Mardi matin, deux cadres présumés d’ETA, Xabier Goienetxea et Iñaki Reta de Frutos, avaient été arrêtés dans une maison du village d’Ossès. Ils ont ont été mis en examen par la justice française et écroués dans la nuit de samedi à dimanche. Le couple d’hébergeurs et la propriétaire de la maison, une infirmière, ont eux été placés sous contrôle judiciaire à l’issue de leur mise en examen.

Xabier Goienetxea, 35 ans, et Iñaki Reta de Frutos, 56 ans, avaient été interpellés après un renseignement reçu le 6 juillet par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ils ont été mis en examen de multiples chefs, notamment association de malfaiteurs, détention et transport d’armes, détention de faux document, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Les deux etarras présumés comptaient parmi les plus recherchés par les autorités espagnoles.

La maison perquisitionnée à Ossès

La maison perquisitionnée à Ossès

Deux membres présumés d’ETA, recherchés par les autorités judiciaires espagnoles, ont été interpellés mardi 7 juillet au soir. L’un des deux etarras présumés est Iñaki Reta de Frutos, considéré comme l’un des responsables de la logistique de l’organisation. L’autre est Xabier Goienetxea, un ancien membre de l’organisation de la jeunesse basque Segi. L’opération policière a été menée dans une maison d’Ossès, à une quarantaine de kilomètres de Bayonne, par la DIPJ de Bordeaux, la DGSI et le RAID, soutenus par la garde civile espagnole. Au cours de la perquisition, qui a duré une partie de la nuit, des documents en lien avec ETA ont été saisis, mais pas d’armes ni d’explosifs. A la fin de mai, la police avait découvert des armes et des composants pouvant servir à la confection d’explosifs dans une villa de Biarritz (voir notre article).

La perquisition à Ossès

Dans la soirée, près de 150 personnes se sont rassemblées devant la résidence des interpellés. Deux personnes ont été blessées lors d’échauffourées qui ont éclaté dans la nuit entre les forces de l’ordre et des personnes protestant contre ces interpellations.

La cour d’assises spéciale de Paris a condamné mercredi à 14 ans de prison Ibon Goieaskoetxea Arronategi, 49 ans, pour faux dans des contrats de locations de logements devant servir de bases à ETA, recels, détention et transport illégal d’armes de guerre. Il a en revanche été acquitté des accusations de vol avec violences et séquestration pour l’attaque le 28 janvier 2010 d’une quincaillerie cordonnerie à Mirebeau (centre-est) où avaient notamment été dérobées des plaques d’immatriculation et une presse pour leur fabrication.

Considéré comme un des responsables de la logistique d’ETA, l’accusé avait été interpelé fin février 2010 en Normandie. Goieaskoetxea avait déjà été condamné à sept ans de prison en 2013 et à une autre peine de cinq ans en 2014 lors de précédents procès devant la justice française pour ses activités au sein de l’ETA. La cour d’assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats professionnels comme c’est le cas en matière de terrorisme, a prononcé la confusion de la nouvelle peine avec celles déjà prononcées, ainsi qu’une interdiction définitive du territoire français.

Ibon Goieaskoetxea

Ibon Goieaskoetxea

Lurgui Garitagoitia Salegui, 32 ans, et Asier Borrero Toribio, 31 ans, étaient tous les deux accusés de tentative de meurtre, lors d’une fusillade pendant une course poursuite avec un véhicule de gendarmerie, le 9 juin 2009, en Lozère. Le premier, le passager, est accusé d’avoir tiré par la fenêtre sur le véhicule qui les poursuivait, avec l’arme de poing du second, qui conduisait le véhicule qu’ils venaient de voler. Un des gendarmes avait été touché à l’avant-bras. La cour a retenu la tentative de meurtre et a condamné le premier à 15 ans, le second à 13 ans.

Itziar Plaza Fernandez, 32 ans, présentée comme « responsable des caches » et déjà condamnée à 12 ans de réclusion criminelle en mars 2013 dans une autre affaire, a été condamnée à 12 ans. La cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats comme c’est possible en matière de terrorisme, a prononcé la confusion de ces deux peines. Tous trois ont été également condamnés à une interdiction définitive du territoire français. Ils avaient été arrêtés fortuitement le 4 juillet 2009 près de Pau, leur véhicule garé sur le parking d’un fast-food ayant été repéré par les forces de l’ordre comme pouvant servir à l’ETA. Des traces ADN et les empreintes des deux hommes avaient été retrouvées dans la voiture impliquée dans la fusillade et sur l’arme ayant tiré.

Itziar Plaza Fernandez

Itziar Plaza Fernandez

La police française dit avoir découvert des armes et des composants pouvant servir à la confection d’explosifs dans une villa de Biarritz lors d’une opération visant une base d’ETA, aujourd’hui jeudi au matin. Dans le cadre de cette opération, menée par la police judiciaire de Bayonne en collaboration avec la garde civile espagnole sous l’autorité du parquet antiterroriste de Paris, ils ont placé en garde à vue une femme soupçonnée de collaboration avec ETA. Déclenchée jeudi à l’aube, l’intervention était centrée sur le garage d’une villa cossue de l’hypercentre de Biarritz. Soupçonnée de collaboration avec ETA, la propriétaire des lieux, ainsi que son mari, ont été placés en garde à vue.

ETA avait commencé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d’usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait à la fin de 2014 que le processus se poursuivait. Au début du mois de mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol et refusé de lui remettre ses armes. L’organisation a en revanche accueilli favorablement les propositions d’Euskal Herria Bildu (EH Bildu – « Réunir le Pays basque »), une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches. Ces propositions prévoient notamment la création d’une « commission indépendante de désarmement », avec des experts internationaux, pour recueillir et détruire les armes.

Policiers devant la villa perquisitionnée à Biarritz

Policiers devant la villa perquisitionnée à Biarritz

Un juge britannique a jugé aujourd’hui qu’Anton Troitiño, un militant ETA qui avait passé 24 ans dans les prisons espagnoles (il avait été condamné à 2000 ans de prison pour son appartenance au « Commando Madrid »), devait être remis à l’Espagne. En octobre 2013, il faisait partie des dizaines de membres de l’ETA formellement libérés en vertu d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme et s’était rendu en Grande-Bretagne où il avait été arrêté l’année suivante: l’Espagne avait demandé son extradition pour répondre à de nouvelles accusations portées contre lui (contrefaçon des documents et, à nouveau, appartenance à ETA).

Antón Troitiño à son arrestation et à la libération

Oihana Mardaras, qui avait été condamnée à 29 ans de prison pour une action d’ETA fin 2008 (l’explosion d’une camionnette piégée devant le siège de la radio-télévision basque EITB), a été acquittée en appel à madrid pour absence de preuve.

Oihana Mardaras

Antón Troitiño à son arrestation et à la libération
Oihana Mardaras

Le 23 avril dernier, Sabin Mendizabal Plazaola, accusé d’action menée dans le cadre de la lutte de rue (Kale Borroka) mais également à une structure de soutien du « commando Donosti » d’ETA, a été interpellé à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques). Il est entré en clandestinité après avoir été condamné en 2009 à la prison par la justice espagnole, reconnu coupable d’avoir lancé un cocktail molotov sur le siège du Parti populaire à Ermua au Pays basque. Il était l’objet d’un MAE portant sur une affaire d’engins incendiaires qu’il est accusé d’avoir lancés en direction d’une équipe de la police de la communauté autonome basque espagnole.

Mardi, quatre jeunes militants de la gauche nationalistes basques ont été arrêtés à leur domicile respectif dans différentes communes du Pays basque français. L’opération a été menée par la Section de recherches (SR) de Pau sur commission rogatoire d’un juge d’instruction parisien de la « galerie Saint-Eloi », le pôle anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris, composé de huit magistrats spécialisés.

L’enquête avait été diligentée suite à une série de faits de destructions volontaires, dont le plus grave est l’incendie, le 17 novembre 2013 à Itxassou, d’une résidence secondaire. Sur le petit mur d’enceinte de la maison avait été apposé à la peinture noire l’inscription suivante :  »Eh ez da salgai » (le Pays basque n’est pas à vendre). L’incendie avait été précédé, quatre jours plus tôt par la destruction, par les flammes, de la toiture d’une résidence secondaire à Ayherre, et portant les mêmes inscriptions. Parmi les quatre militants interpellés, on compterait deux militants des jeunesses abertzale Aitzina (En avant) et un membre du collectif Lurra e ta etxebizitza (pour le droit au logement).

Pays basque: Quatre jeunes militants arrêtés

L’ensemble des avocats basques arrêtés lundi juste avant l’ouverture d’un important procès sur Batasuna -où certains intervenaient- ont été libérés et le procès reprendra le 29 janvier à Madrid. Seize personnes avaient été arrêtées lundi au petit matin par la garde civile, à Madrid, au Pays basque et en Navarre (nord), lors d’une opération prétendant viser le « front des prisons » de l’ETA. Sur les 16 personnes, 15 ont finalement été mises en examen par un juge de l’Audience nationale – instance spécialisée notamment dans les affaires de terrorisme – dont l’ensemble des avocats, accusés d’appartenance à une organisation terroriste, de blanchiment et de fraude fiscale. Ils ont été laissés libres mais leur contrôle judiciaire les empêche de quitter l’Espagne. Ils ne peuvent plus rendre visite aux prisonniers de l’ETA pour le compte du « collectif d’avocats », agissant auprès de ces derniers.

Le procès de trente-cinq militants indépendantistes basques, dont les militantes françaises Aurore Martin et Haizpea Abrisketa, qui devait débuter lundi 12 janvier à Madrid, a été suspendu après l’arrestation de trois avocates des prévenus. Parmi les avocates arrêtées figure Amaia Izko, qui défend Aurore Martin. Cette juriste avait dénoncé devant la Cour européenne des droits de l’homme l’illégalité de l’application d’une doctrine juridique dite « Parot » qui permettait de prolonger la détention des prisonniers d’ETA. Elle avait eu gain de cause.

Haizpea Abrisketa et Aurore Martin

Haizpea Abrisketa et Aurore Martin