Le tribunal militaire permanent de Rabat a terminé mardi soir l’audition des 24 prisonniers politiques sahraouis dans le cadre du procès du « groupe Gdeim Izik », ouvert le 1er février. A l’issue de ces auditions, les avocats de la défense ont demandé une expertise médicale suite aux affirmations de prisonniers faisant état de traitements « inhumains » subis lors de leur détention.

Le procès reprendra mercredi avec l’audition des témoins des évènements qui se sont déroulés à l’automne 2010, à Gdeim Izik, proche d’El-Aaiun occupé, au Sahara occidental où environ 40.000 Sahraouis avaient dressé quelque 8.000 tentes et élu domicile pour défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux avant d’en être délogés par les forces marocaines, le 8 novembre 2010. En détention depuis plus de 27 mois, les 24 prisonniers saharaouis sont notamment accusés d’ »atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, formation d’une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction ». Ils risquent la réclusion à perpétuité.

Des centaines de personnes s’étaient rassemblées hier soir sur la place Tahrir et devant le palais présidentiel deux ans après le renversement de Moubarak. Plus tôt dans la journée, des manifestants s’étaient déjà réunis dans la banlieue du Caire, devant le palais d’al-Ittihadiya qu’ils ont canardé de pierre. Les forces anti-émeutes ont utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour les disperser. La foule, scandant ‘La révolution continue’ exige la mise en place d’un nouveau gouvernement, des amendements à la nouvelle constitution et le limogeage du Procureur général nommé par Morsi. Par ailleurs, la population dénonce le fait que personne n’ait eu à rendre de compte pour la mort de dizaines de manifestants ces derniers mois lors des heurts avec la police. Cette même police est une nouvelle fois violemment intervenue hier soir devant le palais présidentiel et dans les rues adjacentes.

émeute au Caire

émeute au Caire

Vendredi 8 février, des confrontations violentes ont eu lieu entre les forces d’occupation et les habitants de Jérusalem, faisant plusieurs blessés, dans le cadre des mobilisation de solidarité avec les prisonniers en grève de la faim dans les prisons israéliennes. Au Checkpoint Jalameh (photo), au sud de la vieille ville, un journaliste a été blessé au pied par une balle caoutchouc-acier pendant les affrontements qui ont opposé les jeunes aux soldats et aux colons israéliens. Plusieurs personnes ont été victimes de problèmes respiratoires dus aux gaz lacrymogènes.

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A Issawiya, situé au nord-est de Jérusalem, un enfant âgé de 9 ans a été touché à la tête par une balle caoutchouc-acier. Un autre jeune homme a également été blessé à la tête par une balle en caoutchouc au cours d’affrontements durant lesquels un véhicule des patrouilles militaires a été endommagé par des jets de pierres et de bouteilles. Les soldats de l’occupation ont arrêté trois jeunes. Des affrontements ont également éclaté près du check-point de Qalandia et à el-Ram. Un jeune homme a été touché par une bombe sonore, et trois autres par des balles en caoutchouc.

Il y a aussi eu des affrontements au point de contrôle à l’entrée du camp de Shufat. Les forces de l’occupation israélienne ont fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. cinq personnes souffrant de problèmes respiratoires ont reçu des soins. A Alezariye, à Béthanie et à Abou Dis, des marches ont été organisées en solidarité avec les prisonniers se sont terminées par des affrontements similaires. Trois jeunes ont été blessés par des balles en caoutchouc.

Les 24 prisonniers sahraouis ou « groupe Gdeim Izik » ont refusé hier samedi à Rabat d’être considérés comme des détenus de droit commun, insistant sur leur droit à être traités en qualité de militants politiques et de défenseurs des droits de l’homme. A l’ouverture de cette troisième audience du procès, les accusés, en tenue traditionnelle, ont brandi des « V » de la victoire et chanté l’hymne national sahraoui au moment où, à l’extérieur leurs familles organisaient un rassemblement en scandant des slogans contre leur comparution devant un « tribunal militaire illégitime » et revendiquaient l’ouverture d’une « enquête juste et honnête » sur le démantèlement, le 8 novembre 2010 du camp de Gdeim Izik suite à un assaut donné par les forces marocaines .

Les requêtes préliminaires introduites par les avocats des accusés dans lesquelles ils réclament notamment que le tribunal militaire soit déclaré incompétent dans cette affaire, ont été refusées. Le tribunal a toutefois retenu tous les chefs d’accusation contre les accusés ainsi que la liste, contestée, des témoins présentée par le procureur général.

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Depuis mercredi, les manifestations se sont multipliées à travers la Tunisie pour dénoncer l’assassinat de Chokri Bel Aid, et plus largement pour s’opposer au gouvernement au pouvoir depuis le renversement de Ben Ali. Tard hier soir, le ministère de l’Intérieur a publié un bilan humain partiel de ces trois jours, partiel car il ne dresse pas l’état des lieux des victimes civiles. Par contre, il mentionne le décès d’un policier, tandis que 39 autres ont été blessés. 375 personnes ont été arrêtées par les forces anti-émeutes. Enfin, il signale qu’une dizaine de postes de forces de l’ordre ont été attaqué entre mercredi et vendredi.

C’est cet après-midi que se sont déroulées les funérailles de Chokri Bel Aid, membre du Front Populaire assassiné mercredi à Tunis. En marge de celles-ci, le General Union of Tunisian Workers (UGTT) avait lancé un appel à la grève générale. Celle-ci s’est révélée être la grève la plus importante en Tunisie depuis celle du 14 janvier 2011, jour de la fuite de Ben Ali vers l’Arabie Saoudite. Les autorités avaient fait déployer les forces de sécurité en masse à travers la ville et celles-ci ont à nouveau fait preuve d’une extrême violence. De nombreux rassemblements se sont formés durant la journée dans divers quartiers de la ville et ont tous invariablement été réprimés. Des dizaines de milliers de personnes s’étaient jointes au cortège funèbre au cours duquel se sont élevés de nombreux slogans tels que ‘Avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr’ et ‘Le peuple veut une nouvelle révolution’. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient d’incendier ses véhicules devant le cimetière. Dans le centre-ville, les policiers usant de bâtons et de gaz sont intervenus face à des dizaines de personnes qui scandaient des slogans anti-gouvernement. A Gafsa, qui avait déjà été le théâtre de manifestations hier, les forces anti-émeutes ont à nouveau fait usage de la force aujourd’hui pour disperser un rassemblement, notamment grâce à des tirs de gaz lacrymogènes. Le commissariat de la ville minière à été incendié au cours de la manifestation.

Policiers à Tunis

Chokri Bel Aid, militant communiste et membre de l’opposition tunisienne a été assassiné mercredi à Tunis. Hier, le Front Populaire (coalition de divers partis de gauche et d’extrême gauche) auquel il appartenait a organisé des ‘funérailles symboliques’ pour rendre hommage à Bel Aid. Des centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le siège du gouverneur de Gafsa. Les forces de l’ordre étaient présentes en nombre et ont été la cible de cocktails Molotov après avoir tiré des gaz lacrymogène pour disperser la foule. De semblables affrontements s’étaient déjà déroulés la veille à Tunis, faisant un mort dans les rangs policiers.

Chokri Bel Aid

Chokri Bel Aid

Mohamed al-Guindi avait disparu le 25 janvier dernier lors d’une manifestation sur la place Tahrir au Caire. Selon ses avocats, l’homme de 28 ans a été torturé dans un camp de la police avant d’être emmené à l’hôpital dans un état critique. Il y est décédé quelques jours plus tard. Ses funérailles se sont déroulées hier soir et de violents affrontements ont opposé la foule présente à la police. Les forces anti-émeutes ont fait usage de gaz lacrymogène et ont tiré à la chevrotine contre les personnes présentes qui ont répliqué par des jets de pierres. Un véhicule blindé a également été incendié et des cocktails Molotovs ont été lancé vers la préfecture et le commissariat de police. Au moins 18 personnes ont été blessées par les policiers qui ont en outre procédé à huit ou neuf arrestations.

A Agadir, Rabat et Hoceima, des milliers de personnes ont manifesté dimanche pour revendiquer une reconnaissance du Tamazight (berbère) et non de l’islam comme identité du peuple marocain, mais également pour réclamer la libération sans condition des détenus emprisonnés. Les forces de l’ordre ont violemment dispersé les manifestants à Agadir, arrêtant de nombreux participants, battants certains, les insultant et leur crachant dessus alors que plus de 200 personnes étaient trainées au commissariat. A Hoceima et à Rabat, la police a entouré les manifestants et les a bloqués.

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La vidéo du matraquage d’un ouvrier égyptien de 50 ans, un manifestant parmi tant d’autres du vendredi 1er février, et passée à la télévision égyptienne, a fait scandale. En quelques minutes l’homme est molesté par les forces anti-émeute au Caire, traîné au sol et dévêtu de force avant de disparaître dans un fourgon blindé. La répression en Egypte a fait près de soixante morts en huit jours, d’innombrables blessés et d’arrestations abusives.