torse nus, ne possédaient aucun instrument pour agresser. Le préfet a de son côté annoncé ‘renforcer les effectifs de la Garde civile à Melilla avec une plus grande présence de l’hélicoptère de sécurité.

Ligne frontière à Melilla

Les 28 et 29 décembre derniers, des manifestations s’étaient déroulé dans la banlieue pauvre de Marrakech pour dénoncer les prix de l’eau et de l’électricité. Les affrontements entre les forces de l’ordre et la population avaient été très violentes, faisant plus de soixante blessés. Mercredi, un tribunal a condamné six personnes à des peines de prison allant jusqu’à deux ans d’incarcération des suites de ces manifestations. Dix personnes également arrêtés en marge des ces heurts s’étaient déjà vues condamnées à des peines de 18 à 30 mois de réclusion, tandis que deux adolescents avaient été condamnés séparément à deux mois de prison. Mercredi, les six inculpés ont été reconnus coupables d’avoir formé une foule armée, d’avoir détruit des biens publics, de désobéissance et d’insultes à officier. Deux des accusés écopent d’un an de prison, deux autres de 18 mois et les deux derniers de deux ans.

Manifestation à Marrakech

Au terme de neuf jours de procès sans interruption, la cour martiale a prononcé son verdict dans le procès des 24 Sahraouis poursuivis après avoir été arrêtés lors d’une manifestation en 2010 à Gdaim Izik. Revendiquant une amélioration de leurs conditions de vie et le référendum sur l’indépendance promis par le gouvernement depuis 1991, tous étaient accusés ‘d’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’état, formation d’une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction’. Les peines prononcées à l’encontre des 24 accusés sont lourdes: huit condamnations à perpétuité, quatre condamnations à 30 ans de prison, sept condamnations à 25 ans et deux condamnations à 2 ans. La défense a d’ores et déjà dénoncé le manque de preuves, pointant notamment le fait que les armes présentées ne portent aucune trace d’empreintes des accusés et que la vidéo projetée et présentée comme preuve ne permet d’identifier aucun d’entre eux. Cette dernière dispose maintenant de trois jours pour faire appel.

Le tribunal militaire permanent de Rabat a terminé mardi soir l’audition des 24 prisonniers politiques sahraouis dans le cadre du procès du « groupe Gdeim Izik », ouvert le 1er février. A l’issue de ces auditions, les avocats de la défense ont demandé une expertise médicale suite aux affirmations de prisonniers faisant état de traitements « inhumains » subis lors de leur détention.

Le procès reprendra mercredi avec l’audition des témoins des évènements qui se sont déroulés à l’automne 2010, à Gdeim Izik, proche d’El-Aaiun occupé, au Sahara occidental où environ 40.000 Sahraouis avaient dressé quelque 8.000 tentes et élu domicile pour défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux avant d’en être délogés par les forces marocaines, le 8 novembre 2010. En détention depuis plus de 27 mois, les 24 prisonniers saharaouis sont notamment accusés d’ »atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, formation d’une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction ». Ils risquent la réclusion à perpétuité.

Les 24 prisonniers sahraouis ou « groupe Gdeim Izik » ont refusé hier samedi à Rabat d’être considérés comme des détenus de droit commun, insistant sur leur droit à être traités en qualité de militants politiques et de défenseurs des droits de l’homme. A l’ouverture de cette troisième audience du procès, les accusés, en tenue traditionnelle, ont brandi des « V » de la victoire et chanté l’hymne national sahraoui au moment où, à l’extérieur leurs familles organisaient un rassemblement en scandant des slogans contre leur comparution devant un « tribunal militaire illégitime » et revendiquaient l’ouverture d’une « enquête juste et honnête » sur le démantèlement, le 8 novembre 2010 du camp de Gdeim Izik suite à un assaut donné par les forces marocaines .

Les requêtes préliminaires introduites par les avocats des accusés dans lesquelles ils réclament notamment que le tribunal militaire soit déclaré incompétent dans cette affaire, ont été refusées. Le tribunal a toutefois retenu tous les chefs d’accusation contre les accusés ainsi que la liste, contestée, des témoins présentée par le procureur général.

Maroc: Nouvelles du procès des prisonniers saharaouis