Dix-huit personnes avaient été interpellées dimanche après-midi lors d’une violente manifestation anticarcérale dans le centre de Poitiers. Huit d’entre elles ont été jugées en comparution immédiate hier. Au terme d’une audience qui a duré plus de huit heures, et 45 minutes de délibération, trois personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme, les cinq autres à des peines avec sursis. Une neuvième personne, mineure, comparaîtra devant le tribunal pour enfants de Limoges.

Les avocats ont réagi de manière virulente au verdict de la Cour: ‘C’est une parodie de justice. Je n’ai jamais vu ce type de condamnation pour un délinquant primaire, au casier vierge et qui a jeté une pile ne blessant personne.‘ Le ministre de l’Intérieur avait en effet fait le déplacement pour constater les dégâts et affirmer qu’il souhaitait que le justice sanctionne, et durement, les casseurs. Les avocats des huit personnes condamnées disposent maintenant de dix jours pour faire appel.

La ville de Poitiers a connu dimanche, en fin d’après-midi, une heure d’émeute animée par des manifestants dénonçant le un transfert de détenus, prévu dimanche, entre l’ancienne et la nouvelle prison. Après avoir patienté pendant trois-quarts d’heure, les manifestants se sont lancés à travers la ville, sortant bâtons et barres de fer de leurs cachettes. Aux tags sur les murs et les vitrines et sur le baptistère Saint-Jean ont succédé les premiers feux de poubelles, puis le saccage des vitrines, notamment sur le parvis de la basilique Notre-Dame-la-Grande. Pris de court les policiers poitevins, bientôt renforcés par la compagnie locale de CRS, ont tenté de maîtriser les émeutiers. Recourant au gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre ont surtout incommodé.

De nombreuses vitrines ont été détruites à coups de pied ou de manches de pioches. Dix-huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Ce lundi après-midi, 7 personnes passent en comparution immédiate au palais de justice de Poitiers.

Emeutes à Poitiers

Emeutes à Poitiers

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Voilà près d’un an que se préparait à Colmar une manifestation antinucléaire exigeant la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim. Le lieu de rassemblement annoncé était la Place Rapp, une immense place au centre ville. Mais le préfet a voulu la parquer dans un stade à la périphérie de la ville. Sous la pression de diverses organisations, le rassemblement a pu se faire Place de la Gare, que la police a transformé en nasse ne proposant qu’un parcours s’éloignant du centre ville pour minimiser la visibilité de la manifestation.

Le dispositif policier et répressif était absurdement disproportionné. D’après l’AFP, 3.000 policiers étaient mobilisés, dont plus de 600 CRS. En comptant 10.000 manifestants, la proportion était donc de un policier pour environ 3 manifestants! Jean-Marie Bockel en personne, en tant que secrétaire d’Etat à la Justice et aux Libertés (sic), supervisait les opérations à la cellule de crise de la Préfecture de Colmar. La brigade anti-criminalité (BAC) était présente en force. La brigade équestre de la police nationale était venue spécialement d’Ile de France. La police de l’air et des frontières (PAF) effectuait des contrôles renforcés aux frontières, créant ainsi d’immenses embouteillages. Des grilles anti-émeutes avaient été dressées dans plusieurs rues empêchant tout accès au centre ville. Des véhicules de type bulldozers et anti-émeutes étaient prêts à intervenir. Pendant toute la journée, un hélicoptère a survolé le rassemblement antinucléaire, dans un bruit assourdissant. Tant aux frontières (où plusieurs dizaines de personnes ont été refoulées par la PAF) qu’à Colmar, ville en état de siège, de nombreuses personnes ont été dissuadés de venir manifester leur opposition au nucléaire par l’attitude des forces de l’ordre et par le climat de répression. Seuls les plus motivés et les plus aguerris ont finalement pu se rendre sur le lieu de la manifestation.

Manifestation antinucléaire à Colmar

Manifestation antinucléaire à Colmar

Les forces de l’ordre sont intervenues hier soir vers 21 heures dans l’enceinte de l’entreprise Freescale pour libérer le directeur toulousain de l’entreprise américaine de semi-conducteurs, Denis Blanc, son directeur des ressources humaines et un autre membre de la direction qui étaient retenus par environ 150 grévistes dans la salle de réunion dite ‘Amérique’.

L’assaut a été donné par les policiers en tenue de combat, et les trois membres de la direction ont quitté en voiture les locaux de la firme vers 21h30, sous les huées de quelques manifestants installés devant l’enceinte de la firme, où un millier d’emplois sont menacés d’ici 2011. Il n’y a pas eu de blessés mais quelques manifestants, des femmes notamment, pris dans la bousculade, auraient été choqués ou commotionnés. Les grévistes ont aussitôt tenu une AG dans l’entreprise afin de décider quelle suite donner à leur mouvement, protestant contre une intervention ‘autorisée par aucune décision de justice’.

Après la longue trêve estivale et une rentrée très chaude marquée par plus de 25 jours de grève (qui continue) des personnels chargés de fabrication, la reprise tant attendue de la négociation, avec tous les syndicats de l’entreprise, avait commencé vers 14h30 à l’intérieur des locaux d’ex Motorola. La discussion s’est tendue après plus de cinq heures de négociation, lorsque les syndicats ont jugé insuffisante la proposition de la direction d’offrir une prime de 60.000€ minimum pour partir de suite.

Soutien aux travailleurs de Freescale

Soutien aux travailleurs de Freescale

Depuis le 3 août, la népalaise Shova Gajurel (membre du Parti Communiste du Népal) se trouve enfermée au centre de rétention de Bruges après avoir passé 18 jours au centre de Lille/Lesquin pour avoir voyagé sans les papiers requis. Cela fait 3 ans qu’elle est réfugiée en France, sa vie étant en danger dans son pays en raison de son engagement politique. Elle s’y était réfugiée aux pires moments de la guerre qui opposait la guérilla maoïste à la contre-révolution féodalo-monarchiste. Aujourd’hui encore, alors que l’accord de cessez-le-feu est bafoué chaque jour par les escadrons de la mort de la réaction, sa sécurité n’est pas assurée au Népal.

Le transfert vers la Belgique ne repose sur aucune base légale, puisque Shova Gajurel était arrivée sur le sol français en provenance directe du Népal (et n’avait donc pas transité par la Belgique comme l’avaient affirmé les autorités française début août) et que sa demande d’asile a été déposée en France. Ce pays est donc le seul compétent pour traiter ce dossier. Il reste à savoir les raisons de ce transfert, qui ont poussé les deux Etats a nier leurs propres législations.

Selon son avocate, une décision sera prise par les autorités en début de semaine prochaine. Toutes les éventualités restent d’actualité: maintient en rétention, remise en liberté ici en Belgique, renvoi en France, ainsi que son expulsion pure, simple et définitive vers le Népal, de France ou de Belgique. Un grand avocat français s’est d’ores et déjà mis à disposition (et engagé vis à vis du Comité ‘Libérez-les’) pour plaider gracieusement sa cause devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, afin de faire condamner les deux Etats pour non-respect des accords de Genève, persécution et mise en danger d’une personne menacée de mort du fait de ses opinions politiques dans son pays d’origine

Le 10 novembre prochain, Patrick Leblanc devra comparaître devant le tribunal correctionnel d’Avignon pour ‘rébellion et incitation à l’émeute’ suite à un mouvement de foule le 18 juillet dernier durant le festival d’Avignon. Récit et témoignage.

Cette après-midi là, Patrick accompagné de ses deux fils (âgés de 15 et 12 ans) profite d’un spectacle de rue: un mime qui fait la statue. A côté d’eux, un CRS est adossé à son fourgon.

Policier à Avignon

Policier à Avignon

Blagueur, le fils de Patrick se dirige vers lui, dépose 30 centimes à ses pieds et le félicite pour sa bonne prestation: ‘Vous faites drôlement bien le mime’. Gentille petite farce de festivalier, qui ne sera pas appréciée comme telle par le fonctionnaire. En effet, ce dernier rattrape le jeune garçon et lui demande ses papiers sous prétexte d’outrage. Patrick tente de faire comprendre au policier que ‘c’était de l’humour, qu’il ne fallait pas mal le prendre’. Rien n’y fait. ‘Il m’a demandé mes papiers en me tutoyant, j’ai refusé. Je m’adresse correctement à la police, j’attends le même respect en retour’ dit-il. Suite à son refus de coopérer, le ton monte. Il refuse de monter dans le fourgon sans ses enfants. Selon lui, ‘un mouvement de foule spontané a formé une chaîne humaine pour empêcher mon interpellation. Mais la police affirme autre chose. Selon le CRS, Patrick Leblanc aurait harangué la foule, et se sentant menacé, il a appelé les renforts. Patrick et son fils sont pris, menottés et placés dans le fourgon. Des spectateurs s’opposent à leur arrestation, et toujours de source policière, une tierce personne tente de s’emparer de l’arme d’un CRS. Deux autres personnes sont donc interpellées.

Patrick Leblanc passera la nuit, en compagnie des trois autres interpellés, au commissariat, tandis que deux CRS ont été légèrement blessés dans les échauffourées. Mouvement de foule ou incitation à l’émeute? Réponse au mois de novembre.

En tout cas, à Avignon, ne confondez pas un mime et un CRS…

Comme nous vous l’avions annoncé hier, Shova Gajurel a été extradée de France ce matin. Elle a été remise aux mains de la police fédérale belge, qui l’a immédiatement emmenée au commissariat de Menin, village situé à la frontière franco-belge. Elle y restera jusqu’à son transfert à Bruges afin d’attendre qu’un avis soit rendu par l’office des étrangers.

Ce soir, le Comité ‘Libérez-les’ de soutien aux prisonniers et réfugiés politiques publie un communiqué destiné aux médias.

Lire le communiqué de presse

Il y a quelques jours, nous évoquions la situation de Shova Gajurel, communiste népalaise – maoïste – arrêtée dans le nord de la France. Une campagne de soutien massive à été mise en place en France, afin qu’elle obtienne l’asile politique, et ce au vu des menaces qui pèseraient sur elle si elle devait rentrer au Népal.

Plusieurs organisations de soutien aux sans-papiers françaises se sont mobilisées, et ont mené diverses actions. Le comité ‘Libérez-les’ a notamment envoyé une lettre ouverte signée par de nombreux militants à Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères. Il a également émis une nouvelle demande d’asile politique (refusée), envoyé une déléguée à plusieurs reprises au centre de détention dans lequel est retenue Shova Gajurel afin d’obtenir des informations et organisé une conférence de presse. (Compte-rendu de la conférence)

Les autorités françaises ont été passablement embarrassées par leurs arguments et leur détermination. C’est pourquoi la décision a été prise de reconduire la réfugié à la frontière belge, sous prétexte qu’elle est arrivée en France par la Belgique, où son avion a atterri. L’objectif français étant clairement de se ‘débarrasser du cas Gajurel’. Le transfert aura lieu demain lundi, à Mouscron ou à Réquem.

Le Secours Rouge prendra le relais de la mobilisation et du soutien à Shova Gajurel, qui a pour le moment réussi, grâce au soutien des militants français, à éviter une expulsion dangereuse vers le Népal.

Le 8 juillet dernier, Joachim Gatti perdait un oeil suite à un tir de flash-ball alors qu’il participait à un mouvement de soutien aux occupants d’une clinique désaffectée à Montreuil. Le jour même, la préfecture reconnaissait les faits, tout en soulignant que des projectiles avaient été tirés en premier sur les policiers et qu’aucun lien direct ne pouvait être établi entre le tir et la perte de l’oeil.

Or, aujourd’hui, l’enquête est clôturée. La victime, ainsi que de nombreux policiers ont été entendus, apportant de nombreuses précisions, qui permettraient d’établir que l’auteur du tir n’était pas directement menacé. Le Parquet de Bobigny a demandé que lui transmis le dossier ce mercredi 29 juillet, en vue d’une éventuelle ouverture d’information judiciaire.

De source judiciaire, il apparaît que c’est chose faite depuis jeudi. Une instruction judiciaire a été ouverte contre X pour les chefs de violence ayant entraîné mutilation et infirmité permanente sur l’une des victimes et pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique. Les conséquences pour le policier, qui ne se trouvait donc pas, comme affirmé au début de l’enquête, en état de légitime défense, pourraient s’avérer très lourdes

De plus, cette nouvelle affaire a relancé le débat sur l’utilisation des armes non-létales en France…