Un mois de prison (avec sursis), c’est la condamnation prononcée ce lundi par les juges correctionnels liégeois, à l’encontre de cinq syndicalistes de la FGTB, dont le président Thierry Bodson. C’est l’affaire du blocage d’autoroute, au viaduc de Cheratte, voici cinq ans, lors d’une grève générale (photo). C’est la moitié de ce qui a été réclamé, lors du réquisitoire, prononcé au cours de l’audience d’octobre par la procureur du roi. En dépit des demandes d’acquittement formulées par la défense, le délit d’entrave méchante à la circulation a été retenu, par la simple présence des manifestants sur les lieux. Une douzaine d’autres prévenus, donc le rôle a été considéré comme secondaire, sont punis de quinze jours de prison et à des amendes. Les syndicalistes viennent de décider d’interjeter appel.

Suite au rapport annuel du comité R (Organe parlementaire contrôlant les services de renseignements en Belgique), on peut apprendre que le recours aux méthodes de recherche exceptionnelle est en augmentation pour la période courant de 2018 à 2019. Sous ce terme est regroupé les méthodes les plus sensibles de collecte de renseignement : surveillance de lieux privés, écoute de ligne téléphonique, collecte de données bancaires et intrusion dans un système informatique.

L’utilisation de ce type de méthodes est passé de 344 à 449 pour le compte de la Sûreté de l’État, de 28 à 76 pour l’organe militaire que constitue le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS). En 2019, la Sûreté a mis sur écoute 255 lignes téléphoniques, introduit 48 ordinateurs et observé ou pénétré 29 lieux non-accessibles au public. Au SGRS, on dénombre 40 cas d’écoute téléphonique et 20 dossiers de collecte d’informations bancaires. A coté de cela, on constate une diminution de 12 % de l’utilisation des méthodes « ordinaires » (essentiellement l’identification d’un numéro par les opérateurs téléphoniques) mais il n’est pas clair si cette tendance est la même pour les méthodes « spécifiques » (données d’un voyage privé ou encore localisation d’une personne par le biais de la géolocalisation d’un appareil électronique, …)

Le siège de la Sûreté de l'État

Le siège de la Sûreté de l’État

La quatrième tentative a été la bonne pour la justice de l’État espagnol. Après s’être vue refuser trois demandes d’extradition introduites en 2004, 2005 et 2015, la Cour d’appel de Gand avait finalement accédé à la demande d’extradition de Natividad Jauregui, accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80, et installée de longue date en Belgique (voir notre article). Elle avait été emprisonnée mercredi et ce samedi 21 novembre elle a été extradée. Ses voisins et ses amis s’étaient rassemblés en solidarité devant la prison.

Jeudi 19 novembre, les familles des prisonniers ont manifesté devant la la prison de Huy pour réclamer un droit inconditionnel aux contacts physiques avec leurs proches emprisonnés. Le retour des contacts physiques entre les détenu.e.s et leurs proches était, en effet prévu le 14 septembre, après 186 jours sans aucun contact. Les syndicats d’agent.e.s pénitentiaires avaient cependant posé un préavis de grève contre l’assouplissement des conditions de visites. L’administration pénitentiaire a alors  proposé des mesures sanitaires plus restrictives, telles que la mise en quarantaine de deux semaines suite à une visite familiale. Les manifestant·es exigent le rétablissement des contacts physiques lors des visites à table et le retour des visites hors surveillance. Ils refusent également la mise en quarantaine de deux semaines et toute restriction supplémentaire. La Clac (Collectif de Luttes Anti-Carcérales) a participé à la manifestation aux cotés des familles des prisonniers. Plus d’infos ici.

Les poursuites pour des faits de violences supposément commises à l’encontre des policiers ne pourront plus être classées sans suite. La directive du collège de procureurs généraux sera adaptée en ce sens et sera d’application la semaine prochaine, a annoncé jeudi à la Chambre le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld).

Édit 12h15 : La tentative d’expulsion d’aujourd’hui a été stoppée.

Édit 12h : L’expulsion semble suspendue mais la police est toujours présente.

Aujourd’hui, des représentants du CPAS accompagnés de la police sont venus devant le squat « Le Fusain » (2 rue du Wimpelberg à Needer over hembeek) pour exiger l’évacuation du squat pour midi. Les occupants sont menacés d’expulsion forcée s’ils n’obtempèrent pas. Cette expulsion est pourtant illégale puisque la Région de Bruxelles-Capitale a pris un arrêté visant à suspendre les expulsions pour raison sanitaires. Le squat le Fusain est situé à l’ancienne commissariat de la 9ème division de police. Le CPAS est propriétaire du bâtiment.

Menace d'expulsion contre le squat "Le Fusain"

Menace d’expulsion contre le squat « Le Fusain »

Mardi 17 novembre, une manifestation contre le couvre-feu et les mesures autoritaires a eu lieu à Liège. Cette manifestation dénonçait les mesures injustes dans la gestion sanitaire qui affectent prioritairement les personnes les plus fragilisées.  Rappelant l’importance du respect des gestes sanitaires et du port du masque, les manifestant·es ont bravés le couvre-feu qu’ils et elles dénoncent comme étant une des mesures aggravant les inégalités sociales.

Des membres du collectif de soignant·es « La santé en lutte » y étaient présent en soutien. Les soignant·es rappellent ainsi que la pandémie n’a pu faire autant de victime que parce que les gouvernements avaient préalablement détruit notre système de santé. Les soignant·es dénoncent également la logique capitaliste de la gestion de la pandémie qui a voulu que les aspects privés de nos vies soient cadenassés pour garder le plus intacts possible les aspects économiques. Des membres des Brigades de Solidarité Populaire de Liège, qui distribuent des colis alimentaires durant la pandémie, étaient également présents. Plus d’infos ici.

Manifestation contre le couvre-feu à Liège

Manifestation contre le couvre-feu à Liège

Le 12 novembre, la cour d’appel a remis son verdict à l’encontre des anarchistes poursuivis pour « association de malfaiteurs » (voir nos articles ici et ici). Deux personnes ont été condamnées à 10 mois avec sursis (pour une période de 5 ans), une personne à 8 avec sursis (sur une période de 5 ans), une personne à 6 mois avec sursis (sur une période de 3 ans), cinq personnes avec suspension de prononcé de la condamnation et une personne acquittée. Deux des inculpés avaient été acquittés en première instance.

Affichage solidaire à Bruxelles

La Cour d’appel de Gand a accédé à la quatrième demande d’extradition de Natividad « Pepona » Jauregui. Natividad Jauregui est accusée d’avoir participé à des actions d’ETA dans les années 80. Trois demandes d’extradition avaient déjà été introduites en 2004, 2005 et 2015, mais sans succès (voir notre article). La Cour d’appel de Gand avait alors estimé que les droits fondamentaux de la présumée terroriste n’étaient pas garantis en Espagne. Natividad Jauregui avait d’abord trouvé refuge pendant 4 ans en France, puis 14 ans au Mexique, elle est arrivée en Belgique, à Gand, en 2003, où elle a ouvert un restaurant.

Devant le refus répété de la justice belge, la famille d’un policier abattu par ETA a saisi la Cour Européenne des droits de l’Homme. Le 9 juillet 2019, celle-ci condamnait la Belgique à indemniser la famille de la victime, considérant que les tribunaux belges n’avaient pas effectué un examen suffisant de l’existence ou non d’un risque de non-respect des droits fondamentaux de Natividad en cas d’extradition en Espagne (voir notre article). Cet arrêt a permis à la Cour d’appel de Gand d’aborder différemment une quatrième demande d’extradition. Elle vient donc de se prononcer en faveur de cette extradition. Elle rejette l’argument selon lequel Natividad Jauregui risquerait d’être soumise à des traitements inhumains ou dégradants en Espagne. Elle réfute aussi l’argument selon lequel le tribunal spécial chargé des faits de terrorisme serait un « tribunal d’exception qui violerait les droits de l’intéressée ». Elle rejette enfin la demande de l’intéressée de pouvoir purger sa peine en Belgique en cas de condamnation en Espagne. Les avocats de Natividad Jauregui ont l’intention de porter cette affaire devant la Cour de Cassation.

Natividad « Pepona » Jauregui

Les polices ont un charroi énorme et extrêmement diversifié.
Cet article se limitera aux types de véhicules susceptibles d’être rencontrés lors des manifestations.
Une connaissance de ceux-ci vous permettra de mieux apprécier la situation et, au besoin, de mieux informer qui de droit.

1° Généralités

Police fédérale et polices locales.
La sérigraphie des véhicules de ces différents services est lettrée de la même manière mais avec des couleurs et un logo spécifiques. Quatre lignes partent de l’extrémité du véhicule jusqu’au bas de caisse situé à proximité de la roue la plus proche de cette extrémité.
Police Fédérale : Trois bandes bleu foncé, une bande orange sur les côtés et deux bandes orange à l’avant et à l’arrière.
Police Locale : Trois bandes bleu foncé, une bande bleu ciel sur les côtés et deux bandes bleu ciel à l’avant et à l’arrière.
Deux lignes de la couleur propre au service se trouvent également sur le capot et le coffre du véhicule.

Ci-dessous: à gauche un 4X4 de la police fédérale, à droite un combi d’une police locale

Le présence de la police fédérale en renfort des policiers locaux est une indice de l’importance accordée par les services de police à la manifestation: soit en raison de son ampleur, soit en raison des incidents potentiels.

Le maintien de l’ordre est, dans la police fédérale, d’abord l’affaire du Corps d’intervention.
Il compte environ 500 hommes réparti en 11 détachements d’une cinquantaine d’hommes (par province et pour les grandes villes dont Bruxelles). Si les véhicules portent encore parfois « Réserves générale », celle-ci n’existe plus en tant que telle. Ses effectifs ont été versés au « Corps d’intervention » et marqués comme tel (d’un côté Police/Corps d’intervention, de l’autre Politie/interventiecorps).

Le Corps d’intervention a une réserve de 50 hommes qui est basée à Bruxelles.
Ce sont donc cent hommes formés à la répression des manifestations qui sont basé à Bruxelles en permanence.
Ceux-ci bénéficient de l’appui des 600 policiers de la Direction Sécurité Publique, qui offre toute une série de « service » allant de l’installation de barrage sur les rues à la gestion des images fournies par les arroseuses, l’installation de PC mobile ou la gestion du CRPA, le Centre de rassemblement pour personnes arrêtées, dans la caserne Géruzet à Etterbeek.

La police belge est en voie d’adopter le marquage « Battenburg » sur ses véhicules, soit un damier jaune et bleu, à l’anglaise. Ce nouveau look, déjà en vigueur à Anvers fin avril 2021, est testé dans plusieurs zones de police du pays, dans le cadre d’un projet pilote. Les grosses unités de la police fédérale suivront.

 

2° Les monospaces du Corps d’intervention

Leur présence près d’une manifestation indique presque toujours une force plus importante prête à intervenir.

Peugeot 807 du Corps d’intervention (trois exemplaires)

VW Jetta du Corps d’intervention (deux exemplaires)

Opel Zafira du Corps d’intervention (trois exemplaires)

 

3° Motos, motocyclettes, patrouilleuses et combis des polices locales

Dans les manifestations, elles servent à l’observation, au blocage de la circulation, à ouvrir et à fermer la marche du cortège.
Il peut y avoir des véhicules (voiture ou motos) banalisées dans le dispositif, servant à l’observation..
Elles sont de dizaines de types différentes possibles.

4° Combi et minibus: ne pas confondre

Il ne faut pas confondre ces minibus avec ce que l’on appelle les « combis ».
Combi vient de l’abréviation du mot allemand Kombinationenwagen, et a d’abord désigné l’utilitaire VW à moteur de coccinelle. Si l’acception la plus restrictive réserve le terme « combi » aux utilitaires VW de cette génération, une acceptation plus large désigne ainsi toutes les utilitaires VW héritiers (la gamme Transporter).
Dans l’acceptation « policière », combi désigne une camionnette dont l’arrière est partiellement aménagé en espace bureau, de telle sorte que les policiers peuvent y procéder à des auditions, procéder à des alcootests, etc.
Certains modèles de véhicules peuvent servir à l’un comme à l’autre, comme les très courants VW Transporter T5 et T6, utilisés généralement comme combi, est aussi utilisé comme minibus pour le transport du personnel.
En règle générale, les minibus sont allongés et ont le toit rehaussé, etc.
Bien entendu, en cas de grande mobilisation, des combis peuvent être mobilisés, et parfois appartenant à des services â priori étrangers au maintien de l’ordre.

Un combi

Un minibus

Deux combis de la Police des chemins de fer mobilisés, pour leur plus grand malheur, à une manifestation des Gilets Jaunes

5° Les minibus

Parqués généralement hors de vue mais à proximité immédiate de la manifestation, ils transportent les policiers susceptibles d’intervenir en « robocop ».
On a un indice de l’imminence d’une intervention selon que les policiers soient entièrement équipés (casque sur la tête) ou non.

 

Minibus Renault Master (14 exemplaires) de l’Openbare veiligheid (Sécurité publique)

VW Transporter 5b rehaussés (trois exemplaires) du Corps d’intervention

Certains de ces véhicules sont spécialement équipés pour amener les policiers au plus près de l’affrontement, où de les appuyer dans l’affrontement en faisant barrage. Ces véhicules ont des protèges phares, des grilles amovibles pour protéger les vitres ainsi qu’une peinture ignifuge (à l’aspect granuleux).

Mercedes Sprinter rehaussé et protégé (remarquez le plexi qui protège les phares)

Usage tactique classique du minibus protégé: le barrage des rues

6° Les transporteurs blindés IVECO

Les Iveco 40 Turbo Daily 4×4 sont des transports de personnel blindés et protégés (peinture ignifuge), ils peuvent amener du personnel au plus près de l’affrontement et donner de la solidité à un barrage ou à une charge de police.

Cet IVECO porte encore la marque de l’ancienne Réserve générale. Ces véhicules sont anciens et en voie de retrait.

7° Les blindés Shortland 300

A la différence des IVECO blindés, ils n’ont pas pour mission de transporter du personnel, mais de barrer les rues ou de forcer les barricades

8° L’arroseuse Ziegler

Ces 12 camions sont équipés de 2 jets et comprennent 4 membres dans la cabine: le chauffeur, le chef de bord, et 2 opérateurs pour chacun des jets. Arroser n’est qu’on partie de leur fonction: elles jouent aussi le rôle de poste d’observation blindé avec une caméra dans chaque canon à eau, et une troisième sur mat télescopique, sur le toit, derrière la cabine. Les images peuvent être envoyées vers le centre de commandement.

9° Bus pour le transport de manifestants arrêtés

De type IVECO GX 337, ses vitres sont revêtues de telles sorte qu’on puisse voir du dedans vers l’extérieur mais pas le contraire. Il est aménagé en cellules et est équipé à l’intérieur d’un système de caméras (voir ici notre dossier sur les lieux de détention).

10° L’U.M.S. Viséo

L’U.M.S. Viséo est une tour d’observation mobile, déployable à quatre mètres de hauteur,  adopté par la police de Bruxelles. Equipé de caméras embarquées, l’U.M.S. Viséo peut être stationné et s’élever sans pilote pour compléter provisoirement un dispositif de vidéosurveillance fixe. Il peut enregistrer ou transmettre en direct par 4G les images vidéo ainsi récupérées. Silencieux car électrique, l’U.M.S. Viséo se déplace en toute discrétion et peut être équipé de caméras infrarouges ainsi que de projecteurs longues portées.

11° L’unité anti lock-on

Ce Toyota Hilux est celui de l’unité anti-lock-on, spécialisée dans l’extraction de manifestants s’attachant ou s’enchainant à des grilles, des rails, etc.

12° Brigade canine

La police de Bruxelles (mais aussi celles des autres zones de police de la région bruxelloise) a une brigade canine. Elle roule dans en Volkswagen Caddy facilemeznt reconnaissance aux grands autocollant à tête de berger allemand.

13° Les hélicoptères

Ils sont de deux type, l’Explorer, bimoteur, généralement déployé pour les manifestations. Il est équipé de caméras susceptibles de produire des images capables d’identifier un manifestant.
Le 520, monomoteur et moins bien équipé en optronique, est davantage utilisé hors des villes (surveillance du trafic routier etc.)

Mc Donnell Douglas 902 Explorers (5 exemplaires)

Mc Donnell Douglas 520N – monomoteurs (deux exemplaires)

14° Les drones

La DAFA, la Direction de l’Appui Aérien) possèdent cinq drones.
L’administration régionale Bruxelles Prévention et Sécurité (BPS) en a acquis six pour des missions en extérieur (et deux pour des vols à l’intérieur des bâtiments). Ils sont mis en oeuvre par la Direction de Coordination et d’Appui (DCA) de la Police fédérale.
Leur optronique est inférieure à celle des hélicoptères

Ci-dessous: un drone de la DAFA. Remarquez les feux de navigation: rouge à babord et vert à tribord. Si vous voyez les feux vert à gauche (et donc les rouges à droite), le drone avance vers vous, si vous ne voyez que des feux verts ou rouges, il est de profil par rapport à vous.

 

Ci-dessous: un drone de BPS

Type d’image prise par un drone

15° Le camion-barrière

Dernier venu dans l’arsenal anti-manifestation, acquis par la zone de police Bruxelles ville/Ixelles