Les actions se poursuivent pour revendiquer la libération de Maja. Outre les nombreux tags (comme sur l’ambassade d’Allemagne à Helsinki le 15 juillet – photo – ou les sièges du SPD à Francfort et à Leipzig le 17 juillet) et accrochages de banderoles, on peut signaler que le 10 juillet, un véhicule de l’entrepise Stölting (un grand prestataire du système carcéral allemand) a été incendié à Berlin et que le 11 juillet, une bombe incendiaire a été placée contre un véhicule de la multinationale allemande AEG à Petralona (Athènes).

Le 31 août, le gouvernement finlandais a présenté une déclaration au Parlement sur les mesures visant à promouvoir l’égalité, l’égalité des sexes et la non-discrimination dans la société finlandaise. Parmi ces mesures: la possibilité de criminaliser l’utilisation au moins de symboles nazis… et communistes. Quel rapport entre l’interdiction des symboles communistes et la bataille pour l’égalité, l’égalité des sexes et la non-discrimination ? Aucun sinon l’écho de la volonté de l’Union Européenne de  promouvoir l’amalgame nazisme-communisme. Le Parti communiste finlandais a demandé la correction du point 18 de la résolution sur les symboles du communisme soit retirés. Le gouvernement a soumis la déclaration au Parlement, qui en débattra lors de la session d’automne qui débutera la semaine prochaine.

Le chantage qu’Erdogan exercé envers la Finlande et la Suède via son véto à leur adhésion à l’OTANt  porte ses fruit. L’année passée, la Finlande avait signé un mémorandum lors d’un sommet de l’Otan à Madrid afin de répondre aux demandes de la Turquie « en ce qui concerne les exportations d’armes et la lutte contre le terrorisme ». Depuis, la Finlande a multiplié les gestes envers le fascisme turc et ce tournant se passe aussi dans les rues. A Helsinki, des manifestants ont marché vers l’ambassade de Turquie pour montrer « leur solidarité avec le mouvement kurde contre les attaques de l’État fasciste turc et demander l’arrêt du commerce d’armes entre la Finlande et la Turquie, ainsi que la condamnation des attaques contre la liberté d’expression par la police finlandaise ». La police anti-émeute est intervenue lors du spectacle contre le gouvernement turc en saisissant la marionnette représentant Erdogan. Il y a quatre mois déjà, la police finlandaise était intervenue pour forcer des manifestants à enlever les drapeaux du PKK, des YPG et des YPJ.

Le président turc Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, moins de quarante-huit heures après l’accord entre les trois pays (voir notre article d’hier). S’adressant à la presse en clôture du sommet de l’Alliance atlantique, le président turc  a posé ses conditions. « S’ils remplissent leur devoir, nous soumettrons [l’accord] au parlement » en vue de son adoption. « S’ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l’envoyer au parlement… ». Erdogan a évoqué une « promesse faite par la Suède » concernant l’extradition de « 73 terroristes ». « Ils les renverront, ils l’ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse ».

Dès le lendemain, Ankara avait déjà réclamé son dû, exigeant de la Suède et de la Finlande l’extradition de 33 membres présumés du PKK ou du mouvement fondé par le prédicateur Fethullah Gülen, qu’Erdogan accuse d’avoir fomenté la tentative de coup d’État de juillet 2016. « Toutes ces affaires ont été déjà résolues en Finlande », avait commenté le président finlandais, Sauli Niinistö. Le ministère finlandais de la Justice a de son côté précisé n’avoir « pas reçu de nouvelles demandes d’extraditions de la Turquie ces derniers jours ». La Première ministre suédoise Magdalena Andersson a pour sa part promis mercredi « de coopérer plus étroitement avec la Turquie concernant les listes des [membres présumés du] du PKK … Mais nous continuerons bien sûr de respecter la loi suédoise et le droit international ».

La Turquie a fini par lever son veto à l’adhésion de la Suède et de la Finlande au sommet de l’OTAN à Madrid. Elle obtenu des deux pays candidats l’engagement de ne fournir aucun soutien aux kurdes syriens, de « rejeter et de condamner le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations dans les termes les plus forts » et de « condamner sans ambiguité toutes les organisations terroristes commettant des attaques » sur le sol turc. En outre, la Suède et la Finlande ont confirmé considérer le PKK comme une organisation terroriste et pris l’engagement de mener « la lutte contre le terrorisme avec détermination et résolution, conformément aux dispositions des documents et politiques de l’Otan » en prenant « toutes les mesures nécessaires pour renforcer la législation nationale en ce sens ».

Stockholm et Helsinki pays ont également accepté de renforcer leur coopération avec Ankara en matière de lutte contre le « terrorisme », via un « mécanisme structuré à tous les niveaux », y compris entre « les services de sécurité et les services de renseignement », et d’enquêter sur « toute activité de financement et de recrutement du PKK et de toutes les autres organisations terroristes ». Selon l’accord, la « Finlande et la Suède traiteront les demandes d’expulsion ou d’extradition de personnes soupçonnées de terrorisme de manière rapide et approfondie, en tenant compte des informations, preuves et renseignements fournis » par Ankara et « établiront les cadres juridiques bilatéraux nécessaires à la coopération en matière de sécurité avec la Turquie, conformément à la Convention européenne sur l’extradition ». Enfin, les restrictions sur les ventes d’armes et d’équipements militaires à la Turquie ont été levées. « La Turquie a obtenu ce qu’elle voulait », a commenté le bureau du président Erdogan après l’annonce de cet accord.

Les candidatures de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, consécutive à l’invasion de l ‘Ukraine par la Russie, donne à la Turquie la possibilité de poser des exigences envers ces deux pays concernant les asiles politiques accordés aux réfugiés politiquex turcs et kurdes. En effet, un pays ne peut être admis au sein de l’Otan qu’à la condition qu’aucun pays déjà membre ne s’y oppose. La semaine passé, Erdogan, avait affirmé que l’adhésion de la Suède et de la Finlande était une « mauvaise idée »: « Comment allons-nous leur faire confiance? La Suède est la pépinière des organisations terroristes […] Nous ne céderons pas sur l’adhésion à l’ Otan de ceux qui appliquent des sanctions envers la Turquie ». Les deux pays n’ont jamais répondu favorablement aux demandes d’extradition adressées par Ankara au sujet de membres présumés du PKK et de l’organisation  Gülen et ont imposé un embargo sur les armes après son offensive lancée en 2019 contre le Rojava. Le 19 mai, Erdogan a encore haussé le ton. « Nous sommes résolus à maintenir notre position, nous avons informé nos amis que nous dirons non à la Finlande et à la Suède qui veulent rejoindre l’Otan et nous persisterons dans cette voie. […] Cette Suède et cette Finlande sont les pays qui hébergent les terroristes chez eux, le PKK et l’YPG ».

Du 22 avril au 1er mai, un camp d’actions « Reclaim the Cape » s’opposait à la construction d’une centrale nucléaire exploitée par Fennovoima et Rosatom à Pyhäjoki. Le 28 avril, les activistes ont bloqué l’accès au chantier (à l’aide de lock-on) et la police en a profité pour expulser le camp, la journée suivante, deux autres camps ont été expulsés également. 35 personnes ont été arrêtées, plusieurs ont été blessées dont une qui a dû être hospitalisée.

Trois personnes sont toujours emprisonnées, deux Suédois et un Belge, ils sont accusés de violence contre agent et de participation à une émeute. Leurs conditions de détention sont difficiles à cause de la langue qu’ils ne pratiquent pas. Ils passeront normalement en procès le 12 mai. Jusque là, ils sont maintenu dans un régime équivalent au garde à vue. Une manifestation aura lieu à Nancy ce 11 Mai à 14h, devant le Consulat de Finlande de Nancy, 34, Avenue Jolain, 54210 St-Nicolas-de-Port

Le camp antinucléaire à Pyhäjoki.

Le camp antinucléaire à Pyhäjoki.

Jeudi 28, les policiers anti-émeute et une patrouille de police avec des chiens ont attaqué le camp de Fennovoima. Le camp, qui accueillait les opposants à la construction de la centrale nucléaire de Fennovoima, fait partie d’un mouvement plus vaste contre le programme nucléaire finlandais qui prévoit de construire deux centrale, une à Fennovoima et une à Rosatom, au Cap Hanhikivi, pour approvisionner la finlande et des pays voisins. Les affrontements ont été très durs: les policiers ont tirés au flash-ball, touchant plusieurs occupants dans la partie supérieure du corps. Plusieurs policiers ont été touchés par des jets de pierre et une voiture de police a été incendiée. La police a fini par investir le camp, toujours en tirant au flash-ball. La police évacué toutes les personnes du camp, et ont pris certaines personnes en garde à vue.

Blocage de route à Fennovoima

Blocage de route à Fennovoima

Le camp anti-nucléaire de Hanhikivi, à Pyhäjoki tentait d’empécher la construction d’une centrale nucléaire. Dés le 15 septembre, à renforts de policiers anti-émeute, de bulldozers et d’agents de G4S ainsi que d’un hélicoptère le camp a commencé à être expulsé. Les personnes expulsées ont reconstruit un camp juste à coté, mais une personne est restée dans une cabane dans un arbre, et la police refusait qu’on lui apporte des vivres. Ce dernier occupant a donc commencé une grève de la faim en réclamant qu’on lui apporte des vivres et des vêtements, quatre autres personnes se sont également mis en grève de la faim en solidarité. Le 23 septembre à 23h30, la police a finalement mis la main sur le dernier occupant, en ayant dû au préalable couper les arbres, aménager une nouvelle route et faire venir des unités spéciales de la police et des pompiers dans des véhicules blindés tout en faisant garder le chantier pour empêcher les soutiens d’approcher. Il a été hospitalisé puis relaché.

Les occupants de ce camp, qui avait commencé le 21 avril, sont accusés d’une centaine de crimes.

La police aura mis une semaine pour expulser le dernier occupant.

La police aura mis une semaine pour expulser le dernier occupant.

Suite du feuilleton de l’été sur le site du Secours rouge, qui passe en revue quelques grands éléments de la culture politique anti-répression : causes célèbres, symboles connus, mobilisations historiques, événements fondateurs. En mai 1918, à l’issue de la guerre civile, les Blancs triomphent des Rouges en Finlande. Le pouvoir contre-révolutionnaire ouvre alors les premiers camps de concentration d’Europe. 80.000 hommes (6 % de la population adulte finlandaise) y étaient détenus. Au printemps 1919, 12.500 d’entre eux étaient morts du fait de leurs conditions de détention.

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Feuilleton de l’été 2015 (8): Les camps de concentration finlandais