Le sous-préfet de l’arrondissement de Ma’an où est logé le projet du barrage électrique de Memve’élé, qui pourtant avait suivi les négociations tripartites, a pris sur lui d’utiliser les méthodes fortes pour obliger les grévistes à reprendre du service. C’est ainsi que le 17 juillet dernier, il y a eu affrontement entre les forces de maintien de l’ordre et les ouvriers. Trois coups de feu ont été tirés et des personnes blessées. Les éléments de la police et de la gendarmerie ont procédé à des arrestations, empêchant même les ouvriers de s’approvisionner en nourriture après avoir bloqué toutes les sorties du camp. Ils ont copieusement bastonné certains grévistes au point où les cas sérieux ont été évacués à l’hôpital Régional d’Ebolowa.

Le chantier du barrage hydroélectrique de Memve’élé

Le chantier du barrage hydroélectrique de Memve’élé

Le 22 avril 1997, un arrêté du vice-Premier ministre mettait à la disposition de la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains (MAETUR) un espace d’une superficie de 38 ha au quartier Ntougou. Peu après, le président Paul Biya et sa femmes, mais aussi d’autres pontes du régime, comme le directeur de la MAETUR…) y font construire une résidence somptueuse.

Les populations autochtones spoliées de Ntougou avaient prévu d’organiser un rite (une danse) funéraires en mémoire de leurs ancêtres, hier, devant la résidence du couple présidentiel pour revendiquer leurs terres. La préfecture l’a interdite « en raison des risques potentiels d’atteinte grave à l’ordre public ». Le Cameroun est régulièrement désigné comme le pays le plus corrompu du monde.

Cameroun: Autochtones spoliés et interdits de manifestation

Les suites des manifestations estudiantines au sein du campus l’Université de Buéa au courant des mois de février et mars sont tragiques. La répression s’acharne sur les étudiants. C’est avec retard qu’a été annoncée la mort en détention le 7 juillet de Ngu Lawrence, un des étudiants arrêtés il y a deux mois. 16 autres étudiants disparus depuis le 12 février, 22 autres en détention abusive depuis deux mois. Les étudiants arrêtés auraient été torturés, et ces traitements cruels et dégradants seraient d’ailleurs à l’origine du décès du jeune Lawrence.

répression étudiants cameroun

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Le 24 octobre, la Chambre administrative de la Cour suprême a attribué à un ex-magistrat mille hectares des villages Ngombè, Ngoma et Lendi. Les villageois ont protesté, d’autant que toutes ces terres traversent des cours d’eau de trois villages, l’ex-magistrat étant parfaitement inconnu d’eux et ne pouvant selon eux faire avoir aucun droit sur ces terres communales. Le 9 novembre, les villageois spoliés voulaient manifester. Les gendarmes les en ont empêchés, arguant qu’il n’y avait pas eu de demande officielle de manifestation. Les villageois ont finalement pu tenir une cérémonie rituelle appelant à la justice.

Cameroun: Gendarmes contre villageois dépossédés

Cinq membres de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun sont inculpés pour atteinte à la sûreté de l’état et troubles à l’ordre public pour « avoir voulu organiser une manifestation non déclarée dans les délais de 7 jours que prévoit la loi ». Il leur est ainsi reproché d’avoir intenté une marche «illégale» sur le campus de Soa le vendredi 29 juin 2012. Ladite marche n’avait pu se tenir du fait de l’intervention des forces de l’ordre.

Mercredi, des policiers du Groupement Mobile d’Intervention sont venus disperser les manifestants qui avaient occupé la cour de la direction régionale de la Camerounaise des Eaux (Cde), près du camp Yeyap, à Yaoundé. Les travailleurs de la Cde sont en grève depuis le 2 mai 2012 pour le payement des droits sociaux dus aux employés et aux retraités et pour l’amélioration de leurs conditions de travail. La dette sociale due aux employés de l’ex-Snec, de la Camwater et de la Cde est évaluée à plus d’un milliard F.Cfa.

Environ 3.500 ouvriers de la société Hevecam exigent une indemnité de privatisation et un changement de statut. L’Etat camerounais avait en effet cédé ces 18.000 hectares de plantations d’hévéa à une société basée à Singapour, qui réalise d’importants profit. Malgré les réunions de crise, les ouvriers sont restés campés sur leurs positions. La semaine passée, au 6ème jour de la grève, un renfort de policiers a quitté Ebolowa en direction de Niéte déjà assiégé depuis vendredi dernier par les militaires et les gendarmes venus de Kribi. 78 ouvriers considérés comme les « meneurs » ont été arrêtés et convoyés à Kribi. Certains ont été gardés par les policiers et gendarmes à la salle des fêtes de la Communauté urbaine et d’autres, au commissariat de sécurité publique. Il ont depuis été libérés. La mobilisation se poursuit et pourrait toucher l’usine de traitement du latex qui tourne au ralenti depuis le début de la lutte.

Cameroun: 78 grévistes arrêtés