Depuis la naissance du DKKP-C en 1994, chaque année entre le 30 mars et le 17 avril, les sympathisants de ce mouvement célèbre l’anniversaire du Parti-Front, les martyrs de la révolution et la mort de leurs dirigeants. C’est dans ce cadre qu’hier, les unités d’élite de la police turque ont mené une vaste opération dans deux quartiers d’Istanbul, prenant pour cible les locaux de l’Association des Libertés de Gazi et plusieurs militants soupçonnés d’appartenance au DHKP-C. Plusieurs affrontements ont éclaté entre les militants et la police durant l’opération. Au total, 23 militants ont été arrêtés. De nombreuses manifestations de soutien aux prisonniers se sont déroulées aujourd’hui à travers tout le pays.


NTV_GaziMahallesi-operasyon-20110409 par halkinsesi

Un procureur berlinois a annoncé ce mercredi avoir inculpé Sadi Naci O., 41 ans, d’avoir été un des dirigeants du DHKP-C en Allemagne, en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Autriche entre février 2009 et mai 2010, date de son arrestation. Sadi Naci O. a également été inculpé pour avoir fait pression pour obtenir des contribution financières à l’organisation.

Il y a quatorze mois, Hüseyin Edemir, étudiant universitaire, est arrêté par les autorités turques et mis en prison. Celles-ci l’accusent d’être membre d’une « organisation terroriste ».
A la première audience, il apprend qu’il est accusé d’avoir acquis des documents d’un magazine de manière illégale dix ans plus tôt et d’être le propriétaires de documents d’archives du DHKP-C, information apporté par le Parquet fédéral belge aux autorités turques. Aucune information sur comment, par qui et où les documents utilisés comme preuve contre Edemir ont été collectés. Lors de sa récente audience au tribunal ce mardi, sa demande de libération a été une nouvelle fois rejetée. Edemir restera en prison jusqu’à sa prochaine comparution, dans quatre mois.

Samedi, les enquêteurs belges annonçaient, sous couvert d’anonymat, dans les quotidiens flamands le « probable » décès de Fehriye Erdal, militante DHKP-C accusée de l’action contre l’oligarche Sabanci et poursuivie par la justice belge pour notamment «appartenance à une organisation terroriste». Le 27 février 2006 Fehriye Erdal est passé à la clandestinité, échappant à la filature de la Sûreté de l’Etat. Interrogé par Parlemento.com, Bahar Kimyongür démonte l’intox que représente la publication de l’information sur le « probable décès » de Fehriye Erdal.

Lire toute l’interview de Bahar Kimyongur

Sous prétexte de s’attaquer au DHKP-C, les autorités turques ont mené une descente dans une organisation de quartier ce vendredi à 5 heures du matin. En plus de cette action au centre pour les droits du Gülsuyu/Gülensu à Maltepe, elles ont perquisitionné plusieurs domiciles dans le quartier. L’opération, appuyée par un hélicoptère de la police a duré une grande partie de la journée. Dix-huit militants associatifs ont été arrêtés et plusieurs d’entre eux ont été torturés sous les yeux de leurs proches. Tous sont membres du Front Populaire ou lecteurs de l’hebdomadaire militant Yürügüs. En outre, les autorités ont saisi une grande quantité de livres et de CD-roms.

Depuis plus d’un an, Huseyin Edemir, étudiant à la Middle-East Technical University, est détenu, soupçonné d’être membre du DHKP-C. Il a comparu ce mardi devant la Haute Cour Criminelle de Besiktas (Istanbul). A l’audience, le ministère public a requis l’acquittement d’Edemir, a suggéré sa libération sous contrôle judiciaire, et exigé qu’une enquête soit menée concernant la validité et la légalité des preuves. Néanmoins, le juge et les deux membres du conseil judiciaire ont décidé de le maintenir en détention. La prochaine audience a été fixée au 8 mars.

Les autorités allemandes ont annoncé avoir arrêté Unalkaplan D, âgé de 29 ans, ce mardi 1 février. Elles affirment que le jeune turc serait un membre dirigeant du DHKP-C en Allemagne, et ce depuis mai 2003. Elles l’accusent d’abord été chargé de récolter des fonds parmi les membres de l’organisation afin de financer la lutte armée en Turquie, avant de se retrouver à la tête de la section régionale du DHKP-C.

D’après Europol en 2008, 58 personnes ont été arrêtées pour « terrorisme d’extrême-gauche » en Europe dont près de la moitié accusé de faire partie du DHKP-C. Le DHKP-C et ses sympathisants sont harcelé partout en Europe. En Allemagne, plusieurs d’entre eux ont soit été lourdement condamnés comme Nurhan Erdem, Cengiz Oban ou Ahmet Istanbullu, soit ils encourent des peines très graves. Parmi eux, Faruk Ereren qui avait survécu à d’innombrables séances
de torture en Turquie risque d’être extradé et livré à ses tortionnaires. Tous subissent en Allemagne des conditions de détention inhumaines (isolement total, censure du courrier, interdiction de parloirs, parloir
individuel sous surveillance inquisitrice du personnel pénitentiaire, et même enchaînement, comme dans le cas d’Ünal Düzyar).
En France, le juge antiterroriste Fragnoli instruit un dossier contre 17 exilés et immigrés politiques pour leurs liens supposés avec la gauche
révolutionnaire turque.

C’est pour attirer l’attention sur leur sort, semblable à celui que nous avons connu en Belgique dans le cadre de l’affaire Kimyongür-Erdal que le Comité des libertés (CL) et le Comité pour la liberté d’expression et d’association (CLEA) organisent un repas de solidarité avec ces militants socialistes turcs persécutés en Europe samedi 5 février à 17h, Salle de Kattepoel, Av. Rogier 214 à 1030 Bruxelles (Schaerbeek).
Au programme :
– Buffet à volonté de plats anatoliens et méditerranéens pour 10 euros
– Récital avec saz
– Stands et interventions des familles et amis de détenus

Plus d’informations sur le site du CLEA

Dans une action visant officiellement le DHKP-C, les autorités turques ont interpellé ce mercredi sept militants actifs dans des associations de quartier à Izmir. Il semblerait que tous les sept aient été suivis pendant plus de six mois. Mais ce 26 janvier, trois associations et le domicile de huit autres militants ont également été perquisitionnés. Les autorités ont annoncé avoir saisi des documents ‘organisationnels’, des croquis indiquant des établissements militaires et policiers et des ordinateurs. Ces derniers ont été envoyés au laboratoire de la police criminelle d’Ankara pour que les éventuels messages cryptés puissent être décodés. Cinq des militants ont été mis en examen et incarcérés. Ils sont accusés d’avoir formé des milices en vue de mener des actions contre des institutions de l’état. Les deux autres avaient été interpellés pour simple rébellion, et ont été relâchés.