Jeudi 1er février, plusieurs médias américains ont rapporté qu’Amazon, le géant de la grande distribution, avait déposé deux brevets portant sur un bracelet qui permettrait de surveiller au plus près l’activité des employés ainsi que leurs temps de pause. Toutefois, il n’est pas encore certain que l’entreprise prévoie de l’utiliser, même si elle est connue pour appliquer des méthodes de management au particulièrement odieuses.

Pour rentrer dans le détail, l’appareil est capable de vérifier la position des mains des employés quand ils sont au travail dans les entrepôts d’Amazon. Il peut par exemple se mettre à vibrer si l’employé n’a pas les mains au bon endroit, s’il attrape le mauvais colis ou simplement s’il n’est pas actif. Par ailleurs, il permet aussi de surveiller la durée des pauses prises par les employés sur une journée de travail.

Un dépôt d’Amazon

Les développeurs de ‘The Guardian Project’, déjà à l’initiative de plusieurs applications à l’usage des militants, viennent de publier « Haven« , une application qui permet de transformer un smartphone Android inutilisé en détecteur de présence. L’application fait simplement usage des différents capteurs (caméras, microphones, mouvements, etc.) pour enregistrer un journal d’événements localement sur le téléphone. L’application est sponsorisée par la « Freedom of the Press Foundation », l’ONG d’Edward Snowden. C’est Snowden lui même qui est à l’origine de l’idée, voir la vidéo plus bas. L’application a été conçue comme une protection contre ce qui est appelée dans le domaine de la sécurité informatique « Evil Maid Attack » (« Femme de chambre démoniaque »). C’est à dire un scénario qui vise une personne déjà protégée. Par exemple, un militant laisse son ordinateur chiffré (avec Veracrypt par exemple), se pensant protégé. Mais lorsqu’il est absent, un intrus rentre chez lui, installe un virus KeyLogger afin d’enregistrer ce qui est tapé au clavier. Le militant rentre chez lui, allume son ordinateur, tape son mot de passe pour le déchiffrer, et ignore qu’il vient de donner son mot de passe à un adversaire. Selon Snowden, l’application protègera contre ce genre de scénario, mais pourra également servir à prévenir des alliés si un militant est kidnappé, peut également protéger une femme d’un agresseur ou d’un harceleur, etc.

L’application peut être configurée pour ne fonctionner que durant certaines heures. Le niveau de sensibilité des capteurs peut être réglé pour coller au genre de menaces dont on souhaite se protéger Correctement configurée, l’application peut envoyer des SMS, et elle peut même envoyer des messages via l’application Signal (que nous vous conseillons d’utiliser !) Même en-dehors de toute connectivité, l’application conserve un journal, et enregistre les sons et images détectés.

Haven est disponible pour Android ici.

Haven vous prévient si quelqu’un s’introduit chez vous en votre absence.

Haven vous prévient si quelqu’un s’introduit chez vous en votre absence.

En Belgique, le niveau d’alerte anti-terroriste est défini par l’OCAM sur une échelle allant de 1 à 4 (donc « faible », « peu vraisemblable », « possible et vraisemblable », « sérieuse et imminente »). Depuis les attentats de Paris de novembre 2015, ce niveau était monté à 3 et n’était pas redescendu. L’OCAM a décidé ce 22 janvier de redescendre le niveau à 2. Le gouvernement fédéral a immédiatement communiqué sur ce passage et a fait plusieurs déclarations plus ou moins compréhensibles: « ce n’est pas le même niveau 2 qu’avant les attentats », « les militaires resteront en rue de façon proportionnelle », « Nous allons continuer à améliorer la culture de la sécurité »… Les militaires devraient donc rester dans les rues des grandes villes à court terme.

Logo OCAM

La ville française de Nice teste depuis lundi « Reporty », une application développée en Israël par la start-up de l’ancien Premier ministre Ehud Barak, qui permet d’appeler lorsqu’on est témoin d’une « incivilité » et de filmer l’incident en temps réel avec le centre de vidéosurveillance de la police municipale. Elle sera testée dans un premier temps par 2.000 personnes, des agents de la ville de Nice, des comités de quartier ou encore, des membres du réseau « Voisins vigilants ».

La personne qui appelle tombe directement sur le centre de supervision urbaine (CSU) et peut transmettre en direct des images de bonne qualité, ce qui permet de la géolocaliser, de cibler les caméras sur la zone et de dépêcher une patrouille. Un système de messagerie instantanée avec traduction automatique permet aussi à un touriste étranger ne parlant pas français de se faire comprendre par la police municipale niçoise. Un bilan sera fait dans deux mois. Nice, dont la police municipale est la première en France en effectif, est quadrillée par 1.950 caméras de vidéosurveillance, soit 27 au kilomètre carré, un record dans l’Hexagone.

L’application Reporty

L'application Reporty

Le Défenseur des Droits vient de remettre, à l’Assemblée Nationale, un rapport assez conséquent sur le maintien de l’ordre en France. Le flashball de type LBD 40, qui a mutilé à de multiple reprises des manifestants, y est mis sur la sellette: « le recours à certaines armes dites de « force intermédiaire » à l’occasion des manifestations doit être encadré et limité compte tenu des tensions que ces armes suscitent et des blessures graves, voire des décès, qu’elles occasionnent. Ainsi, en particulier, le lanceur de balles de défense « LBD 40×46 », dont les caractéristiques techniques et les conditions d’utilisation sont inadaptées à une utilisation dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre, devrait être retiré de la dotation des forces de sécurité dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre. » On appréciera le fait que le LBD 40 avait été introduit, notamment suite aux critiques formulées en 2015 par Le Défenseur des Droits contre l’imprécision des flash-ball, moins puissants, de l’ancienne génération.

Mais dans le rapport on apprend que le préfet de police (de Paris) a désormais pris la décision de proscrire le LBD40 dans les opérations de maintien de l’ordre: « Le Préfet de police a, quant à lui, indiqué à la mission avoir pris la décision d’interdire l’usage du LBD 40×46 dans les opérations de maintien de l’ordre au regard de sa dangerosité et de son caractère inadapté dans ce contexte. Cette évolution est positive et s’inscrit dans le sens d’une meilleure adéquation entre les moyens mis à la disposition des forces de sécurité et les objectifs du maintien de l’ordre. »

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Le rapport

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Une information judiciaire pour « complicité d’actes de torture et de disparition forcée » a été ouverte contre l’entreprise Nexa Technologies plus connue sous son ancien nom, Amesys. Cette entreprise française est soupçonnée d’avoir vendu du matériel de cybersurveillance au régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour l’aider à traquer ses opposants, sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’entreprise Nexa est déjà au cœur d’une enquête en cours pour avoir fourni du matériel de cybersurveillance similaire à la Libye de Mouammar Kadhafi.

Cette enquête, ouverte pour « complicité d’actes de torture et de disparition forcée » et instruite au pôle « crimes contre l’humanité » à Paris, fait suite à une nouvelle plainte de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Appelé Cerebro, le programme suspecté par la justice française d’avoir été vendu à l’Egypte par Nexa permet de traquer en temps réel les communications électroniques d’une cible, à partir d’une adresse mail ou d’un numéro de téléphone par exemple. Il s’agit d’une version actualisée de celui vendu en 2007 par Amesys, à l’époque filiale de Bull, au régime de Kadhafi en Libye.

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Joan Manel Gómez Sanz, l’un des 14 haut-responsables catalans arrêtés par l’État espagnol, il était plutôt visé secondairement par la police dans la répression qui a visé le référendum, mais son téléphone portable est devenu un élément clé de l’enquête. Le téléphone n’était pas suffisamment protégé et les enquêteurs ont pu découvrir que les indépendantistes utilisaient la messagerie Signal pour s’organiser. Deux erreurs ont été commises: premièrement le téléphone n’était pas suffisamment protégé (il aurait dû être chiffré -même avec le chiffrement par défaut d’Android- et éteint), et les messages de certaines conversations n’avaient pas de temps de disparition. Ce dernier point a permis aux enquêteurs d’accéder à plusieurs messages échangés, le premier a permis aux enquêteurs de savoir qui communiquait avec qui, à quelle fréquence, etc. Cette « cartographie » de la communication effectuée par la police est un phénomène extrêmement courant mais trop souvent ignorés. Plusieurs discussions sont menées sur les forums de Signal afin d’identifier sur quels points l’application aurait pu être plus efficaces. Par exemple, même lorsque le temps de disparition des messages est réglé, les heures auxquelles ont lieu les appels Signal ne sont pas effacés de la conversation.

Une vidéo (en espagnol) qui explique cette affaire.

Le téléphone saisi

Le téléphone saisi

Le gouvernement français devrait prochainement créer, au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), une unité spécialisée dans les logiciels espions qui travaillera aussi pour les services enquêteurs dans des procédures judiciaires. Le Service technique national de captation judiciaire (STNCJ) aura pour mission de travailler sur des logiciels capables d’extraire discrètement d’un appareil informatique des données pouvant être utiles à l’enquête (documents stockés dans la mémoire, frappe du clavier ou images affichées à l’écran).

La création du STNCJ doit remédier au fait que les logiciels espions n’ont quasiment jamais été employés dans des enquêtes judiciaires alors que la loi les autorise depuis 2011. Le code de procédure pénale autorise en effet leur utilisation dans les affaires de terrorisme, mais aussi pour un grand nombre de crimes ou délits commis en bande organisée. En 2015, selon la délégation parlementaire au renseignement, des logiciels espions n’avaient été utilisés qu’à six reprises dans des enquêtes. Pourtant, les enquêteurs sont confronté au recours de plus en plus fréquent de messageries comme WhatsApp ou Telegram. L’utilisation de logiciels espions permet dans certains cas cet obstacle, en captant les données avant qu’elles ne soient chiffrées.

Pour en savoir plus

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C’est probablement une première à Bruxelles, la police a fait usage d’un fusil flashball (identifié par des témoins comme un FN303). Au moins 4 personnes ont été blessées. La Brigade anti-banditisme a ainsi attaqué des sans-papiers de la « Voie des Sans-papiers » qui déménagaient vers une nouvelle occupation (autorisée par la commune). Des personnes ont emprunté la mauvaise entrée de la nouvelle occupation, passant par un bâtiment mitoyen. La BAB a d’abord gazé le bâtiment en question (dans lequel se trouvaient déjà plusieurs occupants, dont des enfants de deux ans. Un policier a sorti son arme de service et plusieurs coups de flashball ont été tirés. Quatre personnes ont été blessées, dont une à l’entre- jambe, partie vers laquelle il est interdit tirer. Les munitions utilisées sont des projectiles de peinture.

La police attaque au flashball à Bruxelles

La police attaque au flashball à Bruxelles