De nombreux militants et de chefs amérindiens se sont rassemblés devant la Maison Blanche mardi passé pour soutenir Leonard Peltier à l’occasion de son 79e anniversaire et alors qu’il purge sa 48e année de détention. Membre de la tribu Chippewa de Turtle Mountain, Leonard Peltier a participé activement à l’American Indian Movement, qui a vu le jour dans les années 1960 pour s’attaquer aux brutalités policières et aux discriminations envers les Amérindiens. L’AIM a fait les gros titres en 1973 lorsqu’il a pris le contrôle du village de Wounded Knee, dans la réserve de Pine Ridge, ce qui a conduit à un affrontement de 71 jours avec les agents fédéraux. Les tensions entre l’AIM et le gouvernement ont mené à la fusillade au cours de laquelle les deux agents du FBI ont été abattus. Leonard Peltier a été condamné au terme d’un procès plus que douteux. Détenu depuis 48 ans; il a épuisé ses possibilités d’appel et ses demandes de libération conditionnelle ont été rejetées, y compris par le président Obama.

Leonard Peltier avait rédigé pour la manifestation une déclaration, qui a été lue à haute voix devant la Maison-Blanche, dans laquelle il remerciait les personnes qui avaient fait pression en faveur de sa libération: « J’espère pouvoir respirer de l’air libre avant de mourir. L’espoir est une chose difficile à garder, mais personne n’est assez fort pour me l’enlever. Il reste beaucoup de travail à faire. J’aimerais sortir et me joindre à vous pour le faire ». 35 personnes ont été arrêtée parmi lesquelles Fawn Sharp, présidente du Congrès national des Indiens d’Amérique (NCAI).

 

 

La semaine dernière, dans le cadre de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonnier.es Anarchistes (voir ici), le Mouvement du 5 Mars (ainsi nommé suite à une journée d’affrontement sur le chantier de la « cop city » – voir notre article) a mené une action incendiaire contre un camion de la société Vertiv à Milwaukie, dans l’Oregon. Vertiv développe des équipements de support et des services utilisée par l’armée des États-Unis, le FBI, l’ICE mais aussi des polices locales. C’est ainsi que, Vertiv a reçu de la police d’Atlanta 168 315 dollars pour l’utilisation de sa technologie en 2023.

Cette action a notamment été dédiée à Manuel « Tort » Teran, l’opposant au projet tué sur le site par la police d’Atlante (voir notre article). Le Mouvement du 5 mars a déjà mené plusieurs actions incendiaires contre le projet de « cop city ». Un centre d’entraînement de la police d’Atlanta ainsi été attaqué puis trois motos de cette même police ont été détruites (photo).

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C’est une première dans l’histoire judiciaire de Guantanamo. Un magistrat militaire de la prison américaine bâtie sur l’île de Cuba a décrété que les aveux de l’un des détenus, Abd al-Rahim al-Nashiri, avaient été obtenus sous la torture. Cet islamistes saoudien est soupçonné d’avoir commandité un attentat en octobre 2000 contre le destroyer américain USS Cole dans le port d’Aden au Yémen. Soupçonné d’avoir opéré pour al-Qaïda et d’avoir une responsabilité dans les attentats du 11 septembre 2001, Al-Nashiri a été arrêté à Dubaï en 2003. Le Saoudien est alors détenu et torturé dans plusieurs prisons secrètes de la CIA, de la Pologne à la Thaïlande, avant d’atterrir à Guantanamo.  Une quinzaine d’autres détenus torturés par la CIA pourraient aussi voir invalider les aveux qui leur avaient été extorqués.

“Vol de voiture à main armée? Vous plaisantez? Vous voyez que je suis enceinte de huit mois?”, a lancé Porcha Woodruff, une habitante de l’État du Michigan, aux policiers qui se sont présentés chez elle le 16 février avec un mandat d’arrêt. Mais malgré les protestations de sa famille, elle a été emmenée, fouillée et menottée. Elle avait été identifiée comme suspecte par un logiciel de reconnaissance faciale à partir d’images enregistrées par la caméra de vidéosurveillance d’une station-service.

Porcha Woodruff a passé environ onze heures debout ou assise sur un banc en béton au commissariat. Quinze jours plus tard, un tribunal a rejeté les accusations contre elle faute de preuves. Porcha Woodruff a porté plainte pour arrestation abusive contre la ville de Detroit et contre la policière chargée de l’enquête. “Étant donné les défauts bien connus des technologies de reconnaissance faciale, qui ont tendance à se tromper, la police de Detroit a enfreint les droits de la plaignante en échouant à la protéger contre des erreurs prévisibles et leurs conséquences”, déclarent ses avocats. Cette technologie est décriée depuis des années, notamment par le fait que les algorithmes, entraînés à partir de populations majoritairement blanches, font davantage d’erreurs sur les personnes noires.

Magee a grandi en Louisiane et, en 1955, à l’âge de 16 ans, il est arrêté pour « tentative de viol » pour avoir eu une relation avec une femme blanche dans une région contrôlée par le Ku Klux Klan. Magee sera condamné à huit ans de prison dans le bagne agricole d’Angola puis recevra l’ordre de quitter la Louisiane en 1962. Magee s’est rendu, ensuite, à Los Angeles où il a été arrêté pour un conflit lié à 10 dollars de marijuana. Après son arrestation, il a été battu si violemment qu’il sera hospitalisé pendant trois jours. Il sera condamné à une peine allant « de sept ans à la prison à vie » dans le cadre d’une politique californienne de condamnation systématique des Noirs et des Hispanique à des peines de durée indéterminée pour des délits mineurs.

Comme George Jackson (qui avait été condamné à une peine de durée indéterminée pour un vol de voiture) et tant d’autres Noirs incarcérés, Magee s’est politisé pendant son incarcération, adoptant le deuxième prénom « Cinque » en hommage au leader de la rébellion sur le navire négrier Amistad. Il deviendra le conseiller juridique de ses co-détenus. Il intentera et gagnera un procès permettant de dédommager la famille d’un prisonnier battu à mort par les gardiens de San Quentin en février 1970. Magee devient alors une figure politique connue, ce qui éloigne toute possibilité de libération.

Le 7 août 1970, Jonathan Jackson, le frère de George Jackson, âgé de 17 ans, fait irruption dans une salle d’audience du comté de Marin, armé de fusils, avec l’intention de s’emparer de la salle d’audience pour exiger la libération des « frères de Soledad ». Ceux-ci étaient accusés d’avoir tué un gardien blanc à la prison Soledad, connue pour ses meurtres racistes et ses brutalités à l’encontre des prisonniers noirs et hispaniques. Trois prisonniers, dont Magee, qui se trouvaient par hasard dans la salle d’audience, se sont joints à Jonathan Jackson. Les quatre hommes tentent de s’enfuir en prenant pour otages, le juge, le procureur et trois jurés. Les gardiens tirent sur leur camionnette, tuant tout le monde sauf Magee et le procureur qui seront grièvement blessés. Magee sera condamné en 1975 à la prison à vie pour « kidnapping » et jusqu’à aujourd’hui toutes les demandes de libération conditionnelle étaient refusées. Il sera maintenant libéré à l’âge de 82 ans, après avoir purgé plus de 58 ans de prison.

 

Une tendance lourde aux USA est l’utilisation par les forces de police des réseaux de caméras privée comme les sonnettes « intelligentes »  (voir notre article) et les caméras des véhicules autonomes (voir notre article). La société Fusus recueille les images de différents réseaux de caméras pour les commercialiser aux services de police. C’est ainsi qu’elle fournit au bureau du shérif du comté de Hillsborough et au département de police de Clearwater une plate-forme qui peut accéder aux images de jusqu’à 2 500 appareils d’enregistrement locaux. Cela inclut les caméras de sécurité professionnelles et les dispositifs de sécurité à domicile comme les caméras de sonnette Ring.

Cette plate-forme qui, avec l’autorisation des propriétaires de caméras privées, relie toutes les caméras ensemble dans un réseau, peut être surveillé par les forces de l’ordre. La police peut également examiner les enregistrements vidéo et audio de ces caméras. Les caméras permettent également des recherches d’intelligence artificielle qui peuvent rechercher certains types de véhicules et de personnes portant une certaine couleur. La société propose plusieurs façons d’utiliser son produit et propose plusieurs modules complémentaires, notamment un outil de police prédictive, des recherches reposant sur l’intelligence artificielle et la détection des coups de feu. À l’échelle nationale, Fusus est lié à au moins 33 000 caméras dans plus de 60 juridictions. Sans Fusus, la police pourrait avoir besoin d’un mandat pour ces images.

Mutulu Franklin est décédé dans sa cellule, à 72 ans, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7. Combattant de la Black Liberation Army, beau-père de Tupac Shakur, il a passé 36 ans derrière les barreaux après avoir été condamné à 60 de prison. La liberté conditionnelle lui a été refusée à neuf reprises et on lui a diagnostiqué un cancer de la moelle osseuse en phase terminale, les médecins lui donnant six mois à vivre. Il avait été accusé et reconnu coupable pour son implication dans  une opération de financement de la Black Liberation Army qui avait coûté la vie à deux policiers de New York et d’un garde armé. Mutulu Shakur avait aussi été reconnu coupable d’avoir participé à l’organisation de l’évasion d’Assata Shakur, une dirigeant de la BLA, d’une prison du New Jersey en 1979. Assata Shakur réside aujourd’hui à Cuba.

 

Les voitures autonomes sont équipées de nombreuses caméras qui capturent des vues à 360 degrés et recueillent de grandes quantités de données au cours de leurs déplacements. Cette mine d’informations s’avère intéressante pour la recherche de preuves dans le cadre d’enquêtes policières. Des mandats ont été délivrés pour des images provenant d’entreprises de robotaxis comme Waymo (photo) et Cruise dans différentes villes, notamment San Francisco, Los Angeles et Phoenix.

Outre le problème du manque de transparence entourant la collecte, le stockage et l’accès à ces données par les forces de l’ordre, la police pourrait potentiellement manipuler le positionnement des véhicules autonomes pour capturer des séquences spécifiques à l’insu du public. Cruise et Waymo affirment qu’ils ne fournissent des données aux forces de l’ordre que sur présentation d’un mandat ou d’une citation à comparaître valide.

 

Mercredi matin, la police d’Atlanta a déployé les grands moyens (photo) pour faire une descente dans The Teardown House et pour arrêter Marlon Kautz, 39 ans, Savannah Patterson, 30 ans, et Adele Maclean, 42 ans. Ce sont les trois organisateurs d’ATLSolFund, un fonds de solidarité fournit une défense juridique et un soutien par caution pour les personnes poursuives pour leurs activités politiques à Atlanta et dans les environs. Les trois personnes arrêtées étaient des figures connues de la mobilisation contre le projet de « cop city » (voir nos articles sur cette lutte). Ils sont accusés de blanchiment d’argent et de fraude caritative. Il semble que les autorités veuillent utiliser contre eux l’inculpation RICO. La Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO) est une loi fédérale adoptée en 1970 aux États-Unis.⁣ et destinée à combattre le crime organisé. Elle permet de geler les avoirs des suspects jusqu’à ce que l’affaire puisse être résolue. Si l’accusation de RICO est prouvée, elle peut entraîner jusqu’à 20 ans d’emprisonnement pour chaque chef de racket.

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Un programme de surveillance destiné à lutter contre les menaces étrangères continue d’être utilisé massivement contre des citoyens américains, avec 278.000 requêtes formulées de manière inappropriée par le FBI ces dernières années, selon des documents judiciaires rendus publics vendredi. Ces requêtes “non conformes” ont notamment visé des personnes arrêtées en marge des grandes manifestations antiracistes de 2020, des victimes de crime, ou des participants à l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.

Les agents du FBI ont pioché dans une base de données mise en place pour récolter des informations sur les communications de ressortissants étrangers – qui ne bénéficient pas des mêmes protections juridiques que les Américains. Ces requêtes sont adressées à l’Agence de sécurité nationale (NSA), qui est chargée de collecter ces emails, photos, vidéos et autres documents. Celle-ci a reconnu par le passé que des données sur des Américains étaient aussi récoltées « indirectement » ou « par inadvertance ».

Les forces de l’ordre ont le droit de s’en servir pour réunir des informations sur des menaces étrangères ou des preuves de crime, mais d’après le tribunal, elles ont outrepassé ce cadre. Un agent a même demandé des informations sur 19.000 donateurs ayant contribué à la campagne d’un candidat au Congrès. Ces révélations interviennent alors que la section 702 de la loi sur la surveillance extérieure (Fisa) – qui a créé ces programmes de surveillance – arrive à expiration et que de nombreux élus hésitent à la renouveler en l’état.