Trois militants du MLPK ont été tués ces dernières semaines au Kurdistan. Ulaş Alankuş (Şafak Kızıldere) a été tué dans un échange de coups de feu avec les forces de sécurités turques à Ağrı, le 9 août, alors qu’il se rendait dans la région de la Mer Noire. Şenol Sağaltıcı (Ferhat Erebo) et Ümit Tekin (Metîn Dîcle) ont été tués par un missile tiré par un drone turc le 16 septembre au Rojava. Une commémoration en leur honneur aura lieu ce mercredi 28 septembre au Sacco-Vanzetti à partir de 17h00.

Le HBDH (Mouvement révolutionnaire uni des peuples, alliance des forces armées de dix organisations révolutionnaires kurdes et turques en Turquie, ont revendiqué en leur mémoire l’incendie le 23 septembre de l’usine Armis, dans la zone industrielle de Torbalı, à Izmir. Cette usine de literie est un fournisseur l’armée turque. L’usine a été mise hors service: 30000m² ont été totalement incendiés.

 

Détenu depuis une semaine dans la prison de type T de Malatya Akçadağ, Barış Keve est décédé dans une cellule d’isolement. Le prisonnier politique kurde avait 25 ans. L’administration pénitentiaire a appelé la famille de Keve dimanche soir, à 22 heures, pour l’informer que Barış Keve s’était suicidé. À la nouvelle de la mort du jeune homme, la famille qui vit à Çatak, dans la province de Van, s’est rendue à Malatya. Ilkkan Keve, le frère aîné du défunt, a déclaré avoir parlé avec Barış le vendredi 16 septembre pour la dernière fois, et ajouté n’avoir rien senti de négatif lors de la conversation. Condamné à 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste », Keve avait été arrêté à Edirne. Transféré à la prison de Malatya Akçadağ il y a 5 jours, il avait été placé en cellule d’isolement au titre de « sanction disciplinaire ».

En 1995, les proches des disparus de forces ont créé l’Initiative des « Mères du Samedi » car ses membres étaient essentiellement les mères des disparus. Ces mères, dont certaines sont âgées de plus de 80 ans aujourd’hui, se réunissaient chaque samedi sur la place Galatasaray, à Istanbul. Elles demandaient qu’on leur rende leurs enfants, maris, parents disparus de forces après le coup d’État militaire de 1980 et l’état d’urgence des années 1990 dans les régions kurdes du pays. Leurs rassemblements pacifiques ont été interdits par le gouvernement dès le 25 août 2018, alors que les Mères du samedi célébraient leur 700e rassemblement hebdomadaire. La police a attaqué la foule, blessé et arrêtés de nombreuses personnes dont une mère de plus de 80 ans.

Il en a suivi un procès contre 46 personnes, dont les proches des disparus, devant la 27e Haute Cour Pénale d’Istanbul, qui en est à sa 5e audience. Les « Mères du samedi » devaient faire une déclaration à la presse avant l’audience devant le palais de justice, en compagnie de représentants d’organisations de défense des droits de l’homme, de partis politiques et d’organisations non gouvernementales. Le groupe a été bloqué par la police qui a invoqué une décision d’interdiction d’un jour émise par le bureau du gouverneur du district de Kağıthane. Les participants aux rassemblement ont été encerclés, brutalisés et, pour 14 d’entre eux,  arrêtés par la police, dont les avocats chargés de l’affaire, Efkan Bolaç et Meriç Eyüboğlu, Gülseren Yoleri, directeur de la branche d’Istanbul de l’Association des droits de l’homme (IHD), Leman Yurtsever, directeur de la branche d’Istanbul de l’IHD, et Alper Taş, membre du Parti de gauche.

Les « mères du samedi » (archive)

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Le Congrès de la société démocratique (DTK), le Mouvement des femmes libres (TJA), le Parti des régions démocratiques (DBP), le Parti démocratique des peuples (HDP) et le Mouvement écologique de Mésopotamie organisent une marche vers le Mont Cudi dans la province de Şırnak pour protester contre la destruction de la nature menée par l’armée turque dans le cadre de sa guerre totale contre la guérilla kurde. C’est pour dénoncer des pratiques tels que les abattages massifs d’arbres ou l’incendie des forêts que les manifestants sont venus de la région de Serhat et de Van, mais aussi d’Amed et des métropoles turques. Dans une tentative d’empêcher l’action, les soldats turcs ont attaqué les gens avec de l’eau sous pression et des bombes à gaz.

 

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Alors que la peine de mort est interdite en Turquie, elle est appliquée à Afrin, région kurde du nord de la Syrie occupée par Ankara depuis plus de quatre ans. Le tribunal militaire d’Azaz, petite ville du nord de la Syrie occupée par la Turquie, a condamné un habitant d’Afrin à la peine de mort, et plusieurs membres de sa famille à la prison. Enlevé il y a plus d’un an dans la ville d’Afrin occupée par Ankara depuis 2018, le jeune Hisên Yusif, 22 ans, a été condamné à la peine capitale. Son frère Izedin (20 ans), son père Yusif, son cousin Mistefa (24 ans) et l’épouse de ce dernier, Zeyneb (29 ans), ont été condamnés à des peines de réclusion allant de 3 à 13 ans. D’après l’oncle du condamné à mort, il est reproché à celui-ci et à ses proches emprisonnés d’avoir été en contact avec les structures qui administraient ce canton kurde avant l’invasion turco-jihadiste. Les intéressés, ainsi que trois autres membres de leur famille, avaient été enlevés à Afrin par les services de renseignement turcs (MIT) durant l’été 2021 et détenus au secret pendant plusieurs mois.

La prise d’Afrin par les forces turques et jihadistes

Figen Yüksekdag est cofondatrice du Parti socialiste des opprimés (Ezilenlerin Sosyalist Partisi, ESP), dont elle a été la présidente jusqu’en septembre 2014, année où son parti a rejoint le HDP. Au deuxième congrès du HDP, le 22 juin 2014, Figen Yüksekdag est élue coprésidente du parti avec le député kurde Selahattin Demirtaş. Aux élections législatives de juin 2015, elle est élue à Van. L’année suivante, le 4 novembre 2016, elle est arrêtée avec de nombreux autres députés du HDP, dont Demirtas. Depuis, elle est détenue dans la prison de haute sécurité de Kandıra, dans la province de Kocaeli, à l’ouest de la Turquie. Elle fait partie des 108 accusés poursuivis dans le cadre du procès dit de Kobanê et encourt à ce titre la prison à vie.

Elle a écrit en prison un recueil de poèmes,  « Yıkılacak Duvarlar » (« Les murs s’écrouleront »), qui a été publié en 2020 par la maison d’édition Ceylan à Istanbul. Un tribunal d’Antalya l’a désormais interdit, les éditions de ce livre ne peuvent plus être vendues depuis jeudi. La prochaine étape consistera pour les représentants de la sécurité de l’Etat à se rendre dans les librairies et la maison d’édition afin de confisquer tous les recueils de poèmes disponibles en vue de leur destruction. Pour justifier l’interdiction du livre, la justice turque a choisi une ligne du poème « Bulutlu Başım » (en français : Ma tête trouble). «L’humanité se tortille au bord du néant tandis que les sous-sols brûlent, emmaillotées dans l’obscurité, que l’on tire dans la tête des bébés dans les maisons isolées.» C’est une allusion aux massacres perpétrés par l’armée turque en 2016 dans la ville de Cizre, dans des sous-sols d’immeubles où de nombreuses personnes s’étaient réfugiées pendant le siège militaire. Au moins 177 personnes ont été brûlées ou abattues par les forces de sécurité dans les sous-sols.

La députée du Parti démocratique des peuples (HDP) Semra Güzel, dont l’immunité parlementaire avait été levée en mars dernier, a été placée en garde à vue, ce vendredi, à Istanbul. La levée de l’immunité de la députée de Diyarbakir avait été votée par l’assemblée nationale turque le 1er mars 2022, approuvée par 313 voix contre 52, seuls les députés HDP ayant voté contre. Les autorités turques avaient pu ensuite émettre un mandat d’arrêt contre la parlementaire kurde pour « appartenance à une organisation terroriste ». Dans les minutes qui ont suivi l’arrestation de la jeune femme, médecin de profession, le ministre de l’intérieur turc Suleyman Soylu s’en est targué sur son compte twitter, félicitant la police d’avoir mené « une opération réussie ».

L’armée turque rencontre beaucoup de difficultés au Kurdistan irakien. Pour tenter de repérer les unités de guérilla du PKK, pour ensuite effectuer des frappes aériennes contre elles, elle ne se contente plus de la surveillance par drone. Les forces turques essaiment des caméras sur les hauteurs. La guérilla kurde a diffusé des images prises dans les régions de Xakurke, Heftanîn et Metîna où ses combattants désactivent ce réseau de caméras de surveillance, en démontant et les emportant les caméras (photo) ou en les détruisant en tirant dessus. Pour installer une caméra dans ces régions défendues par la guérilla, des unités de 30 à 35 soldats turcs sont déployées.

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Au début du mois de juillet, le procureur général Peter Frank s’est rendu en Turquie (photo). À l’invitation du procureur général turc, il a rencontré Erdoğan, le procureur général, le président de la Cour de cassation et le ministre de la Justice. Un porte-parole du parti Die Linke a interpellé le gouvernement fédéral sur cette visite. Le gouvernement est resté silencieux sur le contenu de la réunion, déclarant qu’aucune « procédure pénale concrète » n’avait été discutée. Néanmoins, la réponse du gouvernement fédéral a révélé que le gouvernement fédéral transmet toutes les condamnations de citoyens turcs en Allemagne au ministère turc de la justice. Cela concerne des dizaines de milliers de données, avec une tendance à la hausse. En 2017, 47 779 dossiers dits pénaux ont été transmis à la Turquie, ils seront 57 531 en 2019 et 69 790 en 2021. Cela vaut notamment pour les personnes qui ont été condamnées pour avoir enfreint la « loi sur les associations » et qui sont presque toujours des membres du mouvement kurde.

Deux membres dirigeantes du Parti socialiste des opprimés (ESP) et de l’Union des femmes socialistes (SKB), Deniz Aktaş et Ebru Yiğit, ont été placées en détention dans la métropole d’Istanbul suite à un raid effectué jeudi soir dans un appartement du quartier de Gazi par unité spéciale antiterroriste. Quatre personnes au total ont été arrêtées et emmenées au siège de la direction de la police d’Istanbul chargé de la lutte contre le terrorisme. Le raid a eu lieu au domicile de Nurcan Gülbudak. Elle est la veuve du militant kurde Sezgin Dağ, qui a survécu à l’attentat du Daesh à Suruç, mais est décédé en novembre 2020 en exil en Suisse. Aktaş et Yiğit séjournaient chez Gülbudak en tant qu’invitées. Elles ont été soumise à une fouille nue dégradante au poste de police en présence d’officiers masculins. Une ordonnance de secret a été imposée sur le dossier d’enquête, et les autorités ont imposé une interdiction de 24 heures aux avocats.

L’ESP s’est fait connaître notamment avec les manifestations de Gezi en 2013. L’un de ses membres fondateurs est l’ancien coprésident du HDP emprisonné, Figen Yüksekdağ. L’ESP est une des forces co-fondatrices du HDP (Parti démocratique des peuples). Le 20 juillet 2015, un attentat à la bombe a été perpétré à Suruç contre l’organisation de jeunesse de l’ESP, la Fédération des associations de jeunesse socialiste, a fait 33 morts, pour la plupart des jeunes qui allaient tenir une conférence de presse avant de partir pour le Rojava. 104 autres personnes ont été blessées dans l’attaque.

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