Une nouvelle fois, une marche féministe s’est terminée par des affrontements à Mexico. Samedi, la police, les journalistes et certains immeubles officiels ont été attaqués avec des bouteilles de peintures ou des cocktails Molotov par des manifestantes, malgré un déploiement policier massif (1.600 agents). La manifestation contre les féminicides est partie du Palais des Beaux-Arts pour marcher sur le Sénat. Trois policières ont été hospitalisées.

A Mexico ce samedi

La militante et plasticienne Isabel Cabanillas de la Torre, qui s’est battue pour que les autorités assurent la sécurité des femmes, a été abattue de plusieurs coups de feu et son corps retrouvé tôt samedi matin dans le centre de la ville frontalière de Ciudad Juarez. La membre du groupe des Filles de la mère Maquilera, dédiée à l’art, au militantisme et à la défense des droits des femmes, était portée disparue depuis vendredi. Isabel Cabanillas, 26 ans, est la quatrième femme tuée à Ciudad Juarez ce mois-ci et la sixième de l’État. Le corps de l’activiste a été retrouvé à côté de son vélo sur un trottoir à un carrefour. Dimanche matin, des proches, des amis, des militants et des voisins de Cabanillas de la Torre ont manifesté sur l’esplanade du monument à Benito Juarez pour exiger que les autorités arrêtent les responsables du crime et arrêtent le féminicide.

Isabel Cabanillas de la Torre

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Depuis le dimanche 15 septembre, près de 50.000 travailleurs de 34 sites du constructeur automobile General Motors (GM) sont en grève à l’appel du syndicat United Auto Workers (UAW). La grève s’est déclenchée suite à l’échec des négociations d’une nouvelle convention collective pour les 4 prochaines années. Ils réclament des augmentations de salaire, une meilleure couverture santé, le redémarrage d’une usine dont l’activité a été arrêtée en mars à Lordstown, dans l’Ohio et empêcher la fermeture programmée d’une chaîne d’assemblage à Detroit.

Depuis le début du conflit, les travailleurs des usines situées au Mexique, Canada, Brésil et en Corée du Sud (où les travailleurs sont également en grève partielle depuis début septembre) s’organisent en soutien aux grévistes états-uniens. Sur le site de Silao (Mexique), au moins 8 travailleurs organisés et solidaires ont été licenciés pour leur soutien, refusant entre autre de faire des heures supplémentaires. Des pressions avaient été exercées dans les usines des différents pays pour reconstituer la production de véhicules. Les grévistes ont maintenu la communication avec les travailleurs et travailleuses des autres pays et fait un «appel à la solidarité».

Usine GM à Silao (Mexique)

Dans le cadre de la Journée mondiale d’action pour la légalisation de l’IVG, plus de 2.000 femmes sont descendues dans les rues de Mexico avec des écharpes vertes et un vêtement violet, sous le slogan « Avortement oui, avortement non, j’en décide! ». La marche a commencé à 17h00 à partir du Monument à la Mère. Des manifestantes cagoulées ont tagué plusieurs bâtiments. Pusieurs journalistes ont été pris à parti. Un groupe de plusieurs dizaines de personnes cagoulées a mis le feu à la porte de la Chambre de commerce. En arrivant à Avenida Juarez, la manifestation s’est arrêtée à l’ « antimonument » féministe dédié aux femmes victimes de féminicide et à celles qui sont décédées suite à un avortement clandestin. La manifestation, menée  par un groupe de mères, avec leurs enfants dans les bras, et favorables à la décriminalisation de l’avortement, s’est avancé  jusqu’à la Plaza de la Constitución. Devant la cathédrale, des personnes ont allumé un feu, qui a été étouffé par la police. Au Mexique, l’IVG n’est autorisé qu’à Mexico et, depuis une semaine seulement, dans  l’État d’Oaxaca. Des femmes sont encore emprisonnées au Mexique pour avoir pratiqué un IVG.

A la manifestation féministe de Mexico

 

Des centaines d’étudiants de divers campus de l’UNAM (Université nationale autonome du Mexique) ont manifesté devant le rectorat, un an après les agressions commises par des hommes de main contre des étudiants effectuant une manifestation dans les locaux. Quelques dizaines de manifestants cagoulés ont attaqué des bâtiments (vitres brisées, tags; pétards, début d’incendie), ce qui a débouché sur l’intervention de la sécurité et des affrontements sur le campus.

Affrontements à l'Université du Mexique

Jeudi 15 août, le bureau du procureur général et le pouvoir judiciaire de l’État d’Oaxaca ont publié sept mandats d’arrêt contre des dirigeant·e·s syndicaux de la section 9 du Syndicat national indépendant des travailleurs de la santé (SINTS). Les travailleuses et travailleurs de la santé organisent une grève depuis plus de 25 jours pour exiger la réintégration de plus de 170 travailleurs licenciés injustement. Le SINTS entretient des relations étroites avec l’organisation révolutionnaire « Courant du peuple Soleil Rouge (Sol Rojo) » qui a appelé ses membres à se tenir prêt à réagir aux agressions de l’État d’Oaxaca.

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Membres du SINTS en action devant la haute cour de justice de Oaxaca

Deux mille femmes ont manifesté vendredi à Mexico. La manifestation a commencé par un rassemblement place Glorieta de Insurgentes, avec la lecture de déclarations par différents groupes féministes. Les manifestantes ont exigé une plus grande sécurité pour les femmes de la capitale, après qu’une jeune fille de 17 ans a accusé quatre policiers de l’avoir agressée le 3 août dans le secteur d’Azcapotzalco, au nord de la capitale. La violence à l’égard des femmes, sous la forme de féminicides, d’abus, de harcèlement et d’abus sexuels, s’est intensifiée au Mexique ces dernières années: neuf femmes en moyenne sont assassinées chaque jour au Mexique. Les manifestants ont décidé de quitter la place piétonne et de marcher en scandant des slogans contre le patriarcat. Une gare routière a subi de nombreux dégâts au passage (vitre brisées, début d’incendie) et les manifestantes se sont ensuite rassemblées devant un poste de police qu’elles ont criblés de projectiles, certains incendiaires. Elles ont aussi empêcher les pompiers d’intervenir. Quatre personnes auraient été arrêtées.

Les affrontements vendredi à Mexico

Luis Fernando Sotelo Zambrano, prisonnier politique zapatiste à Mexico, devrait être libéré le 12 juillet, après 4 ans et huit mois de prison. Il avait été arrêté le 5 novembre 2014, à Mexico, à la suite de la troisième journée mondiale d’action pour les disparus d’Ayotzinapa (voir notre article et celui-ci). Au cours de la manifestation, une station de Metrobús et un Metrobús (service de bus rapide) avaient été incendiés. Luis Fernando, un étudiant âgé de 20 ans, actif dans la galaxie zapatiste, a été inculpé de plusieurs crimes majeurs et envoyé à la Prison Sud (Reclusorio Sur) à Mexico où il a été placé en isolement pendant quelque temps. Il avait été condamné en première instance à 33 ans de prison (voir notre article)

Manifestation pour Luis Fernando Sotelo

Vendredi à six heures du matin, la police d’État a procédé à l’expulsion d’une propriété envahie au nord de la capitale de l’Etat par le Movimiento Campesino Regional Independiente Emiliano Zapata (MOCRI-Zapata). En réaction, les paysans ont bloqué des routes et marché sur le centre ville, détruit un centre commercial Plaza El Sol et des bâtiments publics, dont le registre de la propriété à Tuxtla Gutiérrez. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont procédé à l’arrestation de 32 hommes et 5 femmes.

Après les affrontements à Tuxtla Gutiérrez

Un employé de la ville de Santo Domingo Tehuantepec, en Oaxaca, a été tué par un coup de feu lors d’affrontements mercredi après-midi, dans le cadre d’un conflit syndical. De plus, quatre blessés ont été enregistrés, ainsi que de nombreux dommages. Le défunt était le chauffeur de la mairesse. Sa mort est survenue après que des membres du Syndicat des travailleurs du conseil municipal eurent occupé les locaux du Palais municipal pour exiger la révision de leur convention collective de travail.

Les employés ont fermé les rues adjacentes et ont jeté des pierres et des bâtons sur un groupe de jaunes. Quelques minutes plus tard, des coups de feu ont été entendus, provoquant la colère des grévistes qui ont notamment brûlé un camion à ordures à coups de cocktails Molotov. Des éléments de l’armée mexicaine et de la police d’État ont été déployés dans la ville.

Les événements de Tehuantepec.