Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Maja est une militante antifasciste non-binaire. Actuellement détenue en Hongrie, elle est en grève de la faim depuis le 5 juin pour demander à être renvoyée en Allemagne. Alors que son régime carcéral a été alléger en raison de sa lutte, l’assignation à résidence à Budapest lui a été refusée (voir notre article). Face à cette situation, des journées internationales d’action ont été organisées du 20 au 22 juin. À cette occasion, des initiatives solidaires ont été organisées dans une trentaine de villes allemandes, C’est ainsi qu’à Dusseldorf une banderole a été accrochée au consulat de Hongrie (voir ici), que l’hôtel de ville de Fribourg a été tagué (voir ici) ou que des bureaux de partis ont été caillassés à Wuppertal (voir ici). D’autres initiatives ont également eu lieu en Suisse, Autriche, Italie, Croatie, Albanie, Belgique, Danemark, Roumanie, Bulgarie, Slovénie, Finlande et Grèce. Plusieurs organisations membres du Secours Rouge International y ont participé, comme à Zurich, Bruxelles (avec l’AFA) ou encore Toulouse.

Des personnes solidaires organisent un concert de soutien à Nikos Maziotis, prisonnier politique en Grèce et militant anarchiste de Lutte Révolutionnaire, suite au rejet de sa demande de libération et à la prolongation de sa détention. Pour la sixième fois, la justice a refusé sa demande de libération conditionnelle (voir notre article), bien qu’il ait dépassé les 3/5 de sa peine depuis 2022, comme le prévoit les « lois » pour tous les détenus·es. En Grèce, il est le seul prisonnier politique avec une peine fusionnée de 20 ans — donc pas à perpétuité — à vivre cette situation, simplement parce qu’il n’a pas montré de « repentir » ni de « réforme morale ». Ancienne prisonnière politique et cofondatrice de Lutte Révolutionnaire, Pola Roupa interviendra par téléphone lors de cette soirée.

Rendez-vous le samedi 28 juin dès 20H30 au bar Les Clameurs (23 Rue d’Aguesseau, 69007 Lyon)

Les 57 militaires retenus par des habitants de la municipalité de El Plateado (voir notre article) ont été libérés lors d’une opération conjointe de l’armée et de la police colombiennes (photo), qui ont également capturé des ravisseurs présumés. La capture de ces militaires avait eu lieu dans le cadre de la grande offensive lancée par le président Gustavo Petro en 2024 pour reprendre le contrôle de cette zone connue sous le nom de Canyon du Micay, une offensive sans grand succès. La détention de militaires est une pratique courante dans les zones de conflit en Colombie pour dénoncer les effets de la sale guerre contre les civils — ces actions trouvent généralement une issue négociée. Des forces de guérilla soutiennent souvent, voire impulsent, ce genre d’initiatives.

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Le 18 juin 2025, 15e jour du procès de Daniela Klette, le tribunal régional de Verden a donné une suite favorable à une requête des avocats de Daniela datant du 3 juin, visant à l’obligation qui lui était faite de porter lors des déplacements un gilet pare-balles. Depuis l’ouverture du procès, le 25 mars, Daniela est tenue de porter un gilet pare-balles pesant 12 kilos sur ordre de la maison d’arrêt de Vechta pendant des heures lors des transports aller-retour entre la prison. Daniela est âgée de 66 ans et de corpulence mince, ce port lui était d’autant plus douloureux qu’immobilisée, poignets menottés et les jambes entravées, elle ne pouvait faire aucun mouvement pouvant réduire la tension causée par le gilet. Toutes les parties au procès ont enfilé pendant un bref instant le gilet en question. Toutes l’ont trouvé lourd et pénible. Seul le procureur l’a trouvé léger…

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Un rapport de la Défenseure des droits publié hier mardi 24 juin révèle une hausse des contrôles d’identité en France entre 2016 et 2024, et qui touche principalement les jeunes hommes perçus comme Noirs, Arabes ou Maghrébins.  En huit ans, les contrôles d’identité se sont multipliés en France, et cela, pour l’ensemble de la population (+81% chez les cadres, +148% chez les 55-64 ans, +79% chez les personnes perçues comme blanches). Le rapport avance quelques hypothèses : les Jeux olympiques en France en 2024, et plus largement les mouvements sociaux qui ont massivement mobilisé le pays : la révolte des gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites ou encore l’assassinat de Nahel, tué par un policier à Nanterre il y a deux ans.

Autre analyse : un changement de politique interne à la police, avec l’adoption en 2017 de la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, ou encore les nombreuses opérations contre le trafic de drogue, qui place le contrôle d’identité au cœur du dispositif de sécurité. Les jeunes hommes perçus comme Noirs, Arabes ou Maghrébins ont quatre fois plus de risque d’être contrôlés et douze fois plus de risque de subir un contrôle « poussé », c’est-à-dire des fouilles, des palpations, des conduites au poste de police ou des injonctions à quitter les lieux. Certaines populations sont également plus exposées à une interaction avec les forces de sécurité qui est non conforme à la déontologie : tutoiement, provocations, insultes ou des gestes brutaux – dirigés en général vers les plus vulnérables. Il s’agit principalement de jeunes hommes perçus comme Noirs ou Arabes, de personnes qui se déclarent non-hétérosexuelles, souffrant d’un handicap, étant au chômage ou résidant dans des quartiers pauvres.

Le 24 juin, au onzième et avant-dernier jour de la guerre déclenchée par Israël contre l’Iran à laquelle se sont joint les États-Unis, de nouvelles frappes aériennes ont touché le centre de Téhéran, notamment la prison d’Evin, symbole de la répression de la dictature du Shah puis de celle des mollahs. L’attaque a suscité de l’inquiétude parce que des centaines de prisonniers et de prisonnières politiques sont détenus à Evin. Des preuves vidéos indiquent que le quartier administratif, les postes de garde et le tribunal de la prison ont été endommagés. Bien que les principaux blocs cellulaires semblent en grande partie intacts, des rapports suggèrent que l’infirmerie de la prison a été touchée et que les fenêtres de la bibliothèque ont volé en éclats sous l’effet de l’explosion.

Les autorités ont déclaré qu’il y avait plusieurs morts parmi le personnel de la prison et que des prisonniers et des membres de leur famille avaient été blessés (sans donner de nombre ni d’identité). Ces autorités ont procédé au transfert des détenus vers d’autres prisons de Téhéran mardi 24 juin au matin. La semaine dernière, des médias locaux ont révélé une violente répression suite à une émeute à la prison de Dizel-Abad, à Kermanshah, où des gardiens auraient ouvert le feu sur des détenus, tuant plusieurs personnes.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Lors de la première attaque, un homme a escaladé un portail vers 1 h du matin le 12 juin et a placé des allume-feu sur les pare-brise, les capots et les pneus de plusieurs véhicules sur un parking de la police, à environ un pâté de maisons d’un commissariat de police du quartier de Bushwick à Brooklyn. Cette action a été revendiquée comme démonstration « que la solidarité avec la résistance palestinienne, les immigrés, les Noirs ne signifie pas des manifestations inutiles où tout le monde se fait arrêter, des marches sans fin vers nulle part et des chants fades » (lire la revendication).

Grâce à la vidéosurveillance, la police de New York a publié mercredi des photos et une vidéo d’un homme de 21 ans originaire du New Jersey, et a demandé l’aide du public pour le retrouver. Le 28 mai, cette personne avait été arrêtée lors d’une manifestation pro-palestinienne à Manhattan et inculpé de trouble à l’ordre public et de résistance à l’arrestation pour avoir entravé la circulation. En mai 2024, il a été arrêté dans le Queens et inculpé d’agression et de résistance à l’arrestation. Il a plaidé non coupable dans les deux affaires. En septembre dernier, il aurait participé aux luttes à l’Université Columbia et aurait causé des dégâts à une statue du campus.

Mercredi, la police a indiqué qu’un allume-feu avait été retrouvé sur un fourgon de police garé devant un restaurant du quartier de Williamsburg à Brooklyn. Le chef des inspecteurs du NYPD, Joseph Kenny, a déclaré que l’allume-feu était de marque différente à ceux utilisés à Bushwick. Cette action a été revendiquée « Pour Rumeysa Ozturk, pour Mahmoud Khalil, pour toutes les familles, tous les amis, tous les voisins emprisonnés. » (lire la revendication).

La nuit précédent les manifestations « no kings » (voir notre article), le bureau de recrutement de la Garde nationale de l’armée de terre a été attaqué par des anarchistes (vitres brisées, etc.) à Bloomington, dans l’Indiana. L’origine de la Garde nationale, qui a été déployée en Californie lors des manifestations contre les expulsions de masses (voir notre article), est dans les milices mises en place après la guerre de Sécession par les autorités des États-Unis pour réprimer les émeutes ou de briser les grèves. Sur notre photo : un garde national en appui à la police de l’Indiana lors de la répression des mobilisations étudiantes pro-palestiniennes de l’an passé.

Dossier(s): Amérique du Nord Tags:

En mai dernier, Toulouse et 14 communes adjacentes ont publié un appel d’offres, d’une valeur estimée à 16,4 millions d’euros, visant à moderniser leur système de vidéosurveillance. Il est ainsi question d’augmenter le nombre de « caméras haute définition […] de dernière génération » et de « capteurs intelligents à la pointe de la technologie […] intégrant des fonctions d’analyse vidéo (détection de mouvement, reconnaissance de plaques, suivi automatique) ». En particulier, selon le média Next, il est question d’investir dans la vidéosurveillance algorithmique qui est un système utilisant l’intelligence artificielle, alors que ce dispositif est pour le moment interdit en France.

La surpopulation carcérale en Belgique franchit un nouveau record. Selon les chiffres de l’administration pénitentiaire, il y avait, lundi, 13.118 détenus incarcérés dans les prisons belges pour 11.040 places, 320 prisonniers dorment sur un matelas posé à même le sol. La Belgique a pourtant précédemment été condamnée par la CEDH pour des faits similaires (voir ici). La surpopulation oblige certains détenus à dormir à même le sol, dans des cellules conçues pour une seule personne et désormais occupées par quatre. Des matelas sont placés au sol dans des cellules vétustes de 9 m², entre un lit superposé, une étroite table, deux chaises et un W-C séparé par un petit muret, empêchant les détenus de bouger alors qu’ils sont enfermés 23 heures/24. 

Vue de la prison de Saint-Gilles