Le 23 décembre, la presse annonce que deux militants armés revêtus d’uniformes appartenant à une entreprise postale livrant des colis ont été arrêtés à Ankara. Ils seraient liés au DHKP-C. La police aurait saisis 3 pistolets munis de silencieux ainsi qu’une liste de 17 personnes dont Hikmet Sami Türk, l’ex-ministre de la justice responsable de l’assaut sanglant de décembre 2000, Ali Suat Ertosun le directeur des prisons de l’époque qui fut récompensé pour ses loyaux services, le général Osman Özbek et l’ex-chef de la police Hasan Özdemir, notamment responsable du massacre de 4 grévistes de la faim le 5 novembre 2001 dans le quartier de Küçük Armutlu sur les rives d’Istanbul et actuellement député du parti fasciste MHP.

200 membres des escadrons spéciaux d’intervention turcs ont mené une descente à Istanbul dans les locaux de « Yürüyüs » (La Marche), un hebdo révolutionnaire tiré à près de 30.000 exemplaires. L’opération policière était appuyée par un hélicoptère. Tout le quartier de Sisli a été quadrillé (photo). Sept rédacteurs du journal ont été arrêtés par des policiers masqués. La presse évoque une opération contre le DHKP-C qui se prépare à des attentats contre les auteurs de l’opération du 19 décembre 2000 (28 morts parmi les détenus révolutionnaires). Au même moment, un militant de gauche dénommé Mehmet Ali Ugurlu a été arrêté à son domicile, à Antalya, au Sud du pays, lors d’une rafle policière. On apprend que l’opération se poursuit notamment dans le quartier de Gülsuyu à Istanbul.

Les actions de protestation du massacre des prisonniers du 19-22 décembre 2000 se poursuivent. Le 21 décembre dernier, des militants masqués ont sillonné les rues du quartier de Maltepe à Istanbul pendant 45 minutes pour rappeler le massacre des prisonniers résistants et rappeler que les assassins seront punis par les unités de propagande armée du DHKP-C. Ils ont été pourchassés par la police qui a tiré les militants à balles réelles. Des actions similaires ont eu lieu à Izmir, Ankara, Sivas, Malatya, Antakya et Mersin.

Turquie: Arrestations en série

Après un neuf mois de procès et deux ans d’isolement carcéral, la section de protection de l’État du 6e tribunal régional de Düsseldorf a prononcé de lourdes peines contre trois administrateurs de la Fédération anatolienne, une association œuvrant pour l’égalité des droits entre Allemands et immigrés. Nurhan Erdem (photo), Cengiz Oban et Ahmet Istanbullu avaient également organisé des collectes en faveur des prisonniers politiques et de leurs familles en Turquie.

Pour l’accusation qui s’appuyait sur des enregistrements recueillis au moyen de micros espions et le témoignage d’un agent infiltré travaillant à la fois pour les agents allemands de la BND et turcs de la MIT, les trois militants collectaient des fonds pour la guérilla du DHKP-C et recrutaient des militants et des porteurs de valises. Le procureur fédéral n’a pu fournir aucune preuve matérielle. Aucune arme n’a été saisie lors des multiples perquisitions liées à cette affaire, aucun lien n’a pu être établi entre l’argent collecté et la lutte armée, mais en application du paragraphe b de l’article 129 du Code pénal allemand sur les «organisations terroristes étrangères», Nurhan Erdem, Cengiz Oban et Ahmet Istanbullu ont été condamnés jeudi 16 respectivement à 7 ans et 9 mois, 5 ans et 9 mois et 3 ans et 9 mois de prison ferme. Le procureur avait requis 10 ans contre Nurhan Erdem, considérée comme une «meneuse» et une «responsable du DHKP-C pour toute l’Allemagne», tandis que la défense, invoquant les libertés d’expression et d’association, avait plaidé son acquittement.

Nurhan Erdem

Nurhan Erdem

Le 30 octobre, seize militants présumés du DHKP-C ont été interpellés au cours de perquisitions menées par la police antiterroriste turque dans une association de quartier et dans plusieurs domiciles. Elle leur reproche d’avoir participé l’an dernier aux manifestations contre le FMI et la Banque Mondiale. Douze d’entre elles ont été incarcérées pour appartenance au DHKP-C. Le 3 novembre, 18 étudiants de la Fédération de la jeunesse ont été raflés par la police à Istanbul et à Kocaeli pour leur appartenance au DHKP-C. Plusieurs ordinateurs, des CD-Roms, des DVD, des affiches et des pancartes auraient été saisis. Deux jours plus tard, une grande manifestation estudiantine a eu lieu. Les étudiants dénonçaient le Haut-Conseil à l’Education, institution créée en 1981 et mettant sous tutelle de l’armée les écoles supérieures et les universités, et exigeaient son abrogation ainsi que la gratuité de l’enseignement. A la fin du rassemblement, la police anti-émeute est intervenue violemment pour disperser la foule. Onze membres de la Fédération de la jeunesse ont été battus devant les caméras de télévision et les badauds avant d’être embarqués. L’un d’entre eux, grièvement blessé, a du être emmené aux soins intensifs. En moins d’une semaine, ce sont donc plus de 40 militants associatifs qui ont été arbitrairement arrêtés dans le cadre d’opérations visant le DHKP-C.

Le 6 juillet 2001, Ismail Karaman (photo), militant recherché du mouvement marxiste anatolien DHKP-C âgé de 24 ans, est abattu en plein jour dans le quartier stambouliote d’Avcilar par les policiers de la section antiterroriste de la Sûreté. Le lendemain, la Direction de la Sûreté affirma dans un communiqué qu’Ismail Karaman était membre d’une unité combattante du DHKP-C et qu’il avait été tué au cours d’une confrontation armée. Les policiers personnellement impliqués dans l’assassinat d’Ismail Karaman prétendirent qu’il avait tiré cinq coups de feu dans leur direction, ce que dément le rapport de l’Institut médicolégal démontrant que les balles qui traversèrent le corps d’Ismail avaient été tirées dans son dos et à courte distance. Par ailleurs, peu avant, de nombreux militants arrêtés avaient entendu les policiers dire qu’Ismail Karaman serait exécuté pour venger la mort de trois des leurs.

Le 25 octobre dernier, la 5e Cour d’assises de Bakirköy a acquitté les deux policiers inculpés d’homicide, concluant qu’ils avaient « agi dans les limites légales de l’autodéfense ». Les demandes d’enquête introduites par la partie civile ont été systématiquement rejetées par la Cour. A la sortie du tribunal, l’avocat de la famille Karaman et président de la section stambouliote de l’Association des juristes progressistes, a déclaré : « Ce verdict a une nouvelle fois fait tomber le masque démocratique du gouvernement AKP. (…) Il s’agit d’un crime de plus dont les auteurs ont pu bénéficier des largesses et de la bienveillance de Dame justice.»

Ismail Karaman

Ismail Karaman

Ahmet Düzgün Yüksel, 48 ans, et Devrim Güler, 36 ans, ont été condamnés respectivement à des peine de 5 ans et 4 mois, et 4 ans et 10 mois par le tribunal de Stuttgart (sud-ouest) pour « appartenance à une organisation terroriste », en l’occurrence le DHKP-C.

Arrivé en Allemagne comme demandeur d’asile et sous une fausse identité à l’automne 1997, alors qu’il était soupçonné d’être impliqué dans un attentat commis par le DHKP-C en Turquie sur base d’un dossier turc et d’aveux obtenus sous la torture, Ahmet Düzgün Yüksel, avocat du barreau d’Istanbul, était devenu au printemps 2000 dirigeant de l’organisation pour le centre de l’Allemagne, et en novembre 2006 pour la zone sud, vivant sous de fausses identités, a expliqué le tribunal dans son jugement. Il avait déjà été condamné pour ses activités illégales par le tribunal de Düsseldorf en juin 2005 à un an et trois mois avec sursis.

Devrim Güler, né à Cologne, avait adhéré à une organisation de jeunes proche du DHKP-C, et avait également écopé d’une condamnation à 1 an et 9 mois avec sursis en octobre 2004. Il avait par la suite continuer à effectuer, selon le tribunal, sporadiquement des tâches pour l’organisation.

Le procès avait commencé en mars 2008, et 167 jours d’audience ont été nécessaires. Cinq prévenus étaient jugé, mais trois d’entre eux – deux Turcs et un Allemand – ont été condamnés en août 2009. Le principal accusé, Mustafa A., un Turc qui a déjà passé près de 19 ans en prison en Turquie avait été condamné à cinq ans de prison. Son compatriote Hasan S, a été condamné à 2 ans et 11 mois de détention et un Allemand, Ilhan D., à 3 ans et 6 mois de prison.

Procès de Stuttgart contre le DHKP-C

Procès de Stuttgart contre le DHKP-C

La semaine dernière, une vaste opération anti-DHKP-C (visant en réalité des membres du Front Populaire, de Tayad, des syndicalistes,…) avait abouti à l’arrestation de 29 personnes, dont quinze ont été placées en détention préventive. Il semblerait que cette contre-offensive policière fasse suite au gigantesque concert du groupe Yorum, qui est une composante du Front Populaire, concert qui avait rassemblé plus de 55.000 personnes au stade de Besiktas le 12 juin. Le 21 juin, les forces de sécurité ont effectué des perquisitions dans les milieux de la gauche à Eregli, dans la province de Konya. Onze personnes, la plupart étudiantes, ont été arrêtées, soupçonnées de faire partie d’une structure clandestine du DHKP-C. Ce jeudi, sept d’entre elles ont été placées en détention préventive et incarcérées à la prison de type E de Konya.

Ce 19 juin, journée internationale du prisonnier révolutionnaire, était aussi une journée d’action en Allemagne contre les opérations policières et les poursuites judiciaires visant les organisations de la gauche révolutionnaire de Turquie et du Kurdistan. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes d’Allemagne, et notamment à Düsseldorf où une délégation de notre Secours Rouge était présente.

Manifestation à Düsseldorf contre le §129b

A Zurich, un calicot géant dénonçant l’article 129B qui permet ces poursuites a été accroché sur un immeuble du centre ville.

Calicot à Zurich contre le §129b

Les divers groupes participants à la construction du Secours Rouge International ont édité une affiche commune pour mener campagne contre la persécution en Europe des organisations révolutionnaires et antifascistes de Turquie et du Kurdistan.

Affiche SRI-RHI Europe/Turquie/Kurdistan Fr-Web

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Manifestation à Düsseldorf contre le §129b
Calicot à Zurich contre le §129b
Affiche SRI-RHI Europe/Turquie/Kurdistan Fr-Web
Allemagne: Journée d’action contre le §129b
Allemagne: Journée d’action contre le §129b
Allemagne: Journée d’action contre le §129b
Allemagne: Journée d’action contre le §129b

Tandis que se tenait hier au Pianofabriek la soirée d’hommage à Güler Zere, la militante du DHKP-C morte d’un cancer le 7 mai dernier après 14 années de prison, 30 personnes, dont plusieurs syndicalistes ankariotes de renom, étaient arrêtées pour avoir participé aux funérailles de Güler Zere, et pour s’être rendus le 30 mars dernier dans le village de Kizildere afin de rendre hommage à Mahir Cayan, un jeune dirigeant révolutionnaire assassiné en mars 1972. Une fois de plus, en Turquie, fleurir une tombe devient ainsi un acte terroriste…

Le Secours Rouge organisera ce jeudi 17 juin à 19h, dans la salle « Aremberg » du Pianofabriek, une soirée d’hommage à Güler Zere.

Cette soirée se déroulera en deux parties. D’abord, la projection d’un film, ensuite diverses interventions à la mémoire de cette militante révolutionnaire d’origine kurde, capturée en 1995 lors d’une opération de ratissage de l’armée visant la guérilla du DHKP-C dans les montagnes du Dersim, et condamnée par la Cour de sûreté de l’Etat (DGM) de Malatya à perpétuité en tant que membre du DHKP-C.

Après 14 ans de détention, âgée de 37 ans, Güler Zere a souffert d’un terrible cancer dont la progression était directement lié au manque de soin. Une campagne internationale à laquelle notre Secours Rouge a participé a fini par arracher une grâce présidentielle bien trop tardive puisque, libérée le 6 novembre 2009, Güler Zere est décédée six mois plus tard, le 7 mai 2010, à l’âge de 38 ans.

Guler Zere masquée menottée

Lire notre dossier sur Güler Zere

Guler Zere masquée menottée

Le Secours Rouge organisera jeudi 17 juin au soir, dans la salle « Aremberg » du Pianofabriek, une soirée d’hommage à Güler Zere.

Cette soirée aura lieu en deux parties. D’abord par la projection d’un film, ensuite par diverses interventions à la mémoire de cette militante révolutionnaire d’origine kurde, capturée en 1995 lors d’une opération de ratissage de l’armée visant la guérilla du DHKP-C dans les montagnes du Dersim, et condamnée par la Cour de sûreté de l’Etat (DGM) de Malatya à perpétuité en tant que membre du DHKP-C.

Après 14 ans de détention, âgée de 37 ans, Güler Zere a souffert d’un terrible cancer dont la progression était directement lié au manque de soin. Une campagne internationale à laquelle notre Secours Rouge a participé a fini par arracher une grâce présidentielle bien trop tardive puisque, libérée le 6 novembre 2009, Güler Zere est décédée six mois plus tard, le 7 mai 2010, à l’âge de 38 ans.

Guler Zere masquée menottée

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