Après neuf jours de mobilisation, les grévistes de la société ID Logistics à Lisses ont été délogés par les gendarmes, ce mercredi en fin d’après-midi, à Lisses. Une intervention des forces de l’ordre qui fait suite à une requête non contradictoire déposée par l’avocat de la société auprès du tribunal de grande instance d’Evry. Vendredi, après quatre jours de mouvement de protestation, la chambre des référés du TGI d’Evry avait rejeté la requête de la société ID Logistics qui soutenait que la grève était illicite.

Depuis le début de la semaine dernière, l’intersyndicale CFDT, CGT, FO et CFTC avait appelé les 400 employés de cette société en charge du stockage des denrées puis du chargement des camions du groupe Intermarché à observer une grève illimitée afin de s’opposer à un plan d’augmentation des cadences de production mis en place par la direction.

Les gendarmes contre les grévistes d’ID Logistics

Les gendarmes contre les grévistes d'ID Logistics

Le leader de la Confédération coréenne des syndicats a fini par se rendre ce jeudi, soutenu par plusieurs centaines de partisans. Il était retranché depuis près d’un mois dans un temple bouddhiste de Séoul pour que la police ne procède pas à son arrestation. Hang Sang-Gyun est accusé d’incitation à la violence lors d’une grande manifestation (voir notre article), qui visait notamment à dénoncer la réforme du droit du Travail proposée par le gouvernement, un texte qui facilite le licenciement de salariés et plafonne les revenus des employés proches de la retraite. Ce n’est pas la première fois qu’un syndicaliste se réfugie dans un temple bouddhiste, où les policiers préfèrent ne pas rentrer pour ne pas choquer l’opinion publique.

Hang Sang-Gyun (second à partir de la droite)

Hang Sang-Gyun (second à partir de la droite)

Le nouveau maire de Toamasina (Tamatave), le grand port de Madagascar, est confronté depuis quelques semaines il est en bras de fer avec les employés de la municipalité. Ces derniers lui réclament plusieurs mois d’arriérés de salaires. Les employés ont mis en avant leurs desiderata dès les premiers jours de prise fonction de l’édile de la ville. La manifestation a débuté de manière pacifique, par l’arrêt de travail. Mais il y a quelques semaines ils ont décidé d’adopter une nouvelle démarche en interdisant l’accès à son bureau à l’élu. Le maire a fait savoir qu’il lui est impossible de leur payer une somme qui n’est pas en sa possession et a fait appel à des hommes de main qui sont venu de forcer l’accès aux bureaux de la municipalité. Les deux camps en sont venus aux mains. Dix personnes ont été admises à l’hôpital pour blessures, dont l’une dans un état grave.

Affrontements à Toamasina

Affrontements à Toamasina

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) annoncé avoir l’assurance que le nouveau gouvernement allait retirer deux lois relatives aux syndicats. La Loi C-377 obligeait les syndicats à rendre publiques toutes leurs dépenses de plus de 5000 $ et la ventilation détaillée de toutes celles qui correspondraient à des activités non reliées à la négociation des conditions de travail avec les employeurs. La CSN déplorait que seuls les syndicats aient été contraints à une telle exigence parmi les organismes sans but lucratif au Canada. La Loi C-525, quant à elle, visait à forcer la tenue d’un vote à scrutin secret pour obtenir une nouvelle accréditation syndicale sous juridiction du Code canadien du travail. Selon la CSN, cette loi rendait plus difficile pour les travailleurs l’accès au droit d’association. Ces deux réglementations avaient été adoptées par le gouvernement conservateur.

Manifestation de la CSN

Manifestation de la CSN

En Chine, une quinzaine de militants des droits des travailleurs ont été arrêtés dans le cadre d’une vaste opération qui touche la région de Canton, dans le sud du pays. Parmi eux, Zeng Feiyang, le directeur du Centre Panyu qui vient en aide aux travailleurs migrants. Cette association fournit une aide juridique gratuite et fait pression sur les patrons d’usines quand ceux-ci ne versent pas les salaires ou les primes dues aux ouvriers. C’est aussi le cas de l’association Nanfeiyan, qui défend les victimes d’accidents du travail. Son patron, He Xiaobo, fait partie des militants arrêtés.

En l’absence de syndicats indépendants, le rôle de ces associations est crucial. Grâce à leurs actions, les ouvriers chinois ont enfin compris qu’ils avaient des droits et qu’ils pouvaient réclamer justice. C’est le cas de Zhu Xiaomei, ancienne ouvrière du japonais Hitachi. Elle a été licenciée pour avoir mené une grève réclamant la hausse des salaires en 2013. Depuis, elle milite, et vient aussi d’être interpellée. Cette vague d’arrestations sans précédent fait suite à des mois de harcèlement. Ces associations ont vu leurs locaux vandalisés et leurs employés menacés. Les autorités chinoises leur reprochent de ne pas avoir d’existence légale, alors qu’elles refusent de les enregistrer officiellement. Les défenseurs des travailleurs sont aussi accusés d’être financés par l’étranger, avec pour mission – en contrepartie – de semer le trouble en Chine.

Manifestation ouvrière en Chine

Manifestation ouvrière en Chine

Une manifestation a eu lieu jeudi 3 devant la municipalité de Sfax où des ouvriers municipaux ont empêché le maire d’accéder à ses bureaux. Ils contestaient de mauvaises conditions de travail, un matériel désuet et des locaux non sécurisés. La manifestation a tourné aux affrontements suite à l’intervention des forces de l’ordre qui ont usé de gaz lacrymogène. Il y aurait eu deux ou trois blessés. Le personnel contestataire a fini par bloquer la route de l’avenue principale du centre-ville de Sfax (en face de la municipalité) au moyen de gros camions appartenant à la municipalité. En signe de protestation contre l’intervention violente des forces de l’ordre, le bureau régional de l’UGTT a appelé, par mesure de solidarité, le personnel du port ainsi que celui de la SORETRAS à interrompre leurs activités et à bloquer les accès de la ville avec les bus de la compagnie.

Tunisie: Affrontements entre grévistes et policiers à Sfax

Fin 2014, à quelques jours des fêtes de fin d’année, des employés de l’usine Solvay à La Rochelle avaient vu leur contrat de travail suspendu par la direction. Après un premier passage devant le conseil des prud’hommes, qui leur a donné raison sur la forme, à savoir que l’arrêt de l’atelier décidé par l’employeur était irrégulier, les 53 salariés avaient à nouveau rendez-vous ce mercredi matin devant les juges du travail. Ils demandaient cette fois que leur employeur soit jugé pour une violation du droit de grève. Le conseil rendra sa décision le 10 février.

Hier mercredi, devant le conseil des prud’hommes, à La Rochelle.

Hier mercredi, devant le conseil des prud'hommes, à La Rochelle.

Depuis mercredi soir, 46 ouvriers dont la mission est de charger et décharger les camions sont en grève devant le gigantesque entrepôt de la multinationale du transport Geodis Calberson. Jour et nuit, ils bloquent les accès au site situé sur le port. Les salariés grévistes réclament une revalorisation de leurs salaires, de meilleures conditions de travail et une prime exceptionnelle de 600 euros. 100 % des agents de quais de chargement sont en grève. Certains sont là depuis des dizaines d’années et sont payés 30 euros au-dessus du Smic et travaillent dans des conditions lamentables.

Les grévistes viennent de recevoir par huissier une assignation en référé devant le tribunal de grande instance de Nanterre pour jeudi 26 novembre. Dans son recours en référé, la direction a fait valoir que 15.000 colis sont bloqués dans l’entrepôt et que que des sous-traitants auraient été contraints de dormir dans leur camion. «Le site étant totalement bloqué, les salariés non grévistes sont empêchés de travailler puisqu’aucun colis ne peut entrer ou sortir du site. C’est une atteinte à la liberté du travail», argue l’avocate parisienne de la compagnie, qui réclame au tribunal d’ordonner «l’expulsion et si besoin l’assistance de la force publique».

Piquet de grève à Geodis Calberson

Piquet de grève à Geodis Calberson

Le projet libéral de légiférer contre le droit de grève est désormais couché noir sur blanc dans une proposition de loi datée du 20 novembre. Sous l’impulsion de son chef de groupe à la Chambre, Denis Ducarme, le MR dépose une proposition de loi qui vise à rendre illégaux les piquets de grève. Ce texte est daté du 20 novembre et cosigné par neuf députés MR, dont le président Olivier Chastel.

La notion de droit au travail que la Constitution garantit prévoit celui d’avoir un travail, le libre choix d’une activité professionnelle, le droit à des conditions de travail et de rémunérations convenables et le droit de négociation collective. A toutes ces garanties constitutionnelles, le MR veut ajouter le droit d’accéder sans entrave à son lieu de travail et de poursuivre ses activités économiques. Toute atteinte illégitime portée volontairement à ces libertés est interdite. C’est la justice qui tranchera. Sans entrave, donc. Ces mots sont apparus dans la dernière version du texte. Les piquets de grève sont bel et bien visés. Pourtant, selon la charte sociale européenne et l’OIT (Organisation Internationale du Travail), les piquets de grèves font partie intégrante du droit de grève.

Le piquet de grève à Technord avait déjà été condamné l’année passée

Le piquet de grève à Technord avait déjà été condamné l'année passée

Deux ans d’emprisonnement ont été requis mardi contre huit anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord pour la séquestration durant 30 heures en 2014 de deux cadres. Poursuivis devant le tribunal correctionnel d’Amiens pour «séquestration et violences en réunion», le procureur a requis contre chacun d’entre eux une peine de deux ans d’emprisonnement: un an «ferme aménageable» et un an de sursis. Entre le 6 et le 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines ainsi que le directeur de la production de cette entreprise de 1.143 salariés, fermée quelques jours après, avaient été retenus dans les locaux de l’usine de pneumatiques que plusieurs dizaines de salariés avaient occupée avant de les laisser partir, sans violence.

Parmi les nombreux témoins qui se succédaient à la barre, une inspectrice du travail est venue expliquer le «management pathogène» de la direction de Goodyear. Le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) a comptabilisé 14 suicides en moins de deux ans. Le procès s’est déroulé sans plaignant: Goodyear avait en effet retiré sa plainte en application de l’accord de fin de conflit signé avec les syndicats fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel dans un premier temps. Le jugement a été mis en délibéré au 12 janvier 2016.

Le DRH à sa libération