Alberto Plazaola, un militant d’ETA recherché par la justice espagnole et faisant l’objet d’un MAE, a été interpellé hiers lundi Ciboure (Pyrénées-Atlantiques). Agé de 59 ans et originaire du Guipuzcoa, Alberto Plazaola devrait être présenté ce lundi devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau, qui statuera sur son éventuelle remise aux autorités espagnoles.

Condamné en Espagne, Alberto Plazaola avait été arrêté une première fois en France en 1990, puis extradé vers l’Espagne en 1996 après avoir purgé une peine de sept ans de prison. Il a été libéré en décembre 2014, la justice espagnole ayant estimé qu’il fallait prendre en compte dans le calcul de sa peine le temps d’incarcération passé à l’étranger, conformément à une décision-cadre européenne. Mais le 10 mars dernier, le tribunal suprême espagnol avait cassé cette décision de libération. Alberto Plazaola s’était soustrait à l’arrestation. Entre le moment où la décision a été rendue publique et l’arrivée de la police à son domicile d’Onate, devant lequel une foule de manifestants de la gauche indépendantiste s’était alors mobilisée durant plusieurs heures.

Alberto Plazaola à sa libération

Le premier tribunal administratif du contentieux de Bilbao a décidé de suspendre provisoirement deux initiatives en faveur des prisonniers de l’ETA prévues les 7 et 19 septembre prochain dans la ville basque de Bermeo. Suite à une démarche du délégué du gouvernement espagnol au Pays basque, Carlos Urquijo, le tribunal a accepté de « suspendre » notamment un repas populaire avec des produits locaux au profit des prisoniers et des réfugiés, prévu dans le cadre d’un festival approuvé par le Conseil municipal de Bermeo. Ce même Carlos Urquijo avait fait saisir un tribunal pour « crime d’apologie du terrorisme » suite à une marche pour l’amnistie des prisonniers d’ETA à Bilbao.

La marche pour l'amnistie à l'origine des poursuites judiciaires

Près de 2.000 personnes se sont rassemblées vendredi après-midi à Saint-Jean-Pied-de-Port pour dénoncer l’arrestation de deux membres présumés de l’organisation indépendantiste basque espagnole ETA, début juillet. Xabier Goyenechea, âgé de 35 ans, et Joseba Inaki Reta, 56 ans, avaient été interpellés le huit juillet par des policiers français et des enquêteurs de la Guardia Civil espagnole dans le village d’Ossès. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, les deux etarras sont les responsables de l’appareil logistique de l’ETA. Ils avaient été mis en examen par un juge d’instruction anti-terroriste parisien et écroués pour association de malfaiteurs, détention et transport d’armes, détention de faux document, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Également mis en examen, un couple d’hébergeurs et la propriétaire d’une maison d’Ossès où ont logé les deux etarras, ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire.

La manifestation à Saint-Jean-Pied-de-Port

Une enquête est à l’instruction contre l’ETA, au niveau de l’Audiencia Nacional, souhaitant requalifier des exécutions et fusillades en « crime contre l’humanité ». Ce sont les familles de deux gardes espagnols abattus en 2004 qui tentent de faire ouvrir ce dossier. L’affaire est à présent à l’instruction : les divers corps répressifs doivent étayer le dossier en fournissant des événements qui rentreraient dans cette appellation. Le juge a justifié sa décision d’accepter l’ouverture de l’enquête « Il s’agit d’une attaque systématique contre une partie de la population, composée de collectifs poursuivis pour des raisons politiques et idéologiques, dont l’élimination et l’expulsion (…) sont considérées stratégiquement nécessaires par l’organisation pour des raisons politiques ». Cependant, un autre juge a souligné que les critères pour un crime contre l’humanité sont la nationalité, l’origine ethnique, la race ou la religion, et il n’y a rien de tout cela dans les actions d’ETA.

Mardi matin, deux cadres présumés d’ETA, Xabier Goienetxea et Iñaki Reta de Frutos, avaient été arrêtés dans une maison du village d’Ossès. Ils ont ont été mis en examen par la justice française et écroués dans la nuit de samedi à dimanche. Le couple d’hébergeurs et la propriétaire de la maison, une infirmière, ont eux été placés sous contrôle judiciaire à l’issue de leur mise en examen.

Xabier Goienetxea, 35 ans, et Iñaki Reta de Frutos, 56 ans, avaient été interpellés après un renseignement reçu le 6 juillet par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ils ont été mis en examen de multiples chefs, notamment association de malfaiteurs, détention et transport d’armes, détention de faux document, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Les deux etarras présumés comptaient parmi les plus recherchés par les autorités espagnoles.

La maison perquisitionnée à Ossès

Deux membres présumés d’ETA, recherchés par les autorités judiciaires espagnoles, ont été interpellés mardi 7 juillet au soir. L’un des deux etarras présumés est Iñaki Reta de Frutos, considéré comme l’un des responsables de la logistique de l’organisation. L’autre est Xabier Goienetxea, un ancien membre de l’organisation de la jeunesse basque Segi. L’opération policière a été menée dans une maison d’Ossès, à une quarantaine de kilomètres de Bayonne, par la DIPJ de Bordeaux, la DGSI et le RAID, soutenus par la garde civile espagnole. Au cours de la perquisition, qui a duré une partie de la nuit, des documents en lien avec ETA ont été saisis, mais pas d’armes ni d’explosifs. A la fin de mai, la police avait découvert des armes et des composants pouvant servir à la confection d’explosifs dans une villa de Biarritz (voir notre article).

Dans la soirée, près de 150 personnes se sont rassemblées devant la résidence des interpellés. Deux personnes ont été blessées lors d’échauffourées qui ont éclaté dans la nuit entre les forces de l’ordre et des personnes protestant contre ces interpellations.

La cour d’assises spéciale de Paris a condamné mercredi à 14 ans de prison Ibon Goieaskoetxea Arronategi, 49 ans, pour faux dans des contrats de locations de logements devant servir de bases à ETA, recels, détention et transport illégal d’armes de guerre. Il a en revanche été acquitté des accusations de vol avec violences et séquestration pour l’attaque le 28 janvier 2010 d’une quincaillerie cordonnerie à Mirebeau (centre-est) où avaient notamment été dérobées des plaques d’immatriculation et une presse pour leur fabrication.

Considéré comme un des responsables de la logistique d’ETA, l’accusé avait été interpelé fin février 2010 en Normandie. Goieaskoetxea avait déjà été condamné à sept ans de prison en 2013 et à une autre peine de cinq ans en 2014 lors de précédents procès devant la justice française pour ses activités au sein de l’ETA. La cour d’assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats professionnels comme c’est le cas en matière de terrorisme, a prononcé la confusion de la nouvelle peine avec celles déjà prononcées, ainsi qu’une interdiction définitive du territoire français.

Ibon Goieaskoetxea

Lurgui Garitagoitia Salegui, 32 ans, et Asier Borrero Toribio, 31 ans, étaient tous les deux accusés de tentative de meurtre, lors d’une fusillade pendant une course poursuite avec un véhicule de gendarmerie, le 9 juin 2009, en Lozère. Le premier, le passager, est accusé d’avoir tiré par la fenêtre sur le véhicule qui les poursuivait, avec l’arme de poing du second, qui conduisait le véhicule qu’ils venaient de voler. Un des gendarmes avait été touché à l’avant-bras. La cour a retenu la tentative de meurtre et a condamné le premier à 15 ans, le second à 13 ans.

Itziar Plaza Fernandez, 32 ans, présentée comme « responsable des caches » et déjà condamnée à 12 ans de réclusion criminelle en mars 2013 dans une autre affaire, a été condamnée à 12 ans. La cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats comme c’est possible en matière de terrorisme, a prononcé la confusion de ces deux peines. Tous trois ont été également condamnés à une interdiction définitive du territoire français. Ils avaient été arrêtés fortuitement le 4 juillet 2009 près de Pau, leur véhicule garé sur le parking d’un fast-food ayant été repéré par les forces de l’ordre comme pouvant servir à l’ETA. Des traces ADN et les empreintes des deux hommes avaient été retrouvées dans la voiture impliquée dans la fusillade et sur l’arme ayant tiré.

Itziar Plaza Fernandez

La police française dit avoir découvert des armes et des composants pouvant servir à la confection d’explosifs dans une villa de Biarritz lors d’une opération visant une base d’ETA, aujourd’hui jeudi au matin. Dans le cadre de cette opération, menée par la police judiciaire de Bayonne en collaboration avec la garde civile espagnole sous l’autorité du parquet antiterroriste de Paris, ils ont placé en garde à vue une femme soupçonnée de collaboration avec ETA. Déclenchée jeudi à l’aube, l’intervention était centrée sur le garage d’une villa cossue de l’hypercentre de Biarritz. Soupçonnée de collaboration avec ETA, la propriétaire des lieux, ainsi que son mari, ont été placés en garde à vue.

ETA avait commencé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d’usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait à la fin de 2014 que le processus se poursuivait. Au début du mois de mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol et refusé de lui remettre ses armes. L’organisation a en revanche accueilli favorablement les propositions d’Euskal Herria Bildu (EH Bildu – « Réunir le Pays basque »), une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches. Ces propositions prévoient notamment la création d’une « commission indépendante de désarmement », avec des experts internationaux, pour recueillir et détruire les armes.

Policiers devant la villa perquisitionnée à Biarritz

Un juge britannique a jugé aujourd’hui qu’Anton Troitiño, un militant ETA qui avait passé 24 ans dans les prisons espagnoles (il avait été condamné à 2000 ans de prison pour son appartenance au « Commando Madrid »), devait être remis à l’Espagne. En octobre 2013, il faisait partie des dizaines de membres de l’ETA formellement libérés en vertu d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme et s’était rendu en Grande-Bretagne où il avait été arrêté l’année suivante: l’Espagne avait demandé son extradition pour répondre à de nouvelles accusations portées contre lui (contrefaçon des documents et, à nouveau, appartenance à ETA).

Oihana Mardaras, qui avait été condamnée à 29 ans de prison pour une action d’ETA fin 2008 (l’explosion d’une camionnette piégée devant le siège de la radio-télévision basque EITB), a été acquittée en appel à madrid pour absence de preuve.

Antón Troitiño à son arrestation et à la libération
Oihana Mardaras