Au quatrième jour de l’agression turque contre le Rojava, des troupes américaines ont été déployées le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie, où les affrontements ont eu lieu entre les YPG/YPJ et l’armée turque. La situation devrait donc se calmer pour le moment. Erdogan et Trump doivent se rencontrer le 16 mai prochain à Washington.

Un blindé américain sur la frontière entre turquo-syrienne.

Un blindé américain sur la frontière entre turquo-syrienne.

La situation est extrêmement tendue le long de la frontière entre la Turquie et le Rojava. De nouveaux affrontements ont éclaté à Gire Spi (Tal Abyad) et sont toujours en cours. À Derbesiyé l’armée turque a détruit le mur de séparation par endroit. Plusieurs bâtiments ont été évacués dans la crainte d’une possible invasion turque dans les prochaines heures, une crainte qui dure depuis 3 jours à présent. Les YPG appellent à la création d’une No Fly Zone au-dessus du Rojava. Si la Turquie attaque, les YPG devront dégarnir le front de Raqqa instantanément, signifiant une immense victoire pour Daesh.

Situation géographique de Gire Spi

Manifestation de solidarité à Bruxelles le 26 avril

Situation géographique de Gire Spi
Manifestation de solidarité à Bruxelles le 26 avril

Bilan final du bombardements turc contre le QG des YPG/YPJ sur le Mont Karachok à Derik: 20 combattants tués, dont 12 femmes membres des YPJ. 18 autres ont été blessés. Le Mont Karachok abrite en fait tout un complexe en plus du QG: un média center (également bombardé), une station de radio (également bombardée). La nouvelle académie des YPG/YPJ qui se trouve à une dizaine de kilomètres a été heureusement épargnée. Les YPG/YPJ terminent actuellement une phase cruciale de l’opération pour la libération de Raqqa, la « capitale du Califat ». Raqqa est à présent presque entièrement encerclée par les QSD (Forces Démocratiques Syriennes). Les YPG/YPJ demandent à présent qu’une no-fly zone soit instaurée au-dessus de leur territoire. Si une telle garantie n’était pas donnée, l’opération de libération de Raqqa serait évidemment compromise. Et premier exemple: les YPG/YPJ repoussent depuis ce matin l’armée turque à Afrin (dans le canton le plus à l’ouest du Rojava, le seul encore coupé du reste du Rojava). Washington a vaguement condamné l’attaque contre le Rojava (sans évoquer l’attaque contre le Mont Shengal), arguant que de tels bombardements devraient être « coordonnés par la coalition », le Kurdistan Irakien a rejeté la faute sur le PKK, arguant que si le PKK rentrait en Syrie il n’y aurait plus de bombardements (cinq combattants kurdes irakiens ont pourtant été tués dans l’attaque). Cas particulier pour la Belgique puisque Jan Jambon, Theo Franken et Steven Vandeput, trois ministres NV-A rencontraient justement à Erbil le premier ministre du Gouvernement Régional Kurde Nechirvan Barzani (neveu de Massoud Barzani). Les discussions ont porté sur « la guerre contre le terrorisme ». Il n’y a eu aucune déclaration sur l’agression turque.

Depuis ce matin des affrontements ont lieu dans le village kurde de Firfirke (Canton d’Afrin), où les YPG/YPJ ont répliqué contre une attaque turque. L’artillerie lourde est employée, et des avions de reconnaissance turcs survolent la zone. On en saura plus après les combats.

Manifestation aujourd’hui 26 avril à 14h devant l’Ambassade de Turquie, Rue Montoyer à Bruxelles.

Visite ministérielle de la NV-A au Kurdistan irakien

Localisation des affrontements à Firfirke

Visite ministérielle de la NV-A au Kurdistan irakien
Localisation des affrontements à Firfirke

L’armée de l’air turque a bombardé cette nuit vers 2h du matin des villages kurdes du Mont Shengal (en Irak) et du Mont Karachok (au Rojava). Le Mont Shengal est une montagne dans le nord ouest de l’Irak, à l’ouest de Mossoul, il abrite les Yézidis, un peuple kurdophone et zoroastriste, génocidé par Daesh il y a deux ans et vivant depuis sous la protection du PKK. Le Mont Karachok est situé près de Derik, à l’extrémité nord-est du Rojava, il abrite le quartier général des YPG.

L’attaque contre le Mont Shengal (voir nos articles) tout d’abord: l’armée turque a visé un quartier civil, la station de radio Çıra et un jardin construit en honneur à Abdullah Oçalan (leader emprisonné du PKK) plus précisément. Un civil a été tué, au moins 5 combattants YBS blessés. Les YBS sont les milices yézidies pro-pkk. Malgré le fait que ce soit probablement la première attaque turque contre Shengal, la précision n’était pas au rendez-vous: cinq combattants peshmerguas (les forces armées du régime kurde d’Irak, allié de la Turquie) ont été tués dans l’opération. Selon les peshmerguas, 20 missiles ont visé les positions du PKK, le dernier a touché les peshmerguas. Le communiqué peshmergua blâme à peine la Turquie: demandant au « PKK et à la Turquie de ne pas importer leur conflit ». La Turquie ne s’est à son tour pas excusée et a déclaré que les bombardements visaient à repousser des « menaces terroristes » proches des frontières turques, et que de telles opérations se reproduiraient. En effet, voilà de nombreux mois que les habitants du Mont Shengal craignent une intervention turque, le pire scénario implique une intervention au sol sous la bénédiction du régime kurde irakien.

Une autre attaque a visé le Mont Karachok, près de Derik. Les bombardements ont visé le quartier général des YPG ainsi qu’une autre station de radio, adjacente au batiment, la « Voix du Rojava ». Les YPG ont reconnu « Cette attaque traîtresse a tué et blessé nombre de nos camarades ». On n’a pas encore de bilan précis pour cette attaque, le bilan officiel à 11h était de 18 morts. Le communiqué de l’armée turque concernant les frappes fait penser que ce bombardement était en représailles à l’attaque du « Tunnel de Diyarbakir » (voir l’article) qui a lourdement frappé la police turque.

Mise à jour 12h: Des hélicoptères turcs ont également bombardé plusieurs villages du Dersim du côté turc de la frontière. Plusieurs groupes de guérilla sont actifs dans cette province.

Les deux monts bombardés: Karachok et Shengal

Les deux monts bombardés: Karachok et Shengal

Dans le cadre de la campagne nationale et internationale de soutien au Bataillon International de Libération au Rojava, la J.I.K (Jeunesse Internationaliste du Kurdistan) organise une soirée de soutien le 25 mars au Théatre de l’Usine à Genève. Plus d’info sur Renversé.

Genève : Soirée de solidarité avec le Bataillon International de Libération au Rojava

Genève : Soirée de solidarité avec le Bataillon International de Libération au Rojava

Il y a deux ans mourrait Ivanna Hoffmann, première femme martyre internationaliste qui a inspiré la création du Bataillon International de Libération. A cette occasion, le bataillon a publié un hommage que nous traduisons ici:

Souvenons nous aujourd’hui de notre chère camarade Ivana Hoffmann, nom de guerre Avaşin Tekoşin Güneş, morte ce jour il y a deux ans, dans la bataille de Tal Tamir. Avaşin était internationaliste de la plus pure des façons, de nationalité allemande et d’origine africaine (togolaise). Comme tant d’entre-nous elle a grandi comme une migrante non-européenne, et c’est à travers cette expérience qu’elle est entrée en contact avec les jeunes migrants turcs et kurdes, desquels elle a étudié le marxisme non-dilué qui allait façonner sa vie. Non seulement, son martyre à 19 ans frappe toutes les femmes, puisqu’elle est la première martyre internationale, mais aussi les personnes LGBT, puisqu’elle était lesbienne. Ce sont des fondations sur lesquelles nous pouvons nous appuyer au Rojava. A travers l’altruisme désintêressé, l’engagement dévoué à la cause du socialisme, nous démontront nos valeurs les uns aux autres. Nous défendons Ivanna comme un symbole de notre époque, comme un signe de la lutte grandissante entre les forces de l’égalité et celles de la réactions qui se répandent sur le globe. Peu après sa mort, nous avons répondu à la vague d’émotion et de volontaires que son martyre a évoqué: nous avons formé le Bataillon International de Libération! Ainsi, Ivanna Hoffmann est immortelle! Shehid Namirin !

Ivanna Hoffmann

Des pansements hémostatiques CELOX fournis par la campagne de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava sont arrivés sur place. Un camarade touché au ventre a aussitôt pu s’en servir. Les combattants internationalistes du International Freedom Battalion remercient chaleureusement les donateurs ! La campagne continue, les besoins sont immenses !

Pour faire un don : www.shengal.xyz/donate

Le PDK (Parti Démocrate du Kurdistan, le parti féodal libéral qui gouverne la région autonome du Kurdistan en Irak) veut depuis longtemps conquérir le Rojava. Il demande régulièrement à faire entrer des peshmergas dans ce territoire du nord de la Syrie afin de « combattre Daesh » selon ses propres dires. Les YPG et les YPJ le répètent: si les peshmergas du PDK veulent combattre Daesh en Syrie, ils devront le faire sous l’écusson des YPG et des YPJ. A l’inverse, le PKK contrôle plusieurs zones dans le Kurdistan irakien: les montagnes du nord de la région (à la frontière turque) et le Mont Shengal, la montagne des Yézidis, que Daesh a tenté de génocider alors qu’ils étaient abandonnés par les peshmergas et qui avaient été secourus par le PKK, les YPG et les YPJ. Cette situation est une épine dans le pied du PDK, empêtré dans des scandales de détournement de pétrole et traînant à organiser un référendum sur l’indépendance du Kurdistan Sud tant qu’il n’a pas la garantie de s’y mettre au pouvoir. Le Mont Shengal est aujourd’hui défendu contre Daesh par des milices du PKK et des milices yézidies, le PDK a plusieurs fois poser des ultimatums afin de les en chasser, sans succès.

La situation a évolué en ce début de mois de mars: le PDK demande toujours à faire entrer 5000 « peshmergas rojava » (surnommés « roj-pesh ») en Syrie, il négocie ferme avec les régimes turc et syrien à cette fin et a récemment rejoint l’opération « Bouclier de l’Euphrate ». Pour rappel, cette opération est une mise en place d’une zone tampon empêchant l’unification des cantons du Rojava, elle est pilotée par la Turquie et appliquée par des factions salafistes issues de l’armée syrienne libre. Cette opération a empêché les YPG/YPJ de libérer la ville d’Al-Bab et menace à présent la ville de Manbij qui a été libérée aux YPG après une bataille extrêmement coûteuse en vies humaines.

En plus de la menace sur Manbij, 500 roj-pesh ont été massés aux portes du Mont Shengal ce matin du 3 mars. Ils voulaient passer à Hawl (au-delà de la frontière syrienne, au Rojava) et sont donc passés dans la ville yézidie de Khanasor, contrôlée par des milices yézidies pro-PKK, les YBS. Des affrontements ont éclatés, 400 familles ont été évacuées en quelques heures, fuyant par des routes qu’elles avaient déjà du prendre en fuyant Daesh en août 2014. Cette agression du PDK contre le PKK survient à quelques kilomètres à peine de la ligne de front contre Daesh, dans un village où vivent des centaines de Yézidis qui ont déjà été martyrisés par l’Etat Islamique (des centaines de femmes sont toujours détenues comme esclaves sexuelles). Selon des sources non-officielles, il y aurait eu au moins 10 morts coté PDK, 6 coté YBS, 5 côté PKK, et un civil yézidi, ainsi que des dizaines de blessés. Les milices YBS et PKK n’ont pas d’artillerie lourde au Mont Shengal, mais des témoins rapportent que du matériel est importé depuis le Rojava en urgence. En réaction à cette attaque, des locaux de mouvements proches du PDK au Rojava ont été incendiés par des foules en colère. Notamment le local du KNC à Qamislo.

Politiquement, le Mont Shengal ne fait officiellement pas partie de la région autonome du Kurdistan irakien selon les frontières de 2003. Il est donc disputé entre les gouvernements de Baghdad et d’Erbil mais est défendu par des milices pro-PKK qui encouragent l’administration de la montagne par les Yézidis (en tant que « Yézidistan »). Une réunion d’urgence aurait eu lieu entre PKK, YBS et PDK avec le PUK (un autre parti plus progressiste au Kurdistan irakien) comme médiateur. La réunion aurait échouée et la situation resterait extrêmement tendue sur place.

Pour plus d’information, un statut à dérouler.

Pour mieux comprendre la situation au Kurdistan, voir notre dossier « Notes sur le Kurdistan ».

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

Le Mont Shengal en mai 2016 (cliquez pour agrandir)

Au Rojava, le Bataillon International de Libération (IFB) participe à l’Opération « Colère de l’Euphrate », l’offensive finale sur Raqqa, la capitale de l’Etat Islamique. L’IFB et les autres bataillons YPG ont rapidement progressé. Le 25 janvier à 5h15, une attaque de Daech a été lancée contre le village tenu par l’IFB. Après que les camarades aient identifié l’ennemi grâce à une caméra thermique, l’affrontement a commencé devant tous les points de contrôle du village. Les assaillants ayant réussi à s’infiltrer à l’intérieur du village, les affrontements ont continué jusqu’à la tombée de la nuit, mais la victoire est restée à l’IFB: 8 militants de Daech ont été tués durant l’affrontement, 3 se sont fait exploser et un tank a été pris à l’ennemi. Un combattant de l’IFB a été blessé.

Cette attaque a fait partie d’une attaque généralisée de Daesh sur 23 points du front lors de laquelle deux membres du bataillon formé par les combattants arabes locaux ont été tués et 3 autres blessés. Le 7 janvier, une autre attaque de Daesh avait été repoussée par l’IFB, au prix de la vie de Muzaffer Kandemir, membre des BÖG et combattant de l’IFB. 18 membres de Daesh avaient été tués dans l’attaque (voir notre article). Participez à la campagne de financement de pansements hémostatiques pour les révolutionnaires au Rojava sur rojava.xyz

Combattants de l’IFB

Combattants de l'IFB

Suite à la mise en place d’un cessez-le-feu en Syrie le mois dernier, des représentants du gouvernement syrien et de la « rébellion » syrienne se sont rencontrés à Astana, dans la capitale du Kazakhstan. Les pourparlers ont commencé ce lundi 23 et s’achèveront ce mardi 24 à midi, ils sont sponsorisés par la Russie, la Turquie, l’ONU et l’Iran. Les rebelles (une quinzaine de groupes, voir image), représentés par le salafiste Mohamed Allouche (Jaysh al Islam, « Armée de l’Islam ») refusent de négocier directement avec le régime et refusent d’aborder d’autres sujets que le cessez-le-feu lors de cette première session. Les principaux groupes islamistes (Daesh et Al Qaida (a.k.a Al Nusra, Fateh Al Sham) sont interdits de conférence. Le groupe salafiste Ahrar Al Sham est également absent de la conférence, ce qui témoigne des tensions entre les factions rebelles.

De leur côté, les YPG ont publié un communiqué pour clarifier qu’ils ne seraient pas liés au discussions puisqu’ils n’y ont tout simplement pas été invités « Nous les Unités de Protection du Peuple, pensons que les entités qui participent et sponsorisent ces pourparlers font partie du problème de départ de la Syrie ». D’autres groupes comme le minoritaire ENKS (Conseil National Kurde en Syrie), l’antenne syrienne du Parti Démocrate du Kurdistan, le parti libéral féodal qui gouverne le Kurdistan irakien autonome, ont quant à eux été invités… Ibrahim Biro est venu y défendre ses troupes, les « Rojava Peshmergas » en demandant à ce qu’ils puissent accéder au Rojava. Il a également prétendu représenter les Kurdes de Syrie.

Si le processus ne capote pas d’ici là, une seconde session se tiendra dès le 8 février.

Les groupes rebelles présents à Astana

Les groupes rebelles présents à Astana