Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La police de la région à majorité kurde de Hakkari (Colemêrg), en Turquie, a lancé une campagne qui consiste à recueillir les empreintes digitales de toute une population, y compris des jeunes enfants. La campagne est intitulée « Ma boussole, c’est la police », vise à permettre aux citoyens d’être « plus facilement joignables en cas de disparition », a déclaré la direction de la police de Hakkari en annonçant le projet en septembre. Un précédent rapport publié en août par la chaîne publique TRT Haber ne mentionnait que les personnes ayant une capacité mentale réduite comme cible des empreintes digitales. On ignore quand le projet a été étendu aux enfants et aux adultes non handicapés. En outre, le profilage communautaire est évidant: S’il s’agit vraiment d’un projet basé sur la possibilité de disparition d’enfants, pourquoi ne pas le faire dans les trois villes les plus peuplées, Istanbul, Ankara ou Izmir, plutôt que dans la région kurde d’Hakkari? D’autant que loin d’aider à résoudre les disparitions de mineurs kurdes, les forces de sécurité en sont les premières responsables.

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Vincenzo Vecchi a été condamné en Italie à douze ans et demi de prison pour avoir manifesté contre le G8 à Gènes en 2001, au nom d’une loi datant du fascisme et toujours d’application. Celle-ci punit du crime de dévastation et pillage toute personne qui participe à une manifestation au cours de laquelle des dégradations ont eu lieu. Réfugié en France, l’Italie demande son extradition via un mandat d’arrêt européen et la Cour de Justice de l’Union européenne qui va dans son sens. La comparution en cassation de Vincenzo a eu lieu à Paris ce mardi 11 octobre. La Cour de cassation a mis en délibéré sa décision sur l’exécution du mandat d’arrêt européen, elle tranchera le 29 novembre. Environ 200 personnes étaient présentes devant le palais de justice de Paris pour l’audience de la cour de cassation. La veille, ce lundi 10 octobre, un rassemblement de soutien avait eu lieu à Rennes. A Bruxelles, un collage solidaire a eu lieu sur la Chambre de commerce belgo-italienne, 113 avenue Henri Jaspar (Saint-Gilles).

Des Mapuches du sud du Chili et des policiers se sont affrontés à plusieurs reprises hier lundi dans le centre de Santiago lors d’une marche des peuples autochtones pour protester contre la militarisation de leur région. Au son des tambours et des cornes, les manifestants – vêtus de costumes traditionnels colorés et portant des drapeaux de leurs peuples respectifs – ont avancé le long de l’Alameda, l’avenue principale de la capitale chilienne, où ils ont été dispersés par des camions de pompiers et des gaz lacrymogènes. Dix personnes qui ont été arrêtées seront remises au bureau du procureur. La marche, qui coïncidait avec le « jour de la rencontre des deux mondes », comme on appelle au Chili le jour de Colomb ou de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, dénonçait la militarisation des régions méridionales de Biobío et de La Araucanía, où se mobilisent de groupes mapuches revendiquant des terres ancestrales accaparées par des entreprises forestières et d’agriculture industrielle.

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Un Palestinien a ouvert le feu à un poste de contrôle près du camp de réfugiés de Shuafat, à Jérusalem-Est, dans la nuit de samedi à dimanche, tuant une sous-officier de la police militaire, et blessant gravement un garde civil. Le garde avait été hospitalisé dans un état grave. Quatre personnes soupçonnées de complicité ont été arrêtées dans la nuit de samedi à dimanche. La mère, le père et le frère du suspect ont également été appréhendés, selon l’habituelle politique de représailles collectives de l’occupant.
Un grand nombre de policiers, de soldats et d’agents du service de sécurité du Shin Bet ont lancé une chasse à l’homme pour retrouver le tireur qui semble s’être échappé dans le camp de réfugiés de Shuafat. Un hélicoptère a été utilisé pour balayer des airs cette zone surpeuplée de Jérusalem-Est, et des forces spéciales ont également été déployées pour renforcer les recherches. L’accès au camp de réfugiés a été fortement restreint et les forces d’occupation qui sont entrées dans le camp de Shuafat se sont heurtées à des dizaines de manifestants Palestiniens, qui leur ont lancé des pierres et des pétards.

Les forces d’occupation bloquant le camp de réfugiés de Shuafat

 

Nous rendions compte de l’opération anti-guérilla lancée le jeudi 6 octobre menée par le 94e bataillon d’infanterie de l’armée philippin dans le Negros Occidental (voir notre article). Cette opération a donné lieu a de nouveaux accrochages dont le bilan est de deux soldats tués et six autres blessés à Barangay Carabalan. Il a fallu un appui de l’aviation pour dégager les troupes des tirs de la guérilla et pour évacuer les blessés. Les maoïstes ont disparu dans la jungle lorsque les bombardements aériens ont commencé.Ce sont en tout quatre affrontements ont eu lieu dans ce village isolé jusqu’à samedi après-midi. Les combats ont provoqué l’évacuation de centaines de familles de Barangay Carabalan et Barangay Cabadiangan et d’autres villages.

Combattants de la NPA

Combattants de la NPA

 

Il y a eu une augmentation significative des manifestations samedi (qui est le premier jour ouvrable de la semaine iranienne). Dans la ville de Sanandaj, la population s’est emparée d’un commissariat de police avant d’y mettre le feu. La jeunesse insurgée a incendié la base des pasdaran de la ville et la mairie du village voisin de Naysar. Toujours à Sanandaj, dans la soirée, la jeunesse a pris le contrôle de rues en y allumant des feux, en détruisant les caméras de sécurité et en incendiant de nombreux centres répressifs, comme celui de la « Promotion de la vertu et de la prohibition du vice ». Les pasdaran ont fouillé chaque immeuble et maison de la rue Jam-e-Jam à la recherche de manifestants et ont tiré des salves de balles sur plusieurs portes d’entrée. Plusieurs jeunes manifestants ont été tués. Des agents ont tiré sur le conducteur d’une voiture qui klaxonnait en signe de solidarité avec les manifestants et l’ont tué.

A Machad les gens ont incendié un véhicule des forces répressives et passé à tabac un milicien (bassidj). Sur la place Pajouhech les manifestants scandaient : « Miliciens qui touchez vos rations, mangez bien, c’est la dernière ». Des agents ont lancé des lacrymogènes et tiré des chevrotines, en faisant des blessés, et les jeunes ont répliqué avec des cocktails Molotov. A Javanroud, au Kurdistan, un grand portrait de Khamenei a été incendié et des accrochages ont éclaté toute la nuit, la jeunesse tenant de certaines parties de la ville. À Kamiyaran, les manifestants ont bloqué les rues et se sont heurtés aux forces de répression. Les jeunes de Boukan ont pris le contrôle de quartiers de la ville en barricadant les rues. A Karadj, quatre voitures et deux motos des forces répressives et un grand portrait de Qassem Soleimani ont été incendiés. Les habitants de Hamadan ont fermé le pont stratégique de Qeshlaq. A Kerman, les agents ont ouvert le feu sur la foule.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes. Une vidéo d’une femme qui est apparemment dans ses derniers instants après avoir été abattue par les forces de sécurité iraniennes lors d’une manifestation dans la ville de Mashhad samedi est devenue virale sur les réseaux sociaux en Iran. Des centaines de personnes sont mortes depuis le début des émeutes à la mi-septembre – 192 sont identifiées. Des milliers ont été arrêtés. Parmi les personnes tuées lors de la manifestation figuraient deux jeunes femmes âgées de 16 et 17 ans qui, selon le régime, sont tombées des toits lors d’une manifestation, mais selon leurs familles, elles ont été assassinées par le régime avec des passages à tabac brutaux, et cela a même été confirmé par des examens pathologiques selon des rapports obtenus par la BBC. Un célèbre tiktoker encourageait les femmes à s’habiller librement, Hadis Najafi, a également été assassiné par le régime.

Les Palestiniens de la ville voisine de Kafr Qaddum organisent depuis des années des manifestations quasi hebdomadaires pour protester contre l’expropriation des terres qui appartenaient historiquement à leur ville, au profit de la colonie sioniste de Kedumim. Des affrontements ont éclaté vendredi entre l’armée israélienne et les manifestants Palestiniens. L’armée d’occupation a ouvert le feu, tuant un jeune manifestant de 15 ans, Adel Daoud. Un autre jeune manifestant, Mahdi Ladadweh, 17 ans, a été tué par un tir de militaires israéliens dans un village proche de Ramallah. Cinquante autres Palestiniens ont été blessés dans la répression des manifestations de ce vendredi.

L’Association des enseignants du primaire avait organisé jeudi une grande manifestation à Peshawar contre la baisse des pensions. Ils demandaient aussi un changement dans la structure actuelle du service des enseignants du primaire. La manifestation a provoqué des embouteillages massifs dans les zones environnantes. Entre-temps, le gouvernement provincial a refusé d’accepter les demandes des enseignants protestataires, sous prétexte qu’ils bloquaient les routes toute la journée au lieu de négocier. La police a été lancée contre les manifestants, blessant des  dizaines d’entre eux. Malgré les bombardements intenses de grenades lacrymogènes et les coups de matraque, la police n’a pas réussi à disperser les manifestants, car les enseignants ont tenu bon face à l’assaut. Les blessés ont été transportés d’urgence dans un hôpital local. La police a été jusqu’à arrêter certains enseignants qui recevaient des soins médicaux à l’hôpital. En réponse à cette répression, un grève totale a été déclenchée par les enseignants.

 

Ecevit Piroğlu milite en Turquie depuis 1992. Il a été arrêté pour cette raison à plusieurs reprises et après sa dernière incarcération, il a été contraint de quitter la Turquie pour échapper à de nouvelles persécutions. Ecevit doit être jugé, entre autres, pour son rôle dans le soulèvement de Gezi en 2013. Pour cette seule raison, il risque 30 ans de prison. Il a également combattu le Daesh au Rojava, ce qui lui vaut d’être poursuivi en Turquie comme « membre d’une organisation terroriste armée ».

Le 25 juin 2021, Ecevit s’est envolé pour la Serbie et a été arrêté après avoir atterri à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade et est en détention depuis lors. Le 2 juin 2022, Piroğlu a entamé une grève de la faim illimitée contre son extradition. Des mois plus tard, il a perdu un poids considérable et perd ses forces et sa conscience. Il est désormais détenu à l’isolement et sa vie est en danger. Une audience du tribunal s’est tenue à Belgrade vendredi passé, et l’audience non publique a été ajournée sans verdict. La prochaine date du procès n’a pas été mentionnée.

Deux mois de prison avec sursis avaient été requis par la procureure contre Josiane Clépier, médecin généraliste, Christiane Blondin, ophtalmologiste, et Alexander Samuel, biologiste. Ils avaient réalisé des prélèvements sur des personnes intoxiquées par des gaz lacrymogènes en 2019, en plein cœur du mouvement des Gilets jaunes dans le but d’évaluer la dangerosité des gaz lacrymogènes, suspectés d’exposer les manifestants à des doses nocives de cyanure.

Le parquet avait ouvert une enquête après la diffusion sur internet d’une vidéo les montrant en train de réaliser des prélèvements. Ces prises de sang « sauvages » risquaient de mettre en danger la vie d’autrui, selon les autorités… Toutes les personnes impliquées étaient consentantes, avaient des ordonnances, et les prises de sang étaient faites par des professionnels. Les trois scientifiques étaient passées devant le tribunal correctionnel de Paris, en juin. Le jugement a été rendu le 8 septembre (nos excuses pour le retard) : relaxe. « J’espère que, dorénavant, on pourra s’intéresser au vrai problème de fond : des gens exposés au gaz lacrymogène se retrouvent avec des niveaux élevés de cyanure dans le sang et des conséquences potentielles sur leur santé », a commenté Alexander Samuel.

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