Le 20 novembre, une opération de la Police militaire de Rondônia (PM-RO) était organisée pour expulser trois camps installés sur le domaine des « Maroins » à Machadinho D’Oeste. Cela a abouti à la mort de quatre paysans et à l’expulsion d’environ 400 familles de ces trois campements, ainsi que des accusations de vols de vêtements, médicaments et objets personnels. La police justifie l’opération en évoquant un prétendu “échange de tirs”, une version contestée par des organisations paysannes. Selon des observateurs locaux, l’expulsion a été menée en violation des procédures légales obligatoires. L’intervention, mobilisant des véhicules blindés, s’inscrit dans une escalade plus large d’actions répressives contre les mouvements de lutte pour la terre (voir notre article).

L’arrestation de l’avocate populaire Lenir Correia, le 12 novembre 2025 à Ji-Paraná, s’inscrit dans une escalade de la répression visant les défenseurs des travailleurs ruraux et les mouvements de lutte pour les droits fonciers à Rondônia. Cette opération, liée à « l’opération Godos » visant la Ligue des paysans pauvres (voir notre article), criminalise le travail légal d’une avocate défendant des familles engagées dans des litiges fonciers. Plusieurs organisations dénoncent une attaque contre le droit à la défense, d’autant plus grave que Lenir Correia souffre de problèmes de santé incompatibles avec la détention. Ce cas intervient dans un contexte de conflits violents entre paysans et forces de sécurité depuis 2020, marqué par des décès, des opérations policières contestées et une alliance renforcée entre secteurs ruraux et forces armées.

Le ministère public de Rondônia a lancé l’opération « Godos » contre la Ligue des paysans pauvres (LCP). L’opération, présentée comme l’une des plus importantes de la région, mobilise 500 policiers civils et militaires. Elle a déjà conduit à l’arrestation de 20 personnes, au meurtre d’un paysan dans la zone Tiago Campin dos Santos, et 50 autres personnes sont recherchées. Parmi les détenus figure l’avocate populaire Lenir Correia, de l’Association brésilienne des avocats du peuple (ABRAPO), connue pour sa défense des paysans.

Mardi 11 novembre, des dizaines de manifestants autochtones et leurs soutiens ont tenté de forcer l’entrée de la COP30, à Belém, au Brésil. Ils venaient dénoncer l’intensification de la déforestation et les conséquences qui lui sont liées. Ils ont été repoussés par les agents de sécurité, qui ont érigé des barricades pour bloquer l’accès à la zone bleue de la conférence, où se tiennent les débats entre délégations.

Mardi 28 octobre, une opération du Bataillon d’opérations spéciales de la police (BOPE) a fait au moins 136 morts dans dans les quartiers d’Alemão et de Penha de Rio de Janeiro. Lancée sous prétexte de lutte contre la criminalité et le « narcoterrorisme », cette action médiatique et à visée électoraliste a été organisée par le gouverneur d’extrême droite de Rio, Claudio Castro. Elle a mobilisé environ 2 500 hommes de la police civile et militaire.

Ce jeudi 8 août, des troupes et des hélicoptères de la police militaire ont survolé la zone de Valdiro Chagas à Machadinho d’Oeste, dans le Rondônia, tirant des coups de feu pour intimider les populations paysannes. Suite à cela, la police militaire a confirmé la mort de l’un des paysans. Braguinha, commandant de la police militaire du Rondônia, a publié une vidéo dans laquelle il affirme avoir « neutralisé un terroriste de la LCP (Ligue des Paysans Pauvres) », une organisation paysanne qui lutte pour l’abolition des latifundia au Brésil.

À l’occasion de la COP 30, les peuples autochtones d’Amérique tiennent cette semaine une assemblée annuelle à Brasilia, ils y ont invité des peuples d’Océanie. Ensemble, ils ont marché jeudi vers le parlement brésilien, avec des banderoles pour la défense du climat et de l’Amazonie. La marche avait appelé le gouvernement à reconnaître officiellement les terres ancestrales et à les protéger des intérêts de l’agro-industrie. La répression a éclaté en soirée dans la capitale, alors que des groupes de manifestants quittaient les lieux. Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes contre la foule. La députée fédérale Célia Xakriabá, du parti de gauche PSOL ( Parti du Socialisme et de la Liberté ), malgré son identité, elle n’a pas pu entrer dans le bâtiment du Congrès et a dû être soignée pour des blessures occasionnées par les forces de l’ordre.

Dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 janvier, deux militants du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), organisation paysanne brésilienne œuvrant pour une répartition plus juste des terres cultivables, ont été tués par balle à Tremembé, dans l’État de São Paulo. Un possible commanditaire a été arrêté samedi. Six personnes ont été blessés, un dirigeant régional du MST, Valdir do Nascimento, 52 ans, et Gleison Barbosa Carvalho, 28 ans, sont morts. Les blessés, touchés aux pieds, aux mains et au dos, ont été envoyés à l’hôpital de Taubaté et aux urgences de Tremembé.

Le possible commanditaire, « reconnu par des témoins qui ont vu les criminels arriver sur les lieux dans des voitures et sur des motos avant de tirer », serait « connu sous le nom de « Nero do Piseiro » ». L’attaque « serait motivée par une mésentente lors de la négociation d’un partage de terre ». Le campement des MST avait subit plusieurs tentatives d’invasion en raison de la spéculation immobilière dans la région.

Les « sans terre » existe depuis 1978, organisation « emblématique de la gauche brésilienne ». Le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre revendique une réforme agraire en profondeur. Le mode opératoire de l’organisation consiste à occuper des terres, majoritairement non-exploitées mais fertiles, ce qui suscite des tensions avec le puissant lobby de l’agro-négoce du Brésil.

L’assassin de Marielle Franco, une élue brésilienne et militante LGBT, ainsi que son complice ont été condamnés jeudi 31 octobre à Rio de Janeiro à 78 et 59 ans de prison. Arrêtés en 2019, les deux anciens policiers militaires avaient d’abord nié les accusations. En 2023, ils avaient finalement reconnu les faits et collaboré avec la justice. En échange, leur peine sera allégée. Ronnie Lessa avait avoué avoir tiré sur le véhicule de la conseillère municipale de Rio depuis un véhicule conduit par Elcio de Queiroz. Le verdict a été donné à l’issue de deux jours d’audience alors que les accusés répondaient en visioconférence depuis leur prison. La mort de cette conseillère municipale noire et militante des droits humains, ainsi que de son chauffeur, Anderson Gomes, a choqué dans le monde entier. ( Voir article ici ). Les frères Brazão, député et conseiller de la Cour des comptes de Rio, sont accusés d’avoir commandité l’assassinat. Ils seront jugés par la Cour Suprême.

Les représentants des communautés indigènes dénoncent une nouvelle proposition de loi qui réduira à néant les droits fonciers des autochtones et la protection de l’environnement. La loi a été adoptée par la chambre basse du Congrès brésilien mardi en fin de journée et devrait passer devant le Sénat. Parmi ses dispositions, elle limitera la création de nouvelles réserves indigènes aux terres qui n’étaient occupées par les autochtones qu’en 1988. Il s’agit de la date de promulgation de la dernière constitution brésilienne. Cette approbation accélérée met en évidence la puissance du lobbying de l’industrie agricole brésilienne.

Les manifestants indigènes ont bloqué une grande autoroute pour protester contre la proposition de loi. Nombre d’entre eux brandissaient des pancartes indiquant que « nous existions avant 1988 ». Ils se sont heurtés à la police, utilisant des arcs et des flèches contre les forces de sécurité, qui ont dispersé la foule à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Les opposants à la loi affirment que de nombreuses tribus ont été expulsées de leurs terres pendant la dictature militaire brésilienne, qui a pris fin en 1985, et qu’elles n’y sont retournées que des années plus tard. Le Brésil compte 764 territoires indigènes, mais plus de 300 d’entre eux n’ont pas encore été officiellement délimités et restent dans le flou juridique. La plupart sont situés en Amazonie et sont considérés comme des zones tampons essentielles contre la déforestation.