Les juges d’instruction français sont fatigués de se heurter constamment au secret-défense, et six d’entre eux, parmi les plus emblématiques, ont saisi la ministre de la justice pour assouplir une procédure qui paralyse de fait les perquisitions dans les affaires sensibles. La loi du 29 juillet 2009 relative à la programmation militaire a étendu considérablement le domaine du secret-défense et a eu pour effet d’entraver les investigations menées par les juges d’instruction dans des affaires aux enjeux importants. Parmi les signataires, les juges chargés de l’attentat de Karachi, qui a révélé une une affaire de corruption dans la vente de sous-marins de la France au Pakistan.

La proposition de loi du Parti communiste français sur l’amnistie des syndicalistes poursuivis en justice n’a pas franchi le stade de la commission des lois du Sénat où elle était examinée mercredi 13 février. Le texte devrait tout de même être discuté en séance le 27 février mais le signal envoyé est pour le moins négatif. Les sénateurs communistes avaient souhaité profiter de leur niche parlementaire, le 27 février, pour y inscrire cette proposition de loi, une revendication de longue date portée pendant la campagne présidentielle par Jean-Luc Mélenchon. Elle vise à amnistier « des faits commis à l’occasion de mouvements sociaux et d’activités syndicales et revendicatives ». Pourtant, les sénateurs PCF avaient proposés un texte très timide, excluant de l’amnistie les violences à l’encontre de la police, des personnes vulnérables ou de moins de 15 ans ainsi que les destructions de biens d’utilité publique.

Plusieurs centaines d’ouvriers ont manifesté mardi matin dans une ambiance tendue devant le siège de Goodyear France à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, où se tenait une réunion durant laquelle l’avenir des ouvriers était discuté. De nombreuses forces de l’ordre avaient été mobilisées aux abords du bâtiment. Certains manifestants ont lancé des fumigènes, des bouteilles et des oeufs aux forces de police qui ont déployé des véhicules avec grille permettant de faire barrage, et ont fait usage de gaz lacrymogènes. Des membres des forces de l’ordre ont été éclaboussés de peinture.

La police française a interpelé une quinzaine de Kurdes à Bordeaux et Toulouse, dans le cadre d’une enquête visant les activités politiques de la communauté kurde. Ces arrestations interviennent au moment où le ministre turc des Affaires Etrangères Ahmed Davutoglu rencontre son homologue français Laurent Fabius. En France, près de 250 kurdes ont été arrêtés depuis 2007 pour des motifs politiques. Arrêté en octobre 2012, Adem Uzun, le membre du conseil exécutif du Congrès National du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, est toujours en prison.

Le collectif Coup Pour Coup 31 organise à Toulouse une soirée de soutien à Georges Ibrahim Abdallah. Cela sera l’occasion de revenir sur l’affaire politico-judiciaire qui a fait de ce résistant révolutionnaire libanais le plus vieux prisonnier politique de France et de présenter les prochaines initiatives de solidarités. Mercredi 13 février dès 20h30, Bar Le Communard – Place Arnaud Bernard.

Par ailleurs, des tags communistes signés OC-FR sont apparus sur les murs des banques et commerces de la ville de Moulin, appelant à la libération de Georges Abdallah.

France: Solidarité avec Georges Abdallah
France: Solidarité avec Georges Abdallah

Mercredi, une trentaine de cars venant de Florange, de Liège et de Luxembourg avaient fait le déplacement à Strasbourg pour manifester leur mécontentement quant à la gestion du dossier Mittal. Le déploiement des forces de l’ordre française était énorme, et celles-ci étaient présentes dès la frontière pour procéder à des fouilles. La manifestations syndicales devant le parlement a rapidement tourné à l’affrontement (voir notre article de mercredi). Au total, quatorze personnes ont été blessées et parmi elles, un jeune intérimaire du site de Flémalle, âgé de 25 ans, a perdu l’usage d’un oeil. Selon plusieurs témoins, les forces de police tiraient des balles en caoutchouc à hauteur d’homme, à hauteur de tête. Le jeune homme a été hospitalisé à Strasbourg et devrait rester encore plusieurs jours en soins. De leur côté, les directions générales de la police et de la gendarmerie nationale française ont demandé à leurs inspections de mener une enquête au sujet des faits.

Manifestation syndicale à Strasbourg

Mise à jour à 20h : Les CRS ont arrétés 3 manifestants et en ont gravement blessé un quatrième par un tir de flashball dans l’oeil. Des délégués syndicaux en délégation de le Parlement Européen seraient descendus et auraient refusé de négocier en solidarité avec les manifestants brutalisés dehors.

Après deux manifestations chaudes à Bruxelles (Lien) et à Namur (Lien), les travailleurs d’Arcelor-Mittal étaient aujourd’hui à Strasbourg pour une nouvelle journée d’action contre Arcelor-Mittal, devant le parlement européen. Ils étaient plus de 1500 venus de Belgique, de France et du Luxembourg, selon la police. Des témoignages font état de plusieurs arrestations musclées, tabassages et gazages contre les métallos.

À l’heure arrivée à Strasbourg, les bus de manifestants et d’autres voitures immatriculées en Belgique ont été détournées vers un parking pour une fouille corporelle complète

Plus d’informations dans les prochaines heures.

Belgique-France : Mise-à-jour – 3 arrestations et un blessé grave parmi les manifestants

Dans une circulaire publiée le 30 janvier, le gouvernement français souligne ‘les risques d’incidents ou d’éventuelles menaces sur l’outil de production en cas de radicalisation d’un conflit’. Dès lors, les services de renseignements de la police ont reçu comme instruction de ‘suivre au plus près les entreprises en difficulté afin d’anticiper une éventuelle radicalisation des mouvements sociaux’. Manuel Valls, ministre de l’intérieur, a récemment déclaré qu’il ne pouvait pas admettre les explosions sociales. D’ailleurs, un délégué CGT de l’usine Renault à Flins (Yvelines) le confirme: ‘Il y a de plus en plus de présence policière autour de l’usine avec plusieurs voitures banalisées. La police a contacté les délégués syndicaux’.

Un rassemblement a réuni plusieurs centaines de personnes sur le parking de l’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en solidarité avec leurs collègues poursuivis. L’usine, qui doit fermer en 2014, est toujours à l’arrêt bloquée par une grève à l’appel de la CGT. La direction n’a pas tenté de démarrer la chaîne mardi matin. « Des grévistes ont fait éclater un pétard à la peinture ce matin, c’est dangereux », a expliqué la porte-parole…