iBorderCTRL est le système qui contrôlera dès 2020 les passeports à l’entrée de l’UE. A la différence des systèmes automatisés de contrôle des passeports biométriques en service, comme PARAFE en France, iBorderCTRL commencera à travailler bien avant que vous ne vous présentiez à un poste de contrôle. Sur un ordinateur personnel ou grâce à une application mobile, iBorderCTRL vous demandera de fournir à l’avance des informations de base sur votre voyage, des détails d’état-civil, et renseigner les données de base de votre pièce d’identité, sur le modèle des informations courantes que vous demanderait un agent au moment du contrôle. Pendant le voyage, ces données pourront être vérifiées, comparées à ce que le système sait de vos titres de transports, de vos déplacements passés, voire même de ce que vous avez publié sur les réseaux sociaux. L’application pourra également demander à prendre votre photo, pour la comparer à des clichés précédents.

À partir de ces données, le système vous assignera une note, une évaluation du risque de fraude que vous représentez ou non, qui déterminera la suite des événements une fois arrivé au poste-frontière, ce que sont déjà en train de tester la Hongrie, la Lettonie et la Grèce, pour un premier programme pilote de six mois à l’une de leurs frontières. Là, un appareil fixe ou mobile contrôlera votre passeport biométrique, et vérifiera que vous en êtes bien le titulaire. Si tout concorde, vous pourrez passer.

En cas de doute, un agent virtuel affiché à l’écran pourra vous poser des questions simples, pas tant pour utiliser le contenu de vos réponses que pour analyser vos réactions à chaque question. « Que contient votre valise ? » pourra par exemple être suivi de « Si j’ouvre votre valise, est-ce que je constaterai que vous m’avez menti ? ». Le système va collecter des données qui dépasseront la simple biométrie, pour aller jusqu’aux bio-marqueurs du mensonge. Tenant compte du sexe, de l’origine ethnique et de la langue parlée, pour s’adapter à son interlocuteur, il sait détecter 38 micro-expressions du visage qui peuvent trahir un menteur. Si les réponses et les réactions ne suffisent pas à lever les doutes du système, le passager sera dirigé vers un agent.

Le système iBorderCTRL

Le système iBorderCTRL

Assistance Centre d’Appel ACA est une entreprise spécialisée dans la télésurveillance d’ascenseurs et de parking, ainsi que dans la surveillance de ses salariés. Saisi d’une plainte en juin 2015, la CNIL procède à un contrôle des locaux en novembre 2016. Elle y découvre que la société a mis en place un dispositif de pointage biométrique, recueillant les empreintes digitales des salariés et servant à surveiller leurs horaires, et ce sans autorisation. La CNIL constate également que l’entreprise enregistre les appels téléphoniques sans que les salariés n’en soient informés. Et leurs interlocuteurs ne se voyaient pas préciser ni l’identité du responsable des traitements, ni de leurs droits d’opposition.

Mise en demeure, ACA informe en janvier 2018 avoir pris des dispositions pour se conformer à la loi. En mars, la CNIL mène donc une nouvelle inspection: rien n’a changé. ACA vient de se voir infliger une amende de 10.000 euros.

ACA

ACA

Les engins lanceurs d’eau (ELE), couramment appelé canons à eau en France (et auto-pompes en Belgique) se retrouve en première ligne dans les manifestations. Ces canons pulvérisent différents liquides. De l’eau, bien sûr, mais aussi plus généralement des émulsifs. Soit le même liquide mousseux que celui employé par les pompiers, qui peut être coupé avec différents additifs, ajoutés directement dans la citerne. Le plus courant pourrait être un gaz lacrymogène, mais de récents problèmes techniques en ont limité l’usage.

Le 1er mai, à Paris, c’est une mousse très spéciale qui a été utilisée. Le canon projetait ainsi des protéines de viande macérées, mélange de sang séché et d’os broyés, à l’odeur pestilentielle, ce qui a surpris les manifestants. À terme devraient également être mis en œuvre des PMC, des produits de marquages codés, comme l’indique une touche spécifique dans le cockpit des engins. Inodores et invisibles, ils peuvent rester jusqu’à trois semaines sur la peau, beaucoup plus sur les vêtements (voir notre article). Il suffit d’un éclairage ultraviolet pour les mettre en évidence, ce qui est même possible depuis un hélicoptère. Alors qu’il avait été évoqué une possible expérimentation discrète le 1er mai, une analyse en laboratoire d’échantillons de liquides projetés, diligentée par le site Taranisnews, a montré qu’ils n’en contenaient pas. Pour cette fois.

ELE en France

ELE en France

La technologie de reconnaissance faciale en temps réel de la police de South Wales (Pays de Galles), connu aussi sous le nom de système AFR Locate, aurait été spectaculairement améliorée grâce à un nouvel algorithme fourni par l’entreprise technologique japonaise NEC. Sur les 44 468 visages scannés par les forces de l’ordre puis analysés par le logiciel de reconnaissance faciale en marge du « Biggest Weekend » qui s’est déroulé dans la ville de Swansea en mai dernier, il n’y aurait eu que dix faux positifs.

Une version moins récente de ce logiciel avait été utilisée l’an dernier à Cardiff, lors de la finale de la Ligue des Champions (voir notre article). À cette occasion, près de 170 000 personnes avaient afflué aux abords du stade de la ville et AFR Locale avait identifié 2470 suspects potentiels, dont 2297 faux positifs : il se trompait dans 92 % des cas. Le système AFR Locate aurait déjà permis à Cardiff l’arrestation de 16 entre le 31 mai et le 22 décembre 2017 et de 13 autres personnes entre le 3 et le 24 juin 2018. Au total, cette technologie de reconnaissance faciale en temps réel aurait déjà conduit à l’arrestation de plus de 450 personnes depuis juillet 2017.

Une des camionnettes du système

Une des camionnettes du système

Cent trente-six ans après sa création par le Français Alphonse Bertillon, la police technique et scientifique (PTS) organise son congrès mondial à Lyon du 27 au 31 août. Pour cet évènement, pas moins de 800 spécialistes seront réunis pour échanger, débattre et analyser leurs différentes méthodes de recherche et d’investigation. L’enquête sur l’affaire Maëlys sera au cœur de toutes les discussions. La PTS a fourni un immense travail pour détecter les plus petites taches de sang, même recouvertes auparavant par des produits chimiques. Cette semaine, ce sera aussi l’occasion pour les scientifiques du monde entier d’échanger leurs différentes innovations comme le portrait-robot génétique. Cette technique à la pointe de la technologie se base sur les traces d’ADN recueillies sur une scène de crime. Grâce à elles, la police scientifique peut dresser le portrait-robot d’un suspect.

PTS

PTS

CloudWalk Technology, start-up chinoise, avait besoin d’images de visages de personnes noires pour perfectionner son logiciel de reconnaissance faciale, biaisé jusqu’ici, car reconnaissant mieux les visages clairs. L’accord, qui donne à la start-up chinoise l’accès aux informations biométriques des citoyens zimbabwéens, est entré vigueur le 30 juillet. Le président zimbawéen Mnangagwa a décidé de donner accès aux informations de ses citoyens (sans leur consentement bien entendu), en échange de l’installation de tout un dispositif de surveillance made in China.

CloudWalk Technology n’est pas la seule à voir ses algorithmes modelés par les biais raciaux : d’après une étude du MIT Media Lab publiée en février 2018, les trois principaux logiciels de systèmes de reconnaissance faciale (IBM, Microsoft, Megvii) avaient en moyenne moins de 1 % de chances de se tromper lorsqu’il s’agissait d’un homme blanc, tandis que ce pourcentage grimpait à presque 35 % lorsqu’il s’agissait d’une femme noire. Inacceptable pour la Chine (dont le gouvernement finance CloudWalk Technology à hauteur de 301 millions de dollars), qui veut devenir leader mondial en IA d’ici 2030.

Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï

Démonstration de reconnaissance faciale au stand de CloudWalk Technology à la Foire de Shanghaï

Les négociateurs du Parlement européen et des Etats membres ont adopté mardi trois règlements visant à développer le système d’information Schengen (SIS), une base de données policière regroupant plus de 70 millions de signalements introduits par 30 pays européens. Le SIS a été créé en 1995 pour contribuer à maintenir la sécurité intérieure, mais aussi à combattre la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière dans l’espace Schengen (26 pays dont 22 membres de l’UE).

De nouvelles ‘alertes’ sur les menaces terroristes et les enfants en danger seront notamment ajoutées dans le SIS. Les règles convenues comprennent également un volet visant à améliorer le retour des migrants en situation irrégulière, avec entre autres adopté une obligation pour les pays d’enregistrer dans le SIS toutes les décisions de retour émises. Des règles renforcées sur la protection des données, notamment davantage de moyens de contrôle pour les autorités de protection des données, sont aussi prévues dans le compromis, qui améliore en outre l’accès au SIS pour Europol et l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. L’accord va désormais devoir être adopté de façon formelle par la commission des libertés civiles, le Parlement dans son ensemble et le Conseil avant de pouvoir entrer en vigueur.

L'espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)

L’espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)

Nous avions parlé de la pétition de travailleurs de Google demandant que l’entreprise renonce à offrir ses compétences au Pentagone pour améliorer l’efficacité des drones (voir notre article). Il s’agissait plus précisément, dans le cadre du programme Maven, du logiciel ouvert d’apprentissage automatique TensorFlow qui permettait par exemple d’identifier de manière automatisée des bâtiments, des véhicules ou des humains figurant sur des images. Un contrat à plusieurs dizaines de millions de dollars qui constituait un pas vers les drones-tueurs autonomes.

C’est finalement plus de 4.000 travailleurs de chez Google qui ont signé la pétition et ils ont eu gain de cause: Google a décidé de ne pas renouveler ce contrat avec la Pentagone quand il arrivera à échéance, c’est à dire l’an prochain. Reste que, a priori, des technologies issues du programme Maven ont déjà été utilisées en opération. Cela ne va pas dire que Google renonce à toute relation avec le Pentagone. Ainsi, membre du conseil d’administration d’Alphabet (la maison-mère de Google), Eric Schmidt fait partie du Conseil d’innovation de la Défense, tout comme Milo Medin, l’un des vice-présidents de Google.

Image prise d'un drone-tueur Reaper

Image prise d’un drone-tueur Reaper

Saint-Ghislain, en province du Hainaut, la police a testé un véhicule permet de surveiller les grands rassemblements pendant les festivités de l’Ascension. La vitesse du véhicule atteint les 45 km/h. A l’intérieur de l’engin, léger, électrique et silencieux, un policier est placé dans un habitacle qui peut s’élever à 4 mètres, il peut voir à 360 degrés à l’aide de quatre caméras. En France, plusieurs polices municipales l’utilisent déjà. Le véhicule est reconnu et a reçu les autorisations au niveau européen, il reste à voir au niveau belge quelles sont les dispositions qui doivent être remplies pour l’utiliser sur la voie publique. Le test va durer une semaine.

L'engin en test à Saint-Ghislain

L’engin en test à Saint-Ghislain