Pour le sommet de Copenhague, de nombreux militants ont fait le déplacement depuis l’étranger. Pour ceux d’entre eux qui ne peuvent pas se payer l’hôtel, les différentes organisations ont mis à disposition de grands dortoirs, parfois en concertation avec les forces de l’ordre. Dans la nuit de mardi à mercredi, 300 policiers en tenue de combat ont effectué une descente dans un de ces bâtiments. La police a saisi des outils, des échelles, des affiches et des guides pour les visiteurs prodiguant des conseils pendant les manifestations. Les forces de l’ordre n’ont procédé à aucune interpellation et ont justifié les saisies arguant que ce matériel pouvait servir à des actes de désobéissance civile. Par contre, elles n’ont pas donné de détails sur cette opération, ni sur sa raison d’être.

Des ministres de la Justice de l’Union européenne ont accepté une nouvelle structure pour la coopération dans des affaires intérieures suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui prévoit de transférer plus de pouvoirs à Bruxelles dans beaucoup de domaines qui étaient précédemment l’apanage exclusif des états. Le ‘programme de Stockholm’ quinquénnal est le prolongement des accords qui ont mené l’UE à intervenir dans le domaine de justice et des affaires intérieures, y compris des sujets comme le développement d’une politique d’asile commune et un approfondissement de la coopération entre les polices.

Les traités précédents de l’Union européenne se fondaient sur le fait que la plupart des sujets touchant aux affaires intérieures relevaient exclusivement des États. N’importe quelle offre de coopération devait être approuvée par chaque pays, ce qui limitait les accords. La plupart du domaine des affaires intérieures relèveront désormais de la même logique que les autres affaires. Ce qui signifie que les pays perdront leur droit de mettre leur veto aux propositions de la Commission européenne qui ont été acceptées par le Parlement européen et la plupart des États membres.

Un autre nouvel élément est la création d’un nouveau commissaire pour la justice et des droits fondamentaux, un portefeuille attribué à Viviane Reding du Luxembourg, vendredi dernier. Le Royaume-Uni et l’Irlande restent aux franges de ce processus, ayant obtenu la garantie d’un choix cas-par-cas.

Il y a quelques jours, le gouvernement danois a adopté à la hâte une législation ‘anti-casseurs’ en vue du sommet de Copenhague. Mais cette loi ultra répressive n’est pas la seule mesure adoptée. Un camp de détention provisoire a été installé à quelques kilomètres de la capitale, dans un entrepôt chauffé. Il pourra accueillir jusqu’à 350 personnes à la fois pour une garde à vue de six à douze heures et jusqu’à 1.000 par jour. Plus de 150 policiers et juristes siégeront en permanence dans ce centre, afin d’effectuer un premier tri des manifestants interpellés. Ceux qui seront déférés devant la justice encourront jusqu’à 40 jours de prison et des amendes aggravées. Les autorités policières ont également envoyé 3.000 courriers à des particuliers résidant aux abords du siège de la conférence ou à proximité de points sensibles tels que le Parlement, les hôtels des délégations,… Elles leur demandent de les contacter s’ils observent un individu ou un véhicule suspect. Enfin, la police danoise a mobilisé plus de la moitié de ses effectifs. 6.000 hommes sont déjà sur le pied de guerre (sur un total de 11.000) et ils pourront être renforcés jusqu’à 85% des effectifs totaux.

Le nombre de personnes arrêtées et fouillées dans le Nord en vertu de l’article 44 de la loi sur le terrorisme a augmenté de façon spectaculaire. Dans le troisième trimestre, 10.265 personnes ont été arrêtées par rapport à 1.657 pour la même période l’an dernier. Sur les 10.265, seulement 39 ont ensuite été arrêtées. Il y a aussi un déséquilibre politique et géographique immense – 2.203 personnes ont été arrêtées dans la républicaine Derry, mais seulement un dans le loyaliste Larne.

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Le 3 décembre prochain, le procès contre Patrick Mac Manus, porte-parole de l’organisation Opror/Rébellion au Danemark, reprendra devant le tribunal de Copenhague. Le jugement est attendu pour le 8 février 2010. Mac Manus est accusé d’avoir lancé une campagne de soutien politique et financier pour le FPLP et pour les FARC. L’inculpation le vise personnellement, et non pas l’association en tant que telle. Au niveau européen, l’affaire Patrick Mac Manus est une des illustrations les plus éloquentes d’un des buts visés par 10 ans de lois antiterroristes: l’interdiction – dans les continents de l’hémisphère Nord – de toute solidarité avec les résistances dans l’hémisphère Sud.

L’adoption par le Conseil de l’Europe d’une loi cadre contre le terrorisme du 13 juin 2002 qui définit (très élastiquement) le ‘délit terroriste’, loi votée et mise en application par les parlements nationaux des états de l’UE, a été complétée de listes noires d’organisations et de personnes ‘terroristes’. L’inculpation de Patrick Mac Manus se fait sur base de la violation de l’article 114a du code criminel danois, le soutien aux ‘groupes ayant l’intention de commettre des actes terroristes’.

En octobre 2004, Rébelion aurait transféré environ 14.000 € aux FARC et au FPLP. Quand, le premier août 2005, Patrick Mac Manus annonce dans une interview à la télévision danoise que Rébelion se prépare à rassembler de nouveaux fonds pour soutenir des organisations figurant sur la ‘liste terroriste’ de l’Union européenne et se fixe comme objectif la collecte de 500.000 couronnes danoises, la police et la Justice entrent en action. Une semaine après l’interview, le 9 août 2005, une perquisition frappe la maison et le bureau de Mac Manus, un ordinateur et des dossiers sont confisqués. Lui est arrêté, puis relâché. Suite à son arrestation, un groupe de sept activistes danois, sous le nom de ‘Fighters and Lovers’, commence à imprimer et à vendre des T-shirts avec les logos des FARC et du FPLP pour collecter du soutien financier. Quand la campagne prend son essor et que 200 T-shirts sont déjà vendus, la police perquisitionne l’imprimerie des T-shirts et les maisons des accusés. La page internet est arrêtée; un ordinateur, l’argent des ventes (destiné à une radio des FARC et à une imprimerie du FPLP) et les T-shirts restants sont confisqués.

Patrick Mac Manus

Patrick Mac Manus

Une voiture piégée a été garée aux abords du bâtiment de la police de Belfast par des militants de l’IRA-Véritable ou de l’IRA-continuité ce samedi. Elle contenait près de 180 kilos d’explosifs. Le véhicule a pris feu mais n’a pas explosé et n’a fait aucun dégâts. Le bâtiment visé était le siège du Policing Board, qui supervise toutes les opérations de la police.

Dans le même temps, une patrouille de police essuyait plusieurs coups de feu près d’Enniskillen, en Irlande du Nord. L’attaque est attribuée à une des organisations républicaines dissidentes refusant l’Accord du Vendredi Saint, IRA-Véritable ou IRA-Continuité. C’est à Enniskillen, fief du mouvement républicain, qu’en 1981, Bobby Sands fut élu à la Chambre des Communes. Deux hommes ont été interpellés en Irlande du Nord et un troisième en République d’Irlande.

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Début novembre, le parlement lituanien avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’existence présumée d’une prison secrète de la CIA en Lituanie où auraient été incarcérées des personnes soupçonnées de terrorisme. Un centre d’équitation avait été transformé par la CIA en prison pour pouvoir interroger en secret sur le sol européen des suspects d’Al-Qaïda, a rapporté la chaîne américaine ABC News. Jusqu’à huit personnes suspectées d’appartenir à Al-Qaïda ont été interrogées en même temps dans ce centre équestre situé près de la capitale Vilnius, dont la CIA avait fait aménager le bâtiment après l’avoir racheté en sous main.

Marian Price (photo) a été une première fois arrêtée et emprisonnée pour son rôle dans la plus grande campagne de l’IRA sur le sol britannique: quatre voitures piégées ont frappés le parlement, le palais de justice et des casernes. 200 personnes ont été blessées et un homme est mort d’une crise cardiaque. Marian Price, sa soeur et huit autres militants de l’IRA ont été condamnés à la prison à vie, peine qui a finalement été réduit à vingt ans. Leur grève de la faim de 200 jours (avec nutrition forcée par intubation) pour obtenir leur détention en Irlande a été une cause fameuse pour le mouvement républicain.

Dans les années 90, Marian Price a manifesté son opposition à l’accord de paix signé par le Sinn Fein. A propos des Accords du Vendredi Saint, elle a déclaré: ‘Ce n’est certainement pas pour cela ce que je suis allé en prison.’ Elle avait d’ailleurs prononcé un discours d’hommage aux funérailles de Joseph O’Connor, un membre de l’IRA Véritable assassiné par l’IRA Provisoire. Elle jouait un rôle de premier plan dans le Mouvement pour la Souverainté des 32 Comtés et était porte parole d’une association de soutien aux prisonniers républicains: l’Irish Republican Prisoners Welfare Association.

Des policiers lourdement armés avaient effectué hier un raid sur sa maison à l’ouest de Belfast et l’ont arrêté parce qu’elle aurait été en relation avec une des deux personnes accusée de l’attaque contre la caserne de Masereene en Irlande du Nord en mars 2009, au cours de laquelle deux soldats britanniques ont été abattus – une action revendiquée par l’IRA Véritable. Marian Price a été libérée aujourd’hui de sa prison de la caserne d’Antrim.

Marian Price

Marian Price

L’opposition de quatre États membres à un projet d’accord entre l’UE et les États-Unis permettant l’utilisation de données bancaires dans des enquêtes anti-terroristes va probablement retarder une décision vers la fin du mois de décembre. Evoquant la protection des données privées, l’Allemagne, l’Autriche, la France et la Finlande s’opposent au texte négocié par la présidence suédoise de l’Union européenne et la Commission européenne donnant aux autorités américaines l’accès aux informations de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) – la société de transferts interbancaires internationale.

SWIFT enregistre des transactions internationales valant des trillions de dollars quotidiennement, entre presque 8.000 institutions financières dans plus de 200 pays. Depuis 2006, SWIFT avait été l’enjeu d’une désaccord majeur entre l’UE et les USA, après qu’il soit apparu que les autorités américaines avaient secrètement utilisé des informations sur des transactions européennes dans leur prétendue ‘guerre contre le terrorisme’. Société basée en Belgique, SWIFT gardait un back-up aux USA, que l’administration Bush utilisait. SWIFT est sur le point de créer un back-up en Suisse, pour répondre de la demande européenne de ne plus stocker les données aux USA. Voilà pourquoi l’administration Obama négocie un cadre légal pour l’échange de données avec l’UE.

La présidence suédoise de l’UE espérait atteindre un accord le 30 novembre, quand les ministres de la justice et des affaires intérieures de l’UE se réuniront à Bruxelles. Mais le ministre de la Justice allemand a dit qu’elle était contre un accord pour que de grandes quantités de données puissent être transférées sans disposition de protection légales. La ministre de l’Intérieur autrichien a dit qu’elle s’opposerait aussi à l’accord.

Selon le projet d’accord, l’UE permettrait à SWIFT de partager le nom, le numéro de compte, l’adresse, le numéro d’identification national et d’autres données personnelles aux autorités américaines, s’il y a un soupçon que la personne soit de n’importe quelle façon impliquée avec l’activité terroriste. Les demandes d’informations seront formulées de manière aussi précises que possible pour empêcher que trop de données ne soient examinées par les services de renseignements et la police. Cependant, si SWIFT ne peut pas identifier les données qui répondraient à la demande de raisons techniques, l’accord prévoit que toutes les données potentiellement appropriées seront transmises en bloc. Eurjust, l’agence de coopération juridique de l’UE doit être informée de la demande de l’information. Les données transmises peuvent être gardées aux EU pour jusqu’à cinq ans avant leur suppression.

Un mouvement de solidarité commence à se constituer avec les six anarchistes serbes membres de l’Initiative anarcho-syndicaliste (Anarho-sidnikalisticka inicijativa, ASI). Ils sont détenus depuis les 3 et 4 septembre. La police les accuse d’être à l’origine de l’attaque au cocktail Molotov de l’ambassade de Grèce à Belgrade, une action menée en solidarité avec l’anarchiste grec Thodoros Iliopoulos et revendiquée par le groupe Crni Ilija (‘Ilija noire’).

Manifestation à Berne

Affiche de solidarité avec les 6 de Belgrade

Affiche de solidarité avec les 6 de Belgrade