Mercredi aura lieu le cinquième rassemblement hebdomadaire à l’appel du Comité International de Solidarité avec TAYAD (l’Association d’entraide avec les familles des détenus) pour empêcher l’extradition du révolutionnaire turc Faruk Ereren d’Allemagne vers la Turquie. Rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles, rue Jacques de Lalaing 8-14 à 1040 Bruxelles, 15h-16h.

Le bureau du procureur fédéral allemand a annoncé ce jeudi l’arrestation de deux membres présumés du DHKP-C lors d’une vague de perquisitions menée dans l’ouest de l’Allemagne. Ils sont accusés d’être des membres éminents de l’organisation. L’un des suspects, Alaatin A., 35 ans, est également accusé d’avoir violé les lois d’immigration, tandis que l’autre, Unalkaplan D., 27 ans, est aussi accusé d’extorsion.

Le Comité International de Solidarité avec TAYAD (l’Association d’entraide avec les familles des détenus), appelait à un rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles ce mercredi 24 février 2010 pour protester contre la décision d’un tribunal de Düsseldorf d’accéder à la demande d’extradition des autorités turques visant Faruk Ereren, à qui il est reproché d’être un membre du DHKP-C, du Parti-Front Révolutionnaire de Libération du Peuple.

Manifestation pour Ereren

Manifestation pour Ereren

Le tribunal de Düsseldorf a statué sur le cas de Faruk Ereren, ce détenu révolutionnaire d’origine turque soumis à un régime d’isolement strict depuis le mois de mai 2007. Le magistrat a finalement annoncé qu’il pourrait être extradé vers la Turquie. Cette décision a été prise en date du 29 janvier 2010, notifiée aux avocats en date du 6 février 2010 et le délai de recours est fixé au 6 mars 2010. La motivation du tribunal se base sur le cas de deux autres détenus révolutionnaires atteints de maladies graves et amnistiés pour cette raison par le Président turc de la république. La décision du tribunal soutient qu’en cas de retour en Turquie, Faruk Ereren serait lui aussi amnistié en raison de son état de santé.

Or, les prisonniers atteints de maladies graves à l’instar de Güler Zere ne reçoivent pas de soins appropriés en captivité car cela est entravé par l’administration pénitentiaire. Elle aussi s’est retrouvée confrontée à ces obstacles administratifs tandis que les soins requis ont été retardés pendant plusieurs mois, entraînant ainsi le développement et l’aggravation de la maladie. Seule une vaste campagne de dénonciation a obligé les autorités de la relâcher. Il y a un mois, un détenu de droit commun, atteint de maladie grave et privé de soins pendant des années, a perdu la vie alors qu’il se trouvait, pour ainsi dire, dans la longue file d’attente de l’Institut Médicolégal. Et puis, il y a le cas emblématique d’Engin Ceber: détenu pour avoir seulement distribué des revues, il a lui aussi perdu la vie à cause des tortures dont il a été victime dans les locaux de la Sûreté turque et en prison.

Le Comité International de Solidarité avec TAYAD (l’Association d’entraide avec les familles des détenus), appelle à un rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles mercredi 24 février 2010 à 14h (rue Jacques de Lalaing 8-14 à 1040 Bruxelles).

Affiche de soutien à Ereren

Affiche de soutien à Ereren

Faruk Ereren est un opposant politique turc de longue date. Durant les années 1970, époque où les Loups Gris massacraient les travailleurs, les étudiants, les intellectuels et les minorités ethniques et religieuses ainsi que les habitants des bidonvilles par milliers, Faruk Ereren s’engagea activement dans la résistance antifasciste. Arrêté par la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980, Faruk Ereren subira de longues séances de tortures. Il poursuit cependant le combat politique en prison et ce, jusqu’à sa libération. Durant les années 1990, il entre en clandestinité et prend les chemins de l’exil.

Le 8 avril 2007, il est arrêté à Hagen en Allemagne et placé sous régime d’isolement strict. Vingt mois plus tard, son procès commence devant la Haute Cour Régionale (OLG) de Düsseldorf, comparable à une Cour d’appel. Avec ses plus de 50 audiences s’étalant sur près d’un an, son procès tourne au marathon judiciaire. Faruk Ereren est accusé d’exercer des fonctions dirigeantes au sein du DHKP-C. Il est poursuivi en vertu de l’article 129b du Code pénal allemand qui punit toute appartenance à une ‘organisation terroriste étrangère’ (photo: une affiche de la campagne contre cette loi). Le 29 janvier 2010, la 2e Chambre criminelle de la Haute Cour Régionale de Düsseldorf a donné son feu vert à la demande d’extradition émise par les autorités turques à l’encontre de Faruk Ereren. Mais le 6 février dernier, les avocats de Faruk Ereren ont demandé à la Cour un délai de quatre semaines afin de pouvoir introduire un recours contre cette demande d’extradition devant la Cour constitutionnelle.

Affiche contre le §129

Affiche contre le §129

Ce vendredi 29 janvier 2010 à 14h, la section belge du Comité des libertés a organisé un rassemblement devant l’Ambassade d’Allemagne à Bruxelles en solidarité avec Nurhan, Cengiz et Ahmet, trois membres de la Fédération anatolienne incarcérés injustement en Allemagne depuis 15 mois pour avoir prétendument participé au financement de la lutte armée menée en Turquie par le DHKP-C. La presse allemande a annoncé avant-hier que le procès des trois militants communistes commencerait le 11 mars prochain à Düsseldorf et s’achèverait à la fin du mois d’août.

Ce jeudi 7 janvier, l’État turc, partie ‘civile’ dans le procès DHKP-C, s’est pourvu en cassation, suite à la décision de la Cour d’appel de Bruxelles du 23 décembre dernier. Ce pourvoi ne pouvant concerner que les aspects civils de l’affaire pour les dédommagements financiers réclamés. Il est à noter que jusqu’à présent, l’État turc a toujours demandé un euro symbolique, un euro qui lui a d’ailleurs été octroyé par la Cour d’appel. Le verdict prononcé par les trois juges de Bruxelles constitue une victoire définitive pour Bahar Kimyongür, Musa Asoglu, Kaya Saz, Sukriye Akar, Ferihye Erdal et Zerrin Sari qui demeureront, quoi qu’il arrive, libres.

Le verdict prononcé le 23 décembre met un terme à la majeure partie des éléments du dossier DHKP-C. Il confirme notamment, de manière définitive, l’acquittement de Bahar Kimyongür et la non-utilisation de la loi antiterroriste dans ce procès.

Le groupe de manifestants cherchant à montrer leur solidarité avec les cinq militants arrêtés et accusés d’être membres du DHKP-C ont été confronté à une foule hostile ce samedi à Edirne. Quinze des 150 personnes du groupe qui se trouve coincé à l’entrée de la ville depuis six jours ont réussi, suite au relâchement des mesures de sécurité, à pénétrer dans le centre-ville. Au moment où ils ont commencé à lire leur communiqué, ils ont été agressés par 200 personnes. Il ne s’agissait pas d’habitants d’Edirne réunis pour une contre-manifestation, mais de militants fascistes du Parti d’action nationaliste (MHP) et du Parti de la Grande Union (BBP), encadrés de membres des services secrets et de policiers en civil venus de provinces voisines ainsi que d’officiers en retraite. Certains manifestants furent battus par les fascistes (photo) tandis que des passants essayaient tant bien que mal de faire stopper les violences.

Lynchage à Edirne

Lynchage à Edirne

Une enquête a été lancée après les récents affrontements dans le nord-ouest de la Turquie. Les tensions ont atteint un niveau élevé dimanche dernier quand un groupe de membres du DHKP-C ont organisé une manifestation pour protester contre l’arrestation de cinq de leurs camarades. Plusieurs centaines d’habitants se sont rassemblés dans le centre-ville après que certains d’entre eux aient assimilé cette manifestation à un rassemblement en soutien au PKK. Lorsque la foule a été informée que trois bus, transportant des militants du DHKP-C en provenance d’Istanbul étaient en train d’entrer dans la ville, elle s’est déplacée jusqu’au péage à l’entrée de la ville et y a bloqué la circulation. Là, des affrontements ont éclaté et plusieurs personnes ont été blessées. La police est intervenue.

Le bureau du ministère public d’Edirne, qui a ordonné qu’une enquête soit menée à propos de ces incidents, a découvert que la population avait été poussée à l’action. Il apparait que plusieurs évènements ont posé les bases d’une telle grande confrontation. Le 10 décembre, un groupe a organisé une manifestation à Edirne afin de protester contre les assassinats de militants du PKK à Diyarbakir le 6 décembre. Des groupes ultranationalistes et des sympathisants du CHP ont tenté d’attaquer les manifestants, mais l’affrontement a été empêché par la police. Le bureau d’enquête a également découvert que les habitants d’Edirne ont été provoqués peu avant dimanche par des groupes inconnus qui leur ont dit: ‘Des sympathisants du PKK vont bientôt arriver à Edirne. Ils vont nous attaquer. Nous devons nous préparer. Rassemblons des gens et trouvons des bâtons.‘ Le groupe a essayé de rassembler les gens dans le centre-ville pour empêcher les manifestants venant d’Istanbul d’entrer à Edirne. Il apparaîtrait que le groupe, au péage, ait scandé des slogans tels que ‘Pas de traîtres à Edirne‘, ‘Edirne est turque et le restera‘. Sachant que les manifestants ont chanté des slogans anti PKK alors que les militants qui arrivaient à Edirne étaient des membres du DHKP-C, le bureau d’enquête suspecte que les heurts qui ont éclaté sont l’oeuvre d’agents provocateurs.

Alors que l’Etat turc a décidé de se pourvoir en cassation contre la décision prise dans le procès DHKP-C, le parquet fédéral a annoncé ce matin qu’il ne se pourvoira pas en cassation. L’arrêt prononcé par la cour d’appel de Bruxelles fin décembre n’a retenu aucune des préventions de participation à une organisation criminelle ou à un groupe terroriste. Trois des six prévenus ont néanmoins écopé de peines avec sursis pour association de malfaiteurs.