Après trois mois de mobilisation, la tension est à son comble à Hong Kong. Des milliers de manifestants antigouvernementaux ont marché, hier samedi à Hong Kong, à l’occasion du cinquième anniversaire du refus par Pékin d’organiser des élections au suffrage universel dans cette région semi-autonome. La police chinoise a décidé d’interdire la manifestation, invoquant des raisons de sécurité. Mais sous une mer de parapluies, le signe de ralliement du mouvement, des milliers de personnes ont manifesté dans la ville.  La police a tiré des cartouches de gaz lacrymogènes et brièvement utilisé des canons à eau contre des protestataires rassemblés près du siège local de l’Armée populaire de libération. Des manifestants ont répliqué en jetant des briques et des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. Deux des représentants de premier plan du « Mouvement des parapluies », Joshua Wong et Agnes Chow, âgés de 22 ans et très populaires au sein de l’actuel mouvement de contestation, ont été arrêtés vendredi notamment pour « incitation à participer à un rassemblement non autorisé ». Tous deux ont été inculpés dans l’après-midi et libérés sous caution. Plus de 900 personnes ont été interpellées depuis le début de la contestation.

Une des manifestations d'hier à Hong Kong

Le week-end du 24 au 25 août a, une nouvelle fois, vu des milliers de manifestant·e·s descendre dans les rues de Hong Kong pour protester contre le gouvernement pro-Pékin. Samedi, 24 aout après dix jours de calme relatifs des affrontements ont éclaté suite à une charge policière contre une barricade érigée par des manifestant·e·s dans le quartier industriel de Kwun Tong, à l’Est de la péninsule de Kowloon. Les manifestants se sont ensuite déployés dans d’autres endroits de la ville, pointant notamment des lasers sur des façades d’immeubles où résident des policiers, près de la station de métro Wong Tai Sin. Ils et elles ont également démantelé des lampadaires « intelligents » dotés de capacités d’enregistrement vidéo et de reconnaissance faciale. La police a annoncé dimanche avoir arrêté 29 personnes suite aux affrontements de samedi. Le lendemain, la police de Hong Kong a utilisé pour la première fois de son histoire des cannons à eaux contre des manifestant·e·s, qui ont répliqué avec des pavés et des cocktails Molotov. Un policier a également tiré avec son arme à feu « en guise de sommation ».

Démantèlement d'un lampadaire intelligent à Hong Kong

Le premier chien de police cloné de Chine, Kunxun, un chien-loup âgé de 8 mois, a passé l’évaluation de chien policier le 22 août et est maintenant prêt à travailler. Début mars, Kunxun est arrivé à la base pour chiens policiers de Kunming, capitale de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine), où il a participé à un programme de formation professionnelle pour chiens policiers. Né le 19 décembre 2018, Kunxun a été cloné de Huahuangma, un chien-loup de Kunming âgé de sept ans, en service au poste de police de Pu’er, dans la province du Yunnan.

Kunxun, le chien-loup cloné

Au cinquième jour d’une mobilisation sans précédent à l’aéroport, les manifestants ont obstrué les allées et les passages conduisant aux zones d’embarquement des deux terminaux, avec des chaînes humaines et des chariots à bagages. La police est intervenue brutalement, ce qui a donné lieu à des affrontements. Hong Kong est le huitième aéroport international le plus fréquenté au monde, avec 74 millions de voyageurs en 2018. La direction de l’aéroport a pris la décision d’annuler tous les vols au départ, après le blocage des terminaux. De son côté le gouvernement central accentue la menace d’une intervention. Dans une vidéo diffusée par les médias officiels, Pékin montre ses forces se massant à la frontière de la région semi-autonome.

Les affrontements à l'a&éroport de Hong Kong

Lundi 5 août marquait le troisième jour de nouvelles manifestations donnant lieu à des affrontements se sont déroulées à Hong Kong au cours desquels plus de 80 personnes ont été arrêtées par la police. Le même jour, le mouvement a appelé à une grève générale qui a été suivi en masse. D’autres types d’actions ont également été menées. Dans la localité de Wong Tai Sin, des personnes ont cassé des vitres d’immeubles où logent des policiers puis allumé un incendie. Des feux ont été également allumés devant plusieurs commissariats, badigeonnés de graffitis «policiers, chiens mafieux». Des membres de la mafia en T-shirts blancs, qui s’étaient déjà illustrés le mois dernier en tabassant une quarantaine de protestataires dans une gare, en collusion avec la police, ont refait brièvement apparition hier soir dans la localité de North Point, où ils s’en sont pris à des manifestant ·e·s (voir notre article).

Au fil du mouvements, les manifestant·e·s se sont de mieux en mieux organisés. Ils utilisent des lasers verts pour contrer les dispositifs de reconnaissance faciale de la police. Ils vaporisent également des caméras de surveillance de la peinture ou déploient des parapluies autour des groupes en action. Les manifestant·e·s sont également organisés pour contrer les attaques policières. Dans ce cas, un groupe distrait la police avec les lasers ou d’autres lumières vives afin qu’une deuxième équipe puisse contre-attaquer. Un troisième groupe coordonne la formation et un quatrième à l’arrière maintient le moral de leurs camarades en jouant du tambours et en criant des slogans. Enfin des éclaireurs et les coureurs distribuent fournitures et nouvelles entre les différentes lignes de front. Par ailleurs, certains manifestants se sont formés au Parkour pour évaluer la situation en hauteur ou lancer des objets dissuasifs sur la police. D’autres travaillent ensemble pour étouffer les gaz lacrymogènes, déposant rapidement des cônes de signalisation sur les grenades fumantes, puis leur versant de l’eau par la buse.

Quand ils rentrent chez eux, les manifestant·e·s utilisent et derrière eux de l’argent dans les stations de métro pour éviter et éviter à leurs camarades d’être suivis avec leurs cartes de transport public. De nombreux manifestant·e·s ont également amélioré leur équipement – les masques et les planches de surf minces qui étaient «inutiles» contre les matraques de police et les boucliers anti-émeute ont disparu. À présent, ils utilise des panneaux de signalisation en métal comme boucliers, enfilent des protections de bras et de jambes, se procurent des barres de fer et apportent de différents types de projectiles de la brique aux œufs.

La communication est également soigneusement contrôlée. Les défenseurs de la ligne de front ne partagent jamais leurs coordonnées sur les téléphones des autres. Ils limitent les chats tactiques à un petit nombre pendant que les messagers désignés transmettent des informations entre les groupes. De nombreux manifestant·e·s ne dévoilent également pas leur participation de première ligne auprès de leur famille, amis ou collègues.

Le week-end du 27 et 28 juillet a été marqué par plusieurs manifestations anti-gouvernementales au cours desquelles des affrontements et des arrestations ont été signalés. Samedi 27 juillet, des affrontements ont été signalés lors d’une manifestation à Yuen Long, près de la frontière chinoise au cours lesquelles 24 personnes ont été blessées, dont deux grièvement. Cette manifestation avait pour objectif de protester contre l’agression d’autres manifestant·e·s le dimanche précédent, attribuée à des triades, qui avait fait 45 blessés (voir notre article).

Le lendemain, des dizaines de milliers de personne étaient réunies au cœur de mégapole. Un groupe d’environ 200 manifestants parvenu jusqu’au bureau de liaison du gouvernement chinois à Hong Kong, symbole de la présence chinoise. Il s’est retrouvé face à face avec la police antiémeute qui a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Les manifestants ont riposté avec des briques et des pierres, puis ont été repoussés par une charge de policiers. Parallèlement, une foule plus nombreuse de manifestants s’est rendue dans le quartier commerçant de Causeway Bay, où la présence policière semblait plus restreinte. Les manifestants y ont érigé des barricades et bloqué une artère. La police a fait état de 13 arrestations, dont celle d’un militant, Max Chung, qui avait déposé une demande pour la manifestation.

Affrontement lors d'une manifestation à Hong Kong le 28 juillet

Des ingénieurs chinois auraient mis au point un fusil laser capable de mettre le feu à une cible à presque 1km de distance. Il s’agit d’un laser portatif « non létal » capable de provoquer une « carbonisation instantanée » de la peau et des tissus humains. Le fusil, portant le nom, « ZKZM-500 », produirait un faisceau d’énergie invisible à l’œil nu capable de traverser les fenêtres à une distance de 800 mètres. Un appareil suffisamment puissant pour tirer des centaines de coups et « brûler les vêtements en une fraction de seconde, si ceux-ci sont inflammables, provoquer une douleur au-delà de l’endurance humaine.

L’arme pèserait seulement 3 kg, sensiblement le même poids qu’un AK-47 et pourrait être utilisé par des fantassins mais également montés sur des véhicules. Elle serait prête pour une production en série et les premières unités seront probablement confiées à des escouades antiterroristes de la police et de l’armée chinoise. Son but premier étant de déstabiliser un preneur d’otage ou de brûler des pancartes pendant des manifestations.

Un prototype de Fusil Laser

Pour le septième week-end, des manifestants ont défilé en masse dimanche dans les rues de Hong Kong. Des policiers anti-émeutes ont tiré des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène contre des contestataires qui jetaient des œufs et inscrivaient des graffitis sur la façade du Bureau de liaison du gouvernement chinois. La riposte de Pékin et des forces qui lui sont liées se manifeste par des pressions accrues sur les dirigeants de Hong Kong et par des contre-manifestations mobilisant les ruraux des régions frontalières, bien moins nombreuses que celles de la contestation.

Mais ce dimanche a vu une escalade : des groupes de dizaines d’hommes en t-shirts blancs, masqués et armés de bâtons ou de tiges métalliques, ont agressé à Yuen Long, dans le nord de Hong Kong, des manifestants anti-gouvernementaux qui rentraient chez eux. 45 personnes ont été blessées, une est dans un état critique et cinq autres sont dans un état grave. La police a mis plus d’une heure pour arriver sur les lieux, malgré les appels à l’aide répétés. Et elle n’a procédé à aucune arrestation, alors que les agresseurs sont restés dans le quartiers jusqu’aux petites heures du matin, avant de quitter les lieux à bord de véhicules arborant des plaques d’immatriculation chinoises. Tout désigne dans ces agressions l’intervention tarifée des triades, bandes criminelles présentes à la fois à Hong Kong et sur le continent.

Une des agressions de dimanche

Les habitants ont protesté contre la décision soudaine des autorités de la ville de Wuhan de construire une usine de traitement des déchets, alors qu’ils s’attendaient à l’aménagement d’un parc à cet endroit. Le contrat de construction de l’usine n’a été attribué à une société créée qu’en avril 2019, suggérant une corruption, et le calendrier de construction de l’usine a été rapidement accéléré de septembre à juin, sans consultation des résidents locaux. Les manifestations se déroulent depuis le 28 juin, impliquant des milliers de personnes et de violents affrontements avec la police anti-émeute.

Protestation des habitents de Wuhan

A l’occasion de la grande manifestation organisée ce lundi à Hong Kong pour marquer le 22e anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, des manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin se sont affronté à la police en tentant de pénétrer dans le Conseil législatif, le parlement local. Des forces anti-émeutes étaient présentes à l’intérieur de ce bâtiment au centre des manifestations ces dernières semaines en réaction au projet de loi visant à autoriser les extraditions en Chine continentale

Dans l’après-midi, un vaste cortège de dizaines de milliers de manifestants s’est déployé dans le centre ville pour marquer la date anniversaire de la rétrocession en 1997. Plus tôt dans la journée, de petits groupes de contestataires, majoritairement jeunes et masqués, s’étaient emparés de trois grandes artères du coeur de Hong Kong et ont entravé la circulation avec des barrières de plastique et de métal. Peu avant la traditionnelle cérémonie de lever des drapeaux chinois et hongkongais qui marque l’anniversaire de la rétrocession du 1er juillet 1997, des contestataires ont été chargés par les policiers qui ont fait usage de leurs matraques et de gaz poivre.

Attaque du Conseil législatif de Hong Kong