Une décision du ministère de l’Éducation a muter de force plusieurs milliers de professeurs de certains lycées du pays. Souvent des enseignants critiques, syndiqués ou ne suivant pas la ligne du régime et ayant pris part aux manifestations antigouvernementales ( notre article ici ). Un plan aux allures de purge politique. Sit-in, grèves, boycott des cours, les lycéens sont descendus dans la rue à Istanbul, Ankara, Izmir, Antalya, mais aussi dans de plus petites villes. Les élèves se sont rassemblés pour défendre leurs enseignants. Dans certains établissements, des banderoles ont été déployées, des cortèges improvisés, et des slogans lancés contre l’AKP, le parti d’Erdogan. Cette mobilisation lycéenne vient s’ajouter aux actions de boycott toujours en cours dans le pays. La répression ne s’est pas fait attendre, des policiers en arme sont aux abords des lycées. À plusieurs reprises, ils ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les lycéens.

Les premiers procès de manifestants se sont ouverts ce vendredi 18 avril. 8 journalistes sont accusés de participation à des rassemblements illégaux. 189 personnes ont comparu à Istanbul lors de deux audiences distinctes. La première a duré moins d’une heure, la salle était trop petite pour accueillir les 90 étudiants qui devaient comparaître. Le procès de 45 d’entre eux a été reporté au 4 juillet. Les autres seront jugés plus tard. Dans une autre salle, 99 personnes parmi eux, les 8 journalistes et 4 avocats. La cour a décidé de renvoyer leur procès à une date ultérieure, pas encore définie. L’audience s’est poursuivie toute la journée pour les 87 autres accusés, tous des étudiants qui ont participé aux manifestations. Ces jeunes se sont succédé à la barre pour réclamer un acquittement général immédiat et rappeler que la liberté de manifester était garantie par la Constitution turque. La date de la prochaine audience est fixée au 3 octobre.


Sit-in organisé devant le tribunal d’Istanbul à l’ouverture des premiers procès

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Dix prisonniers révolutionnaires sont en grève de la faim illimitée dans les prisons turques pour dénoncer l’isolement carcéral (en particulier dans les prisons de type S, Y et R), les transferts forcés et exiger de meilleures conditions de détention. De nombreuses actions sont organisées partout en Europe pour les soutenir, notamment des grèves de la faim de personnes solidaires.

• Sercan Ahmet Arslan : en grève de la faim depuis le 18/10/2024
• Serkan Onur Yılmaz : en grève de la faim depuis le 09/12/2024
• Mulla Zincir : en grève de la faim depuis le 12/12/2024
• Bakican Işık : en grève de la faim depuis le 18/12/2024
• Yurdagül Gümüş : en grève de la faim depuis le 30/12/2024
• Mithat Öztürk : en grève de la faim depuis le 11/02/2025
• Hasan Ali Akgün : en grève de la faim depuis le 17/02/2025
• Ali Aracı : en grève de la faim depuis le 17/02/2025
• Ayberk Demirdöğen : en grève de la faim depuis le 10/03/2025
• Fikret Akar : en grève de la faim depuis le 29/03/2025

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11 personnes accusées d’avoir relayé des appels au boycott après l’arrestation du maire d’Istanbul ont été interpellées. Les autorités tentent par tous les moyens d’éteindre la contestation. 5 autres personnes sont toujours recherchées, elles aussi sont poursuivies pour « incitation à la haine ». Les étudiants et l’opposition avaient lancé un appel au boycott et à la journée sans achat en soutien aux personnes arrêtées et maintenues en détention depuis les manifestations anti-gouvernementales ( voir notre article ici ). Environ 2000 manifestants avaient été interpellés, plus de 300 sont toujours détenus, ils encourent, pour la plupart, jusqu’à trois années de prison pour participation à des manifestations non autorisées. Mercredi à Istanbul et Ankara, cafés, bars et restaurants avaient choisi de rester fermés. Les autorités ont bloqué plusieurs sites internet listant des entreprises à boycotter.

La guérilla kurde a déclaré que l’armée turque avait mené 11 585 attaques terrestres et aériennes contre les forces kurdes. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a déclaré un cessez-le-feu le 1er mars, en réponse à l’appel d’Abdullah Öcalan. La direction du Centre de défense du peuple a donné instruction à toutes les forces principales, aux unités indépendantes et aux unités d’autodéfense en Turquie et au Kurdistan du Nord, de respecter la décision de cessez-le-feu et d’agir en conséquence. Malgré cela, l’État turc a poursuivi ses attaques contre le Kurdistan du Nord et les zones de défense tout au long du mois mars. Le centre de média de la guérilla kurde a publié le bilan de ces attaques.

Extrait du bilan en lien ici

14e jour, Le Parti républicain du peuple (CHP) a finalement reporté le rassemblement qui devait être organisé ce mercredi 2 avril au soir. Pour maintenir la pression, dénoncer l’arrestation du principal rival du président Erdogan, le maire Ekrem Imamoglu et le maintien en détention des centaines de manifestants qui sont descendus dans les rues de tout le pays durant plusieurs jours, l’opposition et les étudiants ont lancé un appel au boycott des entreprises proches des autorités et ont appelé à une journée sans achats pour affecter toute l’économie turque. Ce mardi 1er avril, le parquet d’Istanbul a ouvert une enquête pour « incitation à la haine et discrimination », en visant des personnes qui ont relayé ces appels au boycott.

Le militant kurde, Nasır Yağız, ancien employé du bureau de représentation du parti HDP (Parti démocratique des peuples) à Erbil, avait fait une demande d’asile politique en Russie pour échapper aux prisons turques, il a été livré par les autorités russes à la Turquie. Le militant kurde, était sous un mandat d’arrêt émis en Turquie.  Il s’est récemment rendu en Russie pour  y demander l’asile, sa demande a été refusée et il a été arrêté. Yağız était détenu à Moscou depuis 4 jours, il a été amené à l’aéroport d’Istanbul le lundi 24 mars au matin, la police turque a procédé à son interpellation et l’a conduit immédiatement au palais de justice de Gaziosmanpaşa.

Joakim Medin, journaliste suédois, a été arrêté et placé en détention à Istanbul, il est accusé par les autorités turques de «terrorisme» et «d’insulte au président» Recep Tayyip Erdogan. Le journaliste a été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Istanbul le 27 mars où il devait couvrir le mouvement de contestation et incarcéré le 28 mars. Son interpellation et incarcération font suite à sa participation à une manifestation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm.

2.000 000 de personnes ont participé, ce samedi 29 mars, à une manifestation massive de l’opposition à Istanbul pour défendre la démocratie et dénoncer la répression qui continue de s’abattre sur les protestataires. Ces chiffres n’ont pas été confirmés de manière indépendante. Dès le début de la matinée, des ferries affrétés sur le Bosphore ont amené les participants jusqu’au lieu du rassemblement. Depuis le 24 mars, la foule a cessé de se rassembler devant la municipalité. Les jeunes et les étudiants ont tenté de poursuivre la mobilisation mais la répression a continué avec des arrestations à leur domicile à l’aube. Rien qu’à Istanbul, 511 étudiants avaient déjà été interpellés vendredi, dont 275 ont été incarcérés. Selon les dernières données officielles publiées jeudi, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées, 950 ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire.

Huitième jours de soulèvement, un mouvement étudiant expérimente différentes tactiques de protestation. Ils ont commencé par des fermetures de campus et des grèves dans l’éducation ensuite, le mouvement s’est étendu à des appels au boycott des commerces proches du gouvernement, aux blocages des rues et à la formation de comités de protestation. Depuis le début du soulèvement, la police a arrêté environ 1 500 personnes pour leurs liens présumés avec les manifestations. Depuis le 21 mars, 447 personnes, dont 20 enfants, ont été arrêtées et 177 ont été placées en détention provisoire. Sept journalistes ont été interpellés et sont en prison, 3 des ces journalistes ont été libérés hier.

Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a publié sur X un message de menace promettant « aucune concession » à ceux qui « terrorisent les rues ». La Turquie censure fortement les informations médiatiques, 85 % des médias nationaux sont contrôlés par le gouvernement. Les autorités ont aussi emprisonné des militants pour leurs publications sur les réseaux sociaux, le réseau X a accédé aux exigences turques de suspendre les comptes liés aux manifestations.

Ce Mercredi soir a été le premier soir sans grand rassemblement, pour ne pas s’essouffler, le mouvement fait un appel à contester en brandissant des drapeaux, en déclenchant un concert de sifflets, de casseroles et de slogans depuis les fenêtres, les balcons ou encore en klaxonnant abondamment dans les rues. Dans les grandes villes comme Istanbul, Ankara ou Izmir, le mouvement a été plus ou moins suivi selon les quartiers. D’autres rassemblements, de moindre ampleur, avaient lieu au même moment.