Une lutte importante est en cours en Turquie dans la région de Karadeniz (Mer Noire) contre le projet de construction d’une route de 2600 km qui doit traverser les terres agricoles et les pâturages: le Projet Yeşil Yol. La population occupe les terres, bloque les chantiers et attaque les entreprises qui sont protégées par les commandos de la gendarmerie. Des affrontements ont opposés villageois et gendarmes. La résistance populaire est soutenue dans tout le pays, des manifestations ont eu lieu à Izmir et 10.000 personnes ont défilé à Istanbul.

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Une villageoise lors d’un blocage du chantier

Une villageoise lors d'un blocage du chantier

Suite à de multiples agressions de la part des troupes turques et à la construction du barrages dans le Nord-Kurdistan, le KCK (Union des Communautés Kurdes, organisation qui regroupe le PKK et ses organisations sœurs en Turquie, Syrie, Irak et Iran) a officiellement mis fin à la trêve qui avait été déclarée par Abdulah Öcalan « Apo » en 2013. « Toutes nos sources, y compris nos guérillas sont mobilisées […] les barrages et les engins de construction seront les cibles principales de nos forces de guérillas » a déclaré dans ce communiqué le KCK, ce dimanche. La Turquie utilise le cessez-le-feu pour construire de nombreuses installations dans le Nord-Kurdistan, surtout des barrages et des avant-postes. Le nombre de barrages construit est disproportionné par rapport à la production énergétique possible dans la région.

Suite à l’annonce du KCK, les bombardements et les vols de drônes au-dessus du Nord-Kurdistan ont augmenté, un policier turc a été blessé à la jambe après l’arrestation de deux membres du ‘Mouvement de la Jeunesse Patriotique Révolutionnaire’ (YDG-H, organisation de jeunesse du PKK), trois engins de construction ont été incendiés par des partisans armés, une manifestation de solidarité avec Öcalan a tourné à l’émeute, les manifestants érigeant des barricades et lançant des cocktails molotov… Des sources turques déclarent également que trois soldats turcs ont été tués, mais l’information ne peut pas être vérifiée actuellement.

Affrontements entre la police et une organisation de jeunesse kurde.

Affrontements entre la police et une organisation de jeunesse kurde.

Ce matin à 8 heures, un détachement militaire qui avait pris part à une opération de ratissage dans les forêts de la zone frontalière d’Erzurum, a ouvert le feu sur un minibus civil, tuant un villageois et en blessant gravement deux autres. L’incident s’est passé dans le village de Gundik (Koyunlu) du district de Göle, dans la province d’Ardahan. Après le tir, les militaires se sont approchés du minibus, mais ont quitté les lieux peu de temps après, sans fournir assistance aux villageois qu’ils avaient blessés.

L’arrivée des blessés à l’hôpital

L'arrivée des blessés à l'hôpital

Dans le district de TepêSirya Eruh (province de Siirt), les forces de sécurité ont accéléré les travaux pour la construction de nouvelles routes stratégiques et de nouveaux points de contrôle. Les Forces de Défense populaire du PKK ont mené une action d’avertissement en mettant le feu à quatre camions de l’armée turque transportant des matériaux de construction vers ce chantier. L’armée turque a lancé une vaste opération dans la province avec de nombreux véhicules blindés soutenus par des hélicoptères de type Cobra.

Hélicoptère Cobra de l’armée turque

Hélicoptère Cobra de l'armée turque

Le 1er juillet, suite à une vague de perquisitions, 9 personnes avaient été arrêtées dans le district de Nusaybin (province de Mardin). Après une comparution devant le bureau du procureur de la République, six d’entre eux ont été libérés et les trois autres inculpés d’« appartenance à une organisation terroriste » (le PKK). Ces trois jeunes gens, Halil Oktay, Ramazan Tunç et Doğan Yakup ont été envoyés à la prison de Mardin. Ils sont accusés plus spécifiquement d’avoir levé des barricades lors d’une manifestation avenue Midyat, provoquant les forces de police avec gaz lacrymogènes et canons à eau.

Une des arrestations à Nusaybin

Une des arrestations à Nusaybin

52 personnes avaient été arrêtées dans le district d’Erciş (Van) pour avoir participé à des manifestations les 6-8 octobre 2014, manifestations qui avaient tourné à l’affrontement avec les forces de sécurité. Les manifestants essentiellement des Kurdes, montraient leur solidarité avec la résistance de Kobané contre l’offensive de l’Etat Islamique qui était alors à son sommet. Ils dénonçaient la complicité de l’état turc avec l’EI, le siège local de l’AKP avait d’ailleurs été attaqué par les manifestants.

Les 52 manifestants étaient accusés de onze motifs, allant de la « propagande pour une organisation terroriste » (le PKK) à « appartenance à une organisation armée », en passant par « destruction de biens publics », etc. Le procureur a requis un total de 297 années pour chaque manifestant, soit un total de 15.444 ans de prison ! Seuls les rapports de police ont été utilisés comme preuve dans l’acte d’accusation. Aucune photo, aucune vidéo ne montre les accusés participer à quelque dégradation que ce soit, par contre les accusés sont tous des militants kurdes connus dans la région.

Van, le 7 octobre 2014

Van, le 7 octobre 2014

L’Etat turc rentrerait finalement en Syrie, 4 ans après le début de la guerre. Dans un discours, vendredi dernier, Erdogan a annoncé qu’il ne laisserait pas la formation d’un état kurde avoir lieu en Syrie, pointant du doigt que le PYD (Parti de l’Union Démocratique) contrôle par l’intermédiaire de ses branches armées (les YPG et les YPJ) une grande partie du territoire au centre et à l’est du nord de la Syrie.

Depuis le 28 juin, plusieurs opérations militaires ont effectivement eu lieu de la part de la Turquie contre le PKK. D’abord des vols de drônes, des mitraillages,et enfin des bombardements soutenus par des tanks et des mortiers. Voir nos précédents articles.

A terme, le but de la Turquie est d’occuper via 18.000 soldats et un appui aérien, un territoire de 100km entre la ville de Mare et la ville de Kobané, rentrant de 30km à l’intérieur de la Syrie. Zone que les médias et militaires turques ont déjà surnommé ‘Ligne de Mare’. La prise de cette zone par la Turquie, empêcherait les YPG/YPJ de prendre le contrôle de la partie ouest du Rojava. La ligne de Mare est occupée de façon contestée par l’Etat Islamique et par des groupes de l’ASL.

Alors que les troupes turques avancent vers la frontière syrienne, les habitants des villes traversées dressent des barricades et affrontent les militaires qui répliquent avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et l’avancée de leurs blindés. Le ptremier objectif de la Turquie -dont il n’est pas sûr qu’elle établisse cette ‘zone tampon’ est de masser ses troupes à la frontière turco-syrienne.

Des barricades en travers de la route de l’armée turque.

EDIT 09.50 ; Sur la carte suivante (venue du compte Twitter très complet Karybdis), nous avons mis en évidence la ‘Ligne de Mare’, le territoire que la Turquie veut occuper. En jaune, les territoires sous contrôle des YPG/YPJ, en vert les zones sous contrôle de l’ASL (Armée Syrienne Libre), en noir les zones sous contrôle de l’état islamique, et en rouge les zones sous contrôle du régime syrien.

Carte de la Syrie, juin 2015.

Des barricades en travers de la route de l'armée turque.
Carte de la Syrie, juin 2015.

L’aviation turque a procédé à plusieurs bombardement sur les zones de guérilla du PKK de Meyda, ce mardi entre 9H00 et 13H00. Les postes de l’armée turque ont également des tirs d’artillerie (obusiers et mortiers), notamment à Dağlıca, près de la frontière irakienne. L’armée a déclaré que ces tirs étaient un riposte aux attaques de harcèlement au mortier et à la mitrailleuse de la base de Dağlıca par la guérilla du PKK hier lundi mais aussi à d’autres reprises en juin.

La base de Dağlıca

La base de Dağlıca

Le local du Parti Socialiste Démocratique de Izmir a été attaqué par la police mardi dernier. Pendant le raid de la police, 4 membres ont été arrêtés. Deux membres du SDP après avoir été jugés par le tribunal ont été libérés, mais Çağlar Demiröz a été emprisonné. Hier, le parquet a recueilli les déclarations des membres de SDP poursuivis et suite à ces déclarations, Direnç Tuna a été relâché, Gamze Akbaba a été envoyée au tribunal pour être mise sous contrôle judiciaire, et Sefa Hodul et Çağlar Demiröz ont été envoyés au tribunal en vu d’un emprisonnement. Après la décision du tribunal, Sefa Hodul et Gamze Akbaba ont été relaxés, mais le membre de SDP Çağlar Demiröz a été emprisonné.

Le Parti Socialiste Démocratique est l’héritier du Parti de la Solidarité et de la Liberté (Özgürlük ve Dayanışma Partisi, ÖDP), une plate-forme socialiste libertaire issue de l’organisation communiste révolutionnaire Dev Yol et d’autres groupes de la gauche radicale.

Turquie: Rafle contre le Parti Socialiste Démocratique

Le HPG (la branche armée du PKK) a rapporté de nombreux vols de drône au-dessus des zones de la guérilla du PKK, dans l’est de la Turquie. Les drônes ont été repérés au-dessus des régions de Kandil et de Zap au-dessus des zones de Çarçella, de Oremar et de Avaşin. De nombreux véhicules blindés sont également présents autour de la zone de construction du barrage de Silvan (Province de Diyarbakır/Amed). Les drônes repérés sont probablement des drônes de reconnaissance, la Turquie cherche à fabriquer via sa propre industrie ‘Turkish Aerospace Industry’, des drônes armés. Le ANKA-S, variante équipée de deux missiles UMTAS entrera dans la panoplie de la force aérienne turque en 2016.

Le drône de reconnaissance ‘Anka’ fabriqué par l’état turc.

Le drône de reconnaissance 'Anka' fabriqué par l'état turc.