Le 21 juin, à Poitiers, les policiers en uniforme et la brigade anticriminalité (BAC), prêts à en découdre, n’ont pas lâché une quinzaine de jeunes militants connus d’eux depuis les derniers mouvements lycéens et étudiants. Prenant pour prétextes – ou alors, plus probable, inventant – une menace et qu’une bouteille ayant atterri à ses pieds, et ayant aperçu un – en fait, une – de ces jeunes militants, le directeur départemental de la sécurité le désigne à ses troupes. A moins que ce ne soit l’inverse : apercevant cette militante connue, il invente cette histoire.

Précisons qu’il a expliqué lors de l’« enquête » qu’il avait tourné la tête dans la direction d’où la voix était venue : il n’a pas vu la bouteille arriver vers lui (ce qui tendrait à prouver que celle-ci n’a pas été lancée de ce côté-là) et a aperçu cette jeune militante qu’il a immédiatement désignée à ses troupes. Cette militante avait été condamnée en correctionnelle pour « bris de “sucette” Decaux ». Mais elle a été relaxée depuis. Evidemment, la décision n’a guère plu dans les rangs de la police, comme sa présence sur les lieux avec ses camarades « anarcho-autonomes » que la BAC a dans le collimateur depuis plus d’un an.

La jeune militante est arrivée en courant place de la Liberté et s’est adossée à un mur. Aussitôt la police l’a encerclée et a cherché à disperser, y compris à coups de tonfa, les gens qui venaient voir ou demander des explications. Plusieurs, ceux qui sont harcelés par la police depuis des mois, ont été roués de coups et arrêtés sans ménagement. Les tabassages ont continué jusque dans le commissariat. Pour se couvrir, les policiers ont inventé que ce eux qui se seraient fait attaquer. Les policiers ont naturellement porté plainte.

Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, les événements qui viennent de se dérouler sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès.
Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 7 juillet à 18 h et soutien le jour du procès le 8 juillet à 16 h

Antirépression à Poitiers

Antirépression à Poitiers

Après avoir signé en septembre dernier une ‘charte de la vie nocture’ entraînant une présence policière accrue dans le centre-ville de Rennes, la municipalité vient d’installer sept nouvelles caméras de surveillance capables de voir à 360°, et ce y compris la nuit. Elles s’ajoutent aux quatre caméras qui surveillent l’entrée du métro et trois autres qui régulent l’entrée des voitures dans les zones piétonnes. L’installation de ce nouveau système a coûté à la ville la somme de 320000€ et il semblerait que de nouvelles caméras seront installées dans le courant de l’année si l’expérimentation actuelle s’avère réussie. De l’aveu même de la mairie, 2000 caméras seraient déjà installées dans la ville, dont environ 1600 dans le métro et les bus ainsi que dans les parkings. Le nouveau système vient donc de combler un « manque », celui de l’absence de caméras d’extérieur ayant pour objectif unique la vidéo-surveillance. Les caméras tournent 24h/24 et trois agents municipaux spécialement formés se relayent toutes les 2h30 devant un seul écran d’ordinateur qui diffuse en continu les images de sept caméras. En leur absence, un système de visionnage automatique prend le relais.

Le gouvernement français a adopté le 7 juin un nouveau décret autorisant la création d’un traitement automatisé des données personnelles des prisonniers dans les établissements pénitentiaires. Il permet leur identification en utilisant une technologie de reconnaissance du contour de la main. La fonctionnalité principale du traitement est l’identification par biométrie palmaire des détenus lors de tous leurs déplacements au sein de la prison. Lors de chacun de ses déplacements, le prisonnier se présentera à une borne de contrôle où il présentera sa carte personnelle encodée du numéro d’écrou. Après vérification visuelle par un surveillant grâce à l’affichage du nom du détenu, de son prénom, de son numéro d’écrou et de sa photo, un message apparaîtra sur la borne, indiquant que le lecteur biométrique est prêt à prendre le gabarit de sa main. Si le gabarit saisi est le même que celui figurant dans la base de données, un message de validation de l’identité s’affichera. L’objectif avoué de ce décret est d’observer, surveiller, mesurer et calculer les déplacements des personnes dans une prison. Mais il est évident que de telles mesures serviront d’expérimentations quant aux surveillances des différents déplacements d’une personne dans un établissement public donné.

Les cinq personnes interpellées hier et avant-hier sont sorties, seules deux sont mis en examen dans le cadre d’une affaire distincte des arrestations du 15 février après être passés devant la juge Couzy. Elles sont accusés de dégradations en réunion et violence sur Air France, Bouygues et SNCF à partir d’une enquête préliminaire ouverte le 17 mars. Elles sont sous contrôle judiciaire. Les autres sont poursuivies pour avoir refusé de donner leur ADN.

Au moins cinq personnes sont actuellement en garde à vue au 36, quai des Orfèvres à Paris, dans les locaux de la Brigade Criminelle. Leurs logements ont été perquisitionnés. Un sixième logement a été perquisitionné mais la personne recherchée ne s’y trouvait pas. Ces gardes à vue concerneraient des actions qui ont eu lieu en solidarité avec les inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes en janvier et février dernier, notamment l’occupation d’une agence Air France à Opéra le 27 janvier dernier. Cette occupation ferait l’objet d’une enquête préliminaire pour dégradations et violence du parquet, distincte des autres enquêtes (sabotages de distributeurs, attaques contre la Croix Rouge). Aucun juge d’instruction ne serait encore désigné. Le responsable de cette enquête est le commandant de police Pascal Loriot.

Une personne déjà arrêtée lors de la vague d’arrestations du 15 février à Paris (en rapport avec les actions de résistance aux déportations de sans-papiers) a été perquisitionné à nouveau (pendant 1h30) et mise en garde à vue à partir de 06h05 par le Service Anti-Terroriste de la Brigade Criminelle. Il s’agirait, selon les policiers, de «faits nouveaux».

Une autre perquisition a eu lieu ce mardi 8 juin à six heures du matin: des policiers de la Brigade Criminelle de la Préfecture de Police de Paris ont perquisitionné un logement à Paris. Ils recherchaient une camarade qui n’était pas présente dans l’appartement à ce moment-là. Une seule personne était présente dans l’appartement, elle a reçu une convocation pour cet après-midi au Quai des Orfèvres. Ils ont saisi au moins deux ordinateurs ainsi que des documents. Le motif de cette perquisition s’inscrirait dans le cadre d’une enquête concernant des rassemblements illégaux et des dégradations. C’est cette Brigade Criminelle qui enquête sur les actions de solidarité autour du procès de Vincennes, notamment les sabotages de distributeurs automatiques, ainsi que sur les différentes actions contre la Croix-Rouge.

La 8ème personne, recherchée depuis février dans le cadre de l’ »affaire » autour de l’agitation contre la machine à expulser (sabotages de distributeurs automatiques de billets de différentes banques, balades sauvages, etc…) a été arrêtée jeudi 27 mai en fin d’après-midi lors du rassemblement contre une expulsion de squat dans le 13ème arrondissement de Paris. Elle a été emmenée dans les bureaux de la Brigade Criminelle Section AntiTerroriste pour être longuement auditionnée par les policiers de la SAT sur toutes les dégradations commises durant cette période d’agitation contre la machine à expulser et en solidarité avec les inculpés de Vincennes.

Le gardé à vue à refusé de déclarer et de signer quoique ce soit, et a également refusé de donner empreintes digitales et photos, ainsi que de procéder au prélèvement ADN. Il sera sans doute poursuivi pour ce dernier délit. La SAT (le groupe Loriot) ont saisi un téléphone portable, une clé USB, un trousseau de clés, ainsi que divers papiers que l’interpellé avait dans un sac. Ils ont aussi sa ceinture et sa casquette afin de tenter d’établir son profil ADN. Après 23h de garde à vue, cette personne a été relâchée sans être passée devant la juge Rosso en charge du dossier et sera peut-être ultérieurement convoquée…

Il y a eu 7 arrestations mercredi après-midi lors de l’occupation de Carlson Wagonlit à Lille. Cette action était organisé par No Border Lille dans le cadre de la semaine sur l’immigration. Carlson Wagonlit Travel (CWT) est une agence de voyage qui a le monopole pour réserver les places d’avions et de bateaux pour les sans-papiers expulsés, et les flics de l’escorte.