Malgré l’interdiction formelle de toute sorte de rassemblements à Istanbul, de nombreuses personnes se sont rassemblées dimanche à l’occasion du nouvel an kurde, le Newroz. Une manifestation réprimée brutalement à l’aide de gaz lacrymogène, canons à eau et balles en plastique. Plusieurs dizaines de personnes ont également été arrêtées. Au total 120.000 policiers et 80.000 gendarmes avaient été mobilisés cette année pour le Newroz.

Dans certaines zones du pays pourtant, les célébrations ont été maintenues. C’est notamment le cas dans la grande ville kurde de Diyarbakir. Chaque année, plus de 100.000 personnes s`y réunissent. Le rassemblement a été autorisé avec un interdit : pas de drapeau à l’effigie d’Abdullah Öcalan (interdit bravé par plusieurs manifestants). Seules étaient tolérées les bannières du HDP et celles prônant le « non » au référendum constitutionnel, donnant ainsi à l’événement un net accent anti-Erdogan. Le 16 avril, les électeurs sont en effet appeler à se prononcer pour ou contre l’élargissement des pouvoirs du président Erdogan.

Participants au Newroz brandissant le

EDIT: Un Kurde a été tué par la police lors du Newroz à Diyarbakir.

Participants au Newroz brandissant le

Au total, 740 personnes soupçonnées d’appartenir au PKK ont été arrêtées au cours des trois derniers jours dans le cadre de 36 opérations policières simultanées. La police affirme avoir saisi, au cours de ces opérations, un fusil d’assaut AK-47, quatre pistolets, 14 fusils et des munitions ont été saisis, ainsi qu’un grand nombre de documents. En février, 259 personnes avaient déjà été arrêtées dans plusieurs opérations contre le PKK. Parmi elles, 39 sont encore en détention. A Allemagne, 30.000 Kurdes ont manifestés à Francfort pour dénoncer le régime dictatorial d’Erdogan, dans la perspective du referendum qui vise à augmenter encore les pouvoirs de la présidence.

La manifestation d’hier à Francfort

La manifestation d'hier à Francfort

Erdogan Cakir (militant marxiste kurde du Front Populaire) est en grève de la faim depuis le 13 février dernier, suite aux fouilles corporelles à nu qu’il a subit dans le centre de détention de Villenauxe la Grande. Un rassemblement aura lieu devant le centre de détention de Villenauxe la Grande, ce samedi 18 mars 2017 à 14h.

Erdogan Cakir

Erdogan Cakir

Des guérilleros du PKK ont fait exploser aujourd’hui un IED sur l’autoroute Mardin-Diyarbakir, lors du passage d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux militaires ont été tués dans l’explosion. Des renforts ont été envoyés sur place et une opération anti-guérilla, avec une couverture aérienne a été lancée. La circulation sur l’autoroute a été bloquée dans les deux sens.

Le théâtre de l’embuscade

Le théâtre de l'embuscade

Les forces de sécurité turques ont lancé dimanche soir 6 mars l’une des plus vastes opérations anti-guérilla de ces dernières années dans le Kudistan turc. Quelque 7000 gendarmes, 600 policiers d’élite, ainsi que des dizaines d’hélicoptères et de blindés ont été mobilisés pour cette offensive à Lice, dans la province de Diyarbakir. En outre, 18 villages ont été placés sous un strict couvre-feu jusqu’à nouvel ordre. Cette opération vise à neutraliser les guérillas du PKK actives dans ces zones boisées et montagneuses. Une autre opération a été menée à Genc, dans la province de Bingol

Les autorités turques affirment avoir tués 4 guérilleros à Lice et 6 autres à Genc. Une des personne tuée à Lice, Edip Yetut, surnommé Erhan Siser, était activement recherché pour sa participation présumée à la guérilla urbaine à Diyarbakir. Sa tête avait été mise à prix à 1 million de livres turques.

Edip Yetüt, tué le 6 mars par la contre-guérilla

Edip Yetüt, tué le 6 mars par la contre-guérilla

La Turquie a commencé à déployer des véhicules blindés modernes Kobra 2 le long du mur de béton, construit sur la frontière turco-syrienne, dans le cadre du blocus contre le Rojava. Ce véhicule a été conçu et produit en Turquie, possède un ensemble de systèmes de surveillance avancés, permettant de détecter précisément des menaces éventuelles à une distance d’une dizaine de kilomètres. En particulier, le véhicule est équipé d’un radar, d’un système de détection de cibles, de viseurs et de caméras thermiques.

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava

Un Kobra 2 le long du mur isolant le Rojava

Asli Ceren Aslan, rédactrice en chef du journal Özgür Gelecek (Futur Libre) a été arrêtée le 9 février dans la province d’Urfa, province kurde du sud-est de la Turquie. Elle n’a toutefois été « officiellement » arrêtée que 4 jours plus tard. Elle se trouvait dans cette province proche de la frontière syrienne pour suivre les événements au Rojava. Elle est inculpée de ‘violation de la frontière’ et d’être « membre d’une organisation illégale », inculpations qu’elle a réfutée en affirmant qu’elle faisait son travail de journaliste. Son avocat témoigne aujourd’hui qu’Aslan a été battue en détention et déshabillée de force dans les locaux de la police anti-terroriste. Elle est à présent détenue à la Prison de Type 2 de Urfa.

Asli Ceren Aslan

Asli Ceren Aslan

La manifestation qui devait avoir lieu ce matin à 10h à la Place du Luxembourg a été attaquée par la police. Selon la police, toute manifestation ayant trait à la Turquie est interdite pour le moment « par craintes d’attaques » de la part des fascistes turcs. La police a appliqué elle-même cette règle moins d’une minute après le début de la manifestation en arrachant la banderole des mains des manifestants avant de les plaquer au sol et de les traîner dans la boue. Quinze manifestants ont été colsonnés durant une vingtaine de minutes et relâchés après prise d’identité. La police de Liège avait également empêché une distribution de tracts pour la libération de Musa à la Place Saint-Lambert il y a trois jours.

La soirée de solidarité qui avait lieu hier soir au Sacco-Vanzetti a elle été un succès, avec une salle comble, un repas solidaire, une projection d’une interview de Musa Asoglu et une intervention du Comité « Liberté pour Musa Asoglu ». Des milliers de tracts informant de la situation de Musa ont été distribués à la Place de la Monnaie quelques heures avant.

30 secondes avant l’intervention de la police, le 22 février dernier

Les forces de sécurité turques mènent une grande offensive contre les guérillas du PKK dans des conditions hivernales rigoureuses dans la province turque de Tunceli. Cette opération mobilise la 4e brigade des Commandos, la 51e brigade du Hozat ainsi que le commandement de la gendarmerie provinciale de Tunceli. Elle est menée dans des vallées couvertes de neige et des régions montagneuses sous des températures inférieures à zéro, tombant à moins de 20 degrés. Par ailleurs, 34 chasseurs-bombardiers turcs ont bombardé des cibles du PKK dans la région de Zap, au Kurdistan irakien.

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Les commandos turcs dans les montagnes de Tunceli

Le tribunal correctionnel de Bruges a condamné aujourd’hui lundi Fehriye Erdal par défaut à 15 ans de prison. Fehriye Erdal n’a pas assisté au procès, qui a débuté le 5 décembre. Le ministère public avait requis 30 ans de réclusion pour la militante du DHKP-C. Le 9 janvier 1996, l’oligarque turcs Özdemir Sabançi, son secrétaire et Haluk Gorgün, directeur-général de Toyota Turquie, étaient abattu dans les locaux de la Holding Sabançi à Istanbul. A cette époque, Erdal y travaillait comme serveuse. Selon la justice turque, elle aurait donné accès au commando du DHKP-C.

En 1999, Erdal avait fui vers la Belgique et avait été interpellée à Duinbergen, en Flandre occidentale. Elle avait réussi à se soustraire à la surveillance policière en 2006. Elle avait finalement été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour non-respect de la législation sur les armes. Entre-temps, la Turquie avait réclamé son extradition pour juger l’affaire Sabançi. La famille Sabançi a porté plainte et s’est portée partie civile en Belgique. La cour de cassation a décidé que la justice belge était compétente pour juger cette affaire.

Rassemblement dénonçant le procès devant le tribunal de Bruges

Rassemblement dénonçant le procès devant le tribunal de Bruges