Après avoir passé environ 20 ans en prison, José Miguel Sanchez a été libéré.
Déjà à minuit le 28 février, sa famille et ses camarades s’étaient rassemblés devant la prison de l’ex-Penitanciaria pour le saluer dans la rue. Parmi banderoles, tracts, des pétards et des slogans en faveur d’autres prisonniers révolutionnaires. Entre étreintes, des salutations et des affrontements verbaux avec les gardes, la journée s’est terminée par aucune arrestation. José Miguel Sánchez Jiménez était un membre actif de la lutte contre la dictature de Pinochet, faisant partie de la guérilla du FPMR. Dans la prétendue « transition démocratique » il a continue à lutter, avant d’être arrêté et condamné à 20 ans de prison pour différentes actions.

Chili: José Miguel Sanchez libéré après 20 ans de prison

Depuis le début du mois de décembre, un vaste mouvement de grève secoue plusieurs ports de la côte chilienne. A l’appel des syndicats, les ouvriers réclament que les intérimaires soient inclus dans la convention collective de travail. Au moins treize ports ont suivi le mouvement. Lundi, dans le port de Mejillones situé dans la région d’Antofagasta (nord du pays), six policiers ont été blessés et les bureaux de la société Ultraport démolis dans une manifestations rassemblant plus de 100 ouvriers. D’après les autorités locales, les ouvriers du port, parmi lesquels plusieurs dirigeants syndicaux, ont lancé des pierres contre les bâtiments de la société tentant d’interpeller les employés administratifs. Les six policiers blessés étaient affectés à la surveillance du site.

Grève au port de Mejillones

Grève au port de Mejillones

Vendredi, des centaines de personnes ont défilé dans le centre de Santiago en hommage à Matias Catrielo. Il y a six ans, le jeune mapuche de 21 ans, étudiant en architecture, a été tué par la police dans un domaine appartenant à un grand propriétaire, Werner Luchsinger, dont une partie est revendiquée par les communautés capuches. De violents affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants qui dénonçaient par ailleurs la violente répression dont sont victimes les communautés autochtones.

Répression d'une manifestation en mémoire d'un jeune mapuche

A la mi-novembre, Monica Caballero et Francisco Solar et trois de leurs camarades étaient arrêté en Espagne pour avoir participé à une attaque à l’explosif contre la cathédrale de Saragosse. Les deux premiers avaient été acquitté en juin 2012 dans l’affaire ’Caso Bombas’. Ils étaient alors poursuivis pour une série d’attaques contre l’Etat chilien et ont été acquittés faute de preuves. Dans la nuit du 5 décembre, une action de blocage a été organisée à Santiago en solidarité avec les cinq inculpés. La circulation a été interrompue sur une grande artère de la capitale avec des barricades. Une diffusion de tract contre la société carcérale et en solidarité avec les prisonnier a été effectuée.

Solidarité avec des prisonniers anarchistes à Santiago

Io Giuria avait été filmée, le 13 juin dernier, en train de lancer un cocktail Molotov durant une manifestation estudiantine. Depuis plus de deux ans, les étudiants chiliens manifestent pour exiger une réforme de l’éducation et sont systématiquement violemment réprimés. De violents heurts émaillent chacun des immenses rassemblements. Les images de Io Giuria ont été largement diffusées, et la jeune femme est finalement arrêtée le 19 juillet. Incarcérée durant plusieurs jours, elle est finalement placée en résidence surveillée (d’abord totale, puis uniquement la nuit) dans l’attente de son procès. Celui-ci a eu lieu fin novembre et le verdict est lourd. Elle écope de trois ans de prison. Le parquet avait quant à lui exigé cinq ans d’emprisonnement.

Io Giuria

Io Giuria

Plusieurs milliers de personnes ont participé, le 27 novembre à Santiago du Chili et dans cinq autres villes, à une marche en hommage au syndicaliste et salarié de la société Chilectra, Juan Pablo Jimenez, retrouvé mort d’une balle dans la tête sur son lieu de travail. La police n’a pas pu établir les circonstances du décès si ce n’est que la balle a été tirée de l’intérieur de l’entreprise. Sur la rue Alameda, une des artères principales de Santiago, des combats ont éclaté entre forces spéciales des Carabiniers et les manifestants.

Chili: Affrontements après la mort d’un syndicaliste

Diverses manifestations solidaires ont eu lieu au Chili en solidarité avec les anarchistes pour la libération de Mónica et Francisco, arrêtés en Espagne. Il y a eu un rassemblement en face de l’ambassade espagnole au Chili le 16 novembre à l’occasion duquel 14 manifestants ont été arrêtés, trois battus et un renversé par un policier à moto. Tous ont été libérés avec une amende pour infraction à la loi de circulation sauf un, resté en détention pour avoir des antécédents. Le 15, deux manifestations-raids ont eu lieu près de l’université de Santiago, avec des affrontements avec la police (cf. photo).

Lundi 18 une manifestation autour du le consulat espagnol à Valparaiso a également été réprimée: 8 manifestants ont été arrêtés et 3 d’entre eux sont accusé-es d’agression sur les policiers avec un délai d’enquête de 40 jours. Une personne se retrouve en semi-liberté à cause d’un mandat d’arrêt antérieur, les autres sont sorties le jour même et sont en attente de convocation.

manif anarchiste santiago

manif anarchiste santiago

Vendredi soir et tôt ce matin, la police militaire a organisé une descente à l’intérieur de Lof Chequenco de Ercilla où réside la communauté mapuche Newen Mapu. Les soldats sont intervenus contre les familles mobilisées qui tentent d’empêcher l’appropriation de leurs terres par des entreprises privées. Un enfant et deux femmes ont été grièvement blessés lors de cette intervention. Le jeune garçon de onze ans a été touché par des balles en caoutchouc à sept reprises, tandis que les deux femmes souffrent de multiples blessures aux jambes et aux pieds. L’une d’elle est la soeur de Millacheo Fernando, détenu à la prison d’Angol et qui mène depuis vingt jours une grève de la faim pour exiger l’annulation de sa condamnation. Il a été condamné en février dernier pour ‘vol, tentative de meurtre et incendie volontaire’. Fernando est surtout un militant qui lutte contre la militarisation et la vente à des intérêts privés de l’Araucana, territoire ancestral mapuche.

Raid contre une communauté mapuche

Raid contre une communauté mapuche

Le grand quotidien chilien El Mercurio et d’autres médias, ont reçu pendant la dictature de Pinochet des millions issus des caisses noires de la DINA, la police politique. Outres des journaux et des hebdomadaires chiliens, les agences de presse étrangères UPI et l’Agence France Presse ont touchés ces chèques qui expliquent le silence de ces médias sur les crimes de la dictature, mais ce n’est pas tout : ils témoignent aussi de la complicité de cette presse, qui a fait état de prétendus affrontements s’étant soldés par la mort de militants de gauche, alors que la justice a établi qu’il s’agissait d’assassinats et de disparitions.

Parmi ces affaires figure l’opération Colombo, montée par la dictature autour de 119 prisonniers assassinés. Certains des médias mis en cause ont rapporté qu’ils avaient été exécutés par leurs propres compagnons lors de règlements de comptes internes ou qu’ils étaient morts au cours d’affrontements imaginaires avec la police. Il y a aussi l’affaire de la Rinconada de Maipú, dans laquelle des journalistes ont « couvert » la DINA en se faisant l’écho de heurts inventés de toutes pièces avec des agents des forces de l’ordre ; dans les faits, comme l’a montré l’enquête judiciaire, les prisonniers étaient déjà morts quand ils sont sortis du centre de torture de la Villa Grimaldi.

A un mois des élections présidentielles, plus de 50.000 personnes ont défilé dans les rues de Santiago pour la sixième fois cette année alors que le mouvement de contestation dure depuis plus de deux ans. Hier encore, les étudiants ont réclamé une réforme du système éducatif ainsi qu’un plus grand droit de participation aux prises de décision. De violents affrontements ont éclaté entre plusieurs groupes de manifestants et les forces de l’ordre qui ont abondamment fait usage de canons à eau et autres matraques. Les étudiants ont érigé des barricades depuis lesquelles ils ont lancé des pierres et des bâtons. Les heurts se sont poursuivis à travers la ville. Au mois 35 personnes ont été arrêtées. Le nombre de blessés parmi les manifestants n’a pas encore été communiqué tandis que les autorités ont affirmé que quatorze policiers avaient été blessés dans les affrontements.