Au Rojava, le Bataillon International de Libération (IFB) participe à l’Opération « Colère de l’Euphrate », l’offensive finale sur Raqqa, la capitale de l’Etat Islamique. L’IFB et les autres bataillons YPG ont rapidement progressé. Le 25 janvier à 5h15, une attaque de Daech a été lancée contre le village tenu par l’IFB. Après que les camarades aient identifié l’ennemi grâce à une caméra thermique, l’affrontement a commencé devant tous les points de contrôle du village. Les assaillants ayant réussi à s’infiltrer à l’intérieur du village, les affrontements ont continué jusqu’à la tombée de la nuit, mais la victoire est restée à l’IFB: 8 militants de Daech ont été tués durant l’affrontement, 3 se sont fait exploser et un tank a été pris à l’ennemi. Un combattant de l’IFB a été blessé.

Cette attaque a fait partie d’une attaque généralisée de Daesh sur 23 points du front lors de laquelle deux membres du bataillon formé par les combattants arabes locaux ont été tués et 3 autres blessés. Le 7 janvier, une autre attaque de Daesh avait été repoussée par l’IFB, au prix de la vie de Muzaffer Kandemir, membre des BÖG et combattant de l’IFB. 18 membres de Daesh avaient été tués dans l’attaque (voir notre article). Participez à la campagne de financement de pansements hémostatiques pour les révolutionnaires au Rojava sur rojava.xyz

Combattants de l'IFB

Combattants de l’IFB

Tôt dans la matinée du 25 janvier, des perquisitions ont été menés par la police politique et les forces spéciales contre les enseignants membres du syndicat de l’éducation Eğitim Sen, de la confédération syndicale KESK (Confédération des Syndicats des travailleurs des services publics), dans le district de Kemalpaşa, à Izmir. 37 syndicalistes ont ainsi été mis en garde à vue et emmenés au bureau des affaires politiques. Les syndicalistes sont poursuivis pour avoir participé à une action de grève le 29 décembre 2015.

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Manifestation du syndicat Eğitim Sen (archive)

Le prisonnier anarchiste Umut Firat (enfermé depuis 23 ans) était le 18 janvier à fin 38e jour de grève de la faim. Il a récemment été transféré de la prison d’Izmir Buca à la prison d’Izmir Yenisakran de type T numero 4. Il a résisté aux fouilles à nu des gardiens. Il dénonce les conditions de détention en Turquie, surtout depuis le coup d’État manqué. Les prisonniers sont à 19 dans des cellules qui peuvent en accueillir 14, forcés à dormir dans des lits salis de sang, deux visites de 45 minutes sont autorisées chaque mois, les demandes des prisonniers sont ignorées, la répression et la torture quotidiennes.

Affiche du DAF pour Umut

Affiche du DAF pour Umut

Suite à la mise en place d’un cessez-le-feu en Syrie le mois dernier, des représentants du gouvernement syrien et de la « rébellion » syrienne se sont rencontrés à Astana, dans la capitale du Kazakhstan. Les pourparlers ont commencé ce lundi 23 et s’achèveront ce mardi 24 à midi, ils sont sponsorisés par la Russie, la Turquie, l’ONU et l’Iran. Les rebelles (une quinzaine de groupes, voir image), représentés par le salafiste Mohamed Allouche (Jaysh al Islam, « Armée de l’Islam ») refusent de négocier directement avec le régime et refusent d’aborder d’autres sujets que le cessez-le-feu lors de cette première session. Les principaux groupes islamistes (Daesh et Al Qaida (a.k.a Al Nusra, Fateh Al Sham) sont interdits de conférence. Le groupe salafiste Ahrar Al Sham est également absent de la conférence, ce qui témoigne des tensions entre les factions rebelles.

De leur côté, les YPG ont publié un communiqué pour clarifier qu’ils ne seraient pas liés au discussions puisqu’ils n’y ont tout simplement pas été invités « Nous les Unités de Protection du Peuple, pensons que les entités qui participent et sponsorisent ces pourparlers font partie du problème de départ de la Syrie ». D’autres groupes comme le minoritaire ENKS (Conseil National Kurde en Syrie), l’antenne syrienne du Parti Démocrate du Kurdistan, le parti libéral féodal qui gouverne le Kurdistan irakien autonome, ont quant à eux été invités… Ibrahim Biro est venu y défendre ses troupes, les « Rojava Peshmergas » en demandant à ce qu’ils puissent accéder au Rojava. Il a également prétendu représenter les Kurdes de Syrie.

Si le processus ne capote pas d’ici là, une seconde session se tiendra dès le 8 février.

Les groupes rebelles présents à Astana

Les groupes rebelles présents à Astana

Les 2200 ouvriers de l’industrie électromécanique se sont mis en grève le 19 janvier dans 13 usines des groupes GE Grid Solution, ABB Elektrik, Schneider Enerji et Schneider Elektri relevant d’une même convention collective, celle de l’association patronale Elektromekanik Metal İşverenleri Sendikası (EMİS). La grève, lancée par le syndicat Birleşik Metal-İş, de la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie (DISK), se poursuit malgré son interdiction durant 60 jours par décision du Conseil des Ministres. S’appuyant sur l’article 63 du code du Travail le Conseil des Ministre avait décrété le 19 janvier « que la grève décidée par le syndicat Birleşik Metal-İş met en danger la sécurité nationale et doit donc être repoussée ». Le 18 janvier, le conseil des ministre avait de la même manière « reporté » la grève des travailleurs d’Asil Çelik.

Rassemblement des grévistes du Birleşik Metal-İş

Rassemblement des grévistes du Birleşik Metal-İş

Les dernières opérations de guérilla urbaine menée par le DHKP-C, les tirs de roquettes contre le quartier général de la police et le siège de l’AKP à Istanbul, (voir notre article d’hier) auquel il faut peut-être joindre le mitraillage d’une patrouilleuse de police ce samedi matin à Esenyurt, district de la rive européenne d’Istanbul, font suite (et répondent) à une série de revers subis par l’organisation.

Nous avions parlé de la mort de deux combattants dans le Dersim (voir notre article) mais c’est un total de seize guérilleros que le DHKP-C a perdu dans la région à la fin de l’année, dont dix dans un seul bombardement de l’aviation turque. A ces pertes se sont ajouté l’arrestation dans la province d’Izmir de Çiğdem Ş., présentée comme une dirigeante de l’organisation pour la zone égéenne. Agée de 35 ans, elle avait déjà été arrêtée en 2012, soupçonnée d’avoir planifié une attaque contre la police, et avait été libérée en 2016. Jeudi 19, une vaste opération anti-DHKP-C a eu lieu dans le district d’Okmeydanı à Istambul a débouché sur 5 arrestations.

L'opération policière à Okmeydanı

L’opération policière à Okmeydanı

Une roquette de RPG a été tirée en direction du quartier général de la police à Istanbul, mais a manqué sa cible et a fini par percuter le mur d’enceinte du Directoire de la Sécurité provinciale sans faire de victime. Le bâtiment visé est situé dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne du Bosphore. L’action n’a pas encore été revendiquée mais pourrait être le fait des TAK, les « Faucons pour la Libération du Kurdistan » (TAK), qui avaient déjà attaqué de la même manière l’aéroport Sabiha Gökçen d’Istanbul.

Mise à jour: Il y a eu deux roquettes (l’autre contre l’AKP est entrée à l’intérieur), des drapeaux du DHKC ont été laissés en guise de revendication sur place, l’action était dédie à la mémoire des 10 combattants DHKC portés disparus au début du mois de novembre dernier suite à un bombardement turc.

Le point du tir de la roquette

Le point du tir de la roquette

Le parquet turc a requis 142 ans de prison contre Selahattin Demirtas et 83 ans contre Figen Yüksekdag. Demirtas et Yüksedag sont les co-présidents du HDP, le Parti Démocratique des Peuples, parti d’union de la gauche turque et kurde qui avait fait 13% aux élections de juin 2015. Depuis la fondation du HDP, le régime turc ne l’a jamais considéré comme autre chose qu’une émanation du PKK, de lourdes campagnes de répression ont frappé le HDP, tantôt portées par la police et l’armée, tantôt par les miliciens fascistes, islamistes et pro-AKP. Au début du mois de novembre, Demirtas et Yüksedag ont été arrêtés (des dizaines d’autres représentants et élus l’ont également été) et emprisonnés en prison de haute-sécurité de type F. Ils sont accusés de faire partie d’une organisation terroriste, le PKK.

Demirtas et Yuksekdag

Demirtas et Yuksekdag

Au moins quatre policiers ont été tués et deux blessés ce lundi dans l’explosion, à Diyarbakir, d’un IED au passage de leur véhicule blindé. Ces policiers appartenaient à la police anti-émeute et l’embuscade est survenue près du campus de l’université Dicle dans le district de Sur à Diyarbakir. Les blessés ont été transportés à l’hôpital de la faculté de médecine de l’université Dicle.

Le lieu de l'explosion

Le lieu de l’explosion

Communiqué du Bataillon International de Libération

« C’est avec rage, tristesse et fierté que nous confirmons le martyr de Muzaffer Kandemir, connu de nous par son nom de guerre, Doğan Kırefe. Muzaffer a rejoint la Révolution du Rojava depuis Sinop, dans la région de la Mer Noire en Turquie. En tant que communiste, il ne pouvait observer la lutte pour une société juste faire face au fascisme de Daesh sans prendre part à cette lutte. Il a rejoint les Forces Unies pour la Liberté (BÖG) qui venaient alors d’être formées, et a traversé la frontière en Syrie. Des BÖG, il a rejoint des compagnons révolutionnaires venus du monde entier dans note tabur (bataillon), le Bataillon International de Libération (IFB), actuellement déployées dans le cadre de l’Opération « Colère de l’Euphrate », l’offensive finale sur Raqqa, la soi-disant capitale du territoire de l’Etat Islamique. L’IFB et les autres taburs YPG ont rapidement progressé, encerclé, et finalement coincé Raqqa. Daesh lance à présent des attaques désespérées et suicidaires. La première fois, nous avons résisté sans déplorer aucune perte. Mais ce samedi 7 janvier 2017, un assaut bien plus large a été tenté, lors duquel l’ennemi a utilisé non seulement des fusils et des roquettes, mais également des gillets explosifs, dont seuls deux ont explosés. L’un d’eux a tué notre camarade Muzaffer. Malgré cela, nous n’avons pas succombé. Et après de longues heures de la plus lourde bataille que nous ayons vu depuis longtemps, l’ennemi s’est retiré, laissant derrière lui les corps de 18 djihadistes. Nous promettons à Muzaffer et aux peuples du monde entier que nous ne nous laisserons pas dissuader, nous libérerons la ville de Raqqa du fascisme et de la misogynie, tout comme les peuples du monde entier libéreront un jour chaque recoin de la planète. Lorsque ce jour viendra -et il viendra- les noms de Muzaffer Kandemir et de tous les martyrs de cette grande lutte nous accompagneront vers la liberté et l’égalité. Sur ce chemin, Muzaffer vivra à nouveau. Sur ce chemin, il est devenu immortel. Les martyrs sont immortels! Şehîd Namirin! »

Doğan Kırefe

Doğan Kırefe