Samedi après-midi, près de 2000 personnes se sont mobilisées sur 225 site différents des Pays-Basque français et espagnols pour exiger la libération des prisonniers basques. Les manifestants ont scandé des slogans pour que soit mis un terme aux mesures d’exception, à la dispersion, à la persécution, et pour que soient libérés en priorité les prisonniers malades. La situation de Naia Lacroix, basque française incarcérée à Gradignan et en grève de la faim pour protester contre son isolement a également été évoquée partout. En outre, sur chaque lieu de rassemblement a été lancé un appel à une grande manifestation le 13 octobre prochain.

Le 7 juillet 2011, les autorités britanniques ont arrêté Eneko Gogeaskoetxea à Cambridge, où il vivait sous un faux nom depuis plusieurs années. Membre présumé de l’ETA et inscrit depuis 2001 sur la liste antiterroriste de l’Union Européenne, il est visé par huit mandats d’arrêt européens émis par les autorités espagnoles qui l’accusent, entre autre, d’avoir planifié une action armée contre le roi d’Espagne le 18 octobre 1997, d’avoir tué un policier quelques jours plus tôt et d’avoir participé à plusieurs actions de l’ETA. Par ailleurs, il a été condamné à deux reprises par contumace en France, en juin 2006 et en mai 2011, à chaque fois à trois ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste. En janvier dernier, la juge de première instance londonienne avait autorisé l’extradition de Eneko Gogeaskoetxea vers l’Espagne tout en rejetant le chef d’accusation de ‘tentative d’assassinat du roi’, décision contre laquelle les autorités espagnoles avaient fait appel. En mars, l’avocat du prisonnier avait contesté la décision d’extradition devant la Haute Cour, affirmant qu’il ne pourrait pas y avoir de procès équitable en Espagne. Pourtant, aujourd’hui, cette même Cour a rejeté l’appel de Gogeaskoetxea, déclarant qu’il n’y avait pas d’obstacle à son extradition et estimant que son expulsion ne contreviendrait pas aux droits de l’Homme. Le prisonnier a toutefois encore la possibilité de se pourvoir encore devant la Cour suprême.

Eneko Gogeaskoetxea

Alors qu’il purge actuellement une peine de douze ans de prison en France, Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna, alias ‘Mobutu’, vient d’être condamné à 81 ans de prison par le haut tribunal pénal espagnol. A la mi-avril, il avait été livré temporairement aux autorités espagnoles par la France afin d’être jugé dans une affaire datant du 4 octobre 1980. L’Audience nationale a reconnu ‘Mobutu’ responsable de l’assassinat de trois gardes civils à Salvatierra, dans la province d’Alava au Pays-Basque. ‘Mobutu’, qui a reconnu son appartenance à l’ETA, n’a fait aucun déclaration lors de son procès le 19 avril dernier. Deux autres membres de l’ETA avaient déjà été condamnés dans le cadre de cette affaire en novembre 2011: Ignacio Aracama Mendia avait été condamné à 61 ans de prison pour sa participation à l’action et Isamel Arrieta Perez de Mendiola à 30 ans pour avoir fourni des informations. Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna écope de 81 ans de réclusion pour avoir été membre du groupe responsable de l’action.

Felix Alberto Lopez de la Calle Gauna

Jose Manuel Askarate Ramos, cible d’un MAE délivré par l’Espagne pour appartenance à ETA, a été interpellé ce matin à Ciboure (Pays basque nord) par la PJ de Bayonne. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau a décidé mercredi après-midi de sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, le militant étant très malade.
La chambre de l’instruction procèdera le 13 mars à l’examen d’une demande d’extradition émise par les autorités espagnoles à son encontre.

Agé de 48 ans, Jose Manuel Askarate Ramos a d’abord fait l’objet d’un mandat d’arrêt national, délivré en juin 2011 par Madrid pour non respect de son contrôle judiciaire, mais resté lettre morte. L’Audience nationale, juridiction espagnole spécialisée dans les affaires de terrorisme, avait ensuite lancé pour le même motif le 27 février un mandat d’arrêt, européen cette fois-ci. Il a été condamné en 1986 à 51 ans de prison. Il avait obtenu une libération conditionnelle fin 1992 pour raisons de santé. Ce régime a été révoqué en 2004 et il était retourné en prison sous un régime spécial, toujours pour raisons de santé, mais s’était échappé en 2010.

Oier Oa Pujol, 28 ans, qui aurait revendiqué son appartenance à ETA, transportait dans un sac à dos de faux documents, une fausse carte de la Guardia Civil ainsi que de l’argent liquide. Originaire de Saint-Sébastien, dans la clandestinité depuis deux ans, il vivait au Pays basque français. Il a été transféré le 28 février de la PJ de Bayonne à la direction anti-terroriste (SDAT) de Levallois-Perret (Hauts de Seine).

Début janvier, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Bilbao pour réclamer un changement de la politique pénitentiaire et le rapprochement des prisonniers de l’ETA au Pays Basque. En France, les députés ont adopté mardi dernier à la quasi-unanimité une proposition de loi visant à favoriser le rapprochement des détenus condamnés, sauf dans certains cas comme, par exemple, pour des motifs de sécurité.

À Madrid, le ministre espagnol de l’Intérieur a annoncé ce mardi qu’il promouvra « une politique de réinsertion individuelle » pour les prisonniers membres de l’ETA qui sont prêts à abandonner la violence, mais, selon lui, près de 95% des prisonniers de l’ETA obéissent toujours aux instructions de l’organisation. Le ministre a également annoncé une importante réduction des gardes du corps, un service qui coûte plus de 160 millions d’euros à l’Etat espagnol (100 millions pour le seul Pays Basque). Vendredi dernier à Madrid, le président (socialiste) de la Communauté autonome basque a plaidé pour le rapprochement des prisonniers membres de l’ETA dans les prisons du Pays Basque et la légalisation de l’ancien parti Batasuna.

Les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire ont procédé à une triple arrestation hier à Joigny (Yonne). Les trois hommes seraient des membres de l’ETA et l’un d’entre eux est soupçonné d’être impliqué dans une fusillade avec les forces de l’ordre à Dammarie-Les-Lys qui a eu lieu le 16 mars 2010.

Hier, comme chaque année à cette date, des milliers de personnes ont défilé dans le centre-ville de Bilbao en faveur des prisonniers basques. Cette année, environ 3000 membres de familles de détenus se trouvaient en tête de la manifestation derrière un calicot exigeant ‘Les prisonniers basques au Pays-Basque’. Les quelques 700 prisonniers accusés d’être membres de l’ETA ou d’avoir pris part à des actions de l’organisation séparatiste sont actuellement dispersés dans les prisons espagnoles et françaises, ce qui crée un isolement de facto en raison de la distance qui les sépare de leurs familles.

Manifestation pour les prisonniers basques

Le 3 juillet 2007, les autorités françaises avaient interpellé trois hommes qui circulaient dans une camionnette volée chargée de 165kg d’explosifs au Pays-Basque français. Tous trois ont aujourd’hui été condamnés à de lourdes peines de prison par un tribunal de Paris au cours d’un procès où ils ont revendiqué le fait d’appartenir à l’ETA. Joseba Aranibar Almandoz (par ailleurs soupçonné par les autorités espagnoles d’avoir pris part à l’explosion de Madrid-Barajas en 2006) écope de neuf ans de prison, Ekaitz Aguirre Goni de huit ans de prison et Aingeru Cardano Reoyo de sept ans de prison. Ils ont été condamnés pour association de malfaiteurs à visée terroriste, recel de vol, transport d’armes, détention d’explosifs, usage de faux documents et de fausses plaques d’immatriculation. Ils ont en outre été interdits de manière définitive de toute présence sur le territoire français.

En octobre dernier, les autorités belges avaient arrêtés deux hommes d’origine espagnole. Tout deux étaient sous le coup d’un MAE émis par l’Espagne. Ventura Tomé Quiroga, condamné à 17 ans et à 22 ans de prison en Espagne pour avoir pris part à des actions armées en 1983 et 1984 a été extradé le 13 décembre dernier. Javier Aguirre, interpellé pour recel de malfaiteur et pour faux et usage de faux a quant à lui été renvoyé en Espagne le 29 décembre dernier.