Les 14 et 15 novembre, des actions coordonnées ont été menées dans plusieurs villes européennes pour soutenir les prisonniers révolutionnaires en grève de la faim contre l’isolement dans les prisons de type puits en Turquie (voir notre article), alors que les états de santé d’Ayberk Demirdögen, en grève depuis 250 jours, et ceux de Serkan Onur Yilmaz et Fikret Akar, également en grève depuis de nombreux mois, sont très critiques. Des rassemblements ont eu lieu devant les ambassades et consulats de Turquie à Bruxelles, Athènes, Paris, Marseille, Cologne, Vienne et Londres, ainsi qu’une action de tractage et un sit-in à Göteborg, témoignant d’une solidarité croissante face au risque imminent pour la vie des grévistes de la faim.

Le procès de Daniela Klette, ex-membre présumée de la Fraction Armée Rouge (RAF), a connu un tournant inattendu lorsque le tribunal de Verden a accepté la demande du parquet d’abandonner cinq chefs d’accusation, faute de témoignages fiables après des décennies. Cette décision pourrait avancer la fin du procès au printemps 2026, alors que des audiences étaient initialement prévues jusqu’à l’automne de la même année. Depuis mars 2025, Klette est jugée pour une série d’attaques commises entre 1999 et 2016, mais l’accusation reconnaît que des témoins âgés ou malades ne peuvent plus se souvenir clairement des faits, et que leurs souvenirs sont parfois influencés par des médias ou d’autres témoignages.

Cette réduction des charges vise aussi à accélérer la procédure, car de nouvelles poursuites devraient être engagées en 2026. La justice fédérale prépare en effet un second procès, cette fois pour des actions attribuées à la RAF au début des années 1990, dont des attaques contre l’ambassade américaine à Bonn, la prison de Weiterstadt et un centre informatique de la Deutsche Bank. Ce nouveau procès est attendu à l’automne 2026.

Dossier(s): Allemagne Tags: ,

SELDA, une organisation d’anciens prisonniers politiques de la dictature Marcos, dénonce la décision récente de la Cour suprême des États-Unis autorisant le gouvernement philippin à prendre le contrôle de 40 millions de dollars de fonds mal acquis de Marcos, déposés chez Merrill Lynch sous le nom d’une société écran panaméenne. Bien que la justice américaine et philippine ait déjà reconnu l’origine frauduleuse de ces avoirs, les victimes de la loi martiale — qui avaient remporté en 1992 un procès civil de 2 milliards de dollars contre la famille Marcos — voient dans ce jugement un nouveau revers. Le porte-parole de SELDA, Bonifacio Ilagan, accuse l’administration Marcos Jr. de vouloir verrouiller l’accès à ces fonds et d’alimenter un schéma inquiétant d’effacement des affaires de corruption visant le clan. Évoquant la torture, les disparitions et les décennies de quête de justice, il rappelle que ces sommes représentent plus que des chiffres : elles incarnent des vies brisées. Malgré la décision américaine, SELDA affirme qu’elle poursuivra son combat pour la réparation et la responsabilisation des auteurs des violations sous la loi martiale.

La soirée d’hier co-organisée à Saint-Gilles par le PCP, School of the revolution, C3, l’UPB et notre Secours rouge autour de la projection de To kill a war machine a été l’occasion pour l’assistance d’une cinquantaine de personnes de répondre à l’appel des proches de Palestine Action à écrire à leurs prisonnier·es (photo). Nous relayons ici les informations pour continuer à répondre à cet appel : Adresses et conseils

Le commandant maoïste Madivi Hidma, tué par les forces de l’ordre en Andhra Pradesh en début de semaine avec son épouse Raje (voir notre article), a été inhumé dans son village natal de Puvarthi, dans le district de Sukma, au Chhattisgarh. Malgré les restrictions policières, des milliers d’Adivasis (peuple autochtone) ont assisté aux obsèques. Hidma et son épouse Raje ont été tués mardi  dans les forêts de Maredumilli. Leurs corps ont été remis à la famille de Hidma mercredi soir après l’autopsie à l’hôpital de Rampachodavaram. Compte tenu de la position d’Hidma au sein de la structure maoïste et de sa popularité auprès des Adivasis, sa dépouille a été transférée au Chhattisgarh sous haute sécurité. Un important dispositif policier a été déployé au village jeudi afin de prévenir tout incident. Les funérailles ont été célébrées selon les traditions adivasi. Madivi Hidma, alias Santosh, est né en 1981 dans le village de Puvarthi. Il a rejoint le PCI (maoïste) à la fin des années 1990 et a rapidement démontrés ses compétences opérationnelles. Il est finalement devenu commandant du bataillon n° 1 de la PLGA, l’unité d’élite de la guérilla maoïste dans la région de Dandakaranya, qui s’étend sur le Chhattisgarh, l’Andhra Pradesh, l’Odisha, le Telangana et le Maharashtra. Hidma était le plus jeune membre et le seul représentant tribal de Bastar au sein du comité central maoïste.

Dossier(s): Inde-Népal Tags: , ,

La Commission européenne a présenté le 19 novembre un projet de « mobilité militaire européenne » visant à faciliter la circulation transfrontalière des forces armées et de leur matériel lourd au sein de l’Union européenne, en créant une sorte de Schengen militaire fondé sur des corridors prioritaires, des infrastructures adaptées au double usage civil-militaire et une meilleure coordination logistique. Le plan prévoit de renforcer routes, ponts et réseaux ferroviaires, d’améliorer le partage d’informations et de mutualiser certaines capacités de transport, afin de permettre un déplacement rapide des troupes en cas de crise. Le projet pourrait inclure la Suisse dans le cadre d’un futur partenariat de sécurité et de défense avec l’UE. L’objectif est de réduire drastiquement les délais de déploiement, de lever les obstacles réglementaires et techniques qui entravent la mobilité des armées et d’assurer un accès prioritaire aux infrastructures en situation d’urgence. Cela intervient dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie et à une course à la militarisation dans tous les pays européens.

Mercredi 19 novembre, les autorités du district de Bara ont imposé un couvre-feu autour de l’aéroport de Simara après des affrontements entre des jeunes de la Génération Z et des partisans du parti UML, survenus en réaction à l’arrivée de dirigeants politiques. La zone reste instable, entraînant la suspension des vols entre Simara et Katmandou, tandis que les forces de l’ordre ont réprimé les contestations.

Dossier(s): Inde-Népal Tags: ,

Le 18 novembre, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a été auditionné par la « Commission d’enquête sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste ». À cette occasion, il a évoqué son souhait de créer un nouveau délit d’« atteinte à la cohésion nationale ». Selon lui, cette incrimination comblerait un vide juridique, la notion actuelle de « menace à l’ordre public » ne permettant pas, d’après ses propos, de traiter certaines situations qu’il associe à de l’« entrisme ». Cette proposition s’inscrit dans un ensemble répressif plus large, particulièrement islamophobe, incluant un renforcement des moyens des services de renseignement, de nouvelles possibilités d’incrimination pénale, ainsi que des leviers élargis pour dissoudre ou restreindre certaines structures.

L’arrestation de l’avocate populaire Lenir Correia, le 12 novembre 2025 à Ji-Paraná, s’inscrit dans une escalade de la répression visant les défenseurs des travailleurs ruraux et les mouvements de lutte pour les droits fonciers à Rondônia. Cette opération, liée à « l’opération Godos » visant la Ligue des paysans pauvres (voir notre article), criminalise le travail légal d’une avocate défendant des familles engagées dans des litiges fonciers. Plusieurs organisations dénoncent une attaque contre le droit à la défense, d’autant plus grave que Lenir Correia souffre de problèmes de santé incompatibles avec la détention. Ce cas intervient dans un contexte de conflits violents entre paysans et forces de sécurité depuis 2020, marqué par des décès, des opérations policières contestées et une alliance renforcée entre secteurs ruraux et forces armées.

Emprisonné depuis le 18 juillet 1996 et condamné à une peine de 50 ans de prison pour « agression aggravée » contre un shérif, le militant chicano Alvaro Luna Hernández (Xinachtli) est aujourd’hui âgé de 73 ans et gravement malade. Il souffre d’un important problème médical non diagnostiqué, peine à marcher, à rester debout et à utiliser les toilettes, et a déjà fait deux chutes, dont une où il s’est ouvert la tête. Détenu dans l’unité médicale de McConnell sans diagnostic, sans accès à ses dossiers médicaux ni possibilité de communiquer par téléphone. Il subit une politique de négligence médicale et des mauvais traitements, après plus de 23 ans passés à l’isolement. Une campagne d’appels urgents demande que ses moyens de communication soient rétablis, qu’il reçoive immédiatement des soins adaptés et qu’il soit transféré vers un établissement médical ou gériatrique (voir ici).